Cette pathologie de la hanche est observée suite à la naissance d’un bébé et suscite la crainte chez les parents. Une dysplasie congénitale est un cas d’urgence qu’il faut détecter à l’accouchement, ou au pire, pendant les visites pédiatriques. Nous vous donnons toutes les informations utiles sur le sujet.
Qu'est-ce que la dysplasie de la hanche ?
La hanche est un ensemble de plusieurs articulations. Les os du bassin, les os du pubis, les têtes des os de la cuisse, toutes ces structures sont reliées entre elles par des tendons solides. La hanche peut donc subir une luxation au niveau de chacune de ces articulations. Les jointures perdent leurs positions naturelles, soit au cours de la grossesse, soit au moment de l'accouchement. Cette pathologie nécessite un traitement particulier au cours des premiers mois de vie. En effet, son aggravation va rendre les mouvements et la marche impossibles.
La dysplasie développementale de la hanche, également appelée luxation congénitale de la hanche (LCH), est une malformation congénitale qui résulte d'un problème de développement de l'articulation de la hanche pendant la période fœtale. Cette anomalie se caractérise par un mauvais emboîtement de la tête du fémur dans la cavité articulaire du bassin (acétabulum). L'articulation de la hanche ne s'est pas développée correctement, créant une cavité trop peu profonde qui permet à la tête fémorale de glisser partiellement ou complètement hors de l'articulation.
Cette pathologie touche environ 3 à 6 bébés sur 1000 naissances, avec des variations importantes selon les populations et les régions géographiques. Les filles sont 6 à 8 fois plus touchées que les garçons, probablement en raison de l'influence des hormones maternelles pendant la grossesse qui rendent les ligaments plus lâches chez les fœtus féminins.

Les niveaux de gravité d'une dysplasie de la hanche
La pathologie est bénigne quand la partie supérieure du fémur se déplace de la cavité du bassin. Quand l'os sort complètement de la cavité, la dysplasie est plus grave. Cette anomalie est détectée par le spécialiste en néonatologie en palpant la hanche du nouveau-né. Il pratique alors ce qu'on appelle la « manœuvre d'Ortolani et Barlow ».
Les professionnels de santé distinguent plusieurs degrés de sévérité dans la dysplasie de la hanche. La dysplasie légère correspond à une instabilité de la hanche avec un acétabulum peu profond, mais la tête fémorale reste en place. Dans ce cas, l'articulation est simplement plus mobile que la normale. La subluxation représente un degré intermédiaire où la tête fémorale se déplace partiellement hors de l'acétabulum mais y reste encore partiellement logée.
La luxation complète constitue le stade le plus sévère, où la tête du fémur sort entièrement de la cavité articulaire. Cette forme nécessite un traitement plus intensif et un suivi prolongé. Plus la dysplasie est détectée tôt, plus les chances de correction complète sans séquelles sont importantes, d'où l'importance du dépistage systématique à la naissance.
Les causes et facteurs de risque de la dysplasie
Plusieurs facteurs augmentent le risque de développer une dysplasie de la hanche. Les antécédents familiaux jouent un rôle important : si l'un des parents ou un frère/sœur a présenté cette anomalie, le risque est multiplié par 6. La présentation par le siège pendant la grossesse constitue un facteur de risque majeur, car cette position maintient les hanches en flexion et limite leur mobilité pendant le développement fœtal.
Les grossesses multiples (jumeaux, triplés) augmentent également le risque en raison du manque d'espace dans l'utérus qui limite les mouvements du fœtus. Les premiers-nés présentent un risque plus élevé car l'utérus maternel est généralement plus petit et plus tendu, réduisant la liberté de mouvement du bébé. Le manque de liquide amniotique (oligohydramnios) peut aussi favoriser cette malformation.
D'autres facteurs incluent certaines anomalies neuromusculaires, les torticolis congénitaux et les déformations posturales des pieds, qui peuvent être associés à la dysplasie de la hanche. La culture et les pratiques de portage jouent également un rôle : les populations qui portent traditionnellement leurs bébés en position jambes écartées (comme dans certaines cultures africaines) présentent des taux beaucoup plus bas de dysplasie, tandis que l'emmaillotage serré des jambes peut favoriser cette anomalie.
Les conséquences d'une dysplasie non traitée
Cette anomalie doit être résolue dans les jours qui suivent la naissance. Si une dysplasie de la hanche n'est pas traitée suffisamment tôt, la hanche qui supporte alors le poids du corps lors de la position debout, va en pâtir. De plus, les premiers pas de l'enfant seront impossible. Plus graves encore, les lésions des os, les membres inférieurs qui deviennent asymétriques, tout cela peut entrainer des séquelles à vie. Une fois devenu adulte, l'enfant non soigné connaitra l'arthrose précoce de la hanche.
Les conséquences à long terme d'une dysplasie non diagnostiquée ou mal traitée sont multiples et progressives. Dans l'enfance, l'absence de traitement peut conduire à une boiterie permanente, visible dès que l'enfant commence à marcher. Cette boiterie s'explique par l'inégalité de longueur des membres inférieurs et l'instabilité de l'articulation de la hanche.
À l'adolescence et chez le jeune adulte, la dysplasie non traitée provoque des douleurs chroniques de la hanche, particulièrement lors d'activités physiques. L'articulation s'use prématurément car elle ne fonctionne pas de manière optimale. L'arthrose précoce, parfois dès la trentaine, constitue la complication la plus redoutable, pouvant nécessiter une prothèse totale de hanche à un âge où la personne devrait être en pleine activité.
Ces complications expliquent pourquoi le dépistage et le traitement précoces sont essentiels. Une dysplasie détectée et traitée dans les premiers mois de vie permet dans la grande majorité des cas une guérison complète sans séquelles, tandis qu'un diagnostic tardif complique considérablement la prise en charge et les résultats à long terme.
Comment traiter la dysplasie de la hanche ?
Au niveau de la hanche, le fémur constitue l'os le plus mobile. Le traitement consiste donc à maintenir la tête du fémur dans la cavité et de façon prolongée pour permettre un développement normal des os et ceux du bassin.
Une dysplasie bénigne de la hanche sera traitée à l'aide d'une prothèse souple qui permet à la fois le maintien de la tête fémorale et le mouvement des pieds de l'enfant. Pendant le traitement, les mamans sont encouragées à prendre leurs enfants à califourchon sur le côté. Des pratiques comme le fait d'endormir le bébé sur le dos sont aussi bénéfiques. Les pédiatres recommandent désormais le portage dorsal comme une méthode naturelle permettant d'améliorer la dysplasie légère de la hanche.
Quant à une malformation moyenne, elle sera soignée à l'aide de prothèses rigides. Pendant la thérapie, l'enfant ne pourra pas serrer ou étirer ses jambes. En effet, les cuisses sont maintenues en flexion avec une certaine ouverture.
En cas de dysplasie sévère de la hanche, l'immobilisation de la jambe et du bassin est indispensable, pendant au moins trois semaines. Dans tous les cas, l'avis d'un orthopédiste est toujours à prendre en compte, et la surveillance doit être faite jusqu'à la fin de la période de croissance du jeune enfant.
Le traitement de référence pour les nourrissons de moins de 6 mois est le harnais Pavlik, un système d'attelles souples qui maintient les hanches en position d'abduction (jambes écartées) tout en permettant certains mouvements. Ce harnais est porté en continu pendant plusieurs semaines, avec des contrôles échographiques réguliers pour vérifier l'évolution. Le taux de succès avec ce traitement dépasse 95% lorsqu'il est mis en place précocement.
Pour les cas plus complexes ou les échecs du harnais Pavlik, d'autres options existent : les attelles d'abduction rigides, la réduction fermée sous anesthésie suivie d'un plâtre pelvi-cruro-jambier, ou dans les cas les plus sévères, la réduction ouverte chirurgicale. Le choix du traitement dépend de l'âge de l'enfant, du degré de dysplasie et de la réponse aux traitements moins invasifs.
Vos questions fréquentes concernant la dysplasie de la hanche
Comment savoir si mon bébé a une dysplasie de la hanche ?
Le dépistage se fait systématiquement à la naissance par l'examen clinique du pédiatre. Les signes à surveiller incluent une asymétrie lors de l'écartement des jambes, un pli de l'aine plus marqué d'un côté, ou un bruit de "clic" lors de la manipulation des hanches. En cas de doute, une échographie confirmera le diagnostic.
Le harnais Pavlik est-il douloureux pour mon bébé ?
Non, le harnais Pavlik n'est pas douloureux. Les bébés s'y habituent généralement très rapidement. Il est important de suivre les instructions du médecin pour l'ajustement et l'entretien. Votre bébé pourra dormir, manger et jouer normalement avec le harnais.
Combien de temps dure le traitement de la dysplasie ?
La durée varie selon la gravité et l'âge de découverte. Pour une dysplasie légère traitée précocement, 6 à 12 semaines peuvent suffire. Les cas plus complexes nécessitent plusieurs mois de traitement, avec un suivi prolongé jusqu'à la fin de la croissance.
Mon enfant marchera-t-il normalement après le traitement ?
Oui, dans la grande majorité des cas, un traitement précoce et bien conduit permet une récupération complète. L'enfant pourra marcher, courir et pratiquer des activités sportives normalement. C'est pourquoi le dépistage et le traitement précoces sont si importants.
Y a-t-il des gestes à éviter pendant le traitement ?
Évitez l'emmaillotage serré des jambes et préférez des vêtements amples. Lors du change, manipulez délicatement les hanches. Respectez scrupuleusement les consignes du médecin concernant le port du harnais et ne le retirez jamais sans autorisation médicale.
Conclusion
La dysplasie de la hanche est une pathologie congénitale fréquente qui, détectée et traitée précocement, guérit dans la grande majorité des cas sans laisser de séquelles. Le dépistage systématique à la naissance et la surveillance attentive des premiers mois de vie permettent d'identifier rapidement cette anomalie. Les traitements actuels, principalement le harnais Pavlik pour les formes légères à modérées, sont efficaces et bien tolérés par les bébés. L'essentiel est de respecter scrupuleusement les recommandations médicales et de maintenir un suivi régulier jusqu'à la fin de la croissance. Grâce aux progrès de la médecine pédiatrique, les enfants traités pour une dysplasie de la hanche peuvent aujourd'hui espérer une vie normale sans limitation d'activité.


