Panique à bord, vous venez d'apprendre que vous avez un placenta praevia. L'annonce a été si soudaine lors de votre rendez-vous chez le gynécologue que vous n'avez pas eu l'occasion de poser toutes vos questions... Mais ne vous inquiétez pas, nous sommes là pour vous expliquer cette complication de grossesse et vous fournir toutes les informations essentielles dont vous avez besoin !
Le placenta praevia désigne une condition médicale pendant la grossesse où le placenta, essentiel pour nourrir le fœtus, se localise anormalement bas dans l'utérus, couvrant en partie ou en totalité le col utérin, passage crucial pour la naissance du bébé. Cette situation peut conduire à des saignements vaginaux importants pendant la grossesse ou durant l'accouchement et représente un risque sérieux pour la santé de la mère et de l'enfant.
Dans cet article, nous aborderons les symptômes, les causes, les méthodes de diagnostic et les options de traitement du placenta praevia.
Symptômes du placenta praevia
Le placenta praevia se manifeste différemment en fonction de son type et de l’étendue de son recouvrement sur le col de l’utérus. Le signe le plus commun et spécifique est le saignement indolore.
Saignements indolores
Un saignement indolore se traduit par un écoulement de sang rouge vif sans douleur ni contraction, pouvant survenir à n’importe quel stade de la grossesse, bien qu’il soit plus probable durant le troisième trimestre. Déclenché parfois par des rapports sexuels, un examen gynécologique, un exercice physique ou de manière spontanée, ce saignement peut varier de léger à abondant et être intermittent ou continu. Il peut cesser de lui-même ou nécessiter une intervention médicale d’urgence. Ce type de saignement, signe d'hémorragie maternelle due au décollement partiel du placenta, représente un risque critique pour la mère et l’enfant.
Signes d'alerte et quand consulter
Tout saignement vaginal durant la grossesse est un signal d’alarme invitant à consulter rapidement un professionnel. Il est essentiel également d’être attentif à l’apparition d’autres symptômes comme des contractions, des douleurs abdominales, de la pâleur, une sensation de faiblesse, une tachycardie ou une chute de tension.
Ces manifestations peuvent signaler une aggravation de l'hémorragie ou une autre complication. La présence d’un placenta praevia est confirmée par échographie, un examen permettant de localiser le placenta par rapport au col, et généralement proposée au cours du deuxième trimestre.
Conséquences sur le bien-être fœtal
Le placenta praevia peut avoir des répercussions défavorables sur le développement et la survie du fœtus, telles qu’une anomalie de la présentation fœtale, un retard de croissance intra-utérin, une vasa praevia ou une insertion vélamenteuse du cordon ombilical. Ces complications peuvent entraîner une détresse fœtale, une hémorragie fœtale ou une mort in utero.
De plus, le placenta praevia augmente le risque d'un accouchement prématuré et d'une césarienne, d'où l'importance de surveiller constamment le rythme cardiaque fœtal et la croissance du bébé au moyen d’échographies et d’examens cliniques réguliers.
Diagnostic du placenta praevia
Le diagnostic du placenta praevia repose essentiellement sur l'échographie. Cette technique d'imagerie permet de voir où se trouve le placenta par rapport au col de l'utérus. Selon le stade de la grossesse, le type de placenta praevia et les symptômes présents, différentes approches diagnostiques peuvent être appliquées. Il est également crucial de distinguer le placenta praevia d'autres problèmes pouvant causer des saignements pendant la grossesse.
Méthodes de diagnostic du placenta praevia
Le placenta praevia peut être repéré à différentes phases de la grossesse. Habituellement, il est détecté lors de l'échographie de routine au deuxième trimestre.
Un saignement vaginal après 20 semaines de grossesse peut aussi faire suspecter cette condition. Dans ces circonstances, une échographie d'urgence est nécessaire pour confirmer le diagnostic et évaluer dans quelle mesure le placenta recouvre le col.
On peut faire une échographie abdominale ou endovaginale, cette dernière étant plus précise. Toutefois, elle doit être réalisée avec soin pour éviter tout risque de saignement ou de décollement du placenta.
L'importance de l'échographie
L'échographie est l'outil le plus fiable pour diagnostiquer le placenta praevia et surveiller son évolution. Elle aide à classifier le placenta praevia comme suit :
- Placenta praevia central : le placenta recouvre totalement le col.
- Placenta praevia marginal : le placenta est au bord du col.
- Placenta praevia latéral : le placenta est adjacent au col, mais ne le touche pas.
- Placenta praevia bas inséré : le placenta est situé à moins de 2 cm du col, mais ne le recouvre pas.
Grâce à l'échographie, il est possible de mesurer la distance entre le bord du placenta et le col, ce qui est essentiel pour évaluer le risque de saignement et le type d'accouchement approprié. L'échographie permet aussi de détecter des anomalies liées au placenta praevia, comme le placenta accreta ou la vasa praevia.
Différencier le placenta praevia d'autres complications
Le placenta praevia n'est qu'une des causes possibles de saignement pendant la grossesse. Il est donc important de le distinguer d'autres problèmes, qui bien que présentant des symptômes similaires, nécessitent une approche différente. Parmi ces complications, on trouve :
- Le décollement placentaire : un décollement partiel ou total du placenta de la paroi utérine, provoquant une hémorragie interne, souvent accompagnée de saignements douloureux et de contractions.
- L'hématome rétroplacentaire : un caillot de sang entre le placenta et la paroi utérine peut comprimer le placenta et entraîner une détresse fœtale, se manifestant par des saignements foncés et des douleurs.
- La placenta abruptio : une rupture prématurée du placenta qui entraîne une hémorragie externe, visible par des saignements rouge vif et des contractions.
Pour distinguer le placenta praevia de ces complications, il est essentiel d'examiner les caractéristiques des saignements, la présence éventuelle de contractions et de réaliser une échographie pour confirmer le diagnostic et évaluer la condition du fœtus.
Traitement du placenta praevia
Le traitement du placenta praevia varie en fonction de nombreux facteurs, notamment l'intensité des saignements, le type de placenta praevia identifié, l'avancement de la grossesse et l'état de santé fœtale. Les options de traitement peuvent aller de l'attente vigilante jusqu'à la réalisation d'une césarienne.
L'objectif principal est de prévenir toute complication possible tout en veillant à la santé de la mère et de l'enfant.
Gestion expectative et surveillance
La gestion expectative signifie une surveillance attentive de la grossesse, sans intervention médicale immédiate, sauf si nécessaire. Cette approche peut être adoptée en cas de saignements légers ou de façon intermittente, si le placenta praevia est considéré comme marginal ou de faible insertion, et si la grossesse se trouve avant la 36ème semaine.
Cette prise en charge inclut une restriction des activités physiques pour la future maman, qui doit éviter toute relation sexuelle, les efforts physiques importants, les déplacements et les examens gynécologiques invasifs. Une surveillance continue de la santé de la mère et du fœtus est mise en place, incluant des contrôles réguliers, des échographies, des analyses de sang et des suivis du rythme cardiaque du fœtus.
La gestion expectative peut s'effectuer à domicile ou en milieu hospitalier, suivant l'évaluation du risque de saignement et la proximité avec les services de santé.
Traitement conservateur et hospitalisation
Le traitement conservateur a pour but de contrôler les saignements et de prolonger la grossesse le plus longtemps possible sans mettre en danger la mère ou le bébé. Cette méthode est recommandée en cas de saignements modérés ou récurrents, de placenta praevia central ou partiel, et pour les grossesses situées entre la 24ème et la 36ème semaine.
L'approche conservatrice nécessite une hospitalisation, pendant laquelle la future maman est maintenue au repos et peut recevoir des transfusions sanguines si nécessaire.
On peut également prescrire à la future maman des médicaments visant à stopper les contractions, prévenir des infections, encourager la maturation des poumons du bébé et minimiser les risques d'hémorragies après l'accouchement. L'objectif est d'atteindre un stade de la grossesse s'étendant de 36 à 37 semaines, période à laquelle l'accouchement est habituellement envisagé.
Planification de l'accouchement et césarienne
La planification de l'accouchement consiste à déterminer la méthode et le moment adéquats pour accoucher, selon l'état de santé de la mère et du bébé. Cette étape est particulièrement cruciale en cas de grossesse à terme (entre 36 et 37 semaines) ou lors de saignements sévères menaçant la vie de la mère ou du bébé.
En général, une césarienne est prévue puisqu'elle représente la méthode d'accouchement la plus sûre en cas de placenta praevia. Cette opération est effectuée pour éviter le passage du bébé à travers le col de l'utérus, un processus pouvant déclencher un saignement massif. La césarienne peut être réalisée sous anesthésie générale ou péridurale, en fonction de l'urgence et de l'état général de la mère. Il est essentiel que cette intervention se déroule dans un établissement de santé équipé pour gérer d'éventuelles complications, telles que le placenta accreta ou la nécessité d'une hystérectomie.
Prise en charge après l'accouchement
Après l'accouchement, une attention particulière est portée sur le suivi de la mère et du nouveau-né ainsi que sur le traitement des conséquences éventuelles du placenta praevia. Cette prise en charge est indispensable après une césarienne, en cas de naissance prématurée, de souffrance fœtale ou d'hémorragie post-partum. Elle comprend la surveillance de l'état de santé de la mère pendant quelques jours pour détecter d'éventuels saignements, infections ou complications liées à la césarienne.
Un soutien psychologique peut être proposé à la mère, qui peut avoir traversé une période d'anxiété pendant sa grossesse et un accouchement difficile. La surveillance s'étend également au bébé, qui pourrait présenter des problèmes respiratoires, neurologiques ou hémorragiques relatifs à la prématurité ou à la détresse fœtale. Enfin, des conseils sont donnés à la mère concernant les précautions à prendre pour ses futures grossesses afin de diminuer le risque de récidive de placenta praevia ou de placenta accreta.
Conclusion
Le placenta praevia est une condition de grossesse où le placenta se trouve anormalement bas, recouvrant parfois entièrement le col de l'utérus. Cette situation peut entraîner des saignements vaginaux durant la grossesse ou au moment de l'accouchement, posant des risques pour la santé de la mère et du bébé. Son diagnostic repose sur l'échographie, essentielle pour évaluer sa position et l'étendue de son recouvrement.
Le traitement adapté au placenta praevia varie en fonction de l'intensité des saignements, du stade de la grossesse et de la santé du fœtus. Les options thérapeutiques s'échelonnent de l'observation attentive à l'intervention chirurgicale, notamment la césarienne, sans oublier les approches conservatrices. Après l'accouchement, une attention particulière sera donnée tant au bien-être de la mère qu'à celui de l'enfant, complétée par un soutien psychologique pour la mère.