De nombreux parents s’inquiètent lorsqu’ils observent une courbure dans les jambes de leur enfant. Les jambes arquées, ou genu varum, sont un phénomène assez fréquent chez les tout-petits. Mais à partir de quand faut-il consulter ? Est-ce normal ou cela nécessite-t-il un suivi médical ? Cet article vous aide à comprendre les différentes phases de développement des jambes chez l’enfant et les signes à surveiller.
Question de maman :
J'ai un enfant de 27 mois et depuis quelque mois, je me suis rendue compte qu’il avait les jambes arquées, autrement dit, jusqu’aux genoux tout est normal mais à partir de là, ses jambes vont vers l’extérieur et quand on touche les genoux, les chevilles sont assez séparées.
Son père a des appareils dans les jambes pour le même problème depuis qu’il a 7 ou 8 ans. Dois-je emmener mon enfant chez le pédiatre pour qu’il l’ausculte dès que possible ou vaut-il mieux attendre ?
Réponse du pédiatre :
Les étapes habituelles par lesquelles passe l'alignement des membres inférieurs chez les enfants sont comme suit. Le membre présente tout d'abord un varus, avec les jambes en parenthèses, avec les chevilles ensemble et les genoux séparés. Cette étape dure jusqu'à l’âge de deux ans pour ceux qui changent, entrant dans la phase valgoïde, avec les genoux ensemble et les chevilles séparées (jambes en Y). Le bon alignement des membres s’acquiert entre l’âge de 8 et 10 ans.
Le plus probable est que votre enfant soit d'une manière physiologique dans la deuxième phase (valgoïde), tout à fait normal. Cependant, si les médecins considèrent que la séparation entre les chevilles est exagérée, une radiographie debout, couvrant le fémur et le tibia, permettra de mesurer exactement l'angle du valgus et ainsi d’être sûr qu’il se situe dans la normale. Aujourd'hui, très peu d'appareils sont utilisés, étant donné que l'évolution va généralement vers la normalité. Inquiétez-vous seulement si le valgus des genoux est exagéré ou si c'est uniquement un côté (un genou) qui s'écarte.
Pourquoi certains enfants ont-ils les jambes arquées ?
Chez les enfants de moins de 2 ans, les jambes arquées (genoux écartés, chevilles rapprochées) sont généralement physiologiques. Cela signifie qu’il s’agit d’un phénomène naturel lié au développement osseux. Cette courbure résulte de la position fœtale et de la croissance rapide des membres inférieurs après la naissance.
En général, ce genu varum se corrige naturellement lorsque l’enfant commence à marcher, puis entre dans une phase inverse appelée genu valgum (jambes en X) vers l’âge de 3 à 5 ans. L’alignement normal des jambes se stabilise progressivement jusqu’à l’âge de 8 à 10 ans.
Dans la majorité des cas, aucune intervention médicale n’est nécessaire. Toutefois, certaines formes pathologiques peuvent persister ou s’aggraver, nécessitant un suivi pédiatrique ou orthopédique.

Reconnaître les signes d’une anomalie
Il est important de savoir distinguer une courbure physiologique d’un problème nécessitant une attention particulière. Voici quelques signes qui peuvent alerter :
- Un seul genou ou une seule jambe est concerné(e)
- La courbure s’aggrave après 2 ans
- L’écart entre les chevilles dépasse 5 à 6 cm lorsque les genoux sont joints
- La marche est anormale, asymétrique ou douloureuse
- Des antécédents familiaux d’anomalies osseuses
Dans ces cas, une consultation chez le pédiatre ou un orthopédiste est recommandée. Une radiographie debout des membres inférieurs permettra de mesurer précisément l’angle du valgus ou du varus et de déterminer si une intervention est nécessaire.
Quel suivi médical prévoir pour un enfant aux jambes arquées ?
Le pédiatre évaluera l’évolution de la courbure au fil du temps. Si elle reste dans les normes physiologiques, aucun traitement ne sera prescrit. Une simple surveillance annuelle peut suffire. En revanche, si l’angle est trop important ou s’il y a une asymétrie, des examens complémentaires seront demandés (radiographies, analyses biologiques si carence en vitamine D suspectée).
Dans les rares cas où la déviation persiste ou s’aggrave au-delà de 7-8 ans, un traitement orthopédique pourra être envisagé : semelles, attelles nocturnes ou, dans des cas extrêmes, une chirurgie correctrice. Cependant, ces interventions restent exceptionnelles.
Le rôle des parents est de rester attentifs aux signes d’évolution et de ne pas hésiter à poser des questions lors des visites pédiatriques.
Quels facteurs peuvent aggraver les jambes arquées ?
Plusieurs éléments peuvent influencer l’intensité ou la persistance d’un genou varum :
- La précocité de la marche : les enfants qui marchent très tôt peuvent présenter une courbure plus marquée
- Le surpoids : il accentue la pression sur les jambes en développement
- Une carence en vitamine D ou en calcium
- Des pathologies osseuses rares comme le rachitisme ou la maladie de Blount
Il est donc conseillé d’assurer une alimentation équilibrée, riche en calcium et vitamine D, et de respecter le rythme de développement de l’enfant sans le forcer à marcher trop tôt.
Vos questions fréquentes concernant les jambes arquées chez l’enfant
1. Est-il normal que mon enfant ait les jambes arquées à 2 ans ?
Oui, il est tout à fait fréquent qu’un enfant de deux ans présente encore une certaine courbure des jambes. Ce genu varum est une étape normale du développement osseux et s’explique par la position adoptée dans l’utérus ainsi que par la croissance rapide des membres dans les premières années de vie. Dans la grande majorité des cas, cette courbure diminue progressivement dès que l’enfant marche et se redresse naturellement au cours des années suivantes. Vers trois à cinq ans, la morphologie évolue même vers l’inverse, avec les genoux qui se rapprochent et les chevilles légèrement écartées, ce que l’on appelle le genu valgum. Ce cycle de corrections naturelles se poursuit jusqu’à environ huit à dix ans, âge auquel l’alignement définitif se stabilise.
2. Quand faut-il s’inquiéter des jambes arquées ?
Même si les jambes arquées sont souvent bénignes, certains signes doivent inciter à consulter. On s’alarme surtout si la courbure continue de s’aggraver après deux ans, si elle ne concerne qu’un seul côté du corps, si l’écart entre les chevilles est très marqué lorsque les genoux se touchent, ou encore si l’enfant présente une boiterie, des douleurs ou une démarche asymétrique. Dans ces situations, un avis médical permet de distinguer un simple phénomène physiologique d’un trouble osseux nécessitant une prise en charge. Le médecin pourra alors décider d’effectuer des examens complémentaires pour mesurer précisément l’angle de la déviation et vérifier qu’il se situe dans les normes attendues.
3. Faut-il faire une radiographie ?
Une radiographie n’est pas toujours nécessaire. Elle est surtout indiquée lorsqu’il existe une suspicion de courbure excessive, une asymétrie entre les deux jambes ou un doute sur l’origine du problème. Réalisée en position debout, elle permet de mesurer avec précision l’angle entre le fémur et le tibia et de déterminer si l’enfant se situe dans la zone physiologique ou non. Dans la plupart des cas, un simple suivi clinique suffit sans avoir recours à l’imagerie, mais si l’on suspecte une pathologie sous-jacente comme une carence en vitamine D ou une maladie osseuse, la radiographie peut être accompagnée d’analyses complémentaires.
4. Les jambes arquées peuvent-elles se corriger naturellement ?
Oui, et c’est même l’évolution la plus fréquente. Avec la croissance, les jambes passent par différentes phases d’alignement qui s’équilibrent d’elles-mêmes. Le genu varum initial laisse place au genu valgum puis à l’alignement définitif vers l’âge scolaire. Les enfants qui ne présentent pas de douleur ni de gêne fonctionnelle voient généralement leurs jambes se redresser sans traitement particulier. Les parents doivent donc surtout être patients et attentifs, tout en restant en contact avec leur pédiatre pour vérifier que l’évolution suit le cours attendu.
5. Y a-t-il un lien génétique avec les jambes arquées ?
Il existe en effet une composante familiale dans certaines formes de jambes arquées. Si l’un des parents a connu une déviation persistante des membres inférieurs nécessitant un traitement, il est possible que l’enfant soit plus exposé à une évolution similaire. Cela ne signifie pas que la déviation sera systématiquement problématique, mais une surveillance renforcée peut être proposée par le pédiatre. Ce suivi consiste surtout à vérifier que la courbure régresse avec la croissance et qu’aucune asymétrie ou complication ne se développe. Dans la majorité des cas, même en présence d’un antécédent familial, l’évolution se fait naturellement vers la normalité.
Conclusion
Les jambes arquées chez l’enfant sont le plus souvent bénignes et transitoires. Ce phénomène physiologique fait partie des différentes phases du développement musculo-squelettique. Toutefois, certains signes doivent vous alerter : asymétrie, aggravation ou gêne à la marche. Dans ces cas, une évaluation pédiatrique est indispensable. En l’absence d’anomalie, il suffit d’observer l’évolution et de rassurer l’enfant… et les parents !


