Évitez le chantage avec les enfants ! Nous allons vous expliquer pourquoi les récompenses ou les menaces n’aident pas à construire de bonnes habitudes ; nous allons également vous expliquer comment instaurer des règles claires basées sur la confiance et le respect. Découvrez des stratégies pour encourager un comportement positif, sans utiliser de pression affective.
Il peut arriver que les parents utilisent l'arme du chantage pour obliger l'enfant à obéir et à se comporter comme on le lui demande. Cependant, il faut savoir que le chantage n'a aucun effet bénéfique. Si l'on promet à l'enfant un cadeau pour qu'il se comporte bien, sa logique implacable aboutira à la conclusion suivante : "Si je n'ai pas de cadeau, c'est que je ne me suis pas bien comporté". L'enfant apprend alors que les relations sont exclusivement basées sur un facteur économique : "Pour que je fasse ce que tu me demandes, qu'est-ce que tu me donneras en échange ?".
La technique du chantage n'a qu'un seul résultat : l'enfant n'apprend pas à bien se comporter. Au contraire, il apprend qu'en pleurant, en se lamentant, en se jetant par terre ou en criant, il peut obtenir quelque chose.
Ce n'est pas un hasard si les enfants font souvent avec les autres ce que leurs parents, plus influençables affectivement, ne parviennent pas à obtenir : ils mangent de tout, font la sieste, rangent leurs jouets, ont moins de comportements problématiques, etc. Parfois, ils acceptent plus facilement les limites des autres parce qu'ils sont moins impliqués dans la relation.
Le chantage alimentaire : déjouer les pièges à table
Face à un enfant qui ferme la bouche devant une cuillerée de bouillie, les parents se sentent souvent découragés et pensent que quelque chose ne va pas dans leur relation avec l'enfant. L'acceptation de la nourriture étant un signe d'harmonie, de nombreux parents se persuadent que l'enfant les aime quand il mange, et ne les aime pas quand il ne mange pas.
C'est l'origine du chantage affectif par excellence : "Si tu ne manges pas, je ne t'aimerai plus", ou encore : "Si tu ne manges pas, c'est que tu ne m'aimes pas". Les variantes sont nombreuses, mais le message envoyé à l'enfant est unique et très clair : manger est une preuve d'amour. Faire croire à l'enfant qu'il doit manger par amour et non par faim pose cependant un problème : peut-être qu'au début, l'enfant se laissera convaincre et mangera un peu de purée, mais plus tard, il découvrira que, s'il mange pour faire plaisir à quelqu'un, il peut aussi refuser de manger pour lui faire de la peine. La nourriture devient alors une monnaie d'échange, et il n'y a qu'un pas vers le chantage, cette fois de la part de l'enfant.
Commence alors une négociation épuisante où, selon l'âge de l'enfant, les exigences deviennent de plus en plus grandes : "Je mange, mais tu me donnes la nourriture ; je mange, mais je veux un bonbon ; je mange, si tu m'achètes ce que je veux ; je ne mangerai que les pommes de terre...".
À l'autre extrême, il y a l'enfant qui, pour faire plaisir à ses parents, mange beaucoup et donc grossit. C'est pourquoi des phrases apparemment anodines comme "Tu es un bon garçon, tu as fini toute la purée" peuvent poser problème. Le message envoyé est très précis : manger ou ne pas manger n'est pas une question d'appétit ou de goût, mais de comportement. Le jour où l'enfant n'a pas faim pour une raison ou une autre, il se sentira "mauvais" ou indésirable.
Les trois types de chantage affectif à éviter absolument
Les formes de chantage affectif que les adultes peuvent exercer sur les enfants pour conditionner leur comportement sont principalement les suivantes :
- Leur faire craindre la perte d'affection, avec des phrases telles que : "Si tu ne fais pas (ou n'es pas...), je ne t'aimerai pas", "Si tu m'aimes, tu dois...".
- Se mettre en colère comme une forme de punition.
- Transmettre des sentiments de culpabilité, avec des phrases telles que : "Comme ça, tu fais de la peine à maman (ou papa)", "Avec tout ce que je fais pour toi...".
Toutes ces phrases sont à éviter. En effet, les enfants apprennent le langage du chantage et, dès qu'ils le peuvent, ils l'utilisent contre leurs parents et les autres personnes avec lesquelles ils sont en contact.
Résister au chantage des enfants sans perdre le sourire
Le chantage, les caprices ou la désobéissance de l'enfant visent à maintenir et à retrouver une place centrale et exclusive dans la vie des parents. Les antennes sensibles de l'enfant perçoivent les faiblesses de la mère ou du père, qui reposent généralement sur des sentiments de culpabilité ou d'insuffisance, et en profitent !
Dans ces cas, il faut éviter le chantage et essayer de comprendre que l'attitude de l'enfant n'est pas un caprice ou un acte hostile, mais une manière de tester la relation avec les adultes.
Au lieu de se plaindre et de se demander pourquoi l'enfant ne se comporte pas comme il le devrait, les psychologues conseillent de s'affirmer. En d'autres termes, il ne faut jamais discuter de ce que l'on demande à l'enfant, mais plutôt communiquer avec lui en faisant preuve d'une douce fermeté.
Prévenir et désamorcer le chantage chez les tout-petits
- Définissez les règles à l'avance : donnez peu de règles à l'enfant, mais elles doivent être fondamentales et vous devez pouvoir les contrôler. "Je pense qu'en fin de compte, un enfant qui est autorisé à faire ce qu'il veut a besoin de trouver une limite", explique Gianna Polacco Williams, responsable de la psychologie de l'enfant au Tavistock Centre de Londres. Lorsque les enfants ont un "mur", un "non" qui impose une limite, ils se sentent plus en sécurité, ils savent qu'il y a quelqu'un qui se soucie d'eux.
- Expliquez à l'enfant ce que vous attendez de lui : au lieu d'imposer des interdictions, abordez les choses de manière positive, en disant clairement à l'enfant ce qu'il doit faire et quel comportement vous voulez qu'il adopte. Cela a deux conséquences : d'une part, vous l'aidez à savoir ce qu'il doit faire ; d'autre part, en connaissant vos attentes, il est plus enclin à essayer d'être coopératif. Indirectement, il s'agit d'une déclaration de confiance qui nourrira votre relation.
- Ne minimisez pas ses demandes, mais montrez-lui que vous comprenez : "Je sais, tu aimerais que nous puissions rester ensemble plus longtemps, et j'aimerais aussi. Mais ce n'est pas possible pour l'instant. Moi aussi, je suis triste, mais je dois partir."
Le pédiatre Marcelo Bernardi explique : "Ce dont les enfants ont le plus besoin, ce ne sont pas de cadeaux, encore moins de sévérité ou de permissivité, mais d'une stratégie d'attention : accordons-leur notre attention, écoutons leurs souhaits, leurs rêves, leurs aspirations, comme nous aimerions que les autres le fassent avec nous : avec compréhension et affection". C'est le premier pas vers l'établissement d'un dialogue basé sur le respect.