Entretien avec une psychologue sur l'éducation des enfants

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Psychologie et éducation des enfants

Dans cette interview que nous a accordée Rocio Ramos-Paul, la célèbre psychologue espagnole répond à toutes nos questions concernant les thèmes fondamentaux de l'éducation de l'enfant : les colères, les limites, les punitions... Voici ce qu’elle nous dit.

 

La psychologue espagnole répond à plusieurs questions fondamentales concernant l'éducation des enfants. Voici ses réponses, très intéressantes.

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Un enfant se met souvent en colère, ses parents sont désespérés : comment renverser la situation ?

Souvenez-vous de ce que votre enfant fait de bien et dites-le lui ; croyez-moi, même si cela vous semble difficile sur le moment, il y a beaucoup de choses que votre enfant fait bien ! C’est la meilleure option dans une telle situation. L'enfant répète les comportements qu’on lui signale : si nous insistons toute la journée sur le fait « qu’il se comporte mal », il insistera de son côté en se montrant conforme au rôle qu’on lui a assigné.

 


Quand faut-il commencer à mettre des limites à un enfant ? Comment lui faire comprendre avant l’âge d’un an ? 

Dès le début, lorsqu’ils ne sont encore que des bébés, on peut aider les enfants à intégrer le principe de la routine : en éteignant la lumière la nuit, en établissant un horaire pour les repas... Autour d’un an, les enfants commencent à comprendre des phrases courtes, mais surtout, ils évaluent le ton sur lequel on leur dit les choses. Un « ça, non ! » dit fermement et le visage sérieux accompagnera le geste montrant du doigt ce qu’il ne faut pas toucher.

 


Que faire si maman et papa ne sont pas d’accord ou n’agissent pas en conséquence pour résoudre un conflit avec l'enfant et laissent intervenir d’autres membres de la famille ou des amis ?

Ce sujet à lui seul pourrait faire l’objet d’un livre ! Lorsque les enfants savent clairement que papa et maman représentent l'autorité, ce genre de situation n’arrive pas. On le voit quand ils disent : « Je ne peux pas, mes parents ne me laissent pas ».

 

 

« Il n’obéit pas, il n’écoute jamais ce que je lui dis… » : Comment faire pour que l'enfant devienne respectueux de l’autorité parentale ?

Il faut s’arrêter, rentrer à la maison et analyser de la situation de l’extérieur. Voir ce que l’on peut changer et le faire tout de suite ! C’est aussi simple et aussi compliqué que cela. Ce sont vos enfants qui vont reconnaître votre autorité. Montrer de la constance et de la fermeté est un bon début. Il est tout à fait normal que les enfants désobéissent et que les parents s’en désespèrent.

 


Les comportements « inappropriés » des enfants (ne pas vouloir se coucher, faire des caprices au moment des repas, piquer des crises de colère ou, de façon générale, mal se comporter) s’expliquent-ils tous de la même façon, sont-ils les symptômes de causes communes, et se traitent-ils de la même façon ou chaque cas est-il différent ?

Je n’utilise jamais les termes de symptômes ou traitement qui me semblent trop compliqués lorsque l’on parle des difficultés de l'éducation. On ne résout aucune difficulté sans tenir compte des besoins de chaque enfant et des caractéristiques de chaque famille.

 


Quelle est la valeur de la « récompense » dans l'éducation d'un enfant ? Est-ce un encouragement ou cela peut-il devenir une sorte de chantage de la part de l’enfant ?

La récompense est la conséquence d’un comportement correct et qui se répète. Un baiser, une caresse ou un compliment sont un encouragement positif. Si mon enfant doit étudier, mais qu’il n’y a pas moyen de le faire s’installer à son bureau, dès qu’il le fera, je devrais logiquement reconnaître son effort. Ainsi, au début, je le récompenserai chaque fois qu’il se met au travail à l’heure voulue, puis je lui demanderai qu’il respecte cet horaire toute la semaine avant d’obtenir sa récompense et enfin qu’il réussisse son examen. Il me semble que personne ne considère le salaire qu’on lui verse en fin de mois comme le résultat d’un chantage et je pense que bien peu d’entre nous iraient travailler sans être payés.

 


Quelle est la valeur de la punition dans l'éducation de l'enfant ? Comment l’appliquer ? Est-ce bénéfique pour l'enfant ou, à l'inverse, est-ce contre-productif ?

En matière d'éducation, la punition est l'une des techniques pour faire comprendre à l’enfant que son comportement est inapproprié. Le problème est quand on en abuse ; d’autre part, si elle n’est pas contre balancée par les récompenses, la punition cesse d'être efficace.

 


Comment gronder un enfant lorsqu’il se comporte mal ? Comment faire pour ne pas le blesser, mais lui faire comprendre que ce qu’il a fait n’est pas bien et qu’il ne doit pas recommencer ?

L'enfant est en mesure de comprendre ce qu’il peut et ne peut pas faire, si son comportement a une conséquence positive lorsque l’on veut qu’il recommence ou une conséquence négative lorsque l’on souhaite qu’il cesse. Juste gronder est inutile, il faut aussi expliquer. Dans certaines familles, gronder est « chronique » et représente la seule réponse au comportement de l’enfant ; bien entendu, cela est sans aucun effet et l’enfant n’assume pas mieux les règles ni les limites.

 


Lorsque l’enfant pique une colère dans la rue ou au supermarché et que ses cris attirent l’attention des gens qui se trouvent autour, quelle attitude les parents, qui sont bien entendu contrariés, doivent-ils adopter ?

Nous sommes tous plus ou moins sensibles à l’opinion d’autrui. Certains se sentent ainsi véritablement paniqués lorsqu’ils se trouvent dans une situation mettant en cause leur rôle de parent. Je connais des parents qui préfèrent laisser leurs enfants aux grands-parents pour aller faire les courses et d'autres qui ont cessé leur sorties sociales, apéritifs entre amis, dîner ou même fêtes d'anniversaire dans la crainte que leur enfant « ne fasse un scandale ». Lorsqu’ils sont en thérapie, on apprend aux parents à d’abord contrôler la situation à la maison. Quand les crises diminuent, on passe à l’extérieur.

Deux principes :
- Les parents doivent être convaincus qu'ils sont capables de faire face à la situation et que leur attitude participe à l'éducation de leur enfant.
- Une fois la première crise à l’extérieur contrôlée, l'enfant doit comprendre que cette nouvelle façon d’agir de ses parents est définitive et que c’est à lui de changer.

 


Quel est l'impact à l'adolescence et à l'âge adulte des comportements qui n’ont pas été corrigés pendant l’enfance ?

Nous sommes tous capables de changer à n’importe quel moment de notre vie. La période idéale pour l’apprentissage des routines et des limites se situe entre 0 et 6 ans, passé cet âge, les choses deviennent plus difficiles à mettre en place. On sait aujourd'hui qu’un enfant à qui on n’a donné aucune habitude et posé aucune limite avant l’âge de quatre ans a toutes les chances de développer des troubles du comportement. Il faut savoir dire NON à temps. Cela vaut la peine d’y réfléchir.

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