Les manœuvres de Ortolani et Barlow constituent un examen médical fondamental pratiqué sur tous les nouveau-nés dans les premières heures de vie. Ces techniques de dépistage permettent de détecter précocement une dysplasie de la hanche chez le bébé, une anomalie qui touche environ 1 à 6 nouveau-nés sur 1000 naissances selon les études médicales récentes.
Ces manœuvres, développées respectivement par le pédiatre italien Marino Ortolani en 1937 et par le chirurgien anglais Thomas Barlow, font partie intégrante du protocole d'examen systématique du nouveau-né. Leur importance réside dans leur capacité à identifier une instabilité de l'articulation de la hanche qui pourrait évoluer vers des complications graves si elle n'est pas prise en charge rapidement.
Qu'est-ce que les manœuvres de Ortolani et Barlow ?
Les manœuvres de Ortolani et Barlow sont pratiquées sur tous les bébés juste après leur naissance. En néonatalogie, le médecin les pratique afin de détecter l'existence d'une éventuelle anomalie dans les articulations de la hanche. S'il en était ainsi, il pourrait s'agir d'une dysplasie de la hanche.
Ces deux techniques complémentaires évaluent la stabilité de l'articulation de la hanche selon des protocoles précis. La manœuvre de Barlow vise à détecter si une hanche apparemment normale peut être luxée, tandis que la manœuvre d'Ortolani permet de vérifier si une hanche luxée peut être remise en place. L'examen se déroule avec le nourrisson détendu, idéalement pendant qu'il prend son biberon, car toute tension musculaire peut masquer les signes pathologiques.
Ces manœuvres consistent en une série de mouvements de flexion et d'ouverture avec délicatesse des jambes de l'enfant, afin de vérifier si l'articulation réagit de manière anormale. Si c'est le cas, il est possible que l'enfant présente une dysplasie de la hanche.

Comment se déroulent ces examens de dépistage ?
La technique d'examen suit un protocole médical rigoureux que tous les professionnels de santé doivent maîtriser. L'enfant est placé sur le dos, hanches et genoux fléchis à 90 degrés. Le praticien place ses mains de façon spécifique : l'index et les doigts le long du fémur sur le grand trochanter, le pouce à l'intérieur de la cuisse près du pli de l'aine.
La manœuvre de Barlow s'effectue par un mouvement de flexion, adduction et rotation interne avec application d'une force axiale douce sur le fémur. Le médecin recherche une sensation de glissement ou un "ressaut" caractéristique qui indiquerait que la tête fémorale peut sortir de sa cavité naturelle. Cette manœuvre teste donc si une hanche en place peut être luxée.
À l'inverse, la manœuvre d'Ortolani consiste à réduire une hanche potentiellement luxée par un mouvement d'abduction, de rotation externe et de traction légère. Un "claquement" palpable et parfois audible signale la réintégration de la tête fémorale dans l'acétabulum. Cette sensation tactile constitue le signe pathognomonique de l'instabilité de hanche.
Fiabilité et limites du dépistage clinique
Ces manœuvres en elles-mêmes ne permettent pas toujours d'identifier la malformation. L'examen qui assure un diagnostic fiable est l'échographie des hanches, qui donne une image profonde même des dysplasies les plus légères qui, en général, ne nécessitent pas de traitement.
La sensibilité de ces tests varie considérablement selon les études, allant de 7,7% à 97% selon les publications médicales récentes. Cette disparité s'explique notamment par la formation des examinateurs, les conditions d'examen et l'âge du nouveau-né au moment du test. La spécificité, qui correspond à l'obtention de résultats négatifs chez les enfants sans dysplasie, demeure généralement élevée.
Il est important de noter que l'instabilité détectée par ces manœuvres peut disparaître naturellement dans les premiers jours ou semaines de vie. Cette évolution ne doit pas rassurer faussement les parents, car certaines dysplasies peuvent ne se révéler qu'ultérieurement par d'autres signes cliniques comme une limitation de l'abduction de hanche.
En France, on effectue systématiquement une radiographie à 4 mois et, en cas de doutes ou d'antécédents familiaux, le pédiatre prescrit alors une échographie.
Facteurs de risque et surveillance renforcée
Les nouveau-nés qui ont des antécédents familiaux avec ce genre de problèmes sont ceux qui présentent le plus de risques. Ainsi, si dans votre famille il existe des cas de dysplasie de la hanche, il faudra contrôler plus attentivement le bébé et ce, dès sa naissance.
Plusieurs facteurs augmentent le risque de dysplasie développementale de la hanche. Le sexe féminin constitue le principal facteur de risque, les filles étant 4 à 6 fois plus touchées que les garçons. La présentation par le siège pendant la grossesse, les grossesses multiples et l'oligoamnios (diminution du liquide amniotique) favorisent également cette anomalie.
Les traditions d'emmaillotage en adduction et extension des hanches, pratiquées dans certaines cultures, peuvent prédisposer à la dysplasie en limitant les mouvements naturels de l'articulation. À l'inverse, le portage physiologique du bébé en position grenouille favorise le bon développement des hanches.
D'autres éléments du syndrome postural peuvent accompagner la dysplasie : torticolis congénital, genu recurvatum ou déformations posturales des pieds. Ces signes associés renforcent la suspicion diagnostique et orientent vers une surveillance plus étroite.
Vos questions fréquentes concernant les manœuvres de Ortolani et Barlow
1. Les manœuvres de Ortolani et Barlow sont-elles douloureuses pour mon bébé ?
Non, ces manœuvres sont réalisées avec délicatesse et ne causent aucune douleur au nouveau-né. Les mouvements sont doux et contrôlés, effectués par des professionnels formés spécifiquement à ces techniques.
2. À quel moment ces examens sont-ils pratiqués ?
Ces manœuvres font partie de l'examen systématique du nouveau-né pratiqué dans les premières 72 heures de vie, puis lors des consultations de suivi pédiatrique des premiers mois. Elles sont renouvelées à chaque examen médical jusqu'à l'âge de la marche.
3. Que se passe-t-il si les manœuvres révèlent une anomalie ?
Si une instabilité est détectée, le médecin prescrira des examens complémentaires comme une échographie de hanche. Selon les résultats, un traitement précoce pourra être mis en place, souvent avec un harnais de Pavlik qui maintient les hanches en position favorable.
4. Mon bébé peut-il développer une dysplasie même si les manœuvres étaient normales ?
Oui, c'est possible. Ces tests ne détectent pas tous les cas de dysplasie, notamment les formes légères ou celles qui se développent secondairement. C'est pourquoi le suivi pédiatrique régulier avec les examens médicaux de la première année reste essentiel.
5. Les antécédents familiaux influencent-ils la surveillance ?
Absolument. En présence d'antécédents familiaux de dysplasie de hanche, votre pédiatre pourra proposer une surveillance échographique plus précoce et plus fréquente, même si les manœuvres cliniques sont normales.
Conclusion
Les manœuvres de Ortolani et Barlow constituent un outil de dépistage incontournable dans l'arsenal médical périnatal. Bien que leur sensibilité puisse varier, ces examens cliniques restent la première étape essentielle pour identifier les nouveau-nés à risque de dysplasie développementale de la hanche.
La formation continue des professionnels de santé et l'amélioration des techniques d'examen permettent d'optimiser l'efficacité de ce dépistage. Couplées à l'analyse des facteurs de risque et aux examens d'imagerie complémentaires quand nécessaire, ces manœuvres contribuent significativement à la prévention des complications orthopédiques à long terme.


