L'entérovirus constitue une famille de virus très répandue qui affecte principalement les enfants, surtout pendant les mois chauds. Ces infections, généralement bénignes, peuvent parfois présenter des complications plus sérieuses. Comprendre les symptômes, les modes de transmission et les mesures préventives vous aide à protéger efficacement votre famille.
Nous disposons aujourd'hui d'un peu plus d'informations sur l'épidémie d'entérovirus. Les autorités sanitaires étudient notamment encore son implication dans le cas d'une petite fille devenue tétraplégique et d'une autre qui est décédée sur les 60 enfants touchés. Aucun nouveau cas n'a été signalé, même si l'alerte reste encore en vigueur.
Les responsables de l'hôpital Vall d'Hebron de Barcelone ont expliqué que l'entérovirus est un virus assez commun qui a toujours existé et contre lequel on ne peut rien faire ; ils ont d'ailleurs ajouté que l'épidémie de bronchiolite qui a sévi cet hiver en Catalogne s'est avérée encore plus critique que ce virus. Les autorités ont donc appelé les familles au calme assurant que toutes les mesures de sécurité étaient prises.
Qu'est-ce que l'entérovirus ?
Il existe plus de 100 souches différentes d'entérovirus causant divers types d'infections, le plus souvent bénignes et qui ne nécessitent aucun traitement. Ils se divisent en 4 familles : les poliovirus, les echovirus et les coxsackie A et B. Le virus de la poliomyélite appartient par exemple à la famille des entérovirus.
Les entérovirus constituent une vaste famille de virus à ARN qui colonisent naturellement le tractus gastro-intestinal humain. Ces micro-organismes tirent leur nom de leur capacité à se développer dans l'intestin (entéron signifie intestin en grec). Bien qu'ils soient présents toute l'année, leur activité augmente considérablement pendant les périodes estivales et automnales dans les régions tempérées.
Chaque souche d'entérovirus possède des caractéristiques spécifiques et peut provoquer différents tableaux cliniques. Les virus Coxsackie A16 et l'entérovirus 71 sont particulièrement surveillés car ils peuvent être responsables d'épidémies plus importantes. La prévention des maladies infantiles passe par une connaissance approfondie de ces agents pathogènes.

Les infections dues aux entérovirus sont-elles fréquentes ?
Oui. Il y a chaque année des foyers d'infection par entérovirus, notamment au printemps et à l'automne. Ces virus peuvent affecter des personnes de tous âges, même si les enfants, dont les défenses immunitaires ne sont pas encore suffisantes, sont les plus vulnérables. Les médecins, tant les pédiatres que les généralistes, sont d'ailleurs habitués à traiter les infections dues aux entérovirus.
Les statistiques révèlent l'ampleur de ces infections : aux États-Unis, les centres de contrôle des maladies estiment qu'elles causent entre 10 et 15 millions d'infections chaque année. En France, Santé publique France surveille étroitement ces virus et observe régulièrement des pics estivaux, particulièrement en juin-juillet, suivis d'un second pic automnal de moindre ampleur.
Les enfants de moins de 5 ans présentent le taux d'infection le plus élevé, leur système immunitaire n'ayant pas encore développé d'immunité contre les différentes souches. Les collectivités comme les crèches, écoles maternelles et centres de loisirs constituent des environnements particulièrement propices à la circulation de ces virus en raison de la proximité entre enfants et du partage d'objets.
Comment la contagion des entérovirus se fait-elle ?
Les entérovirus sont très contagieux. Ils se transmettent à travers la salive (voies respiratoires) ou au contact des matières fécales de personnes infectées (transmission orale-fécale). La première mesure à prendre pour prévenir l'infection est donc de se laver fréquemment les mains.
La transmission suit plusieurs voies principales qu'il est essentiel de connaître pour mieux s'en protéger. La voie respiratoire constitue le mode de contamination le plus courant : les gouttelettes émises lors de la toux, des éternuements ou même de la simple conversation peuvent contenir le virus et infecter les personnes à proximité.
La transmission oro-fécale représente un autre mécanisme important, particulièrement chez les jeunes enfants. Le virus peut survivre plusieurs semaines dans les selles, expliquant pourquoi l'hygiène lors du change des couches est cruciale. Les surfaces contaminées (jouets, poignées de porte, tables) peuvent également servir de réservoir viral pendant plusieurs heures.
La période de contagiosité s'étend généralement de quelques jours avant l'apparition des symptômes jusqu'à plusieurs semaines après leur disparition. Cette particularité rend le contrôle de la transmission particulièrement difficile, d'autant que de nombreuses infections restent asymptomatiques.
Types d'infections et symptômes de l'entérovirus
Il s'agit presque toujours d'infection des voies respiratoires (rhume, pharyngite, herpangine) parfois accompagnées d'éruptions cutanées (par exemple la fameuse maladie pied-main-bouche) et le système gastro-intestinal (gastro-entérite). Ces infections sont bénignes et guérissent spontanément, sans traitement, en quelques jours.
Très rarement, et suivant son sérotype (ou sérovar), le virus peut affecter le système nerveux central (méningite, encéphalite, atteinte de la moelle épinière) ou le cœur (myocardite). C'est ce qui est arrivé en Catalogne où l'épidémie d'entérovirus a eu une plus grande portée neurologique que d'habitude ; les experts étudient d'ailleurs encore le sérotype de l'entérovirus des enfants touchés. Une telle épidémie n'avait encore jamais été enregistrée en Espagne, alors que cela a déjà été le cas en Malaisie, en Bulgarie, aux États-Unis...
Le spectre clinique des infections à entérovirus est particulièrement large. Dans 90% des cas, l'infection demeure asymptomatique, passant totalement inaperçue. Lorsque des symptômes apparaissent, ils se manifestent généralement 3 à 7 jours après la contamination.
Les formes respiratoires incluent le syndrome grippal avec fièvre, maux de tête, courbatures, ainsi que les atteintes ORL comme l'angine ou la pharyngite. L'herpangine, caractérisée par de petites vésicules douloureuses au fond de la gorge, constitue une manifestation typique chez l'enfant.
Le syndrome pieds-mains-bouche représente l'une des manifestations les plus reconnaissables des infections à entérovirus. Cette éruption vésiculaire touche spécifiquement les paumes, les plantes des pieds et la cavité buccale, créant des lésions caractéristiques qui facilitent le diagnostic. La gestion de la fièvre chez l'enfant devient alors primordiale pour assurer son confort.
Traitement et prévention des infections à entérovirus
Il n'existe pas de traitement curatif spécifique pour les infections à entérovirus. Dans chaque cas, on adopte le traitement symptomatique requis pour le patient. Certains traitements permettent en revanche de réduire au minimum les éventuelles complications.
Il n'existe pas de vaccin contre les entérovirus, sauf pour la poliomyélite (inscrit dans le calendrier des vaccinations obligatoires) et grâce auquel on a pu éradiquer cette maladie.
La prise en charge repose essentiellement sur le traitement symptomatique. L'hydratation représente un élément fondamental, particulièrement lorsque les lésions buccales rendent l'alimentation difficile. Les antipyrétiques comme le paracétamol ou l'ibuprofène permettent de contrôler la fièvre et de soulager les douleurs.
Pour les formes cutanées, des antiseptiques locaux peuvent être appliqués sur les vésicules pour prévenir les surinfections bactériennes. Dans les cas de déshydratation, des solutions de réhydratation orale ou, si nécessaire, une perfusion intraveineuse peut être envisagée.
Les mesures préventives permettent d'éviter le contact avec la salive et les matières fécales des personnes infectées. Si votre enfant a de la fièvre, s'il est enrhumé ou présente des symptômes de gastro-entérite, nous vous recommandons :
- De vous laver les mains fréquemment, pendant au moins 1 minute, surtout après avoir mouché ou changé la couche de votre enfant
- D'éviter de vous frotter les yeux, le nez ou la bouche avec des mains souillées car c'est à ce moment qu'a lieu la contagion
- De ne pas partager les gobelets, les couverts, les tétines, etc.
- De porter une attention toute particulière à l'hygiène des objets que vous touchez régulièrement : jouets, poignées de portes, etc... si un membre de la famille est malade
- D'éviter d'emmener votre enfant à la crèche ou à l'école s'il a de la fièvre
Vos questions fréquentes concernant l'entérovirus
1. L'entérovirus est-il dangereux pour mon enfant ?
Dans la très grande majorité des cas, l'entérovirus provoque des infections bénignes qui guérissent spontanément en quelques jours. Seules certaines souches spécifiques peuvent exceptionnellement causer des complications neurologiques ou cardiaques, mais ces cas restent très rares.
2. Combien de temps mon enfant reste-t-il contagieux ?
La période de contagiosité débute quelques jours avant l'apparition des symptômes et peut se prolonger plusieurs semaines après leur disparition, particulièrement par la voie oro-fécale. Le virus peut persister dans les selles jusqu'à 8-12 semaines après l'infection.
3. Mon enfant peut-il attraper plusieurs fois l'entérovirus ?
Oui, car il existe plus de 100 souches différentes d'entérovirus. L'immunité acquise après une infection ne protège que contre la souche spécifique responsable de cette infection. Votre enfant peut donc contracter d'autres infections à entérovirus tout au long de sa vie.
4. Comment différencier l'entérovirus d'autres maladies infantiles ?
Certaines manifestations comme le syndrome pieds-mains-bouche sont très caractéristiques. Cependant, de nombreux symptômes (fièvre, maux de gorge, éruptions) peuvent ressembler à d'autres infections virales. Seul un médecin peut établir un diagnostic précis et écarter d'autres pathologies.
5. Dois-je éviter les lieux publics pendant une épidémie ?
Il n'est pas nécessaire d'éviter complètement les lieux publics, mais il convient de renforcer les mesures d'hygiène. Lavez-vous fréquemment les mains, évitez que votre enfant porte des objets à la bouche et maintenez une distance raisonnable avec les personnes manifestement malades.
Conclusion
L'entérovirus, bien qu'omniprésent dans notre environnement, ne doit pas susciter d'inquiétude excessive. Ces infections font partie du quotidien des familles avec de jeunes enfants et participent même au développement naturel de leur immunité. La très grande majorité des cas évoluent favorablement sans nécessiter de traitement particulier.


