Comment encourager les bons comportements sans punir ? Découvrez pourquoi les conséquences directes et les récompenses sont plus efficaces que les punitions pour aider l’enfant à développer des habitudes positives.
Il a été démontré que les punitions ne modifient pas l'attitude de l'enfant, mais qu'elles associent l'attitude à corriger à des conséquences douloureuses ou désagréables pour l'enfant. Avec une punition, nous pouvons convaincre l'enfant de faire ce que nous lui demandons sur le moment, mais c'est une victoire à court terme : au lieu de créer des habitudes correctes chez l'enfant, les punitions éveillent un désir de vengeance.
La punition est souvent un dernier recours utilisé quand on se sent dépassé et que l’on pense que la discussion n’a plus d’effet. Mais attention, gronder et punir peut avoir des conséquences. Souvent exagérée, la punition suscite chez l’enfant de la peur et du ressentiment, ce qui ne favorise pas la coopération.
Dans bien des cas, la punition se transforme en une série de menaces, telles que « Si tu as encore une note comme ça, tu ne sortiras plus jamais avec tes copains ! » Parfois, la punition est si démesurée par rapport à la faute qu’elle n’est pas mise en œuvre, mais la simple possibilité qu’elle le soit suffit à instiller la peur chez l’enfant.
D'autres fois, il n'y a pas de lien entre la faute et la punition : "Comme tes notes sont très mauvaises, à partir de maintenant, tu ne mangeras plus de glace", comme si la glace pouvait avoir un lien direct avec les problèmes scolaires de l'enfant.
Des conséquences plutôt que des punitions : la voie positive
C'est pourquoi les experts préfèrent aujourd'hui parler de conséquences directes plutôt que de punition. En effet, il ne s'agit pas de punir, mais de faire comprendre à l'enfant qu'un geste négatif ou un comportement problématique entraîne une série de conséquences négatives.
Par exemple, si l'enfant a effacé de l'ordinateur un document de son frère, il n'est pas nécessaire de lui dire : "Ce soir, tu ne regarderas pas la télévision". Le soir, lorsque vous éteindrez la télévision, il percevra votre décision comme injuste et injustifiée. En revanche, l'éloigner de l'ordinateur est une façon de lui faire comprendre que son geste impulsif a une conséquence négative immédiate : on n'utilise pas les choses courantes de cette façon.
Les conséquences directes sont clairement liées au comportement de l'enfant et sont le résultat de ses actions. Bien qu'elles aient la même structure linguistique que les punitions, "Si..., alors...", elles sont substantiellement différentes. Alors que les punitions reposent sur l'hypothèse que l'enfant ne veut pas ou ne peut pas changer son comportement, les conséquences reposent sur le principe que l'enfant a la possibilité de changer et de faire ce qu'on lui demande.
Les punitions communiquent la méfiance et sont basées sur la peur ; les conséquences supposent la coopération et sont basées sur le respect mutuel.
C'est pourquoi elles doivent être annoncées à l'avance, afin que l'enfant puisse prendre toutes les précautions nécessaires pour les éviter : "Ce matin, tu dois finir tes devoirs pour le week-end : si tu ne le fais pas, tu ne pourras pas aller au cinéma le soir", "Comme tu as mal réussi ton examen, aujourd'hui, au lieu de regarder la télévision, tu devras étudier davantage pour apprendre ce que tu ne sais pas".
Les conséquences d'un comportement incorrect doivent être expliquées à l'enfant à l'avance et exécutées sans hésitation. Veillez donc à ce que trois conditions soient réunies :
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Qu'il les a bien comprises.
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Qu'il dispose des outils et de la force nécessaires pour faire ce qui lui est demandé.
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Qu'elles soient applicables et proportionnées à la situation. En effet, il faut éviter les conséquences du type : "Si tu ne ranges pas ta chambre avant l'entraînement, je ne te laisserai plus jouer au basket". En prononçant une telle phrase, il est clair pour vous que la conséquence ne sera jamais appliquée.
Pour que l'enfant comprenne et accepte les conséquences, vous devez toujours lui en expliquer les raisons, en soulignant les avantages d'un bon comportement. En outre, il est important de faire preuve de compréhension, afin qu'il sache que vous comprenez ses sentiments : "Je sais que ton frère a passé plus de temps que toi devant l'ordinateur, mais tu ne peux pas effacer le travail des autres".
Savoir quand et comment intervenir efficacement
- Prévenez toujours l'enfant à l'avance des conséquences de son comportement. De cette façon, vous enlèverez toute teinte de vengeance aux mesures que vous prenez : l'enfant comprendra qu'il s'agit d'une conséquence de ses actes et apprendra à assumer la responsabilité de son comportement.
- Ne pas agir sous le coup de la colère. La colère conduit souvent à imposer des punitions trop sévères qui peuvent être regrettées plus tard.
- La conséquence doit être clairement liée au mauvais comportement de l'enfant. S'il a sali le canapé avec ses chaussures, vous pouvez l'obliger à le nettoyer ou lui retirer de l'argent de poche pour le nettoyage à sec.
- La punition doit être proportionnelle au dommage. Si l'enfant a cassé la télécommande, il est excessif de lui interdire de regarder la télévision pendant une semaine : cela deviendrait une punition qui créerait du ressentiment.
- La punition doit être de courte durée. Les punitions qui se prolongent dans le temps finissent par ne plus avoir de lien avec l'événement qui les a provoquées et l'enfant les considère comme démotivées ou dictées par un désir de vengeance.
- Il doit toujours s'agir d'une occasion d'apprendre. Les meilleures mesures sont celles qui offrent la possibilité d'agir avec un comportement positif. Si l'enfant a mangé le goûter de son frère, dites-lui d'aller s'excuser.
- La réprimande doit être adaptée au caractère de chaque enfant. Chaque fois que nous réprimandons un enfant, l'objectif éducatif de la mesure doit être pris en compte. Un enfant impulsif et turbulent a beaucoup plus de mal à se contrôler qu'un enfant timide et réservé. Si l'on ne veut pas passer toute la journée à le réprimander, il faut lui pardonner certaines attitudes exubérantes.
Que faire quand la patience atteint ses limites ?
Les pédiatres et les psychologues pour enfants de l'Académie américaine de pédiatrie rappellent qu'il peut arriver à tout parent de perdre patience. Dans un environnement aimant et respectueux, un moment d’égarement n’aura pas d’impact profond. Cependant, il est essentiel de reconnaître pourquoi on en est arrivé là, afin de tout faire pour éviter que cela ne se reproduise.
Au lieu de s’attarder sur la culpabilité, il est préférable de prendre un temps de recul pour comprendre les déclencheurs de cette perte de contrôle et d’en discuter calmement avec l’enfant. Cela permet d’enseigner à l’enfant que tous les sentiments — la tristesse, la nervosité, la colère — peuvent être vécus, mais aussi maîtrisés.
Il n’y a aucune excuse pour les châtiments corporels, et même un accès de colère doit être une occasion d’apprentissage, pour soi et pour l’enfant. Expliquez-lui calmement que ce comportement n’est pas acceptable, puis excusez-vous sans crainte de perdre votre autorité : « Je suis désolé, je me suis emporté. J’aimerais que cela n’arrive plus et je ferai en sorte de mieux contrôler mes réactions. »
Gifles et fessées : attention aux conséquences
Après un châtiment corporel, il est essentiel de s'excuser auprès de l'enfant et de lui expliquer la situation. L’objectif n’est pas de lui faire intégrer la loi du plus fort, car ce n’est pas une méthode éducative constructive. L’enfant doit suivre vos consignes non pas parce que vous êtes plus fort, mais parce que cela est juste. Sinon, il risque de se sentir blessé, agressé, et d’accumuler un ressentiment durable.
Les châtiments corporels, même s’ils sont occasionnels, restent humiliants et affaiblissent le respect que l’enfant éprouve pour ses parents. En effet, le recours fréquent à la force envoie des messages implicites à l’enfant, qui peuvent influencer profondément son caractère.
L’enfant peut finir par penser qu’il ne mérite que le mépris, voyant son comportement transformer ses parents en figures qui expriment du rejet ou de la colère en le frappant. Il ne se sent alors ni aimé ni respecté, convaincu qu’il mérite cette distance.
Dans certains cas, l’enfant devient dépressif : n’ayant pas l’impression d’être « assez bien » pour mériter l’amour de ses parents, il peut retourner sa colère contre lui-même et développer des comportements autodestructeurs.
Il peut également se replier sur lui-même et apprendre à mentir : par peur de se tromper, il prend ses distances, se renferme et aborde ses relations avec prudence, sans élan ni confiance. Mentir ou cacher ses sentiments devient alors une stratégie pour se protéger.
Enfin, il peut adopter la violence envers les plus faibles : subissant lui-même une domination par la force, il apprend à exercer un pouvoir similaire sur ceux qui sont plus vulnérables. Les enfants violents envers leurs camarades sont souvent des enfants qui subissent eux-mêmes des châtiments corporels ; ainsi, le recours à la violence devient pour eux un moyen normalisé de résoudre les conflits.
Si vous remarquez que votre enfant vous énerve souvent ou que vous perdez patience en le menaçant ou en levant la main, parlez-en à votre pédiatre ou à un expert.
Les récompenses : un levier puissant pour encourager le bon comportement
Tous les experts s'accordent sur un fait : pour convaincre un enfant de bien se comporter, il faut renverser la façon dont on aborde les problèmes. Au lieu d'essayer d'éradiquer les attitudes que vous n'acceptez pas, essayez d'encourager celles que vous considérez comme positives. Au lieu de punir, de réprimer et d'interdire, faites le contraire : renforcez les bonnes attitudes par des éloges et des récompenses.
En effet, les récompenses et les louanges sont plus stimulantes pour les enfants, et pour les adultes aussi, que les menaces et les punitions : nous pouvons rarement nous passer du jugement positif des autres pour nous sentir bien dans notre peau. Pour les enfants, dont la personnalité est encore en développement, il est encore plus difficile d'agir sans confirmation.
Le psychologue américain Bruno Bettelheim écrit : "Tout geste parental visant à punir, aussi léger soit-il, crée du ressentiment, et plus la punition est sévère, plus l'indignation de l'enfant est forte. Personne ne peut avoir envie d'imiter une personne envers laquelle il éprouve du ressentiment, aussi admirable soit-elle à d'autres points de vue. Par conséquent, toute punition, aussi justifiée qu'elle puisse paraître à nos yeux et même aux yeux de l'enfant, interfère avec l'objectif le plus important, à savoir que nos enfants nous aiment et acceptent nos valeurs."
C'est pourquoi on obtient de meilleurs résultats en proposant des incitations. Par exemple : "Si tu fais du désordre chez grand-mère aujourd'hui, nous n'irons pas manger une pizza ce soir". Pour l'enfant, la menace sonne comme une injustice, elle apparaît comme une décision arbitraire que vous essayez de justifier par le désordre, qui, dans la logique de l'enfant, n'a pas de rapport direct avec le droit d'aller manger une pizza. Essayez de retourner la situation et dites : "Dès que tu auras fini de jouer chez ta grand-mère, ramasse tout, comme ça, quand je rentrerai, je n'aurai pas à ranger et nous aurons le temps d'aller manger une pizza".
Il est important d'éviter que les récompenses et les incitations ne deviennent une arme de chantage pour l'enfant : "Je ferai tout ce que tu veux si tu me donnes...".
C'est pourquoi il convient de garder à l'esprit les principes suivants.
- Les récompenses ne doivent pas être génériques, comme : "Je vais te donner un cadeau", mais doivent être annoncées et décrites en détail.
- Comme les conséquences directes, elles doivent être proportionnées au résultat que l'on veut obtenir : on ne peut pas promettre un nouveau vélo si, pour une fois, l'enfant a fait ses devoirs à temps.
- Elles doivent être données à l'enfant pour un comportement spécifique, pour l'accomplissement d'une tâche et jamais pour une raison générique, c'est-à-dire parce qu'"il/elle s'est bien comporté(e)".
- Les récompenses doivent être données uniquement et exclusivement lorsque l'acte a été accompli, et jamais avant, afin d'inviter et d'encourager l'enfant à s'améliorer.