Être hospitalisée quand on allaite peut susciter beaucoup d'inquiétudes. Faut-il sevrer bébé ? Est-il possible de maintenir la lactation ? La bonne nouvelle, c'est que dans la grande majorité des cas, une hospitalisation ne signifie pas la fin de l'allaitement maternel. Que vous deviez subir une intervention chirurgicale, recevoir un traitement médical ou simplement rester quelques jours en observation, des solutions existent pour préserver ce lien précieux avec votre tout-petit. Voici tout ce que vous devez savoir pour continuer à allaiter sereinement, même depuis votre lit d'hôpital.
Allaitement et hospitalisation : est-ce vraiment compatible ?
La question se pose naturellement dès l'annonce d'une hospitalisation : pourrai-je continuer à nourrir mon bébé au sein ? L'Académie Américaine de Pédiatrie est formelle sur ce point : si l'hospitalisation d'une mère allaitante s'avère nécessaire, tout devrait être fait pour maintenir l'allaitement, de préférence directement au sein, ou à défaut en tirant le lait pour le donner au bébé.
Pendant l'allaitement, la maman peut effectivement présenter un problème de santé qui nécessite une hospitalisation. Dans ce cas, la maman pourra maintenir la production de lait grâce à un tire-lait, dans le but de stimuler les seins régulièrement. Cette stimulation régulière est essentielle car elle reproduit le mécanisme naturel de la tétée et envoie au cerveau le signal de continuer à produire du lait.
Il est important de comprendre que les équipes soignantes sont de plus en plus sensibilisées à l'importance de préserver l'allaitement. N'hésitez pas à informer le personnel médical dès votre admission que vous allaitez votre enfant. Cette information permettra d'adapter votre prise en charge et de choisir, lorsque c'est possible, des traitements compatibles avec la poursuite de l'allaitement.
Comment maintenir la lactation pendant votre séjour à l'hôpital
Le maintien de votre production lactée repose sur un principe simple : plus les seins sont stimulés, plus ils produisent de lait. Même si votre bébé ne peut pas être présent à vos côtés en permanence, plusieurs stratégies permettent de préserver votre lactation.
Voici les points essentiels à retenir :
- Tirez votre lait toutes les 2 à 3 heures pendant la journée et au moins une fois la nuit, même si vous ne pouvez pas le conserver
- Si votre condition physique et votre traitement le permettent, donnez le sein à votre bébé lors des visites de votre famille
- Demandez à l'hôpital de vous fournir un tire-lait électrique si vous n'avez pas le vôtre
- Conservez le lait tiré dans les conditions d'hygiène appropriées pour qu'il puisse être donné à votre bébé
Si la condition physique de la maman et son traitement le permettent, il est tout à fait possible de donner le sein au bébé lors des visites. Ces moments de retrouvailles autour de la tétée sont précieux tant pour maintenir la production de lait que pour préserver le lien affectif entre la mère et son enfant. Pour en savoir plus sur les bienfaits et les techniques d'allaitement, consultez notre guide complet de l'allaitement maternel.
Allaitement après une intervention chirurgicale ou une anesthésie
L'une des craintes les plus fréquentes concerne les effets de l'anesthésie sur le lait maternel. Rassurez-vous : si la maman doit subir une intervention chirurgicale, il est généralement possible de poursuivre l'allaitement sans danger. Le corps a besoin de peu de temps pour éliminer les produits anesthésiques, et les médecins peuvent prescrire des médicaments compatibles avec l'allaitement.
Selon les protocoles médicaux actuels, les mères peuvent habituellement reprendre l'allaitement dès qu'elles sont réveillées, stables, avec un bon niveau de vigilance. Il n'est généralement pas nécessaire d'attendre plusieurs heures après une anesthésie pour donner le sein. Les produits anesthésiques passent dans le lait en quantités infimes et sont rapidement éliminés par l'organisme.
Concernant les examens d'imagerie médicale comme les radiographies, scanners ou IRM, les produits de contraste utilisés sont compatibles avec l'allaitement. Même après une IRM avec injection de gadolinium, il n'est pas nécessaire de sevrer temporairement votre bébé. La très grande majorité des sociétés scientifiques de radiologie s'accordent sur ce point.
Il est important de savoir que la plupart des médicaments passent dans le lait, mais leur taux y est faible dans la grande majorité des cas. De nombreux antalgiques sont compatibles avec l'allaitement, comme le paracétamol, l'ibuprofène ou certains dérivés morphiniques. Pour plus d'informations sur les traitements médicaux compatibles avec l'allaitement, n'hésitez pas à consulter notre article dédié.
Conseils pratiques pour reprendre l'allaitement après une hospitalisation
Lorsque la maman rentrera à la maison, l'allaitement maternel sera le moyen idéal pour aider bébé et maman à rattraper le temps perdu. Cette période de retrouvailles est souvent intense en émotions et en tétées, ce qui est tout à fait normal et même bénéfique pour relancer efficacement la lactation.
Pour une femme convalescente, l'allaitement est souvent la façon la plus facile et confortable de prendre soin de son enfant, car elle peut le faire sans avoir à sortir de son lit. Pas besoin de préparer des biberons, de les stériliser ou de les réchauffer : le lait maternel est toujours prêt, à la bonne température et parfaitement adapté aux besoins de votre bébé.
Voici quelques conseils pour faciliter cette reprise :
- Privilégiez le peau à peau avec votre bébé pour favoriser les montées de lait et renforcer votre lien
- Allaitez à la demande sans regarder l'heure pour restimulever votre production
- Reposez-vous autant que possible et acceptez l'aide de votre entourage pour les tâches quotidiennes
- Hydratez-vous suffisamment et maintenez une alimentation équilibrée
Si votre bébé semble avoir du mal à reprendre le sein après avoir été nourri autrement pendant votre absence, soyez patiente et persévérante. Proposez-lui le sein fréquemment, dans un environnement calme et rassurant. Si les difficultés persistent, n'hésitez pas à consulter une conseillère en lactation ou une sage-femme spécialisée en allaitement.
Il peut arriver que votre production de lait ait temporairement diminué pendant l'hospitalisation. C'est normal et généralement réversible. En multipliant les tétées et en veillant à une bonne hydratation, votre lactation devrait revenir à la normale en quelques jours. Le corps est remarquablement capable de s'adapter à la demande du bébé.
Vos questions fréquentes concernant l'allaitement et l'hospitalisation
1. Dois-je arrêter d'allaiter si je dois prendre des antibiotiques à l'hôpital ?
Non, dans la très grande majorité des cas. La plupart des antibiotiques sont compatibles avec l'allaitement. Informez simplement votre médecin que vous allaitez afin qu'il choisisse un traitement adapté. Très peu de situations nécessitent réellement d'interrompre l'allaitement ou de jeter le lait.
2. Mon bébé peut-il rester avec moi pendant mon hospitalisation ?
Cela dépend des établissements et de votre état de santé. Certains hôpitaux disposent de chambres mère-enfant ou autorisent la présence du bébé pendant la journée. Renseignez-vous avant votre admission et exprimez clairement votre souhait de maintenir l'allaitement. Le personnel soignant fera son possible pour s'adapter à votre situation.
3. Combien de temps après une anesthésie générale puis-je allaiter ?
Vous pouvez généralement reprendre l'allaitement dès que vous êtes bien réveillée et suffisamment alerte pour tenir votre bébé en sécurité. Les produits anesthésiques sont rapidement éliminés par l'organisme et ne présentent pas de danger pour votre enfant allaité.
4. Que faire si ma production de lait a diminué après l'hospitalisation ?
Multipliez les tétées et le contact peau à peau avec votre bébé. Hydratez-vous abondamment et reposez-vous. La production de lait fonctionne selon le principe de l'offre et de la demande : plus votre bébé tète, plus vous produirez de lait. Si la baisse de lactation persiste, consultez une professionnelle de l'allaitement.
