Faut-il punir ou récompenser pour éduquer les enfants les plus jeunes ? Découvrez pourquoi les punitions risquent de renforcer les comportements négatifs et comment favoriser une discipline bienveillante, basée sur les conséquences et la reconnaissance des bons comportements.

 

Les parents réagissent souvent à la désobéissance et aux provocations de l'enfant par des reproches, des punitions, des menaces, des pactes, du chantage affectif et des fessées. Les résultats sont faibles, voire inexistants, et dans la plupart des cas, plus l'intervention de l'adulte est sévère, outre le résultat immédiat, moins le changement de comportement est important à long terme. Les relations se détériorent, l'enfant devient de plus en plus têtu, colérique, agressif et intraitable.

Les parents se sentent coupables et passent de punitions disproportionnées à des cadeaux excessifs. Jusqu'à l'âge de trois ans, l'enfant n'est pas en mesure de comprendre les raisons pour lesquelles il a commis une erreur et, par conséquent, les raisons d'une éventuelle punition : il n'a pas encore acquis la notion de temps, la notion d'espace et la relation de cause à effet. Ce n'est qu'après l'âge de quatre ans qu'il parvient à comprendre que les règles établies par les adultes ont un sens.

Il commencera donc à obéir non seulement pour faire plaisir aux adultes, de peur de déplaire à ses parents, mais aussi parce qu'il a appris à distinguer de manière autonome la différence entre ce qui est permis et ce qui est interdit. Jusqu'à cet âge, les interventions parentales doivent donc être aussi peu punitives que possible. Il faut plutôt essayer de prévenir les situations difficiles et expliquer à l'enfant, avec une douce fermeté, comment nous voulons qu'il se comporte.

Encourager plutôt que punir : la clé d’une discipline positive

Il existe deux façons principales de conditionner le comportement d'un enfant : punir et récompenser. 

Mais dès lors que les punitions ne servent qu'à augmenter l'obstination de l'enfant, les occasions de donner une récompense se raréfient, ou bien elles deviennent une forme de chantage pour l'enfant : "Si tu ne me donnes pas de bonbon, je ne prendrai pas de bain". En recourant aux punitions, on manque l'occasion d'éduquer l'enfant à l'autonomie.

En effet, les punitions imposent à l'enfant un comportement qui induit, en réaction, des refus obstinés, des caprices continuels et des provocations systématiques, afin de voir dans quelle mesure les adultes sont cohérents dans leur comportement.

"Les enfants ne doivent jamais être punis, mais encouragés", explique la psychologue italienne Anna Oliverio Ferraris. "Avec les enfants, les parents devraient avoir une approche similaire à celle adoptée par les coachs sportifs avec les athlètes."

Les enfants doivent être récompensés et félicités s'ils se comportent bien, et non l'inverse. Il s'agit de "retourner" la façon de traiter le problème. Au lieu de réfléchir à la manière de mettre fin aux comportements que vous n'approuvez pas, essayez d'encourager les comportements que vous trouvez acceptables, au lieu de punir, de réprimer et d'interdire, faites exactement le contraire : renforcez les bons comportements par des éloges et des récompenses.

Optez pour les conséquences, pas pour les punitions !

Plutôt que de punir, il s'agit de faire comprendre à l'enfant qu'un comportement négatif entraîne une série de conséquences négatives. Si, par exemple, Jean a frappé Stéphanie avec le râteau, il n'est pas nécessaire de lui dire : "Ce soir, tu ne regarderas pas les dessins animés". Le soir, lorsque vous éteindrez la télévision, il ne se souviendra plus de ce qui s'est passé dans le parc et considérera votre décision comme une violence non motivée.

Le ramener à la maison ou lui retirer le râteau sont au contraire deux moyens de lui faire comprendre que son comportement impulsif a une conséquence négative immédiate : ainsi, il ne peut pas jouer.

Afin de rendre la décision compréhensible et acceptable pour l'enfant, il est important d'expliquer les motivations, en soulignant les avantages d'un bon comportement :

"Maintenant, je te retire lerâteau parce que tu ne sais pas encore bien l'utiliser. »

« Quand tu auras appris, je te le rendrai et tu pourras jouer avec les autres enfants. »

Faites preuve de compréhension, en vous assurant qu'il comprenne que vous comprenez ce qu'il ressent.

« Je sais que tu es en colère et que tu aimerais taper Stéphanie, mais tu ne peux pas faire de mal aux autres. »

Des sanctions justes et efficaces pour mieux éduquer

Afin d'être compréhensible et d'atteindre le résultat souhaité, la sanction que vous avez décidé de prendre doit présenter certaines caractéristiques.

- Avertir l'enfant à l'avance des conséquences de ses actes : c'est la meilleure façon pour l'enfant de comprendre que la punition est une conséquence de son comportement, afin qu'il en prenne la responsabilité et n'essaie pas de se venger de la punition plus tard.

- Ne punissez pas l'enfant lorsque vous êtes en colère : vous risquez d'être trop dur ou d'adopter des punitions très sévères. À tête reposée, vous regretterez peut-être de l'avoir fait mais, en même temps, pour sauvegarder votre autorité, vous vous sentirez peut-être obligé de maintenir votre décision.

- La punition doit être la conséquence directe d'un mauvais comportement : si l'enfant a sali la maison avec de la pâte à modeler, vous pouvez lui interdire de l'utiliser à nouveau pendant une courte période, en posant des conditions s'il veut la réutiliser. Interdire à l'enfant de regarder la télévision ou d'aller chez ses grands-parents n'est pas utile, car l'enfant ne comprendrait pas la relation entre ces deux événements. 

- La punition doit être immédiate : si vous dites : "Ce soir, je ne te raconterai pas d'histoire", lorsqu'il s'endormira, il ne se souviendra plus de l'épisode et la punition lui semblera injuste et injustifiée. 

- La punition doit être proportionnelle au dommage : si l'enfant a sali le canapé avec de la pâte à modeler, il est excessif de lui interdire de l'utiliser pendant une semaine. Plus les enfants sont jeunes, moins ils perçoivent le temps : une heure peut sembler une éternité. 

- La limite de temps doit être très courte : deux minutes au coin suffisent à un enfant de 2-3 ans pour se calmer. Les punitions qui durent plus longtemps finissent par paraître sans rapport avec l'événement qui les a provoquées et apparaissent, aux yeux de l'enfant, comme non motivées et dictées uniquement par un désir de vengeance.

- La punition doit être adaptée au caractère de chaque enfant : la finalité de la sanction est éducative et doit être adaptée au caractère et aux objectifs à atteindre pour le développement psychologique et affectif de l'enfant. Un enfant impulsif et agité a plus de difficultés à se contrôler qu'un enfant timide ou réservé. Si vous ne voulez pas passer la journée à les maîtriser, certains comportements peuvent être pardonnés. Avec un enfant qui mord, les punitions seront différentes selon qu'il s'agit d'un épisode occasionnel ou fréquent.

Les meilleures punitions sont celles qui permettent de mettre l'accent sur les comportements positifs. Si l'enfant a frappé sa petite sœur, dites-lui d'aller la voir et de s'excuser.

La méthode du "hors jeu" : une pause bénéfique pour tous

À partir de 18 mois, l'enfant commence à comprendre un type de sanction appelé "temps d'arrêt" ou "mise à l'écart". Cela consiste à éloigner l'enfant après un comportement inacceptable et à le garder à l'écart pendant une courte période. Cette séparation temporaire, qui peut simplement se faire en le plaçant dans une autre pièce, peut aussi être bénéfique pour permettre aux parents de retrouver leur calme.

Afin que cette méthode du hors jeu ait un effet positif pour toute la famille, il est essentiel de respecter certains principes clés.

Pourquoi les châtiments corporels sont à éviter absolument

Bien que de nombreux parents admettent avoir eu recours à la punition physique à l'occasion, "les coups humilient, violent la dignité de l'enfant, démontrent notre propre défaite en tant qu'éducateur. Ils produisent des personnes blessées", écrit le psychologue Rudolf Dreikurs. Une recherche menée aux Etats-Unis sur un échantillon de 1500 enfants âgés de 2 à 4 ans a montré que les enfants régulièrement frappés avaient tendance à ne pas respecter les interdictions parentales. En revanche, ceux qui n'ont pas été exposés à des punitions physiques sont moins têtus et plus enclins à respecter les règles.

Il est très difficile pour l'enfant d'associer la punition corporelle à un mauvais comportement. En voici les raisons.

- La fessée ne convainc pas et impose la loi du plus fort. L'enfant pense qu'il doit faire ce qu'on lui dit, non pas parce que c'est la bonne chose à faire, mais parce que les parents sont plus grands et plus forts. S'il se sent offensé ou violé, il accumule des rancœurs qui restent souvent vivaces.

- Le recours à la force finit par paraître normal, une façon acceptable de résoudre les conflits. Si les parents le font aussi, pourquoi ne pourrait-il pas le faire avec ses camarades de classe ?

- Bien qu'occasionnelle, la fessée est toujours humiliante pour l'enfant, qui perd une grande partie du respect qu'il porte à ses parents. "Il m'oblige à le frapper", disent de nombreux parents. Et c'est vrai. L'enfant se venge inconsciemment en "forçant" l'adulte à utiliser la force, en le confrontant à sa propre impuissance et à son incapacité à résoudre une situation par la fermeté et non par la violence.

Il peut arriver qu'un jour une fessée vous échappe. Dans ce cas, il ne faut pas avoir peur de s'excuser auprès de l'enfant, mais admettre que vous êtes des "parents imparfaits". Parlez à l'enfant, expliquez-lui votre point de vue, vos difficultés, demandez-lui de vous aider à ne pas vous emporter parce que vous l'aimez.