L’adoption est un projet de vie qui transforme profondément le quotidien des parents. Elle représente une chance immense pour l’enfant accueilli, mais implique aussi un parcours administratif et humain complexe. En France comme à l’international, les démarches sont longues, les règles strictes, et les attentes souvent chargées d’émotion.
Avant de se lancer, il est essentiel de bien comprendre les différentes étapes de l’adoption, les conditions à remplir, les types d’adoption existants, ainsi que les coûts à prévoir.
En 2010, sur 9 060 demandes d’agrément déposées, 6 073 ont été acceptées, soit 67 %. À cette époque, plus de 24 000 candidats étaient en attente d’un enfant. Ces chiffres traduisent l’ampleur du souhait d’adopter, mais aussi la réalité d’un processus encadré, parfois long, et très sélectif.
Étape 1 : l’obtention de l’agrément
L’agrément est la première condition pour adopter légalement en France. Il s’agit d’une autorisation administrative délivrée par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) du département de résidence, après une évaluation approfondie de la capacité du ou des candidats à accueillir un enfant.
La demande d’agrément se fait auprès du Conseil départemental. Une fois le dossier déposé, vous bénéficiez d’une réunion d'information obligatoire sur les réalités de l’adoption. Si vous confirmez votre souhait, vous entrez dans une phase d’évaluation psychologique et sociale comprenant plusieurs entretiens avec un psychologue et un travailleur social. Ces rendez-vous ont pour but d’évaluer :
- La stabilité affective et financière du foyer
- La motivation réelle à adopter
- La capacité à accueillir un enfant avec un passé, parfois douloureux
- L'ouverture à différents profils d’enfants (fratries, enfants en situation de handicap, enfants plus âgés, etc.)
L’agrément doit être délivré dans un délai de 9 mois et est valable 5 ans. Il est reconductible annuellement par une lettre de confirmation. En cas de refus, vous avez deux mois pour déposer un recours devant le tribunal administratif.
Pour comprendre les différentes formes que peut prendre une adoption, lisez notre article complet : Les formes d’adoption : adoptants et adoptés.

Étape 2 : l’arrivée de l’enfant
L’accueil de l’enfant constitue une étape charnière, très attendue, mais aussi délicate. Elle diffère selon que l’adoption est nationale ou internationale.
En France
Une fois l’agrément obtenu, votre candidature est enregistrée dans la base départementale. Les enfants adoptables sont en majorité des pupilles de l’État, confiés à l’ASE. Votre dossier sera examiné par le conseil de famille qui proposera un apparentement : c’est-à-dire une mise en relation entre un enfant et une famille. Cette étape ne constitue pas encore une adoption, mais un début de rencontre progressive.
Les premières visites sont encadrées par les services sociaux. Une fois l’enfant accueilli dans votre foyer, un suivi post-adoptif est mis en place (entretiens à domicile, bilans réguliers), généralement pendant six mois avant que l’adoption ne soit officialisée.
Certaines OAA (Organisations Autorisées pour l’Adoption) peuvent aussi proposer quelques adoptions en France, bien que leur rôle reste marginal.
À l’étranger
L’adoption internationale, plus courante qu’on ne le croit, obéit à des règles strictes et à des législations propres à chaque pays. Vous pouvez :
- Faire appel à l’Agence Française de l’Adoption (AFA)
- Passer par un OAA agréé pour l’international
- Entamer une démarche individuelle (fortement encadrée depuis 2020)
Le dossier est ensuite transmis aux autorités du pays d’origine de l’enfant. Une fois l’enfant confié, vous devez organiser son retour en France et suivre la procédure de reconnaissance de l’adoption auprès des autorités françaises.
Pour mieux comprendre cette phase, lisez : Adopter à l’étranger.
Étape 3 : le jugement d’adoption
La procédure judiciaire finalise l’adoption. Elle varie selon le pays d’origine de l’enfant et le type d’adoption choisi.
En France, c’est le Tribunal Judiciaire du domicile des adoptants qui statue. Il faut respecter un délai de 6 mois après l’entrée de l’enfant dans le foyer avant que le jugement ne puisse être rendu. Le juge procède alors à un examen de conformité, basé sur les rapports sociaux post-placement.
Deux options s’offrent à vous :
- Adoption plénière : elle rompt les liens avec la famille d’origine. L’enfant est juridiquement intégré dans sa nouvelle famille, comme s’il y était né.
- Adoption simple : elle maintient certains droits avec la famille d’origine, mais permet l’inscription de l’enfant dans le Livret de Famille.
À l’étranger, si le jugement d’adoption a été rendu localement, il peut être reconnu en France après une demande de transcription à l’état civil français. Dans certains cas, une procédure judiciaire française est exigée.
Combien coûte une adoption ?
Le coût dépend du type d’adoption. En France, l’adoption est gratuite dans la majorité des cas. Les seuls frais engagés concernent parfois :
- Des consultations chez des psychologues non conventionnés
- Les frais de déplacement pour rencontrer l’enfant
L’adoption internationale, en revanche, est beaucoup plus coûteuse. Le budget moyen est estimé entre 8 000 et 20 000 euros selon les pays et les structures d’accompagnement. Voici les postes de dépenses les plus courants :
- Frais de l’OAA ou de l’agence locale
- Billets d’avion, hébergement, transport sur place
- Traductions, légalisation, notaire
- Frais consulaires, passeport et visa de l’enfant
- Dons à l’orphelinat (souvent obligatoires dans certains pays)
Il est possible, dans certains cas, de bénéficier d’aides financières. La CAF, les collectivités territoriales ou certaines associations proposent un accompagnement partiel. Pour plus d’infos, consultez : Adoption : les droits et les aides.
Vos questions fréquentes concernant l’adoption
1. Combien de temps dure une procédure d’adoption en moyenne ?
Selon les cas, elle peut durer entre 2 et 6 ans. Cela dépend du profil de l’enfant, du type d’adoption, et de la situation personnelle des adoptants.
2. Peut-on adopter en étant célibataire ?
Oui. La loi autorise les personnes seules à adopter. Le projet doit être solidement argumenté, et les capacités éducatives évaluées avec rigueur.
3. Qu’est-ce qu’un apparentement ?
C’est la proposition formelle de mise en relation entre un enfant adopté et une famille, faite par le conseil de famille ou l’OAA compétent.
4. Existe-t-il des délais de recours si l’agrément est refusé ?
Oui. Vous disposez de 2 mois pour déposer un recours gracieux ou contentieux devant le tribunal administratif.
Conclusion : une démarche d’engagement, de patience et d’amour
Adopter un enfant, c’est bien plus qu’un acte administratif. C’est un projet de vie profondément humain, guidé par le désir de construire une famille sur des bases solides, même sans lien biologique. Entre espoirs, remises en question et patience, les étapes sont parfois longues, mais toujours riches en émotions et en apprentissages.
Se préparer, s’informer, s’entourer, et respecter chaque phase du processus est fondamental pour que l’adoption se déroule dans les meilleures conditions.


