Être mère célibataire

Maman qui porte son enfant sur son dos

 

Si vous songez à vivre la maternité sans partenaire, vous trouverez dans cet article des informations utiles, même si la législation française diffère de la législation de l'autre côté des Pyrénées.

 Une femme, avant de devenir mère célibataire par choix, doit faire face à beaucoup de doutes et de craintes. Le processus est long et coûteux, financièrement et émotionnellement. Giuliana Baccino, psychologue à la clinique FIV de Madrid, a donné une interview à masola.org, un site Internet consacré aux mères célibataires. Dans cette entrevue, Giuliana Baccino explique comment faire, psychologiquement, pour que le processus soit plus supportable.

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Si je suis une femme décidée à effectuer une insémination artificielle, comment puis-je savoir quel traitement est le mieux pour moi?

Les études disent que l'insémination artificielle avec donneur est conseillée jusqu’à l’âge de 38-40 ans, avec 25% de probabilité de grossesse par cycle. On ne recommande pas plus de trois ou quatre tentatives. Il est également recommandé qu’après 35 ans, le traitement soit effectué par stimulation ovarienne, si vous voulez augmenter vos chances de tomber enceinte.

La Fécondation In Vitro est raisonnable jusqu’à 42 ans. Les statistiques disent que pour ce traitement, les femmes de moins de 35 ans ont 53% de chances de succès, les femmes d’entre 35 et 38 ans environ 45%, celles d’entre 39 et 49 ans environ 34 % de chances et, finalement, celles de plus de 41 ans, environ 24%. Passés 44 ans, il n’y a pratiquement pas de grossesses positives par Fécondation In Vitro avec des ovules propres.

Passés 44 ans, la femme doit donc être réceptrice d’ovocytes, une possibilité qui est viable jusqu'à ce qu’elle ait 49 ans, parce que, bien qu'il n'y ait pas de limite d'âge légale pour les traitements de fertilité en Espagne, les cliniques se sont fixées la limite éthique de 49 ans. Les chances de grossesse avec des dons d'ovules sont de 55%. Celles de réception d’embryons congelés (provenant d'autres couples) se situent en-dessous de 40%.

Bien sûr, c'est ce que les études disent... mais chaque femme est un cas particulier, et l'histoire de l’une n'a rien à voir avec l'histoire de l'autre : une grossesse difficile peut se produire chez une femme de 34 ans alors qu’une femme de 42 ans peut parfaitement tomber enceinte lors de la première insémination. Ce qui est avant tout important, c’est avoir confiance en le professionnel, en le gynécologue, d’écouter ce qui se dit et faire avec les opportunités qui s’offrent à chacune des femmes.

 

Comment se présente une femme seule qui demande à être mère?

Généralement, la femme est très excitée et très sûre de sa décision. Elle reçoit en général un grand soutien des réseaux sociaux mais pas toujours de sa famille. Il est utile de savoir que la grossesse n'arrive pas toujours du premier coup. Tout ceci est vrai pour les femmes seules, sans partenaire, parce que celles qui ont un partenaire de sexe féminin, ont du mal à voir comment intégrer leur partenaire dans le processus lié au traitement.

Alors ici, à la clinique, depuis notre unité de psychologie, nous considérons chez nos patientes de nombreux facteurs, tels que les caractéristiques émotionnelles avec lesquelles elles arrivent ou leur degré de stress. Beaucoup de femmes qui sont confrontées à l'un de ces traitements se trouvent dans la même situation stressante que celle produite par des douleurs chroniques, ou des maladies vasculaires... Et ces symptômes, cette manière de faire face au traitement, affectent également les résultats de ce dernier. Surtout quand le nombre de traitements commence à augmenter.

Quoi qu'il en soit, l'ensemble des femmes qui viennent à la clinique seules ont pris le le temps de réfléchir avant de faire la démarche et cela fait que ce sont en général des femmes sûres de leur décision, cohérentes avec l’idée qu’elles ont de la maternité, informées, sûres d’elles-mêmes, qui ont analysé chaque détail des pas à suivre, qui sont conscientes des aides et des soutiens sur lesquels elles peuvent compter, des femmes conscientes de leurs ressources…

 

Comment conseilleriez-vous de vivre l'un de ces traitements?

Comme un processus normal, comme quelque chose qui arrive dans la vie, comme une décision supplémentaire. Et si vous vous sentez seule, avec des doutes et des angoisses, je conseille toujours d’avoir recours à l'unité de psychologie de la clinique. C’est un endroit dans lequel il est possible d’exposer toutes vos pensées, et de trouver des spécialistes qui peuvent vous aider.

Est-ce que ces processus sont longs ? On a tendance à penser qu’au bout de deux tentatives, on arrive à la consécution de l’objectif tant désiré.

C'est une grave erreur, parce que l’on sait quand ça commence, mais pas quand ça se terminera. Parfois, ce qui au premier abord semble facile, est difficile. Et ce qui est difficile, à causes des caprices de la nature, devient soudain facile.

 

Quels sont les états animiques les plus fréquents lorsque les traitements ne donnent pas les résultats escomptés?

L'irritabilité, l'anxiété, la dépression. Généralement un accès de colère envers le gynécologue se produit, sans que l’on sache bien pourquoi. Le femme a le sentiment d’avoir été trompée («Je ne reçois pas ce qui m’a été promis », « ce que j’attendais », « j’irai dans une autre clinique», «j’ai eu affaire à de mauvais professionnels»), la méfiance envers l'équipe médicale, l'espoir et la tristesse par rapport à une hâte excessive d'obtenir un résultat positif dès que possible.

 

Comment échapper à ces sentiments ou ces pensées?

Il est essentiel que le médecin explique clairement à la patiente en quoi consiste chaque processus, chaque traitement et quelles sont les chances de réussites, sans créer d’illusions. Il doit aussi aider à dire stop lorsqu’il considère que les chances deviennent pratiquement nulles.

D'autre part, la femme doit vaquer à ses occupations, avoir d'autres projets en cours, ne pas se concentrer exclusivement sur l'issue du traitement de grossesse et sur la future maternité. C'est la seule voie à suivre si une grossesse est retardée ou si la gestation n’est pas achevée.

Ne pensez pas que la seule façon de trouver le bonheur réside dans le fait d'être mère. Et pendant ce temps, il ne faut pas forcer les rencontres avec d'autres mères ou avec des femmes enceintes. Pendant la période de traitement, il est préférable d’être isolée de la situation positive d'autres femmes afin ne pas se sentir mal. Il ne faut pas non plus être constamment en train de parler du sujet ou de planifier un avenir fondé sur la sécurité du fait de devenir mère. Il est essentiel de faire de l’exercice, d’aller se promener, de s’aérer.

 

Alors, que faire pour gérer au mieux cette situation?

Comme je le disais, il est bon d'avoir d'autres projets, ne pas focaliser toutes ses illusions ou son avenir sur ce projet unique, car s’il échoue, c’est toute la vie ainsi planifiée qui s'effondre. Mais il est bon de savoir demander de l'aide, poser des questions, même si elles semblent absurdes... pour le gynécologue, votre doute aura peut-être une réponse très simple, mais pas pour le patient, il est donc bon de demander. Il est nécessaire d'exprimer tout ce que vous sentez...

 

Est-il normal d’éprouver un sentiment constant d'incertitude?

Oui. Beaucoup de patientes disent que, après un résultat négatif initial, elles pensent souvent qu'elles ne se sont pas bien piquées, qu’elles n'ont pas bien suivi les étapes à suivre et que c’est donc la raison pour laquelle elles ne sont pas enceintes. Et cela n’a rien à voir, elles se sont bien évidemment correctement piquées, mais la nature est comme elle est et la grossesse ne s'est pas produite.

 

Est-il bon que la famille soit impliquée?

Non, tout au plus une ou deux personnes, les plus proches. Si nous expliquons notre projet à toute la famille et à tous les amis, tout le monde sera au courant des résultats de la procédure, on nous demandera donc constamment des explications et nous devrons les donner. Et si un résultat négatif surgit, cela peut être très difficile.

Néanmoins, il est bon de se sentir soutenue par un groupe de personnes vivant les mêmes épreuves. C'est la raison pour laquelle les réseaux sociaux sont en train de faire un bon travail, parce que le contact avec d'autres femmes qui vivent la même chose, aide à se sentir mieux.

 

Quand une femme doit finalement avoir recours à un don de gamètes, est-ce difficile?

Oui, bien sûr. Renoncer à son propre ovule est une l'une des décisions les plus difficiles. Il est normal de pleurer la perte de ses ovules. La femme est encore jeune, attrayante, pleine de vie... et soudain on lui dit que ses ovules ont vieilli, qu’ils ne sont plus fertiles, qu’ils ne sont pas valables... C’est une nouvelle dure à avaler.

Il y a besoin de temps. Mais, en même temps, ce sont de bonnes nouvelles, car une nouvelle porte s’ouvre vers la fertilité, toutes les options permettant d'être mère ne sont pas épuisées et, quand une femme se rend compte de cela, elle peut à nouveau se sentir enjouée et heureuse.

 

Est-il bon de toujours expliquer à nos enfants quelles sont leurs origines?

Bien sûr, sans le moindre doute. Ce n'est pas seulement bon, c’est ce qu'il faut faire ! Il est bon d'établir une relation avec les secrets. Personne n'aime qu’on lui cache la vérité. Ce sont les parents qui doivent tout dire, quand ils considèrent que les enfants sont prêts, quand ils ont environ entre trois et huit ans. Il ne faut jamais attendre jusqu'à ce qu'ils soient adultes pour raconter à vos enfants quelles sont leurs origines.

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