Prendre soin de la santé de vos enfants est une priorité, surtout lorsqu’il s’agit de médicaments. Ce guide répond aux questions les plus fréquentes sur l’administration des médicaments aux tout-petits, tout en mettant en avant les bonnes pratiques et les précautions essentielles. Découvrez tout ce qu’il faut savoir pour traiter efficacement et en toute sécurité les petites maladies de vos enfants.
L’automédication : une pratique risquée
Il est essentiel d’éviter l’automédication pour les enfants. Consultez toujours un pédiatre avant de leur administrer un médicament. Certains produits, disponibles en différentes concentrations, peuvent présenter des risques en cas de mauvaise utilisation. Une dose excessive peut entraîner des effets secondaires graves, tels que des troubles gastro-intestinaux, des tremblements, voire des convulsions. Lisez attentivement les notices et respectez les doses recommandées.
Les enfants ne sont pas des "mini-adultes" : leur organisme réagit différemment aux médicaments. Les doses pédiatriques sont généralement calculées selon le poids plutôt que selon l'âge, ce qui permet une précision thérapeutique optimale. Les traitements administrés aux enfants sont spécifiques et comportent des dosages, des posologies, des fréquences d'administration et des formes de médicaments adaptés à leur développement.
Le risque d'erreur est particulièrement élevé lors des conversions de doses ou lorsque plusieurs médicaments contenant le même principe actif sont utilisés simultanément. Les jeunes enfants sont particulièrement exposés au risque d'intoxication accidentelle, notamment quand ils découvrent et ingèrent des vitamines ou médicaments laissés à leur portée. Pour prévenir ces accidents, rangez systématiquement tous les médicaments dans une armoire fermée à clé, placée en hauteur et hors de vue des enfants.

Les antipyrétiques : quand et comment les utiliser ?
La fièvre est un mécanisme de défense naturel du corps. Elle ne nécessite une intervention que si elle dépasse 38,5°C (ou 38°C en cas de prise rectale). Les antipyrétiques comme le paracétamol et l’ibuprofène sont adaptés aux enfants, mais il faut impérativement ajuster les doses en fonction du poids et de l’âge.
Le paracétamol reste le premier choix en raison de son excellent profil de sécurité. La dose recommandée est de 15 mg/kg toutes les 6 heures, sans dépasser 60 mg/kg par jour. L'intoxication aigue par l'acétaminophène peut entraîner des dommages hépatiques à des doses supérieures à 200 mg/kg, ce qui correspond à aussi peu que quatre comprimés de 500 mg pour un enfant de 2 ans qui pèse 10 kg. Chez l'enfant, les dommages hépatiques sont plus susceptibles de survenir consécutivement à un surdosage chronique qu'après une dose élevée unique.
Les formes de médicaments les plus adaptées pour les enfants de 0 à 6 ans sont les sirops et autres formes liquides, les sachets, les comprimés à dissoudre, les gouttes buvables. Utilisez toujours le dispositif de mesure fourni avec le médicament (pipette, cuillère doseuse) pour éviter les erreurs de dosage. Ne jamais utiliser une cuillère de cuisine dont les volumes sont variables et imprécis.
Attention : l’ibuprofène est contre-indiqué en cas de varicelle ou de déshydratation.
Antibiotiques : à utiliser avec précaution
Les antibiotiques ne sont efficaces que contre les infections bactériennes. Ils n’ont aucun effet sur les virus responsables des rhumes ou des grippes. L’administration d’antibiotiques sans nécessité expose votre enfant à des effets secondaires inutiles. Si une fièvre élevée persiste malgré des soins adaptés, consultez votre pédiatre pour évaluer la situation.
Grippe, otites, maux de gorge... ce sont quelques-unes des maladies qui touchent les plus petits, surtout quand ils vont à la garderie ou à l'école. Dans certains cas, les antibiotiques peuvent aider, mais ils doivent être utilisés correctement et uniquement lorsque cela est nécessaire. Ce que vous devez garder à l'esprit:
• Les antibiotiques sont des médicaments qui stoppent les infections bactériennes, tuant les bactéries ou les empêchant de se multiplier. Cependant, lorsque l'enfant souffre d’une maladie causée par un virus, les antibiotiques sont inefficaces et c’est le propre système immunitaire de l'organisme qui se charge de combattre le virus en quelques jours.
• Un traitement avec des antibiotiques doit toujours être prescrit par un médecin. Il faut absolument éviter l’«automédication». Même si les symptômes présentés par l'enfant sont les mêmes que lors d’une précédente maladie, vous devez toujours consulter votre pédiatre.
• En ce qui concerne les doses et les horaires de prise du médicament, vous devez suivre les prescriptions du médecin. Il en va de même pour la durée du traitement.
• Les antibiotiques peuvent causer des effets secondaires, parmi lesquels, le plus fréquent est la diarrhée due au fait que le médicament affecte la flore bactérienne intestinale. Les antibiotiques peuvent aussi provoquer plus de fatigue que la normale.
• Il est possible que l'enfant soit allergique aux antibiotiques et ait une réaction cutanée. Dans ce cas, il faut immédiatement en informer le médecin.
Les bons gestes en cas de vomissements
Si votre enfant vomit dans les 30 minutes suivant la prise d’un antibiotique, vous pouvez lui redonner la dose complète. Passé ce délai, attendez l’heure prévue pour la prochaine dose et consultez si nécessaire.
L'absorption des médicaments par voie orale peut être compromise en cas de vomissements répétés. Si votre enfant présente des vomissements persistants, consultez rapidement votre médecin qui pourra envisager une forme d'administration différente (suppositoire, solution injectable) ou adapter le traitement. En cas d'effets indésirables du traitement, consultez votre médecin traitant ou votre pharmacien pour envisager la poursuite du traitement avec un autre médicament si cela est possible.
Tenez un carnet de suivi des symptômes et des prises médicamenteuses pour faciliter l'évaluation médicale. En cas de vomissements fréquents, veillez à maintenir une hydratation suffisante avec des petites quantités de liquide données régulièrement.
En cas de toux ou de congestion
Pour soulager une toux ou une congestion nasale :
• Hydratez bien votre enfant.
• Effectuez des lavages nasaux avec une solution saline.
• Humidifiez l’air de la chambre.
Évitez les sirops antitussifs ou mucolytiques avant l’âge de 2-3 ans, car ils peuvent présenter des risques respiratoires.
Les médicaments contre la toux et le rhume représentent un danger particulier chez les jeunes enfants. Les sirops contenant des antitussifs narcotiques recèlent un potentiel élevé de dépression respiratoire et sont particulièrement dangereux pour les jeunes enfants, même à des doses légèrement plus élevées que les doses thérapeutiques. De nombreux produits "contre la grippe" contiennent des antihistaminiques, décongestionnants et antitussifs qui les rendent particulièrement attrayants pour les tout-petits mais augmentent considérablement le risque d'intoxication grave.
L'humidification naturelle de l'air (serviettes humides, bol d'eau chaude) et les lavages nasaux au sérum physiologique restent les solutions les plus sûres et efficaces. Maintenez une température ambiante fraîche (19-20°C) dans la chambre de l'enfant et surélevez légèrement la tête du lit pour faciliter la respiration nocturne.
Les autres médicaments courants : ce qu’il faut savoir
• Antihistaminiques : utilisés pour les allergies, ils provoquent rarement des effets secondaires, hormis une légère somnolence.
• Bronchodilatateurs : ils soulagent les crises d’asthme, mais doivent toujours être prescrits par un médecin.
• Cortisone : efficace en cas d’asthme ou d’eczéma, son usage prolongé doit être évité.
• Antifongiques : appliqués localement, ils traitent les infections comme les dermatites dues à des champignons.
• Laxatifs : déconseillés aux enfants. En cas de constipation, privilégiez une alimentation riche en fibres et en fruits.
La sécurité des dispositifs d'administration est cruciale : chaque médicament contient en général dans son emballage tous les éléments nécessaires à son administration. D'un médicament à un autre, les graduations et dosages sont différents. Il faut donc être vigilant et utiliser uniquement le dispositif fourni avec le médicament. Cela est également valable pour les médicaments d'une même marque qui, selon les tranches d'âge, disposent de pipettes similaires alors que leurs dosages diffèrent.
Les vitamines et multivitamines représentent également un risque d'ingestion accidentelle. Des 627 intoxications rapportées pour les 0-5 ans, plus de 96% n'ont nécessité aucun traitement ou ont pu être traités à domicile. Cependant, les vitamines contenant du fer constituent une exception et peuvent être dangereuses en cas de surdosage.
Quand arrêter un traitement antibiotique ?
Même si votre enfant semble aller mieux, terminez toujours le traitement prescrit. Arrêter trop tôt risque de favoriser la réapparition des bactéries et d’entraîner des complications.
L'arrêt prématuré des antibiotiques contribue au développement de résistances bactériennes, un phénomène qui représente chaque année 12 500 décès en France et 700 000 dans le monde. Respecter la durée prescrite permet non seulement d'assurer l'efficacité du traitement pour votre enfant, mais aussi de préserver l'efficacité de ces médicaments pour tous.
Si des effets secondaires apparaissent, ne cessez pas le traitement de votre propre initiative mais contactez immédiatement votre médecin qui pourra adapter le traitement ou proposer une alternative thérapeutique appropriée.
Conservation et stockage des médicaments : préserver l'efficacité
La conservation des médicaments influence directement leur efficacité et leur sécurité. Les médicaments sont sensibles aux variations de température, à l'humidité et à la lumière, qui peuvent altérer leurs propriétés chimiques et physiques. Une mauvaise conservation peut réduire l'efficacité d'un traitement ou même entraîner des risques pour la santé.
Règles de base pour la conservation : La majorité des médicaments doivent être conservés entre 15°C et 30°C, parfois à une température maximale de 25°C. Évitez absolument les salles de bains (humidité excessive), la cuisine (variations de température), les voitures en plein soleil et le rebord des fenêtres.
Pour les médicaments nécessitant le réfrigérateur (entre 2°C et 8°C), placez-les dans la partie centrale du réfrigérateur, où la température est plus constante. Évitez les portes et ne placez jamais les médicaments trop près du compartiment de congélation. Les suppositoires, ovules, crèmes changent d'apparence quand ils sont exposés à la chaleur et doivent être préservés des températures élevées.
Dates de péremption et tri régulier : La date de péremption s'applique toujours à un produit non ouvert et laissé dans son contenant original. Une fois ouvert, d'autres normes s'appliquent. Effectuez un tri dans votre armoire à pharmacie deux à trois fois par an et éliminez les médicaments périmés via les pharmacies qui disposent de circuits de collecte spécialisés.
Reconnaître et prévenir les surdosages
Le surdosage représente un risque majeur chez l'enfant. Les populations les plus exposées aux surdosages et aux intoxications sont les enfants et les personnes âgées, qui cumulent les facteurs de risque : erreurs d'administration et sensibilité accrue.
Signes d'alerte d'un surdosage : nausées, vomissements, somnolence excessive, difficultés respiratoires, troubles du comportement ou convulsions. Les symptômes d'intoxication médicamenteuse constituent une urgence vitale. Appelez immédiatement les secours (15) et placez la personne en position latérale de sécurité.
Certains médicaments sont particulièrement dangereux en cas de surdosage accidentel. Les bloqueurs du canal calcique peuvent entraîner une intoxication possiblement mortelle après ingestion d'aussi peu qu'un ou deux comprimés. Gardez toujours à disposition le numéro du centre antipoison et n'hésitez jamais à les contacter en cas de doute.
La prévention reste la meilleure protection : utilisez des dispositifs à l'épreuve des enfants, rangez les médicaments en hauteur dans une armoire fermée, et ne présentez jamais un médicament comme un bonbon à votre enfant.
Conclusion : consultez toujours votre pédiatre
La santé de votre enfant est précieuse. Avant d’administrer tout médicament, même pour des affections mineures, demandez l’avis d’un professionnel. Respectez scrupuleusement les doses, formulations et durées indiquées. Ces précautions garantissent non seulement une guérison rapide, mais aussi la sécurité de votre enfant.
La pharmacovigilance pédiatrique progresse constamment grâce aux signalements des professionnels de santé et des parents. N'hésitez pas à déclarer tout effet indésirable suspecté auprès de votre médecin ou pharmacien. Ces précautions, loin d'être excessives, garantissent non seulement une guérison efficace, mais surtout la sécurité de votre enfant et contribuent à l'amélioration continue des soins pédiatriques.


