Vous avez choisi d'allaiter votre bébé, mais voilà : certains jours, le découragement pointe le bout de son nez. Sachez que vous n'êtes pas seule. En France, si 70% des mamans allaitent à la naissance, elles ne sont plus que 38% à poursuivre à 4 mois. Pourquoi un tel écart ? Parce que l'allaitement, bien que naturel, n'est pas toujours simple à mettre en place. Bonne nouvelle : les obstacles que vous rencontrez ont des solutions concrètes.
L'Organisation Mondiale de la Santé recommande l'allaitement exclusif pendant au moins les six premiers mois de la vie d'un enfant. Les médecins et les spécialistes estiment que l'allaitement maternel est la meilleure alimentation pour le bébé. Le lait maternel contient tous les nutriments dont le bébé a besoin, ainsi que des hormones et des anticorps qui ne se trouvent pas dans les laits infantiles. Par ailleurs, l'allaitement aide la maman dans la prévention du cancer du sein.
Cependant, bien souvent, les jeunes mamans abandonnent l'allaitement ou ne parviennent pas à le maintenir pendant six mois. Il existe trois moments critiques pendant lesquels une maman se sent particulièrement vulnérable et a tendance à passer aux biberons, non pas pour des raisons physiologiques, mais à cause d'un manque de confiance en soi. Découvrons ensemble ces périodes sensibles et les clés pour les traverser sereinement.
Les jours suivant la sortie de la maternité : un cap décisif
La maman se sent très fatiguée après l'accouchement et n'a pas l'impression d'avoir la force nécessaire pour réaliser l'effort que demande l'allaitement. Dans ces cas, beaucoup de mamans préfèrent se tourner vers l'alimentation à base de laits infantiles, une solution qui peut sembler plus « commode ».
C'est à ce moment que la persévérance et le soutien de la famille sont très importants. Le retour à la maison peut être déstabilisant : vous quittez le cocon rassurant de la maternité où les sages-femmes étaient disponibles à chaque instant. Il est essentiel de vous faire confiance et de vous rappeler que votre corps est parfaitement conçu pour nourrir votre bébé.
Voici quelques conseils pour traverser cette période :
- Privilégiez le peau à peau avec votre bébé pour stimuler naturellement la production de lait grâce à l'ocytocine
- Allaitez à la demande, sans regarder l'horloge : plus bébé tète, plus vous produisez de lait
- N'hésitez pas à contacter une consultante en lactation ou votre sage-femme libérale en cas de doute
- Acceptez l'aide de votre entourage pour les tâches ménagères afin de vous reposer entre les tétées
Il existe quelques trucs et conseils qui peuvent aider les mamans qui rencontrent des difficultés à donner le sein pour arriver à allaiter correctement. Une bonne position d'allaitement est fondamentale : assurez-vous que bébé ouvre grand la bouche et prend une grande partie de l'aréole, pas seulement le mamelon. Cette technique évite les crevasses et garantit une tétée efficace.
Cependant, malgré les avantages que présente l'allaitement, les mamans qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent pas ou ne veulent pas donner le sein, ne doivent en aucun cas se sentir mal ou culpabiliser. Le plus important reste le bien-être de la maman et du bébé.

La reprise du travail : concilier vie professionnelle et allaitement
Pendant le troisième ou quatrième mois, quand la maman recommence à travailler, l'allaitement peut sembler compromis. Vous aurez moins de temps pour être avec votre enfant et lui donner le sein, ce qui fait que vous vous sentez plus encline à lui donner le biberon.
Pourtant, la reprise du travail ne signifie pas forcément la fin de l'allaitement. En France, la loi protège les mamans allaitantes : vous disposez d'une heure par jour sur votre temps de travail pour allaiter ou tirer votre lait, et ce jusqu'au premier anniversaire de votre enfant. Cette heure est répartie en deux périodes de 30 minutes. Les entreprises de plus de 100 salariés doivent mettre à disposition un local dédié à l'allaitement.
Dans ce cas, si ce dont vous avez besoin est de temps avec votre enfant, et que vous avez assez de lait, vous pouvez choisir d'utiliser un tire-lait pour vous vider la poitrine, puis conserver le lait et le donner à votre bébé dans un biberon ou par des techniques alternatives comme des cuillères ou des verres spéciaux.
Pour une transition réussie, commencez à vous familiariser avec votre tire-lait deux à trois semaines avant la reprise. Constituez une petite réserve de lait maternel que vous pourrez congeler (conservation jusqu'à 4 mois à -18°C). Le week-end et les soirs, privilégiez les tétées au sein pour maintenir votre lactation et renforcer votre lien avec bébé. Les enfants s'adaptent remarquablement bien à un rythme différent selon que maman est présente ou absente.
La production de lait insuffisante : mythe ou réalité ?
Nombreuses sont les mamans qui s'inquiètent de ne pas produire assez de lait pour leur bébé. Cette crainte est souvent le résultat d'un manque de confiance plutôt qu'une réalité physiologique. En réalité, les cas de vraie insuffisance de production laitière sont très rares.
Dans ce cas, de nombreuses mamans se posent la question d'abandonner l'allaitement maternel et de passer à une alimentation artificielle ou mixte. Ainsi, votre bébé continue à stimuler votre poitrine et il est possible que votre production de lait finisse par augmenter.
Plusieurs facteurs peuvent temporairement affecter la production de lait :
- La fatigue et le stress, qui inhibent la sécrétion d'ocytocine nécessaire à l'éjection du lait
- Des tétées trop espacées ou trop courtes
- Une prise du sein incorrecte qui ne stimule pas suffisamment la glande mammaire
- L'utilisation précoce de biberons de complément qui diminue la stimulation naturelle
Le principe de base pour maintenir ou augmenter votre production est simple : plus vous stimulez vos seins, plus vous produisez de lait. Proposez le sein au moins 8 fois par 24 heures, jour et nuit. Le contact peau à peau, les moments calmes avec votre bébé et une alimentation équilibrée contribuent également à soutenir votre lactation. Certains aliments dits « galactogènes » comme le fenouil, les amandes ou l'avoine peuvent aussi aider à stimuler la production.
Vos questions fréquentes concernant les difficultés d'allaitement
1. Comment savoir si mon bébé boit suffisamment de lait maternel ?
Plusieurs signes indiquent que votre bébé se nourrit correctement : il mouille au moins 5 à 6 couches par jour après le cinquième jour de vie, ses selles passent du méconium noir au jaune d'or, il reprend son poids de naissance vers 10-14 jours et prend ensuite régulièrement du poids. Pendant la tétée, vous devez entendre votre bébé déglutir et le voir satisfait après avoir mangé.
2. L'allaitement doit-il être douloureux ?
Non, allaiter ne doit pas faire mal. Si vous ressentez des douleurs, c'est généralement le signe d'une mauvaise position ou d'une prise du sein incorrecte. Vérifiez que votre bébé ouvre grand la bouche et englobe bien l'aréole. En cas de crevasses, appliquez quelques gouttes de votre propre lait sur le mamelon après la tétée : ses propriétés cicatrisantes sont remarquables.
3. Puis-je alterner allaitement et biberon sans compromettre ma lactation ?
Oui, l'allaitement mixte est tout à fait possible, surtout une fois que l'allaitement est bien établi (après environ 4 à 6 semaines). Toutefois, gardez à l'esprit que moins vous allaitez, moins vous produisez de lait. Pour maintenir votre lactation, essayez de conserver au minimum 3 à 4 tétées par jour et privilégiez l'allaitement au sein lorsque vous êtes avec votre bébé.
4. Où trouver de l'aide en cas de difficultés ?
Plusieurs professionnels peuvent vous accompagner : les consultantes en lactation certifiées IBCLC, les sages-femmes libérales, les puéricultrices de PMI ou encore les pédiatres formés à l'allaitement. Des associations comme La Leche League France ou Solidarilait proposent également un soutien précieux avec des réunions locales et des permanences téléphoniques.
En conclusion
L'allaitement maternel est une aventure qui peut connaître des hauts et des bas. Les trois moments critiques que nous avons identifiés – la sortie de maternité, la reprise du travail et les inquiétudes liées à la production de lait – sont autant d'étapes que des milliers de mamans traversent chaque jour avec succès. La clé réside dans l'information, le soutien de l'entourage et la confiance en vos capacités.
N'oubliez pas que vous êtes la mieux placée pour savoir ce qui convient à votre bébé et à vous-même. Que vous choisissiez d'allaiter quelques semaines, quelques mois ou plus longtemps, chaque goutte de lait maternel que vous offrez à votre enfant est précieuse. Et si l'allaitement ne fonctionne pas comme prévu, cela ne remet nullement en cause votre qualité de maman. L'essentiel est de vivre cette période avec sérénité et de profiter pleinement de ces moments privilégiés avec votre tout-petit.


