Les bonnes manières selon l'âge : guide pour parents

Pour enseigner les règles de bonne conduite, il est essentiel de tenir compte des étapes du développement de l'enfant. Exiger prématurément la politesse conduit à des conflits inutiles. Jusqu'à l'âge de 18-24 mois, l'enfant ne comprend pas quels comportements peuvent gêner les autres. Plus que d'apprendre les bonnes manières, l'enfant a besoin d'explorer, de trouver ses propres limites et de maîtriser certaines compétences, comme manger seul. Il est également en train d'assimiler les interdits de ses parents liés à sa sécurité. L'ajout de nouveaux devoirs ne peut que le perturber.

Dès l'âge de trois ou quatre ans, l'enfant commence à s'identifier aux adultes qui l'entourent et tente d'adopter spontanément les comportements et les modèles qu'il voit devant lui. En grandissant, il s'agit de lui faire comprendre que l'acquisition de certaines règles de comportement l'aide à se respecter et à respecter les autres, ce qui le rend plus disponible pour les adultes.

A l'âge de trois ans, le choc entre leur désir d'indépendance et les contraintes imposées par la vie en collectivité est particulièrement difficile. L'enfant semble en opposition avec le monde entier, refusant toute proposition et voulant tout faire à sa manière. C'est le moment où il est important d'introduire quelques règles de bonne éducation.

L'essentiel avant tout : le fond prime sur la forme

Montrer aux enfants l'importance du respect des autres, c'est aussi renforcer le respect et l'estime de soi. Les mauvaises manières, selon les psychologues, sont le symptôme d'un malaise, révèlent une incapacité à gérer les conflits de manière civile et indiquent une difficulté à exprimer ses émotions. L'enfant insolent et agressif et l'enfant insociable qui répond à un cadeau par un grognement ont un point commun : ils ne savent pas exprimer leurs déceptions et leurs exigences d'une manière acceptable pour les autres et ne se rendent pas compte qu'ils suscitent de l'irritation.

Pour éviter d'imposer des règles vides, apprenez à votre enfant à être attentif aux exigences et aux sensibilités des autres en lui demandant souvent : "Serais-tu content si maman ou ton petit frère se comportait ainsi avec toi ?

Poser les premières limites : dès la première année

Lorsque l'enfant commence à dire "non", il est également capable d'accepter un "non" comme réponse. À cet âge, il est bon de commencer à fixer des limites, que l'enfant devra intérioriser. En d'autres termes, il apprendra qu'il y a des choses à ne pas faire, non pas parce que vous le dites, mais parce qu'elles font du mal aux autres, contrarient papa et maman et se font du mal à eux-mêmes.

De plus, les enfants de deux ans ont leur propre code, qu'ils respectent eux-mêmes et qu'ils essaient de faire respecter par leurs camarades. Si, dans les escaliers du toboggan, un enfant pousse les autres pour obtenir la première place, toute la file "lui fera respecter les règles" en ne le laissant pas passer ou en l'envoyant à la fin de la file. En mettant l'accent sur ces expériences, vous pourrez enseigner à vos enfants les règles de comportement que vous considérez comme appropriées. 

Ne présentez pas les bonnes manières comme des conventions arbitraires ou des règles à apprendre comme un perroquet. Au contraire, faites-leur comprendre qu'elles sont nécessaires pour vivre ensemble sans envahir l'espace de l'autre et sans heurter sa sensibilité.

Initiation aux règles sociales : premiers pas vers l'autre

Chaque culture a ses propres normes de comportement. La révérence respectueuse des Japonais, l'accolade chaleureuse des Africains et la poignée de main polie mais froide des Européens. Personne ne peut donc se soustraire au respect d'un ensemble de règles sociales. D'autre part, les enfants ont aussi leurs règles cérémonielles et sociales.

Lorsque vous imposez une règle, il est important d'écouter les besoins et les sentiments de votre enfant sans porter de jugement : il est légitime de se sentir déçu ou en colère, mais il n'est pas légitime d'exprimer ces sentiments en blessant ou en offensant les autres. S'il voit que, dans tous les cas, son point de vue et ses besoins sont écoutés et respectés, il sera plus enclin à accepter les vôtres.

Quand et comment débuter ? Le bon moment pour commencer

"Le respect et l'honneur dus aux parents supposent le même respect pour les enfants", affirme le pédiatre italien Marcello Bernardi. En d'autres termes, l'enfant apprendra à comprendre les besoins des autres si vous vous adressez à lui avec la même attitude.

Quand commencer ? Certainement très tôt, en commençant à utiliser les phrases et les comportements que vous attendriez de lui s'il savait parler. Il ne s'agit pas de raisonner, notamment en essayant de le convaincre de faire quelque chose, parce que, selon vous, c'est la seule solution logique à laquelle on peut arriver. Vous ne devez pas non plus le forcer à obéir en imposant votre autorité par des punitions ou par un lapidaire "c'est comme ça que ça se passe". Votre objectif doit être différent : le rendre responsable. Ce sont ces étapes qui permettront à l'enfant d'apprendre à respecter les autres.

À l'âge de deux ou trois ans : apprenez-leur à regarder les gens en face lorsqu'ils les saluent et à leur dire au revoir.

À l'âge de trois ou quatre ans : "Bonjour, au revoir, comment vas-tu...". L'enfant tend la main à qui la lui tend et salue les personnes qu'il rencontre par leur nom. 

À l'âge de quatre ou cinq ans : il dit "s'il vous plaît, merci et excusez-moi". Si, volontairement ou non, il a offensé quelqu'un ou l'a privé d'un droit, il s'excuse et essaie de réparer. Il commence à savoir comment se comporter à table. Il utilise couteau, fourchette et cuillère, demande poliment qu'on lui passe son assiette, ne parle pas la bouche pleine, attend son tour pour être servi et demande la permission de quitter la table.

Toujours à quatre ou cinq ans, il commence à développer une sensibilité aux problèmes des autres : il respecte et ne fait pas de commentaires sur les personnes malades ou handicapées. Dans la mesure du possible, il offre son aide à une personne en difficulté.

La puissance de l'exemple : un modèle pour votre enfant

La psychologue américaine Sheila Kitzinger observe : "Si vous voulez que les enfants vous respectent, vous devez agir de manière à ce qu'ils aient envie de vous respecter comme vous les respectez".

- Lorsque vous grondez un enfant, vous ne devez jamais lui donner l'impression que vous voulez lui imposer votre "je". Et si, par hasard, sans le vouloir, vous l'avez offensé, essayez d'en parler en reconnaissant votre erreur : "Je suis désolé, je ne voulais pas te crier dessus tout à l'heure".

- Chaque fois que vous lui parlez, essayez de penser : "Si quelqu'un me parlait sur ce ton, est-ce que je l'aimerais ?"

- Dès lors que vous êtes les adultes, c'est-à-dire les plus au fait de la relation, c'est à vous de faire le premier pas. Pour cela, essayez toujours d'avoir un ton rassurant et calme, qui capte l'attention de l'enfant.

- Souvent, il suffit de baisser le volume de la voix pour voir, immédiatement, un changement radical dans le comportement de l'enfant. De la même manière, il est conseillé d'essayer de changer la façon dont votre enfant s'exprime. Expliquez-lui qu'on ne dit pas : "Maman, tu es méchante et je ne t'aime plus", mais plutôt : "Tu m'as mis en colère". Ou encore qu'on ne dit pas : "Je veux...", mais plutôt : "J'aimerais...".

- Il est également important d'apprendre à votre enfant à discuter sans jugement et sans nier la validité de vos propos. Cela ne signifie pas qu'il doit refouler ce qu'il pense. Au contraire, il peut parler librement de ce qui lui passe par la tête, mais sans perdre de vue le respect de l'interlocuteur. C'est pourquoi des expressions telles que : "Ce n'est pas vrai !", "J'ai raison !" ou "Et moi je dis que oui !" doivent être évitées avec douceur, en l'aidant à méditer sur son comportement :

"Aimerais-tu que, lorsque tu me dis quelque chose, je te dise que ce n'est pas vrai ?

Enseigner les bonnes manières avec succès : nos conseils

Les bonnes manières ne doivent pas être enseignées comme des conventions arbitraires ou des règles de grammaire à apprendre par cœur. Il est important de faire comprendre à l'enfant qu'elles sont nécessaires pour vivre ensemble sans envahir l'espace des autres et sans heurter leur sensibilité. C'est pourquoi la raison d'une demande doit toujours être expliquée pour tenter de faire comprendre à l'enfant les conséquences de ses actes sur les autres.

- "Ta tante était très fâchée parce que tu n'as pas voulu venir lui dire au revoir. Penses-tu qu'elle est moins importante qu'un dessin animé ?"

- "Si tu cries, je n'entends pas ce que dit papa."

- "Ça me gêne quand tu mets tes doigts dans ton nez."

- "Le bruit de la télévision me dérange beaucoup. Je n'arrive pas à lire."

À retenir : les clés d'une éducation réussie

Les petits gestes symboliques d'attention peuvent aussi éduquer l'enfant au respect. C'est la même attention que vous lui offrez lorsque vous le raccompagnez à la porte, que vous lui apportez de l'eau ou que vous rangez ses vêtements. Vous pouvez demander à votre enfant de faire la même chose pour vous, toujours en fonction de ses possibilités.

Cela peut paraître une question de forme, mais la forme a souvent une grande importance dans l'éducation d'un enfant : quelques gestes symboliques, mais fondamentaux, suffisent pour que les enfants acquièrent un sentiment de gratitude envers leurs parents qui ne repose pas sur des sentiments de culpabilité ("Ils font beaucoup de sacrifices pour moi"), mais sur des sentiments d'amour réciproque ("Mes parents font tout ce qu'ils peuvent pour moi, et je fais de même").

Les situations du quotidien : mode d'emploi

Il est conseillé d'enseigner les principes du savoir-vivre avant d'être confronté à une situation et non pas lorsque l'on s'y trouve déjà. Si, par exemple, vous allez au restaurant ou chez des parents, il est important que vous disiez à l'avance à votre enfant ce que vous attendez de lui. Voici quelques exemples de règles de base faciles à comprendre et à appliquer.

Au restaurant

 - Parler sans crier.

- S'asseoir à la place déjà convenue par les parents, qui veilleront à placer les frères et sœurs aux extrémités opposées de la table, car ils ont tendance à se disputer entre eux.

- Dire : "Bonjour", "Merci", "De rien", "S'il vous plaît".

- Ne pas jouer pas avec les couverts, les baguettes, l'huile, la salière et la sucrière.

- Éteindre les téléphones portables.

- Ne pas se disputer.

- Toujours attendre que tout le monde ait été servi avant de commencer à manger.

- Manger la bouche fermée sans faire de bruit en mâchant.

- Utiliser des serviettes pour s'essuyer la bouche. 

Permettez à l'enfant de lire le menu du restaurant et de commander la nourriture. Toutefois, exigez qu'il regarde le serveur dans les yeux et qu'il dise : "S'il vous plaît" et "Merci". Si l'enfant se comporte mal ou fait des histoires, faites-le sortir de la salle à manger, restez avec lui jusqu'à ce qu'il soit plus calme et répétez-lui les règles de comportement à table. Ensuite, ramenez-le à table, sans aborder à nouveau le sujet.

Dans les transports en commun

- Être poli avec les contrôleurs. Dire : "Merci", "S'il vous plaît", "Excusez-moi", etc.

- Ne pas se faufilez entre les gens en donnant des coups de pied et de coude.

- Ne pas mettre ses pieds sur les sièges.

- Ne pas occuper plus d'un siège, si vous êtes assis.

- Ne pas parler fort et ne pas dire de gros mots.

- Réduire le volume des téléphones portables, radios, etc.

- Si vous devez téléphoner à quelqu'un, parler à voix basse et être aussi bref que possible.

- Porter son sac à dos à la main pour ne pas heurter le visage des autres passagers.

- Jeter les déchets dans les poubelles aux arrêts.

Au supermarché

- Ne pas crier.

- Ne pas courir avec le chariot.

- Ne pas ouvrir les paquets.

- À la caisse, donner un coup de main pour mettre les courses dans les sacs.

- Dire au revoir à la caissière.

Vos questions, nos réponses : la FAQ des parents

N'est-il pas préférable de laisser un enfant aussi jeune s'exprimer comme il l'entend ? 

Montrer aux enfants combien il est important de respecter les autres, c'est aussi augmenter le respect et l'estime de soi pour eux-mêmes. Selon les psychologues, les mauvaises manières sont le symptôme d'un malaise. Elles révèlent une incapacité à résoudre les conflits de manière civilisée et témoignent d'une difficulté à exprimer ses émotions. Pour éviter d'imposer des règles vides, apprenez à votre enfant à être attentif aux besoins et à la sensibilité des autres en lui demandant souvent : "Aimerais-tu que maman, ou petit frère, se comporte de la même façon avec toi ?

Comment faire pour qu'il m'écoute ?

Au lieu de donner des ordres, demandez à votre enfant de vous obéir et prenez l'habitude de dire "merci", "s'il vous plaît" et "excusez-moi" dès le plus jeune âge. Lorsque vous imposez une règle, il est important d'écouter les besoins et les sentiments de votre enfant sans porter de jugement : il est légitime de se sentir déçu ou en colère, mais il n'est pas légitime d'exprimer ces sentiments en blessant ou en offensant les autres. En tout état de cause, lorsqu'il sent que son point de vue et ses besoins sont écoutés et respectés, l'enfant aura tendance à mieux accepter les vôtres.