Le frottis de dépistage reste l'un des examens gynécologiques les plus importants pour préserver votre santé. Simple, rapide et pratiquement indolore, il permet de détecter précocement des anomalies au niveau du col de l'utérus et de prévenir efficacement le cancer du col utérin. Découvrez pourquoi cet examen devrait faire partie de votre routine de suivi médical et comment il se déroule concrètement.
Le frottis de dépistage, inventé en 1943 par le médecin George Papanicolaou, est un examen gynécologique simple, rapide et pratiquement indolore, considéré comme le plus fiable en matière de détection et de prévention du cancer du col de l'utérus. Cet examen a révolutionné la prise en charge de la santé des femmes et continue de sauver des milliers de vies chaque année.
Le cancer du col de l'utérus touche principalement les femmes entre 40 et 50 ans, mais avec la précocité des rapports sexuels, on observe également des cas chez les femmes de 20 à 30 ans. En France, près de 3 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et environ 1 000 femmes en décèdent. D'autres facteurs influencent son développement comme le changement fréquent de partenaires sexuels, le nombre de grossesses ou la présence de condylomes (verrues génitales).
Grâce au frottis, la mortalité par cancer du col de l'utérus a diminué de 70%. C'est une technique extrêmement utile pour la santé des femmes, mais son efficacité repose sur une pratique régulière et systématique du dépistage.
Qu'est-ce qu'un frottis et pourquoi est-il indispensable ?
Il s'agit d'un examen cytologique cervico-vaginal qui consiste à recueillir un échantillon des cellules situées sur la surface extérieure du col de l'utérus et à l'arrière du vagin. Le but principal de ce test est de détecter les altérations possibles de ces cellules avant l'apparition de symptômes anormaux, et surtout avant qu'elles ne deviennent cancéreuses.
Le frottis permet également de diagnostiquer diverses infections causées par des bactéries, des champignons ou des virus tels que l'herpès simplex et le papillomavirus (HPV). Cet examen offre aussi la possibilité de connaître la phase hormonale dans laquelle se trouve la patiente, fournissant ainsi des informations précieuses sur son état de santé général.
Dans plus de 95% des cas, le cancer du col de l'utérus est lié à une infection persistante par certains papillomavirus humains (HPV), transmis lors des rapports sexuels. La plupart de ces infections disparaissent naturellement, mais dans environ 10% des cas, le virus persiste et peut entraîner des lésions précancéreuses plusieurs années plus tard.

À quelle fréquence réaliser un frottis de dépistage ?
C'est le gynécologue qui établit la fréquence des contrôles en fonction de votre profil. Depuis la mise en place du dépistage organisé en France, les recommandations actuelles distinguent deux tranches d'âge avec des modalités différentes :
Pour les femmes de 25 à 29 ans : le dépistage se fait par examen cytologique (analyse des cellules). Il est recommandé de réaliser deux premiers tests à un an d'intervalle. Si les résultats sont normaux, un frottis sera ensuite effectué tous les trois ans.
Pour les femmes de 30 à 65 ans : le test HPV-HR (recherche des papillomavirus à haut risque) remplace l'examen cytologique. Ce test est réalisé tous les cinq ans, trois ans après le dernier test cytologique normal.
Il est préférable de procéder à cet examen quatre ou cinq jours après la fin des règles. Il faut éviter les douches vaginales, l'utilisation d'ovules et les relations sexuelles pendant les 48 heures précédant le test. Le dépistage est recommandé même pendant la grossesse, sous réserve de l'avis de votre médecin.
Comment se déroule concrètement un frottis ?
L'examen cytologique se réalise en deux étapes distinctes : le prélèvement, qui est très simple et ne prend que quelques minutes, et l'analyse en laboratoire.
Le prélèvement :
Dans un premier temps, le gynécologue insère un spéculum dans le vagin afin de maintenir écartées les parois vaginales et de pouvoir mieux observer le col de l'utérus. Ensuite, avec une petite spatule, il prélève quelques cellules dans le fond du vagin et à la surface externe de l'utérus. Enfin, il extrait un second échantillon de cellules à l'intérieur du canal cervical à l'aide d'un coton-tige ou d'une brosse spéciale. L'examen est indolore et dure moins de cinq minutes.
L'analyse en laboratoire :
Le gynécologue dépose l'échantillon obtenu sur une lame de verre et le fixe avec un produit spécial afin qu'il ne s'altère pas. Il y inscrit un numéro et le nom de la patiente, puis envoie le tout au laboratoire d'analyse qui va étudier les cellules. En laboratoire, les cellules sont colorées et examinées au microscope. Parfois, si nécessaire, un second contrôle de sécurité est effectué. Le cytologiste dispose d'un ordinateur pour l'interprétation des résultats, bien que les systèmes électroniques ne soient pas encore fiables à 100%.
Depuis janvier 2024, l'Assurance Maladie envoie des invitations dématérialisées aux femmes n'ayant pas réalisé leur dépistage dans les délais recommandés. L'analyse du frottis est prise en charge à 100% par l'Assurance Maladie dans le cadre du dépistage organisé.
Comment interpréter les résultats d'un frottis ?
Voici les principaux concepts qui apparaissent dans l'analyse d'un frottis pour vous aider à mieux comprendre vos résultats :
Données anamnestiques : Ce sont les informations vous concernant : grossesse, ménopause, contraception, menstruations, date du dernier frottis. Toutes ces données sont essentielles pour établir un diagnostic correct.
Objectivité gynécologique : C'est ce que le gynécologue a observé au cours de l'auscultation, par exemple une petite plaie sur le col de l'utérus. La technique de prélèvement ainsi que la date doivent également figurer.
Examen cytologique : Il donne le résultat du frottis. Il indique si le prélèvement a été réussi, si le nombre de cellules extraites est suffisant, si une matière étrangère a été détectée ou s'il y a une inflammation.
Cellules normales : Cette mention apparaît lorsque les résultats du test sont négatifs, c'est-à-dire qu'aucune anomalie n'a été détectée. Aucun traitement n'est donc nécessaire.
Inflammation : Elle indique la présence de bactéries, de champignons ou de virus nécessitant potentiellement un traitement adapté.
Cellules atypiques : Des cellules modifiées ont été trouvées, mais elles ne sont pas cancéreuses. Les causes peuvent être nombreuses : des traitements spécifiques, l'usage du stérilet ou la présence de condylomes (petites formations de tissus qui se développent à la jonction de la peau et des muqueuses des organes génitaux).
Lésions intraépithéliales : Ce sont des altérations cellulaires bénignes, encore appelées dysplasie. Elles peuvent être légères, modérées ou graves. On ne peut en prévoir l'évolution, mais il peut s'agir d'un stade précoce du cancer du col de l'utérus. Il faut souvent jusqu'à 10 ans pour qu'une dysplasie se transforme en un cancer invasif, ce qui laisse amplement le temps d'agir au niveau de la prévention et du traitement.
Vos questions fréquentes concernant le frottis de dépistage
1. Le frottis est-il douloureux ?
Non, le frottis est un examen pratiquement indolore. Vous pouvez ressentir une légère gêne lors de l'insertion du spéculum, mais le prélèvement en lui-même ne provoque pas de douleur. L'examen dure moins de cinq minutes.
2. Dois-je faire un frottis si je suis vaccinée contre le HPV ?
Oui, absolument. La vaccination contre le papillomavirus ne protège pas contre tous les types de HPV à haut risque. Le dépistage par frottis reste indispensable même pour les femmes vaccinées, car il permet de détecter d'autres anomalies cellulaires.
3. Puis-je réaliser un frottis pendant mes règles ?
Non, il est préférable d'éviter la période des règles. L'idéal est de réaliser le frottis quatre ou cinq jours après la fin de vos menstruations pour obtenir des résultats fiables.
4. Que se passe-t-il si mon frottis révèle des anomalies ?
Un résultat anormal ne signifie pas nécessairement que vous avez un cancer. Votre médecin pourra demander des examens complémentaires comme une colposcopie (examen du col à la loupe) ou un nouveau frottis de contrôle pour préciser la nature des anomalies détectées.
5. Le dépistage est-il pris en charge par l'Assurance Maladie ?
Oui, dans le cadre du dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, l'analyse du frottis est prise en charge à 100% par l'Assurance Maladie sans avance de frais, sur présentation de votre invitation. La consultation est remboursée selon les modalités habituelles.
Conclusion
Le frottis de dépistage est un acte médical simple mais fondamental pour votre santé gynécologique. En détectant précocement les lésions précancéreuses, il permet d'éviter dans la grande majorité des cas le développement d'un cancer du col de l'utérus. N'hésitez pas à prendre rendez-vous avec votre gynécologue ou votre médecin traitant pour réaliser votre frottis selon les recommandations adaptées à votre âge. Ce geste de prévention peut véritablement vous sauver la vie.


