Votre enfant a commencé à marcher mais refuse désormais de lâcher votre main ? Cette situation, plus fréquente qu'on ne le pense, inquiète de nombreux parents. Pourtant, cette phase fait partie du développement normal de certains tout-petits et peut avoir plusieurs explications. Découvrons ensemble comment comprendre et accompagner votre enfant dans cette étape.
📩 La question d'une maman
Ma fille de 16 mois a très peur quand elle marche seule. Elle a commencé à marcher à 13 mois, mais très vite elle n'a plus voulu marcher seule.
Elle n'a pas fait de chutes graves, elle est juste tombée normalement, comme tous les enfants lorsqu'ils commencent à marcher, mais c'est que ça fait déjà trois mois qu'elle ne veut plus nous lâcher, elle doit se tenir à quelque chose, que ce soit à un doigt ou à des meubles. Et elle a de plus en plus peur.
On m'a recommandé de lui mettre un crayon dans la main, pour qu'elle se tienne à quelque chose, mais ça n'a pas aidé: quand elle voit qu'elle est seule, elle se met par terre, s'assoie et commence à marcher à quatre pattes, car elle se déplace comme cela. Y a t-il des conseils que vous pouvez me donner? Car c'est très fatigant de devoir toujours la tenir par la main vu qu'elle veut tout le temps marcher et pas aller dans la poussette.
Comprendre le développement moteur de l'enfant
L'apprentissage de la marche est un processus complexe qui ne suit pas toujours une progression linéaire. Entre 12 et 18 mois, la plupart des enfants font leurs premiers pas, mais certains peuvent continuer jusqu'à 20 mois, voire plus, sans que cela soit inquiétant. Le développement moteur de votre enfant dépend de sa maturité neurologique et musculaire, qui évolue à son propre rythme.
Il est important de comprendre que chaque enfant possède un mode de déplacement qui lui convient. Si votre petit maîtrise parfaitement le quatre-pattes, il peut tout simplement considérer cette méthode comme plus efficace et rassurante que la marche debout. Cette préférence pour un mode de déplacement connu est tout à fait normale et ne doit pas vous alarmer.
De plus, la confiance en soi joue un rôle déterminant dans l'acquisition de la marche autonome. Certains enfants ont besoin de plus de temps pour développer leur assurance avant de se lancer seuls. Les petites chutes, même anodines, peuvent créer une certaine appréhension chez les tout-petits plus sensibles.

Les raisons d'un retour au quatre-pattes
Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi un enfant qui marchait refuse soudainement de le faire sans soutien. Tout d'abord, le sentiment de sécurité est primordial. Votre fille a peut-être associé la marche autonome à un risque de chute, même si celles-ci étaient bénignes.
Ensuite, l'efficacité du déplacement entre en jeu. Le quatre-pattes est souvent plus rapide et stable pour un enfant qui le maîtrise bien. Pourquoi abandonner une technique éprouvée pour une méthode encore hésitante ? C'est une réflexion tout à fait logique pour un tout-petit.
Enfin, certains enfants développent une véritable appréhension psychologique. La peur de tomber peut devenir un frein important, créant un cercle vicieux : moins l'enfant pratique la marche, plus il perd confiance, et plus la peur s'installe.
Les erreurs à éviter absolument
Face à cette situation, certaines solutions bien intentionnées peuvent s'avérer contre-productives. L'astuce du crayon dans la main, par exemple, n'est pas recommandée par les spécialistes. En cas de chute, l'objet peut causer des blessures graves, notamment au visage ou dans la bouche. Les risques l'emportent largement sur les bénéfices potentiels.
Il faut également éviter de forcer l'enfant à marcher seul ou de manifester de l'impatience. La pression parentale peut renforcer l'anxiété de l'enfant et retarder davantage l'acquisition de la marche autonome. Votre enfant ressent vos émotions et votre stress peut devenir le sien.
De même, ne comparez pas votre enfant aux autres. Chacun progresse à son rythme, et les étapes du développement s'inscrivent dans des tranches d'âges larges. Ce qui compte, c'est l'évolution globale de votre enfant, pas sa performance par rapport aux autres.
💚 La réponse du Pédiatre
Je n'ai aucun conseil spécial autre que vous rappeler que la réalisation des différentes étapes du développement ne s'atteint pas à un âge concret, mais dans des tranches d'âges assez larges.
Je vous rappelle également que l'on n'apprend pas à marcher aux enfants : c'est leur maturité qui les fait se maintenir debout et enchaîner les pas. Il est aussi important de savoir qu'un enfant qui a un système pratique de déplacement (se déplacer à quatre pattes) peut voir moins d'intérêt pour le faire autrement.
Enfin, notez que cela fait plus peur que votre enfant « marche » avec un crayon à la main car, si elle chute, ou tout simplement si elle s'assoie d'un coup par terre, cela pourrait causer des lésions graves si elle se l'enfonce dans l'œil ou dans la bouche.
Comment encourager la marche en douceur
Plutôt que de forcer votre enfant, privilégiez une approche progressive et rassurante. Commencez par créer un environnement sécurisé où votre fille peut s'entraîner sans risque : tapis moelleux, coins protégés, espace dégagé. Cette sécurisation matérielle contribuera à diminuer sa peur.
Proposez des jeux qui encouragent naturellement la marche. Par exemple, placez des jouets attractifs à quelques pas d'elle pour l'inciter à venir les chercher. Vous pouvez aussi vous positionner à courte distance et l'appeler en ouvrant les bras, créant ainsi une motivation affective forte.
Valorisez chaque petit progrès sans excès d'enthousiasme qui pourrait créer une pression. Un simple sourire ou un "bravo" suffit. L'encouragement positif renforce la confiance de l'enfant sans le stresser.
Si votre fille souhaite tenir votre main, adaptez votre position : tenez-la au niveau de ses épaules ou de son buste, jamais au-dessus de sa tête.
Vos questions fréquentes concernant le refus de marcher seul
1. À partir de quel âge faut-il s'inquiéter si mon enfant ne marche pas seul ?
La majorité des enfants marchent de manière autonome entre 12 et 18 mois. Si votre enfant ne montre aucun signe de progrès à 18 mois ou présente une régression dans ses acquisitions, il est recommandé de consulter votre pédiatre pour un bilan. Cependant, certains enfants attendent 20 mois ou plus sans que cela révèle un problème.
2. Mon enfant refuse de marcher seul mais court partout en me tenant la main, est-ce normal ?
Oui, c'est très fréquent. Cela montre que votre enfant possède les capacités physiques pour marcher, mais qu'il manque encore de confiance pour le faire sans soutien. Ce décalage entre capacité et confiance se résorbera naturellement avec le temps et l'encouragement.
3. Combien de temps peut durer cette phase de refus de marcher seul ?
La durée varie considérablement d'un enfant à l'autre. Certains reprennent confiance en quelques semaines, d'autres peuvent avoir besoin de plusieurs mois. L'important est de rester patient et de ne pas mettre de pression sur votre enfant.
4. Les trotteurs peuvent-ils aider mon enfant à retrouver confiance ?
Les trotteurs (youpalas) sont déconseillés par les professionnels de santé. Ils ne favorisent pas un bon apprentissage de l'équilibre et peuvent même retarder la marche autonome. Privilégiez plutôt des pousseurs adaptés avec freins réglables, que l'enfant peut utiliser une fois qu'il fait déjà quelques pas sans appui.
5. Dois-je limiter le quatre-pattes pour obliger mon enfant à marcher ?
Non, absolument pas. Le quatre-pattes reste un mode de déplacement valide et efficace. Empêcher votre enfant de l'utiliser ne fera qu'augmenter sa frustration et son anxiété. Laissez-le choisir son mode de déplacement tout en continuant d'encourager doucement la marche.
6. Quand faut-il consulter un professionnel ?
Consultez si votre enfant ne montre aucun progrès après 18 mois, s'il perd des compétences acquises, s'il présente un retard global dans son développement (langage, motricité fine, interactions sociales) ou si votre inquiétude devient trop importante. Un bilan avec un pédiatre, psychomotricien ou kinésithérapeute peut vous rassurer et proposer des solutions adaptées.
Conclusion
Le refus de marcher seul après avoir déjà fait ses premiers pas est une situation temporaire qui concerne de nombreux enfants. La patience et la confiance sont vos meilleurs alliés pour accompagner votre fille dans cette étape. Rappelez-vous que son développement moteur suit son propre calendrier et que forcer les choses serait contre-productif.


