La psychologue Soraya Herrezuelo nous explique comment prévenir, dès la petite enfance, les troubles de l’alimentation tels que l'anorexie ou la boulimie, de plus en plus courants chez les jeunes de notre pays.
Pourquoi mon enfant peut avoir un trouble de l'alimentation ?
Le monde change très rapidement et les parents ne sont pas toujours au courant des dangers qui guettent leurs enfants. C’est le cas notamment des troubles de l’alimentation, des troubles psychologiques qui augmentent de façon spectaculaire et qui ont de graves conséquences sur la santé de l’enfant.
Les raisonnements et réflexions qui accompagnent ces comportements se construisent dès les premières expériences de l’enfant : le sentiment d’insatisfaction personnelle, l’exigence envers soi-même, une vision erronée de la réalité du monde. S’il est impossible d'empêcher l'enfant de vivre et de grandir sans se trouver confronté aux exigences de la société moderne (participer à une multitude d’activités extra-scolaires, respecter des critères de beauté, avoir de bonnes notes, être populaire...) en revanche, les parents peuvent lui fournir des outils pour y faire face comme le sens critique et la confiance en soi qui lui apporteront toute l’assurance nécessaire pour avancer dans la vie.
Comment agir dès la petite enfance pour éviter l’apparition des troubles de l'alimentation ?
- Ne jamais utiliser la nourriture comme récompense ou punition. La nourriture ne doit pas être associée à des émotions ; ainsi, vous éviterez que l’enfant ne s’en serve comme un moyen pour exprimer son désaccord.
- Prendre les repas en famille, calmement et sans télévision. Il est important pour les enfants de manger dans une atmosphère détendue. C’est un agréable moment de communication, de partage et d’échange dans une ambiance sereine.
- Respecter un horaire des repas pour faciliter la régulation du métabolisme et apprendre à reconnaître les signaux physiques de la faim et de la satiété.
- Prendre le temps de cuisiner : penser à des menus variés et équilibrés pour que l’enfant puisse goûter de tous les aliments.
- Féliciter l’enfant pour l'effort fourni plutôt que pour le résultat obtenu. En effet plutôt que de s’extasier devant ce que l’enfant réussit à faire, mettez en valeur l’intérêt et la constance qu’il met à le faire : colorier une image, réussir à bien positionner une pièce dans un jeu de construction, etc…
- Laisser une large place à la communication : dès que l'enfant commence à parler, parlez-lui des émotions afin qu’il apprenne à les reconnaître et à les exprimer sans se sentir inhibé.
- Développer l’autonomie de l’enfant : ne soyez pas impatients de voir votre enfant faire des progrès, laissez-lui le temps de faire ses expériences sans le précipiter et en lui donnant des responsabilités de difficulté croissante.
- Attention aux étiquettes : si l'enfant ne fait pas les choses comme vous le souhaitez, évitez les qualificatifs du style « maladroit », « stupide » ou « tête en l’air » qui ont une influence considérable sur la construction de l'estime de soi. Au lieu d'utiliser des étiquettes, expliquez à l’enfant ce qu’il doit changer dans son comportement.
- Partager du temps de qualité avec l’enfant. Notre environnement social et professionnel est souvent extrêmement exigeant, nous laissant peu de temps à consacrer à nos enfants. Mais l’important n’est pas tant la quantité de temps que nous passons avec l’enfant, sinon la qualité : 20 minutes de jeu avec votre enfant valent souvent mieux que deux heures assis à côté de lui devant la télévision tandis que vous avez un œil sur votre portable et répondez à des messages.
- Ne pas couvrir l’enfant de biens matériels obtenus sans effort : l’enfant doit apprendre à surmonter la frustration de ne pas obtenir tout ce qu’il désire dans l’instant.
Rappelez-vous enfin que l’enfant se construit en imitant, alors… donnons le bon exemple !
FAQ : Prévenir les troubles de l’alimentation chez les jeunes enfants
1. Quels sont les signes précurseurs des troubles de l’alimentation chez les enfants ?
Les signes peuvent inclure une consommation alimentaire restreinte ou excessive, une préoccupation excessive concernant l’alimentation, le poids ou l’image corporelle, ainsi que des répercussions sur la croissance et l’estime de soi.
2. Comment détecter précocement les troubles alimentaires chez mon enfant ?
Soyez attentive aux changements dans les habitudes alimentaires de votre enfant, tels que le refus de certains aliments, des repas devenant source de conflit, ou une perte d’intérêt pour la nourriture. Une détection précoce permet d’agir rapidement pour préserver sa santé.
3. Les troubles de l’alimentation chez les jeunes enfants sont-ils liés à des problèmes de santé mentale dans la famille ?
Oui, les problèmes d’alimentation chroniques chez les enfants sont associés à une augmentation du stress familial et peuvent être liés à des problèmes de santé mentale chez les membres de la famille.
4. Comment puis-je aider mon enfant à développer une relation saine avec la nourriture ?
Évitez d’utiliser la nourriture comme récompense ou punition, prenez les repas en famille dans une atmosphère détendue, respectez des horaires de repas réguliers, et encouragez la communication ouverte sur les émotions liées à l’alimentation.
5. Quels sont les facteurs de risque pour le développement de troubles de l’alimentation chez les enfants ?
Les facteurs peuvent inclure des habitudes alimentaires familiales, des attentes sociétales élevées, des problèmes d’estime de soi, et une exposition à des idéaux de beauté irréalistes.
Conclusion
La prévention des troubles de l’alimentation chez les jeunes enfants repose sur une approche bienveillante et informée. En tant que parents, il est essentiel de créer un environnement familial positif, d’encourager une relation saine avec la nourriture, et de rester vigilants aux signes précurseurs de ces troubles. En agissant dès la petite enfance, vous contribuez au bien-être et au développement harmonieux de votre enfant.