D’après vos calculs, vous auriez déjà dû accoucher la semaine dernière et donc vous avez dépassé le terme. Bébé tarde à venir et vous commencez à être inquiète. Ne vous alarmez pas tout de suite car le dépassement du terme peut arriver sans qu’il n’y ait aucun risque, que ce soit pour la maman ou pour le bébé. Mieux, renseignez-vous ici sur le retard de l’accouchement.
Le dépassement du terme concerne environ 30% des femmes enceintes. Normalement, la grossesse dure environ 281 jours et l’accouchement se produit à la fin de la 40ème semaine de grossesse. On parle de dépassement du terme lorsque le délai d’accouchement dépasse la 42ème semaine de grossesse.Un peu plus de 17 % des femmes ont accouché après 41 semaines de grossesse selon les statistiques françaises récentes. Parfois, il suffit juste de patienter. Parfois, il faudra intervenir.
Dépassement du terme de la grossesse : les causes principales et facteurs de risque
Il y a des raisons multiples qui font que bébé tarde à pointer le bout de son nez. L'antécédent de dépassement de terme, la nulliparité et l'obésité sont les principaux facteurs de risque de terme dépassé. En voici les principales causes identifiées par les spécialistes :
1/ La prédisposition génétique
Si des membres de la famille, une grand-mère ou une tante, ont déjà eu un retard de l’accouchement dans le passé, il est alors logique que la maman expérimente aussi ce genre de situation. En effet, la durée de la grossesse est aussi déterminée par la génétique. Cette hérédité familiale est observée dans environ 20 à 30% des cas de grossesse prolongée. Les recherches montrent que certains gènes influencent la durée de gestation, notamment ceux liés à la production d'hormones comme les prostaglandines.
2/ Des cycles menstruels plus longs
Lorsque les cycles menstruels durent plus de 28 jours (durée moyenne), il y a de fortes chances que la grossesse dure plus longtemps. Le dépassement du terme est aussi fréquent chez les femmes qui ont des cycles menstruels irréguliers. Les femmes avec des cycles de 35 jours ou plus ont statistiquement 40% plus de chances de dépasser le terme que celles avec des cycles réguliers de 28 jours.
3/ Les erreurs de calcul
Parfois, ce qu’on considère comme un dépassement du terme de la grossesse n’est autre qu’une erreur de calcul. En effet, le calcul basé sur les 14 jours après le début du cycle n’est que théorique et peut induire en erreur sur la durée de la grossesse. Il ne tient pas en compte les irrégularités du cycle chez certaines femmes. L'échographie du premier trimestre reste la méthode la plus fiable pour déterminer l'âge gestationnel, avec une marge d'erreur de seulement 3 à 5 jours contre 2 semaines pour le calcul basé sur les dernières règles.
4/ L'influence de la pilule contraceptive
Des études ont montré que le fait de tomber enceinte dans les 3 premiers mois qui suivent l’arrêt de la contraception hormonale exposait à un accouchement plus tardif. C’est aussi le cas des femmes qui prennent des contraceptifs oraux au cours d’un allaitement. Ces deux cas sont expliqués par le changement de la date d’ovulation induit par les changements hormonaux. La régulation hormonale naturelle peut prendre jusqu'à 6 mois pour se rétablir complètement après l'arrêt de la pilule.
5/ Certains médicaments
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, également appelés AINS (l’aspirine est le plus connu), repoussent la date de l’accouchement. À part leur capacité à réduire la douleur et l’inflammation, ces médicaments bloquent aussi la production de prostaglandines, des substances secrétées par le corps pour induire les contractions de l’utérus en vue de l’accouchement. Une prise d’AINS au cours des semaines qui précèdent la date d’accouchement peut entraîner un retard du début du travail de 3 à 7 jours en moyenne.
6/ Autres facteurs de risque médicaux
Les femmes de plus de 35 ans, celles en surpoids (IMC > 30), ou présentant un diabète gestationnel ont également plus de risques de dépasser le terme. La position du bébé (siège, présentation postérieure) peut aussi influencer le déclenchement naturel du travail.
Dépassement du terme : quels contrôles effectuer et surveillance médicale ?
Quelques tests permettent de surveiller la fin de la grossesse. La surveillance à partir de la 39ème semaine de grossesse est régulière et considérée au besoin. La décision d’un déclenchement du travail sera prise par le gynécologue si, à 41 semaines et 2 jours, la naissance ne se fait toujours pas naturellement.
Le monitoring consiste en l’enregistrement des bruits du cœur de bébé et des contractions de l’utérus. Il est effectué au début de la 40ème semaine de grossesse. L’examen prend une vingtaine de minutes et les résultats sont enregistrés sur papier. Pendant la séance, la machine est reliée au ventre de la maman avec des sangles et des sondes. Si le travail ne progresse pas, le médecin refait une séance 48 heures après, et ainsi de suite. Si l’accouchement n’a toujours pas lieu au cours des semaines 41 et 42, la fréquence des examens passe à 24 heures.
Le monitoring permet de détecter d'éventuelles anomalies du rythme cardiaque fœtal qui pourraient indiquer une souffrance fœtale. Les professionnels recherchent particulièrement les décélérations tardives, signes d'un manque d'oxygénation du bébé.
L’échographie est un examen classique des dernières semaines de la grossesse. Elle donne des détails sur l’état du placenta et le volume de liquide amniotique. Elle permet donc de détecter une éventuelle diminution du liquide, un signe évoquant l’incapacité du placenta à remplir sa fonction nourricière.
Une calcification du placenta trop avancée engendre une mauvaise nutrition du fœtus, ce qui nécessite souvent un déclenchement.
L'échographie permet également d'évaluer le poids estimé du bébé, facteur important dans la décision de déclenchement car les bébés post-terme ont tendance à être plus gros.
L’échographie doppler : analyse de la circulation
Le doppler est un examen échographique particulièrement axé sur les vaisseaux sanguins. Ainsi, il peut scruter le cordon ombilical et le placenta et voir si le flux sanguin de la mère arrive normalement au niveau du bébé. La séance dure une dizaine de minutes et elle est couplée à l’examen échographique classique de la 20ème semaine de grossesse. L’échographie doppler est ensuite réalisée à la 39ème semaine de grossesse. En cas de risque de dépassement du terme, la fréquence de la réalisation du doppler est de 3 jours.
Cet examen est crucial car il peut révéler une insuffisance placentaire avant qu'elle ne devienne dangereuse pour le bébé. Une résistance anormalement élevée dans l'artère ombilicale ou les artères utérines maternelles peut indiquer la nécessité d'un déclenchement rapide.
L’amnioscopie
Normalement, le liquide amniotique est clair et limpide. En cas d’anomalie, il peut changer d’aspect ou diminuer de volume. L’amnioscopie est l’examen qui vous rassure sur la qualité des échanges à ce niveau. Le médecin insère une sorte de sonde appelée « amnioscope » dans le vagin et vérifie l’état du col de l’utérus. Faute de précision, l’examen amnioscopique est peu prescrit de nos jours.
Cet examen permet de détecter la présence de méconium dans le liquide amniotique, signe de stress fœtal potentiel, mais il reste invasif et inconfortable pour la patiente.
Dépassement du terme de la grossesse : quand faut-il déclencher l’accouchement ?
Protocoles médicaux et timing du déclenchement
• Chaque maternité a son protocole propre. Mais généralement, un accouchement qui ne survient pas naturellement dans les 3 jours qui suivent la 41ème semaine de grossesse entraîne une décision de déclenchement artificiel. Cela signifie que même si tout semble bien aller d’après les examens, le médecin va vous faire accoucher.
Les recommandations actuelles préconisent un déclenchement systématique à partir de 41 SA + 6 jours, car au-delà de 42 semaines, il y a une augmentation modérée mais réelle des risques pour la mère et l'enfant.
• Déclencher un accouchement avec des médicaments est une procédure simple, mais dirigée par le personnel médical. Il s’effectue à la maternité. La maman doit donc être prête avec toutes ses affaires. Le médecin va introduire un gel de prostaglandines dans le vagin. Habituellement, 3 applications suffisent. Si aucune dilatation du col utérin ne se produit, il enchaîne par une rupture artificielle de la poche des eaux. Cet acte va produire plus de prostaglandines qui vont stimuler les contractions. S’il n’y a toujours aucune réponse du col de l’utérus, le médecin fait une perfusion d’ocytocine à la maman. Il s’agit d’une hormone qui fait contracter l’utérus et déclenche l’accouchement.
Le processus de déclenchement peut prendre entre 12 et 48 heures selon la réceptivité du col de l'utérus. Environ 85% des déclenchements aboutissent à un accouchement par voie basse, les 15% restants nécessitant une césarienne.
Indications urgentes du déclenchement
Certaines situations médicales nécessitent un déclenchement immédiat, même avant 41 SA + 6 jours :
- Rupture prématurée des membranes depuis plus de 24h
- Hypertension artérielle maternelle sévère
- Diabète gestationnel mal équilibré
- Retard de croissance intra-utérin sévère
- Oligoamnios (diminution du liquide amniotique)
Dépassement du terme : quand la césarienne est-elle nécessaire ?
Quand toutes les méthodes médicamenteuses citées précédemment ne réussissent pas à déclencher l’accouchement, l’opération césarienne reste le dernier recours. En effet, pendant toute cette procédure, les examens peuvent finir par démontrer une souffrance chez le bébé. Pour éviter de mettre les vies du bébé et de la maman en danger, il faut procéder à une césarienne.
Taux de césarienne en cas de dépassement de terme
Le taux de césarienne en cas de grossesse prolongée est légèrement supérieur à la moyenne nationale (environ 25% contre 20% pour les accouchements à terme). Les principales indications sont :
- Échec du déclenchement après 48h
- Anomalies du rythme cardiaque fœtal
- Non-progression du travail (dystocie)
- Macrosomie fœtale suspectée (poids estimé > 4500g)
Préparation à la césarienne d'urgence
Les équipes médicales sont formées pour passer rapidement d'un déclenchement à une césarienne d'urgence si nécessaire. Le délai décision-extraction ne doit pas dépasser 30 minutes en cas de souffrance fœtale aiguë.
Dépassement du terme : des bébés plus gros
Il a été prouvé que les bébés qui restent dans l’utérus au-delà du terme de la grossesse ont un poids plus élevé que la moyenne. Leurs besoins nutritionnels sont donc plus grands. Ces bébés sont plus vigoureux et arrivent à téter plus facilement. Les premiers jours qui suivent la naissance, tous les bébés perdent naturellement du poids. Pour les bébés plus gros nés après un dépassement du terme, cette perte de poids est inférieure à celle des bébés nés à terme ou avant le terme.
Risques et complications du dépassement de terme
Risques pour le bébé
Le risque de mortalité périnatale triple entre 41 semaines d'aménorrhée (SA) et 41 SA + 6 jours et est multiplié par six dès 42 SA. Les principales complications incluent :
- Syndrome d'inhalation méconiale
- Asphyxie périnatale
- Infirmité motrice cérébrale
- Troubles du développement psychomoteur
- Sepsis néonatal
La principale préoccupation liée à toute grossesse prolongée est le risque accru de mortinaissance, particulièrement après 42 semaines.
Risques pour la mère
Les risques maternels augmentent également avec le dépassement de terme :
- Augmentation du taux d'infection du post-partum
- Hémorragies du post-partum plus fréquentes
- Traumatismes périnéaux dus à la macrosomie
- Durée du travail prolongée
- Épuisement maternel
Prévention et conseils pratiques
Méthodes naturelles pour favoriser le déclenchement
Plusieurs méthodes naturelles peuvent être tentées pour favoriser le déclenchement spontané du travail :
L'activité sexuelle : Si vous dépassez le terme de votre grossesse, ne manquez pas d'essayer la méthode la plus naturelle pour provoquer l'accouchement : faire l'amour. En effet, le sexe stimule le col de l'utérus mécaniquement et la présence de prostaglandines en abondance dans le sperme accélère le déclenchement du travail.
Autres méthodes naturelles :
- Marche régulière et exercice modéré
- Stimulation des mamelons (libération d'ocytocine naturelle)
- Acupuncture (sous supervision médicale)
- Ostéopathie spécialisée en périnatalité
- Positions favorisant l'engagement du bébé
Alimentation et hydratation
Une alimentation équilibrée et une hydratation suffisante restent essentielles. Certains aliments sont traditionnellement associés au déclenchement du travail, bien que leur efficacité ne soit pas scientifiquement prouvée :
- Ananas frais (contient de la bromélaïne)
- Dattes (riches en fibres et potassium)
- Tisanes de framboisier (à consommer avec modération)
Suivi psychologique
L'attente du déclenchement peut générer stress et anxiété. Un suivi psychologique ou des techniques de relaxation peuvent être bénéfiques :
- Sophrologie prénatale
- Méditation et respiration
- Soutien du partenaire et de l'entourage
- Communication avec l'équipe médicale
Statistiques et données épidémiologiques
Données françaises récentes
Selon les dernières statistiques disponibles :
- En 2023, 677 800 bébés sont nés en France
- L'âge moyen de la première grossesse continue d'augmenter : 30,9 ans
- 17% des femmes accouchent après 41 semaines de grossesse
- 0,5% des grossesses dépassent 42 semaines
Évolution des pratiques médicales
L'évolution des protocoles médicaux tend vers une surveillance plus rapprochée et un déclenchement plus précoce pour réduire les risques de complications. Cette approche proactive a permis de diminuer significativement la mortalité périnatale liée au dépassement de terme.
Conclusion et recommandations
Le dépassement du terme de grossesse, bien que fréquent (30% des grossesses), nécessite une surveillance médicale rigoureuse. La plupart des situations se résolvent favorablement avec un suivi approprié et un déclenchement au bon moment.
Points clés à retenir :
- La surveillance doit s'intensifier après 40 semaines
- Le déclenchement est généralement proposé à 41 SA + 6 jours
- Les risques restent modérés avec un suivi médical adapté
- La communication avec l'équipe médicale est essentielle
- Les méthodes naturelles peuvent être tentées sous supervision médicale