Bien que l'allaitement maternel soit recommandé par toutes les autorités de santé, certaines situations exceptionnelles peuvent nécessiter le recours au biberon. Les contre-indications absolues à l'allaitement sont rares et concernent généralement des pathologies graves, tant chez la mère que chez le bébé. Découvrons ensemble ces situations particulières pour mieux comprendre quand l'allaitement n'est temporairement ou définitivement pas possible.
Les contre-indications liées à la mère
Les problèmes de production de lait représentent une première catégorie de contre-indications. Le manque de lait peut être dû à une altération de la glande mammaire, en raison d'une malformation congénitale (hypoplasie, qui implique le sous-développement de la glande mammaire) par exemple, ou d'une intervention chirurgicale (mastectomie, c'est-à-dire l'ablation partielle ou totale de la glande mammaire) ou bien d'un dysfonctionnement hormonal. La conséquence peut être l'absence totale de lait (agalactie) ou sa présence en faible quantité (hypogalactie).
Les déséquilibres hormonaux graves constituent une autre cause d'impossibilité d'allaiter. Les graves dysfonctionnements hormonaux de l'hypophyse peuvent entraver la formation de prolactine et d'ocytocine, ce qui rend la production de lait impossible. En particulier, le syndrome de Sheehan est une maladie rare qui conduit à un blocage temporaire ou permanent de l'hypophyse, chargé de la production de prolactine. Dans ce cas, la mère doit également abandonner l'allaitement.
Certaines infections virales spécifiques nécessitent l'arrêt temporaire ou définitif de l'allaitement. L'herpès zostère doit être distingué de l'herpès simplex. Lorsqu'il affecte le mamelon avec les typiques lésions cutanées (cloques), la maman peut le transmettre au bébé pendant la tétée. Il faut alors renoncer à l'allaitement pour la sécurité de l'enfant.

Les maladies infectieuses incompatibles avec l'allaitement
Plusieurs maladies infectieuses constituent des contre-indications temporaires à l'allaitement maternel. La fièvre typhoïde, forme aiguë de typhus caractérisée par la présence de fièvre, de diarrhées très violentes et d'un état de prostration générale, empêche l'allaitement à la fois à cause du risque élevé de contagion et de l'état d'extrême faiblesse physique de la femme.
La malaria est une maladie infectieuse qui se manifeste par des fièvres typiques et se transmet par la piqûre du moustique Anophèle. Éradiquée en France depuis plusieurs années, cette maladie reste fréquente dans les zones tropicales et subtropicales. Si le diagnostic par analyse de sang est positif, la maman doit être hospitalisée et l'allaitement n'est pas possible.
Les maladies exanthématiques (rougeole, rubéole, varicelle, scarlatine, quatrième maladie ou maladie de Dukes, cinquième maladie ou mégalérythème épidémique et sixième maladie ou roséole) nécessitent l'arrêt temporaire de l'allaitement pour éviter la transmission au bébé.
La septicémie, infection du sang causée par des virus et bactéries, peut être contractée après une infection mal guérie. Elle entraîne un épuisement si prononcé qu'elle empêche l'allaitement.
Les contre-indications graves et définitives
La séropositivité au VIH constitue une contre-indication absolue à l'allaitement dans les pays développés. Bien qu'on ne connaisse pas encore le pourcentage exact de probabilité de contagion, les femmes séropositives ne doivent pas allaiter car il existe un risque de transmission du virus par le lait maternel.
Les troubles psychiatriques sévères, notamment une psychose grave, impliquent non seulement l'arrêt de l'allaitement mais peuvent même nécessiter une séparation temporaire avec le bébé pour assurer la sécurité de l'enfant et permettre les soins appropriés à la mère.
Certaines pathologies spécialisées peuvent également contre-indiquer l'allaitement. En cas de formes graves de rétinopathies (lésions de la rétine) qui se sont fortement dégradées pendant la grossesse, l'allaitement peut être déconseillé. Cependant, c'est l'ophtalmologiste qui doit évaluer chaque situation individuellement. De même, les malformations cardiaques graves peuvent représenter une contre-indication, mais seulement dans des cas exceptionnels.
Les contre-indications liées au bébé
Du côté du nourrisson, les situations nécessitant l'arrêt de l'allaitement sont également très rares. Il existe très peu de cas dans lesquels l'enfant n'est pas capable de téter le mamelon à la naissance (manque d'aspiration).
Les prématurés ayant un poids très faible peuvent avoir besoin d'être nourris par une sonde, car ils n'ont pas assez de vigueur pour téter le sein. Cependant, il est souvent possible de leur donner du lait maternel exprimé par d'autres moyens.
Les malformations oro-faciales comme les fentes palatines (bec de lièvre) peuvent compliquer l'allaitement. Dans les cas graves, les enfants doivent être nourris par sonde. Parfois, des prothèses palatiales spéciales permettent la prise au biberon avant l'intervention chirurgicale corrective.
Les maladies congénitales du métabolisme constituent des contre-indications spécifiques. En cas de phénylcétonurie, de galactosémie ou de déficit en lactase intestinale, les bébés ne produisent pas les enzymes nécessaires à la digestion de certaines substances nutritives contenues dans le lait maternel. Le spécialiste définira dans chaque cas si l'allaitement est autorisé ou non.
Vos questions fréquentes concernant les contre-indications à l'allaitement
1. Mon médecin m'a dit que je ne pouvais pas allaiter à cause de mon traitement médicamenteux. Existe-t-il des alternatives ?
La plupart des médicaments sont compatibles avec l'allaitement. Consultez un spécialiste en lactation ou contactez le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT) qui peut proposer des alternatives thérapeutiques compatibles avec l'allaitement.
2. J'ai eu un cancer du sein, puis-je allaiter ?
Un antécédent de cancer du sein n'est généralement pas une contre-indication à l'allaitement, contrairement aux idées reçues. La décision dépend des traitements reçus et doit être discutée avec votre oncologue et votre équipe médicale.
3. Mon bébé a une malformation, cela signifie-t-il automatiquement qu'il ne peut pas téter ?
Pas nécessairement. De nombreuses malformations sont compatibles avec l'allaitement, parfois avec des adaptations. Un consultant en lactation peut vous aider à trouver des solutions adaptées à la situation spécifique de votre enfant.
4. Puis-je reprendre l'allaitement après avoir dû l'arrêter temporairement ?
Dans de nombreux cas, oui ! La relactation est possible avec un accompagnement spécialisé. Le succès dépend de la durée d'arrêt, de la motivation et de l'âge du bébé. N'hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel.
5. Les contre-indications temporaires durent-elles longtemps ?
La durée varie selon la pathologie. Certaines infections se resolvent en quelques jours à quelques semaines, permettant la reprise de l'allaitement. D'autres situations peuvent nécessiter un arrêt plus prolongé, mais chaque cas est unique.
Conclusion : L'accompagnement professionnel, une priorité
Il est essentiel de retenir que les vraies contre-indications à l'allaitement maternel sont exceptionnelles. Dans la grande majorité des situations, l'allaitement reste possible et bénéfique. Face à des difficultés ou des interrogations, il est primordial de consulter des professionnels compétents : consultants en lactation certifiés IBCLC, sages-femmes spécialisées, ou pédiatres formés à l'allaitement.


