La fièvre est une réaction naturelle de l'organisme face à une infection ou une inflammation. Chez l'enfant, elle peut être source d'inquiétude pour les parents, qui cherchent à la faire baisser rapidement. Pour cela, il existe des médicaments appelés antipyrétiques, qui diminuent la température corporelle et soulagent l'inconfort.
Mais quels sont ces médicaments ? Comment les choisir et les utiliser ? Quels sont les risques et les précautions à prendre ?
Cet article vous propose un guide sur le traitement de la fièvre chez l'enfant avec les antipyrétiques. Vous découvrirez comment comprendre la fièvre chez l'enfant, quels sont les antipyrétiques les plus courants et comment les administrer à votre enfant. Vous apprendrez également quelles sont les mesures non médicamenteuses pour la gestion de la fièvre et quelles sont les erreurs courantes à éviter.
Comprendre la fièvre chez l'enfant
Qu'est-ce que la fièvre et comment se manifeste-t-elle ?
La fièvre est une élévation de la température corporelle au-dessus de b, mesurée par voie rectale chez l'enfant. Elle est le signe que l'organisme se défend contre une agression, le plus souvent une infection virale ou bactérienne. La fièvre n'est pas une maladie, mais un symptôme qui indique que le système immunitaire est en action.
La fièvre peut s'accompagner de fatigue, de perte d'appétit, de soif, de rougeur du visage, de transpiration, de frissons, de maux de tête ou de courbatures. Chez le jeune enfant, la fièvre peut parfois provoquer des convulsions, qui sont impressionnantes, mais sans gravité.
Les antipyrétiques : une solution efficace contre la fièvre
Les différents types d'antipyrétiques disponibles
Les antipyrétiques sont des médicaments essentiels qui abaissent la température corporelle en agissant directement sur le centre de régulation de la température dans le cerveau. Ils se déclinent en plusieurs catégories, chacune avec ses propres mode d'action, efficacité et profil de tolérance et d'effets secondaires. Voici les antipyrétiques les plus courants :
- Le paracétamol (Doliprane, Efferalgan, Dafalgan...), privilégié chez l'enfant pour sa bonne tolérance et sa faible toxicité. Il offre aussi un effet antalgique (contre la douleur), mais pas anti-inflammatoire ;
- L'aspirine (Aspirine UPSA, Aspro, Aspégic...), qui combine effet antipyrétique, antalgique et anti-inflammatoire. Elle est toutefois déconseillée chez les jeunes de moins de 16 ans ;
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou AINS (ibuprofène, Advil, Nurofen, kétoprofène, Bi-Profénid, Profénid...), présentant un triple effet : antipyrétique, antalgique et anti-inflammatoire, recommandés lorsque le paracétamol s'avère inefficace ou non recommandé. Néanmoins, ils peuvent provoquer différents effets indésirables impactant l'estomac, les reins, le cœur ou le sang.
Le paracétamol : premier choix dans le traitement de la fièvre chez l’enfant
Le b reste le médicament de référence pour combattre la fièvre chez l'enfant, où il se distingue par son efficacité et sa sûreté d'emploi. Sûr et bien toléré, il peut être administré dès la naissance, à condition d'ajuster la dose en fonction du poids de l'enfant et de respecter les intervalles recommandés entre les prises, tout cela sous contrôle médical.
Ce médicament se présente sous de multiples formes : sirop, suppositoire, comprimé, sachet ou solution buvable, facilitant ainsi le choix le plus adapté à l'âge et aux préférences de l'enfant. Des associations de paracétamol avec d'autres substances, telles que la vitamine C, la caféine ou la codéine, existent mais ne sont pas recommandées chez l'enfant, celles-ci n'offrant pas de bénéfice supplémentaire et pouvant accroître le risque d'effets indésirables.
Il est important de souligner que le paracétamol, bien que sûr, peut être toxique pour le foie en cas de surdosage ou si combiné avec de l'alcool ou d'autres médicaments contenant du paracétamol. Il est donc essentiel de vérifier la composition des médicaments administrés à son enfant et de respecter scrupuleusement la posologie indiquée sur la notice et prescrite par un professionnel de santé.
Ibuprofène : quand et comment l'utiliser ?
L'ibuprofène, un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), est reconnu pour son action antipyrétique, antalgique et anti-inflammatoire. Il peut être envisagé chez l'enfant de plus de 3 mois, mais uniquement en dernier recours, si le paracétamol n'est pas une option ou se révèle inefficace.
Disponible en sirop, comprimé, gélule ou solution buvable, il est primordial de choisir la présentation la mieux adaptée à l'âge et aux goûts de l'enfant. L'ibuprofène doit de préférence être pris lors d'un repas afin de minimiser les risques d'irritation gastrique.
Le respect de la dose propice au poids de l'enfant et des intervalles entre les prises est crucial. Parmi les effets indésirables, on compte des dangers potentiels pour l'estomac, les reins, le cœur ou le sang. De plus, l'ibuprofène peut accentuer le risque d'infection ou de complications en situation de varicelle, rougeole ou otite. Son utilisation est donc à éviter lors de ces maladies ou en cas de déshydratation.
Comme pour tout médicament, il convient de vérifier sa composition et de se conformer à la posologie indiquée par les professionnels de la santé.
Comment administrer les antipyrétiques à votre enfant ?
Conseils pour une administration sécuritaire des médicaments
Avant d'administrer un antipyrétique à votre enfant, il est important de respecter quelques règles de sécurité :
- Vérifier la date de péremption du médicament et son aspect (couleur, odeur, texture).
- Lire attentivement la notice du médicament et suivre les indications de posologie, de mode d'administration, de durée de traitement et de conservation.
- Utiliser le système doseur fourni avec le médicament (pipette, cuillère, seringue) et le nettoyer après chaque utilisation.
- Ne pas mélanger le médicament avec de la nourriture ou une boisson, sauf avis contraire du médecin.
- Ne pas donner deux médicaments antipyrétiques en même temps, sauf avis contraire du médecin.
- Ne pas donner un médicament destiné à un adulte ou à un autre enfant.
- Ne pas dépasser la dose maximale recommandée par jour.
- Ne pas prolonger le traitement au-delà de la durée prévue.
- Surveiller l'apparition d'effets indésirables et les signaler au médecin ou au pharmacien.
- Conserver le médicament hors de portée et de vue des enfants, dans un endroit sec et à l'abri de la chaleur et de la lumière.
La bonne dose : importance et précautions
La dose d'un antipyrétique dépend du poids de l'enfant et non de son âge. Il est donc essentiel de peser l'enfant avant de lui donner le médicament et de ne pas se fier à une estimation approximative.
La dose doit être adaptée au poids réel de l'enfant, et non à un poids théorique ou moyen. Il faut également respecter l'intervalle minimum entre deux prises, qui est généralement de 4 à 6 heures selon le médicament.
Une dose trop faible peut être inefficace et entraîner une persistance de la fièvre et de l'inconfort.
Une dose trop élevée peut être dangereuse et provoquer des effets indésirables graves, comme une intoxication ou une atteinte hépatique. En cas de doute sur la dose à administrer, il faut demander conseil à votre médecin ou à votre pharmacien, qui pourront vous indiquer la dose exacte en fonction du poids de votre enfant et du médicament choisi.
Formes pharmaceutiques adaptées aux enfants
Les antipyrétiques se présentent sous différentes formes pharmaceutiques, qui peuvent être plus ou moins adaptées aux enfants selon leur âge, leur capacité à avaler, leur goût ou leur tolérance. Il faut choisir la forme la plus appropriée à votre enfant, en tenant compte de ses préférences et de ses besoins. Les principales formes pharmaceutiques sont :
- Le sirop, qui est facile à administrer avec une pipette ou une cuillère doseuse. Il existe des sirops avec différents arômes (fraise, orange, menthe...) pour masquer le goût du médicament. Il faut faire attention à ne pas dépasser la dose indiquée sur le système doseur, et à ne pas confondre les unités de mesure (millilitres, cuillères à café, cuillères à soupe) ;
- Le suppositoire, qui est utile en cas de vomissements, de refus de prise orale ou de difficulté à avaler. Il faut introduire le suppositoire par la partie la plus large dans l'anus de l'enfant, en le poussant légèrement avec le doigt. Il faut veiller à ce que l'enfant ne l'expulse pas immédiatement et à respecter le sens de la capsule si le suppositoire en est muni ;
- Le comprimé, qui est réservé aux enfants qui savent avaler sans difficulté. Il faut faire boire l'enfant après la prise du comprimé et ne pas écraser ou couper le comprimé sauf si cela est autorisé par la notice. Il existe des comprimés effervescents, qui se dissolvent dans un verre d'eau et des comprimés orodispersibles, qui fondent dans la bouche ;
- Le sachet, qui contient une poudre ou des granulés à dissoudre dans un verre d'eau. Il faut bien agiter le sachet avant de l'ouvrir et bien mélanger la solution avant de la faire boire à l'enfant ;
- La solution buvable, qui est un liquide à mesurer avec un système doseur (pipette, seringue, gobelet) et à faire boire à l'enfant. Il faut bien agiter le flacon avant de prélever la dose et bien rincer le système doseur après chaque utilisation.
Mesures non médicamenteuses pour la gestion de la fièvre
Méthodes de refroidissement physique
Dans l'arsenal du soulagement de la fièvre de votre enfant, au-delà des antipyrétiques, existent des méthodes de refroidissement physique simples et sécuritaires. Leur efficacité repose sur leur bonne utilisation et elles peuvent être un complément utile aux médicaments, en fonction des recommandations médicales.
Voici les principales techniques de refroidissement :
- La compresse froide. Appliquer sur le front, les tempes ou la nuque de l'enfant un linge humidifié et frais. Renouveler dès que le linge se réchauffe et veiller à ne pas maintenir la compresse trop longtemps, pour prévenir tout refroidissement excessif de l'enfant.
- Le ventilateur. Favoriser un air frais ambiant autour de l'enfant sans l'exposer directement au flux d'air et s'assurer que l'environnement reste à une température agréable.
- Le bain tiède. Mettre l'enfant dans un bain avec une eau à température corporelle (36-37 °C) pendant 10 à 15 minutes. Il est important de ne pas frictionner la peau, de sortir l'enfant s'il frissonne ou se plaint du froid, de le sécher rapidement et de le vêtir légèrement.
Ces méthodes peuvent être employées seules ou en complément des médicaments, selon l'état de santé de l'enfant et après avis d'un professionnel de santé. Elles ne sont pas conseillées en présence de convulsions fébriles, de troubles cardiaques ou respiratoires, ou de signes de déshydratation.
L'importance de l'hydratation
L'hydratation joue un rôle crucial dans la prévention de la déshydratation, un risque potentiel lorsque l'enfant est fiévreux. Les symptômes de déshydratation incluent une soif accentuée, une sécheresse des muqueuses, une réduction de la production d'urine, une perte de poids, de la somnolence ou une irritabilité.
Il est préconisé de proposer à l'enfant de l'eau fraîche ou d'autres boissons de prédilection, par petites gorgées fréquentes, même en l'absence de soif. Des aliments hydratants, tels que les soupes, compotes, yaourts ou glaces, peuvent également contribuer à l'hydratation.
En cas de vomissements ou de diarrhée, la solution de réhydratation orale (SRO) disponible sans ordonnance peut être une option. Suivez les instructions pour la préparation et l'administration de la SRO à l'aide d'une cuillère ou d'une seringue, en alternance avec de l'eau. Consultez un médecin sans tarder si l'enfant refuse de boire ou montre des signes de déshydratation grave.
Quand consulter un médecin ? Les signes qui doivent alerter
La fièvre, si elle n'est pas une maladie en soi, peut être le signal d'une affection sous-jacente. Il est donc essentiel de surveiller l'évolution de la température et de l'état de santé de l'enfant, et de consulter un médecin dans les situations suivantes :
- L'enfant de moins de 3 mois affiche une température au-delà de 38°C.
- L’enfant de plus de 3 mois présente une fièvre supérieure à 40°C.
- La fièvre persiste au-delà de 5 jours chez le nourrisson ou d'une semaine chez l'enfant plus âgé.
- L'apparition de symptômes de gravité, tels qu'une somnolence inhabituelle, des difficultés respiratoires, des éruptions cutanées, des douleurs inhabituellement intenses, ou tout autre changement de comportement.
- Des pathologies préexistantes nécessitant un suivi particulier.
- L'inefficacité des antipyrétiques ou l'apparition d'effets secondaires.
- Tout doute ou préoccupation concernant la santé de l'enfant.
En cas d'urgence, contactez le 15 ou rendez-vous directement aux urgences pédiatriques les plus proches. Il est primordial de ne pas attendre que la situation se détériore pour rechercher une aide professionnelle.
Gérer la fièvre : erreurs courantes à éviter
Les inquiétudes excessives et leur impact
La vision de la température montant chez l'enfant provoque souvent une vague d'angoisse chez les parents, inquiets à l'idée qu'une affection grave se cache derrière ou craignant d'éventuelles complications. Cette peur peut engendrer des réflexes contre-productifs, telles que la surmédicalisation, interrompre le sommeil de l'enfant pour des prises de température nocturnes, soit le couvrir excessivement, soit le découvrir entièrement, recourir à des bains froids ou à l'administration de boissons glacées, ou encore consulter le médecin de manière intempestive ou tardive.
Ces comportements, loin d'être bénéfiques, peuvent exacerber son inconfort, perturber davantage son sommeil, repousser la reconnaissance d'une infection sous-jacente, ou favoriser l'apparition de résistances médicamenteuses. Il est essentiel de rester serein face à la fièvre, de garder à l'esprit qu'elle traduit une réaction naturelle du corps luttant contre une intrusion et d'appliquer les conseils de prévention et de soin évoqués dans cet article.
En présence de doutes ou d'anxiété, il ne faut pas hésiter à solliciter l'avis d'un professionnel de santé qui saura vous guider vers la prise en charge la plus adéquate.
Les idées reçues sur la fièvre et les antipyrétiques
De nombreux préjugés persistants sur la fièvre et les antipyrétiques circulent, entraînant des erreurs dans leur gestion chez l'enfant. Voici des clarifications nécessaires face à ces fausses croyances.
La fièvre doit être systématiquement traitée
Faux. La fièvre n'est pas elle-même une pathologie mais signale que l'organisme répond à une agression. Elle n'est pas en soi préoccupante, sauf cas extrême où elle dépasse 41°C, situation exceptionnelle. Il est conseillé de n'intervenir que si elle excède 38,5°C ou provoque un inconfort chez l'enfant. L'objectif des soins n'est pas d'éliminer la fièvre, mais de veiller au bien-être de l'enfant.
Plus la fièvre est haute, plus la situation est grave
Faux. Il n'y a pas de corrélation directe entre l'intensité de la fièvre et la gravité de l'affection. Une fièvre modérée peut cacher des maladies graves comme la méningite, tandis qu'une fièvre élevée peut simplement indiquer une affection légère. Ce qui importe, c'est l'observation de l'état général de l'enfant et la recherche de symptômes préoccupants (somnolence, difficulté respiratoire, éruption cutanée, douleurs aiguës).
Les antipyrétiques guérissent la fièvre et l'agent infectieux
Faux. Les antipyrétiques servent uniquement à réduire temporairement la température corporelle et apaiser l'inconfort. Ils ne traitent pas la cause sous-jacente de la fièvre ni ne raccourcissent la durée de l'infection. Ils ne doivent pas remplacer un traitement ciblé, comme les antibiotiques si nécessaires, ni être utilisés à titre préventif car ils peuvent masquer l'évolution de la pathologie et retarder le diagnostic.
Les antipyrétiques sont sans dangers et peuvent être administrés sans précaution
Faux. Comme tout médicament, les antipyrétiques peuvent provoquer des effets indésirables (toxicité hépatique, troubles gastro-intestinaux, réactions allergiques ou interactions médicamenteuses). Leur emploi doit se faire avec discernement, en veillant à respecter la dose recommandée selon le poids de l'enfant, la fréquence de prise et la durée du traitement. Ils doivent aussi être conservés hors de la portée des enfants et ne pas être combinés à d'autres traitements contenant le même principe actif.
Conclusion sur les antipyrétiques
La fièvre chez l'enfant est un symptôme fréquent, qui peut soulever des inquiétudes chez les parents. Il est crucial de savoir comment la gérer efficacement, en optant pour l'utilisation des antipyrétiques de manière judicieuse et en adoptant les bonnes pratiques non médicamenteuses. Il est également essentiel de demeurer attentif à l'évolution de la fièvre et à l'état général de l'enfant, en n'hésitant pas à consulter un médecin si nécessaire.
Il est primordial d'éviter les erreurs habituelles, telles que surmédicaliser l'enfant, le couvrir excessivement ou, à l'inverse, le déshabiller entièrement, ou encore adhérer aux mythes entourant la fièvre et l'utilisation des antipyrétiques. En suivant ces recommandations, vous offrirez à votre enfant les meilleures chances de mieux tolérer la fièvre et de récupérer plus rapidement.