Vous allaitez votre bébé tout en poursuivant la diversification alimentaire, mais vous venez de développer une réaction allergique. Cette situation peut soulever de nombreuses questions et inquiétudes. Faut-il interrompre l'allaitement le temps de trouver l'allergène responsable ? Votre bébé risque-t-il de développer la même allergie ? Rassurez-vous, l'allergie maternelle n'est pas une raison systématique d'arrêter l'allaitement. Un pédiatre vous apporte des réponses claires et rassurantes pour vous aider à prendre les meilleures décisions pour vous et votre enfant.
La question de maman
J'ai un bébé de neuf mois que j'allaite en plus de la diversification alimentaire. J'ai eu une éruption d'allergie, mais il faut encore déterminer quel est l'aliment qui me provoque cette allergie.
Dois-je arrêter de donner le sein à mon fils pendant l'éruption d'allergie ? Si je l'allaite, est-ce que mon bébé peut également devenir allergique ?
La réponse du pédiatre
Non, vous n'avez pas besoin d'arrêter l'allaitement maternel. Le fait que la mère souffre d'un problème allergique n'entre pas parmi les rares contre-indications à l'allaitement maternel ou les indications en faveur de sa suppression temporaire.
Bien sûr, il est important de trouver le facteur déclencheur de votre « éruption ». Vous ne précisez pas si elle se manifeste sur la peau, les voies respiratoires, etc. Dans le cas où vous avez besoin de prendre un médicament antihistaminique (anti-allergique), il faut vérifier dans la fiche technique du médicament son utilisation pendant l'allaitement, car certains s'éliminent par le lait dans une proportion qui peut être nocive pour le bébé. Dans ces cas, il est recommandé de supprimer temporairement l'allaitement maternel si l'administration du médicament est obligatoire.
L'allaitement maternel et les allergies : ce qu'il faut savoir
Contrairement à une idée reçue, l'allergie maternelle ne se transmet pas directement au bébé par le lait maternel. En réalité, l'allaitement maternel joue même un rôle protecteur contre les allergies. Les anticorps présents dans le lait maternel aident à renforcer le système immunitaire du nourrisson et peuvent réduire le risque de développer des allergies alimentaires, de l'eczéma atopique ou de l'asthme.
Lorsqu'une mère fait une réaction allergique à un aliment, cela signifie que son propre système immunitaire réagit de manière excessive. Cette réaction reste dans son organisme et n'influence pas directement la sensibilité allergique de son enfant. Le patrimoine génétique joue certes un rôle dans les prédispositions allergiques, mais le fait d'allaiter pendant une crise allergique ne déclenche pas d'allergie chez le bébé.
Il existe toutefois une situation particulière : si vous consommez un aliment auquel vous êtes allergique, de minuscules traces de protéines allergènes peuvent passer dans le lait maternel. C'est pourquoi il est important d'identifier rapidement l'aliment responsable de votre réaction pour l'éviter complètement. Une consultation avec un allergologue permettra d'effectuer les tests nécessaires et d'établir un diagnostic précis.
Les médicaments antihistaminiques pendant l'allaitement
Si votre réaction allergique nécessite un traitement, tous les antihistaminiques ne sont pas compatibles avec l'allaitement. Les antihistaminiques de deuxième génération comme la cétirizine (Zyrtec), la loratadine (Clarityne) ou la desloratadine (Aerius) sont généralement considérés comme sûrs car ils passent en très faible quantité dans le lait maternel.
En revanche, certains antihistaminiques de première génération peuvent avoir des effets sédatifs plus marqués et passer davantage dans le lait. Ils peuvent provoquer chez le bébé :
- Une somnolence excessive qui peut affecter les tétées
- Une irritabilité ou au contraire une agitation paradoxale
- Des difficultés à s'alimenter correctement
C'est pourquoi il est essentiel de consulter votre médecin ou votre pharmacien avant de prendre tout médicament anti-allergique. Ils pourront vous prescrire une molécule compatible avec l'allaitement et adapter la posologie pour minimiser les risques pour votre bébé. Dans certains cas très spécifiques où un traitement incompatible serait absolument nécessaire, une interruption temporaire de l'allaitement pourrait être envisagée, mais cela reste exceptionnel.
Comment gérer votre allergie tout en continuant l'allaitement
Voici quelques conseils pratiques pour gérer au mieux cette situation :
- Tenez un journal alimentaire détaillé pour identifier l'aliment déclencheur de vos réactions allergiques
- Consultez rapidement un allergologue pour effectuer des tests cutanés ou sanguins
- Évitez complètement l'aliment suspect une fois identifié
- Lisez attentivement les étiquettes des produits alimentaires pour repérer les allergènes cachés
- Surveillez votre bébé pour détecter d'éventuels signes d'inconfort (érythème fessier inhabituel, régurgitations accrues, irritabilité)
- Maintenez une alimentation variée et équilibrée pour assurer la qualité de votre lait maternel
N'oubliez pas que votre bien-être est essentiel pour poursuivre sereinement l'allaitement. Une mère qui souffre d'inconfort important aura plus de difficultés à maintenir une lactation de qualité. Prenez soin de vous tout en continuant à nourrir votre bébé.
Si vous vous posez des questions sur l'alimentation de votre bébé de 9 mois, découvrez notre guide complet sur la diversification alimentaire à 9 mois.
Vos questions fréquentes concernant l'allergie pendant l'allaitement
1. Mon bébé peut-il hériter de mes allergies alimentaires ?
Il existe effectivement une prédisposition génétique aux allergies. Si vous ou le père êtes allergiques, votre enfant a un risque légèrement plus élevé de développer des allergies, mais pas nécessairement aux mêmes aliments. L'allaitement maternel prolongé contribue d'ailleurs à réduire ce risque.
2. Dois-je éviter certains aliments pendant l'allaitement si je suis allergique ?
Vous devez uniquement éviter les aliments auxquels vous êtes personnellement allergique. Il n'est pas nécessaire d'exclure préventivement d'autres allergènes courants de votre alimentation, sauf avis médical contraire ou si votre bébé présente lui-même des signes d'allergie.
3. Combien de temps faut-il pour qu'un aliment soit éliminé de mon lait maternel ?
Les protéines alimentaires peuvent être détectées dans le lait maternel entre 2 et 6 heures après leur consommation et peuvent persister jusqu'à 24 heures. Si vous identifiez un aliment problématique, il faut généralement l'éviter pendant 2 à 3 semaines pour qu'il soit complètement éliminé de votre système.
4. Puis-je prendre des antihistaminiques naturels pendant l'allaitement ?
Certains remèdes naturels comme la vitamine C ou la quercétine sont parfois évoqués, mais leur efficacité est limitée et leur innocuité pendant l'allaitement n'est pas toujours établie. Privilégiez toujours l'avis d'un professionnel de santé avant toute automédication, même naturelle.
5. L'allergie maternelle peut-elle affecter la qualité du lait maternel ?
Non, votre allergie alimentaire n'affecte pas la composition nutritionnelle de votre lait maternel. Celui-ci reste le meilleur aliment pour votre bébé. Veillez simplement à maintenir une alimentation équilibrée malgré les restrictions alimentaires liées à votre allergie.
Conclusion
Souffrir d'une allergie alimentaire ne doit pas vous priver de l'expérience enrichissante de l'allaitement maternel. Dans la grande majorité des cas, vous pouvez continuer à allaiter en toute sécurité tout en gérant votre allergie. L'essentiel est d'identifier rapidement l'aliment responsable, de consulter un professionnel de santé pour un traitement adapté, et de choisir des antihistaminiques compatibles avec l'allaitement si nécessaire.
Votre lait maternel continue d'offrir à votre bébé de 9 mois une protection immunitaire précieuse, même lorsque vous traversez un épisode allergique. N'hésitez pas à solliciter l'accompagnement de votre médecin, d'une consultante en lactation ou d'un allergologue pour vous aider à concilier sereinement allaitement et gestion de votre allergie. Votre santé et celle de votre bébé peuvent parfaitement coexister avec les bonnes informations et le soutien approprié.
