Les médicaments, les radiographies, les maladies infectieuses... Les futures mamans ont beaucoup de doutes et de craintes sur ces sujets. Nous allons essayer d’y répondre.
Elles sont nombreuses les futures mamans qui disent à leur médecin : «J’ai pris un cachet pour le mal de tête sans savoir que j’étais enceinte. Que va-t-il se passer ? » ; ou : « J’ai eu une forte fièvre : est-ce qu’il est arrivé quelque chose au bébé ? » ; ou : «Je dois me faire arracher une dent : peut-on me faire une anesthésie si je suis enceinte? ».
Mais les questions que les mamans n’osent pas poser sont encore plus nombreuses et génèrent de l’anxiété et de la peur. On colporte beaucoup d’informations inexactes, alarmantes et souvent totalement infondées sur les dangers pendant la grossesse. La femme enceinte qui considère qu’elle se trouve en situation de risque ne doit pas tenir compte de ce que l’on peut dire autour d’elle mais s’adresser directement à un professionnel. Dans la plupart des cas, ses craintes ne sont pas fondées et proviennent d’une information erronée ou déformée.
Les maladies infectieuses pendant la grossesse
Les plus dangereuses sont la rubéole et le cytomégalovirus. Pour la première, il existe un vaccin préventif à injecter avant la conception. En revanche, il n’existe aucun vaccin pour le cytomégalovirus. En général, le danger d'une maladie infectieuse pendant la grossesse dépend du moment où elle a été contractée car l’infection n’est pas toujours transmise au fœtus. Avec des examens, on peut évaluer la transmission et en évaluer les conséquences.
La seconde source d’angoisse concerne les médicaments. Les plus à craindre sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens, comme l'aspirine, qui peuvent causer une fente labiale s’ils sont pris au cours du premier trimestre, ce que l’on peut déterminer par échographie. Au troisième trimestre, ils peuvent entraver la fermeture du canal artériel, un vaisseau sanguin qui se ferme spontanément au moment de la naissance. Ce défaut peut être corrigé chirurgicalement. En ce qui concerne les antibiotiques, certains sont sans risque et peuvent être pris pendant la grossesse, comme les céphalosporines. Les antidépresseurs les plus sûrs sont ceux d’ancienne génération.
Les radiographies et anesthésies locales pendant la grossesse
En cas d’intervention chirurgicale mineure, une anesthésie locale n’est pas contre-indiquée, à condition que l'anesthésiste évite l’utilisation d’adrénaline et de prilocaïne, deux substances aux effets vasoconstricteurs qui peuvent agir sur la quantité de sang qui arrive au fœtus.
De nombreuses mamans s’interrogent sur l'utilité des tests de diagnostic prénatal. Quels sont les défauts diagnostiqués par l’échographie ou l’amniocentèse et dans quels cas faut-il recourir à des examens plus exhaustifs ?
Les radiations ionisantes, comme les rayons X utilisés pour la radiographie, sont mutagènes, c’est-à-dire qu’elles peuvent causer des mutations génétiques tératogènes (qui peuvent provoquer des malformations). C’est pourquoi elles sont contre-indiquées pendant la grossesse. Il ne faut pas programmer d’examens radiologiques de routine, comme la mammographie, mais si les circonstances l’exigent avant la fin de la grossesse, une radiographie peut toujours être réalisée.
Comme dans le cas des médicaments, le risque des rayonnements ionisants dépend de la quantité absorbée. Le seuil de risque pour le fœtus est équivalent à 50.000 radiographies dentaires, 71.429 radios du thorax, 250 mammographies et 100 TAC du crâne.
Les échographies sont totalement inoffensives puisqu’elles n’utilisent pas de rayonnements ionisants, mais des ultrasons. Quand on conseille de limiter les échographies pendant la grossesse, ce n’est pas parce qu’il y a un danger pour la santé du bébé, mais pour éviter le gaspillage des ressources et la médicalisation de grossesses qui ne comportent aucun risque.
Sont également inoffensifs les rayonnements émis par les téléphones portables ; ne s’agissant pas de radiations ionisantes, ils sont sans effet tératogène. L'Organisation Mondiale de la Santé ne signale aucun risque lié à l’usage du téléphone portable pendant la grossesse.
Médicaments et grossesse : les bons, sans crainte
Pendant la grossesse, il ne faut prendre aucun médicament sans avoir auparavant consulté un médecin, même ceux qui ne nécessitent pas d’ordonnance ou ceux habituellement considérés comme inoffensifs.
Même si l'automédication est interdite, cela ne signifie pas que tous les médicaments sont dangereux. Les dommages potentiels dépendent toujours des quantités absorbées et du moment de la grossesse où ils sont pris. C’est au spécialiste d’évaluer, dans chaque cas, les avantages et les inconvénients de l'administration d'un médicament, en tenant compte de l'état de santé de la patiente et en dosant les quantités de façon à réduire les risques au minimum.
Les femmes qui souffrent de maladies chroniques doivent consulter leur médecin avant la conception, afin d’adapter leur traitement à leur nouvelle condition. C’est précisément durant cette période pré-conceptuelle qu’il convient de s’informer sur les facteurs de risque potentiels et les précautions à prendre afin d'éviter la peur et les doutes.
Il faut savoir que la prise occasionnelle d'un médicament contre-indiqué pendant la grossesse nuit rarement au fœtus, surtout si elle se produit dans les premières semaines de la grossesse lorsque la mère ne sait pas encore qu’elle attend un bébé. Dans les 40 premiers jours après la conception, c’est la règle du « tout ou rien » qui prime, à savoir que la prise d’un médicament contre-indiqué conduit à une fausse-couche ou n’a aucune répercussion. Par conséquent, si un événement de ce type se produit dans les premières semaines et que la grossesse se poursuit, aucune conséquence négative n’est à craindre pour le fœtus.
FAQ — Questions fréquentes des futures mamans
1. J’ai pris un médicament sans savoir que j’étais enceinte : que risque mon bébé ?
Dans la grande majorité des cas, une prise unique et accidentelle d’un médicament contre-indiqué pendant la grossesse n’entraîne pas de conséquences. Lors des premières semaines de la grossesse (environ jusqu’au 40e jour), s’applique la règle dite du « tout ou rien » : soit l’exposition entraîne une interruption précoce de la grossesse, soit elle n’a aucun effet sur le développement du fœtus. Si la grossesse se poursuit, cela signifie généralement que le médicament n’a pas causé de dommage. Il est néanmoins essentiel de consulter un professionnel de santé pour faire le point.
2. Quels médicaments sont à éviter pendant la grossesse ?
Certains médicaments présentent des risques avérés pendant la grossesse et doivent être évités sauf en cas de nécessité absolue, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l’ibuprofène ou l’aspirine à dose élevée), certains antibiotiques (tels que les cyclines ou les aminosides) et certains antiépileptiques. Les risques varient selon le trimestre de la grossesse, la dose et la durée de la prise. Il est essentiel de ne jamais s’automédiquer et de toujours consulter son médecin avant de prendre un traitement.
3. Est-il vrai que le paracétamol est sans danger ?
Le paracétamol est considéré comme l’analgésique de référence pendant la grossesse. Il peut être utilisé en cas de douleurs ou de fièvre, à condition de respecter les doses recommandées et d’en parler avec un professionnel de santé. Il est préférable de ne pas en abuser et de limiter la prise à des périodes courtes.
4. Puis-je subir une radiographie ou une anesthésie locale ?
Les radiographies sont à éviter autant que possible pendant la grossesse, surtout au premier trimestre, en raison des effets potentiels des radiations ionisantes sur le fœtus. Toutefois, dans certains cas urgents, une radiographie peut être réalisée avec des précautions spécifiques (port d’un tablier de plomb, ciblage limité, etc.). Quant à l’anesthésie locale, elle est généralement autorisée si elle ne contient pas certaines substances comme l’adrénaline ou la prilocaïne. Des soins dentaires peuvent donc être effectués en toute sécurité pendant la grossesse, à condition d’en informer le praticien.
5. Les échographies sont-elles sans danger ?
Oui. Les échographies utilisent des ultrasons, et non des rayonnements ionisants. Elles sont totalement inoffensives pour le fœtus. Leur usage est recommandé dans le cadre du suivi médical classique, mais il est inutile de les multiplier sans raison. Les échographies dites « de confort » (non médicales) sont déconseillées, non pas pour des raisons de danger, mais parce qu’elles peuvent banaliser un acte médical qui doit rester ciblé et justifié.
6. Les ondes des téléphones portables peuvent-elles nuire au bébé ?
À ce jour, aucune étude scientifique sérieuse n’a démontré un lien entre l’utilisation modérée du téléphone portable et des effets nocifs sur le fœtus. Les téléphones portables émettent des ondes électromagnétiques non ionisantes, qui ne sont pas connues pour provoquer des mutations génétiques ou des malformations. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne signale aucun danger avéré pour les femmes enceintes.
7. Je dois me faire arracher une dent : est-ce sûr pendant la grossesse ?
Oui. Il est tout à fait possible de subir une extraction dentaire pendant la grossesse, en particulier au deuxième trimestre, période la plus stable. L’anesthésie locale sans vasoconstricteur est généralement utilisée. Il est important de signaler sa grossesse au dentiste afin que les produits utilisés soient adaptés.
8. Que faire si j’ai de la fièvre ou une infection ?
Une fièvre persistante ou élevée pendant la grossesse nécessite une évaluation médicale. Certaines infections comme la rubéole ou le cytomégalovirus peuvent présenter un risque pour le développement du fœtus, surtout lorsqu’elles surviennent au premier trimestre. Heureusement, il existe des tests pour identifier ces infections et en évaluer les conséquences potentielles. Dans tous les cas, mieux vaut consulter sans attendre afin d’avoir un diagnostic précis et un traitement adapté.
Conclusion
La grossesse est une période particulière de la vie, où la prudence et l'information prennent toute leur importance. Entre les médicaments, les examens médicaux, les soins dentaires ou encore l’exposition à certaines infections, les sources d’inquiétude peuvent être nombreuses pour les futures mamans. Pourtant, la plupart de ces inquiétudes sont liées à des informations incomplètes ou erronées. Bien informée et bien accompagnée, une femme enceinte peut traverser sa grossesse avec sérénité.
Il est essentiel de rappeler que la grande majorité des médicaments ou interventions évoquées ne présentent pas de danger lorsqu’ils sont bien utilisés, à la bonne dose, au bon moment, et avec un avis médical. Les risques varient en fonction du stade de grossesse, des antécédents médicaux et des traitements pris, d’où l’importance de ne jamais s’automédiquer.
Les examens comme les échographies sont non seulement sans danger mais aussi utiles pour surveiller le bon développement du bébé. Quant aux radiographies, elles doivent être évitées dans la mesure du possible, mais ne sont pas formellement interdites si un besoin médical réel se présente.
Enfin, la clé pour éviter l’angoisse et protéger au mieux votre bébé reste la communication avec votre équipe médicale. Ne laissez aucune question sans réponse, même si elle vous semble anodine. Il n’y a pas de « petite » inquiétude quand il s’agit de votre santé et de celle de votre enfant.
Être enceinte ne signifie pas être fragile, mais cela implique d’être bien accompagnée. Informée, attentive, entourée de professionnels, vous pouvez vivre cette période avec confiance, et vous concentrer sur l’essentiel : accueillir votre bébé dans les meilleures conditions possibles.