Les femmes sont de plus en plus nombreuses à souhaiter accoucher à la maison et loin de l’ambiance des hôpitaux. Simple caprice ou phénomène de mode ? Il est difficile de répondre à cette question mais il est certain que le cocon familial offre un environnement naturel qui met les futurs parents en confiance.
Accouchement à la maison : pour qui?
D’entrée de jeu, on sait généralement qu’une femme qui tombe enceinte aura comme premier réflexe de se rendre à l’hôpital. Et dans le système hospitalier classique, ce sont les sages-femmes qui font le gros du travail. Elles posent le diagnostic, assurent le suivi de la grossesse, procèdent à l’accouchement normal et aux premiers soins du bébé après l’accouchement. Elles remplissent un rôle à la fois social, psychologique et médical durant les phases qui entourent la naissance du bébé. C’est ainsi que les futures mamans qui souhaitent donner naissance à la maison en parlent avec elles et elles jugent de l’opportunité.
Il faut savoir que seules les femmes ayant des grossesses sans risques sont éligibles à un accouchement hors du système hospitalier traditionnel. Dès lors, les sages-femmes excluent de l’accouchement à la maison les grossesses nécessitant une césarienne, les femmes attendant des jumeaux, triplés et autres grossesses multiples, les grossesses ayant dépassé le terme, les grossesses prématurées, les femmes enceintes souffrant de diabète, les grossesses présentant une mauvaise posture du bébé ou avec étrangeté dans le placenta ou dans le liquide amniotique, les mères atteintes d’hypertension et la liste n’est pas exhaustive. Tous ces cas spécifiques nécessitent un accompagnement médical strict à l’hôpital.
Accouchement à la maison : qui consulter?
Comme susmentionné, les femmes qui sollicitent un accouchement hors de l’hôpital doivent se rapprocher des sages-femmes pour en connaitre les procédures et conditions. Dans des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, nombreuses sont les sages-femmes qui pratiquent l’accouchement à domicile encore appelé AAD. En France cette pratique n’est pas encore courante mais elle existe. D’ailleurs, des maisons de naissance ont été mises en place en 2015 à cet effet et sont gérées par les maïeuticiennes, plus communément appelées sages-femmes.
L'accouchement en dehors de l'hôpital : typologie et procédure
Il existe deux façons de donner naissance à son bébé loin des hôpitaux. Vous pouvez le faire à domicile ou dans des maisons de naissance.
- Accouchement à la maison
Les femmes qui désirent accoucher à domicile se rapprochent de leur sage-femme. Celle-ci leur remet un formulaire à remplir et à signer. Ces fiches vous renseignent sur les dangers et les atouts de chaque milieu d’accouchement. Le document contient aussi des informations sur les cas qui requièrent un transfert à l’hôpital, les cas d’urgence et les critères de déplacement de la maison vers l’hôpital.
Les sages-femmes qui effectuent les accouchements à domicile ont avec elles tout le matériel nécessaire et tous les traitements pour intervenir en situation d’urgence. Des recherches menées au Canada en 2015 ont prouvé que l’accouchement réalisé par les sages-femmes à domicile présente toutes les garanties de sécurité. La sage-femme s’entend avec le centre hospitalier le plus proche pour un transfert rapide en cas de besoin.
En dehors de l’hôpital, les femmes préfèrent souvent l’accouchement à domicile pour le cadre chaleureux qu’offre la maison, le sentiment de sécurité, le côté pratique, le confort nécessaire à l’accueil du bébé, etc.
- Accouchement dans les maisons de naissance
Les maisons de naissance sont généralement situées à proximité d’un centre de santé. Cette mesure garantit une prise en charge rapide de la mère et du bébé au cas où l’accouchement venait à dégénérer.
Une maison de naissance est un établissement géré par les sages-femmes et qui aide les mères à donner naissance sans la médicalisation d’un hôpital. Ces dernières reçoivent dans ce cadre uniquement les grossesses qui ne requièrent pas de suivi médical particulier, encore appelé « naissances physiologiques ». Dans ces maisons, les femmes et les couples ont droit à un accompagnement général (médical, familial, parental, suivi à domicile) fondé sur la règle de base « une femme une sage-femme ». C’est une approche personnalisée pour laquelle la sage-femme accompagne le couple avant, pendant et après l’accouchement. Le suivi à la maison après l’accouchement peut se faire pendant un an et demi.
Par ailleurs, les maïeuticiennes n’appliquent pas de monitoring ni de perfusion dans les maisons de naissance. Elles prennent soin des mamans sans forcément leurs administrer des soins. Le décor de ces maisons est celui de la maison ordinaire, on se sent chez soi dans une ambiance conviviale et familiale. Les enfants et les proches de la mère peuvent y séjourner. On y trouve également des cuisines et des salles de jeux pour la détente.
Accoucher à la maison vs. accoucher à l'hôpital
Le choix du lieu d'accouchement est une décision personnelle qui dépend de nombreux facteurs, notamment de la santé de la mère et du bébé, des préférences personnelles et des ressources disponibles. En France, bien que l'accouchement à domicile (AAD) soit légal, il reste marginal, représentant environ 0,14 % des naissances en 2019 . Ce choix est généralement réservé aux grossesses à faible risque et nécessite l'accompagnement d'une sage-femme expérimentée.
Avantages de l'accouchement à domicile :
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Environnement familier et rassurant : Être chez soi peut offrir un sentiment de confort et de sécurité, réduisant le stress et favorisant une expérience plus positive.
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Moins d'interventions médicales : Les accouchements à domicile sont souvent moins médicalisés, ce qui peut réduire le risque d'interventions inutiles.
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Accompagnement personnalisé : La relation étroite avec la sage-femme permet un suivi individualisé avant, pendant et après l'accouchement.
Inconvénients de l'accouchement à domicile :
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Accès limité aux soins d'urgence : En cas de complications imprévues, le transfert à l'hôpital peut entraîner des retards dans la prise en charge.
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Disponibilité des professionnels : Le nombre de sages-femmes pratiquant l'AAD est limité, en partie en raison des coûts élevés d'assurance responsabilité civile .
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Critères stricts : Seules les femmes ayant une grossesse sans complications sont éligibles à l'AAD, excluant celles avec des facteurs de risque tels que des grossesses multiples ou des antécédents médicaux spécifiques.
Avantages de l'accouchement à l'hôpital :
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Accès immédiat aux soins médicaux : La présence d'une équipe médicale complète permet une prise en charge rapide en cas de complications.
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Technologies avancées : Les hôpitaux disposent d'équipements pour surveiller la santé de la mère et du bébé, et pour intervenir si nécessaire.
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Sécurité accrue : Pour les grossesses à risque, l'hôpital offre un environnement plus sécurisé pour l'accouchement.
Inconvénients de l'accouchement à l'hôpital :
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Environnement moins intime : L'atmosphère hospitalière peut être perçue comme impersonnelle ou stressante pour certaines femmes.
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Interventions médicales plus fréquentes : Les protocoles hospitaliers peuvent entraîner des interventions plus nombreuses, parfois perçues comme excessives .
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Moins de contrôle sur le processus : Les femmes peuvent avoir moins de liberté dans leurs choix concernant le déroulement de l'accouchement.
En conclusion, le choix entre accoucher à la maison ou à l'hôpital dépend de nombreux facteurs individuels. Il est essentiel de discuter de toutes les options avec des professionnels de santé pour prendre une décision éclairée et adaptée à sa situation personnelle.
FAQ : Toutes vos questions sur l'accouchement à domicile
1. L'âge de la mère est-elle une contrainte pour pouvoir accoucher à la maison ?
Non. L'âge ne représente aucune contre-indication, même s’il s’agit du premier enfant. Le plus important est que la maman et le bébé soient en parfaite santé.
2. La maison doit-elle être grande?
Les dimensions de la maison n’ont aucune importance, car l’accouchement requiert peu d’espace. Il est essentiel qu’il y ait de l'eau courante et, surtout, un téléphone.
3. Si la maman souffre d’hypertension, peut-elle accoucher à domicile ?
L'hypertension artérielle est un peu élément défavorable, car elle augmente le risque de complications. Dans ce cas, il est indispensable que l’accouchement ait lieu dans une maternité.
4. Que faire si l'enfant se présente par le siège?
Le fait qu’un bébé se présente par le siège peut compliquer l’accouchement, surtout si c'est le premier enfant. Par conséquent, il est nécessaire d'aller dans une clinique ou à l'hôpital pour accoucher.
5. Si le terme est passé, est-il trop dangereux que l'enfant naisse à la maison?
Aujourd’hui, il est possible d’accoucher à la maison jusqu’à la 42e semaine.
6. Quels instruments permettent de garantir le bien-être du bébé lors de l'accouchement à la maison?
On contrôle l'état de santé du bébé en vérifiant de temps à autre le rythme cardiaque fœtal. Pour cela, on utilise un appareil portatif qui fonctionne avec des ultrasons. Ce contrôle est celui qui est en mis en œuvre lors des accouchements à bas risque, qui sont les seuls qui peuvent avoir lieu à la maison. Le rythme cardiaque du bébé peut également être contrôlé avec un appareil appelé stéthoscope.
7. Que faire en cas de complications pendant l’accouchement?
Dans ce cas, il est nécessaire d’en informer la maternité la plus proche (qui doit se trouver à moins d'une demi-heure de route) et appeler une ambulance. La sage-femme accompagnera la maman pendant tout le voyage et restera avec elle jusqu'à ce que l’accouchement soit terminé.
8. Après l’accouchement à la maison, qui s’assure que la maman reçoit les soins nécessaires?
Pendant les dix premiers jours, la sage-femme est chargée de surveiller à la fois la mère et le nourrisson. La sage-femme fait une visite quotidienne et s’assure que les processus d'involution utérine et de retour à la normale évoluent correctement.
Elle surveille également que l'allaitement maternel est réalisé correctement, tout comme la consolidation du lien mère-enfant. Elle surveille aussi le nourrisson tous les jours. Trois jours après la naissance, elle effectue un test de laboratoire afin de vérifier la présence éventuelle de maladies métaboliques. On réalise alors une petite piqûre au talon. La sage-femme est responsable d’apporter l'échantillon au laboratoire. Le résultat sera ensuite envoyé au domicile des parents.
9. Est-ce cher d’accoucher à la maison?
Tout dépend de la sage-femme à laquelle vous faite appel et des tarifs qu'elle pratique, si elle s'aligne sur les tarifs conventionnés ou si elle demande des honoraires supérieurs à ce que rembourse la Sécurité Sociale. Donc parlez-en bien avec la sage-femme avant de finaliser votre décision.
Pensez aussi à aborder avec elle la question du prix en cas de transfert à l'hôpital et des soins de suivi après accouchement.
10. Combien de temps à l'avance faut-il décider d’accoucher à la maison?
Cette décision doit être prise entre le quatrième et le cinquième mois de la grossesse, car il est important que le couple et les sages-femmes apprennent à se connaître pour établir une relation de confiance.
Conclusion
L'accouchement est une étape majeure dans la vie d'une femme, et le choix du lieu où il se déroule doit être mûrement réfléchi. En France, bien que l'accouchement à domicile soit une option légale pour les grossesses à faible risque, il reste peu répandu en raison de diverses contraintes, notamment la disponibilité limitée de sages-femmes pratiquant l'AAD et les critères stricts d'éligibilité. À l'inverse, l'accouchement à l'hôpital offre un accès immédiat aux soins médicaux et est généralement recommandé pour les grossesses présentant des risques.
Chaque option présente ses avantages et ses inconvénients, et il n'existe pas de choix universellement meilleur. L'essentiel est que chaque femme puisse accoucher dans un environnement où elle se sent en sécurité, soutenue et respectée dans ses choix. Une communication ouverte avec les professionnels de santé et une préparation adéquate sont les clés pour vivre cette expérience de manière positive et sereine.