Depuis que votre petit de 18 mois a commencé la crèche, la vie à la maison est devenue un véritable défi. Les pleurs incessants, les refus de manger, les nuits agitées... Cette situation que vous vivez est plus fréquente qu'on ne le pense et vous n'êtes certainement pas seule à traverser cette épreuve.
La question d'une maman désemparée
J'ai un enfant de 18 mois qui a récemment commencé à aller à la crèche et depuis c'est l'enfer.
Il a déjà passé la période d'adaptation et ne pleure que quand je le laisse et que je vais le chercher à la crèche, mais maintenant il est insupportable à la maison, il pleure pour un rien, ne veut pas manger, se réveille plusieurs fois dans la nuit et, même si j'ai essayé d'avoir beaucoup de patience, je me rends compte que ça empire chaque jour au lieu de s'améliorer, et je ne sais plus comment agir et comment savoir ce que je fais mal.
Je ne peux pas l'enlever de la crèche parce que je dois travailler. Je vous serais reconnaissante de me conseiller comment agir face à ses crises de colère, si je dois céder ou le laisser pleurer.

Comprendre la crise des 18 mois : une étape normale du développement
À 18 mois, votre enfant traverse une phase cruciale de son développement : celle de l'affirmation de soi. Cette période, souvent appelée "terrible two" même si elle commence parfois plus tôt, est marquée par une explosion d'émotions que votre petit ne sait pas encore gérer.
L'entrée à la crèche amplifie considérablement ces manifestations. Votre enfant fait face à un double défi : d'une part, il découvre qu'il est une personne à part entière avec ses propres désirs, et d'autre part, il doit accepter la séparation quotidienne avec vous. Cette situation crée chez lui une frustration intense qu'il exprime par des crises, car il ne possède pas encore le vocabulaire émotionnel pour mettre des mots sur ce qu'il ressent.
Les comportements que vous décrivez - pleurs fréquents, refus alimentaire, réveils nocturnes - sont des signes classiques d'une adaptation difficile à la crèche. Votre enfant n'est ni capricieux ni mal élevé : il traverse simplement une période où tout lui semble échapper à son contrôle.
La réponse du pédiatre : une approche ferme mais compréhensive
RÉPONSE DU PÉDIATRE
Entre 15 et 18 mois, beaucoup, beaucoup d'enfants débutent l'étape des crises de colère. Parfois parce qu'ils veulent quelque chose qu'ils ne devraient pas avoir, et d'autres, comme cela semble le cas, car ils ne s'adaptent pas à la crèche, ou au moins d'avoir à y aller et qu'on les laisse là. Si vous y réfléchissez bien, vous verrez que, dans les deux cas, on parle de la même chose: l'enfant veut quelque chose qu'on ne peut pas lui donner.
La façon d'agir, par conséquent, doit être la même, en évitant que les crises de votre enfant ne soient récompensées. Il n'y a aucune raison de l'empêcher de faire ses crises, mais, s'il le fait, même en privé et sans public, la simple présence de la mère, du père ou de n'importe quel membre de la famille, même s'ils ne lui prêtent aucune attention, est déjà une récompense pour lui.
Lorsque votre enfant commence à pleurer excessivement, vous devez l'emmener dans sa chambre, en lui expliquant (il comprend un peu) que maman n'aime pas qu'il pleure et crie de cette façon (en supposant que la chambre de l'enfant soit sans risque), et que s'il veut le faire, qu'il le fasse dans sa chambre, d'où il sortira quand ça lui sera passé. Fermez la porte et restez proche pour être prête à réagir. Au moment où votre enfant cesse de pleurer, entrez, comme si vous passiez par là, et dites lui «Ah, ça y est, tu as fini? Dans ce cas, tu peux sortir », sans autre commentaire.
Essayez d'éviter les phrases de compassion: «Mon pauvre, tu en as assez d'aller à la crèche», parce que, de cette façon, l'enfant saura qu'il mène le jeu et qu'il fera tout ce qu'il veut. Et ce n'est pas parce que c'est un mauvais petit garçon, c'est juste que votre enfant montre son refus de cette manière.
Gérer les crises au quotidien : stratégies concrètes
Au-delà de la technique proposée par le pédiatre, il existe plusieurs approches complémentaires pour apaiser ces moments difficiles :
Maintenez une routine stable et rassurante. Les enfants de cet âge ont besoin de repères fixes. Des horaires réguliers pour les repas, le bain et le coucher créent un cadre sécurisant qui compense l'instabilité qu'il ressent face à la séparation quotidienne.
Accordez-lui des moments de qualité en tête-à-tête. Même 15 à 20 minutes par jour de jeu exclusif avec vous, sans distraction (téléphone éteint), peuvent considérablement réduire les comportements difficiles. Votre enfant a besoin de se sentir important et de "remplir son réservoir affectif" après une journée loin de vous.
Verbalisez ses émotions à sa place. Dites-lui : "Je vois que tu es en colère parce que tu ne veux pas que maman parte" ou "Tu es fatigué et c'est difficile pour toi". Cette validation de ses sentiments l'aide progressivement à les identifier et à les gérer.
Restez calme et cohérente. Même si c'est éprouvant, votre posture d'adulte apaisé est le meilleur rempart contre l'escalade des crises. Plus vous restez sereine, plus rapidement votre enfant apprendra à se réguler lui-même.
Les troubles du sommeil : comprendre et agir
Les réveils nocturnes multiples que vous décrivez sont directement liés au stress de l'adaptation. Le sommeil de votre enfant est perturbé par l'anxiété de séparation qui le poursuit même dans ses rêves.
Pour améliorer les nuits de toute la famille, quelques ajustements s'imposent :
- Instaurez un rituel du coucher apaisant et immuable : bain tiède, histoire courte, câlin, même phrase pour dire bonne nuit. Cette routine signale au cerveau qu'il est temps de dormir.
- Évitez les activités stimulantes après 18h. Privilégiez les jeux calmes, la lecture, les câlins plutôt que les courses ou les écrans.
- Lors des réveils nocturnes, intervenez calmement mais brièvement. Rassurez-le d'une voix douce, replacez son doudou, mais évitez de le sortir du lit ou de prolonger l'interaction. Il doit comprendre que la nuit est faite pour dormir.
- Assurez-vous qu'il fait suffisamment de sieste à la crèche. Un enfant trop fatigué dort paradoxalement moins bien la nuit.
Quand la situation s'améliore-t-elle ?
La bonne nouvelle, c'est que cette phase difficile est temporaire. La plupart des enfants montrent des signes d'amélioration après 4 à 6 semaines d'adaptation complète. Cependant, ce délai varie considérablement d'un enfant à l'autre selon son tempérament, sa capacité d'adaptation et la qualité de l'accueil en crèche.
Surveillez ces signes positifs qui indiquent que la situation s'améliore : votre enfant pleure moins longtemps lors des séparations, il parle de la crèche ou de ses copains à la maison, il mange mieux, ses nuits deviennent plus paisibles, et surtout, il retrouve des moments de joie et de légèreté dans la journée.
Si après deux mois, aucune amélioration n'est visible ou si les comportements s'aggravent, n'hésitez pas à consulter votre pédiatre ou un psychologue spécialisé en petite enfance. Parfois, gérer les colères d'un jeune enfant nécessite un accompagnement professionnel, et ce n'est absolument pas un échec parental.
Vos questions fréquentes concernant l'adaptation difficile à la crèche
1. Est-ce que je fais une erreur en laissant mon enfant à la crèche alors qu'il pleure autant ?
Non, vous ne faites pas d'erreur. La reprise du travail et la socialisation précoce sont des réalités pour de nombreuses familles. Les pleurs lors de la séparation sont normaux et ne signifient pas que votre enfant est traumatisé. La plupart des enfants se calment rapidement après le départ des parents. Demandez au personnel de la crèche combien de temps durent les pleurs : vous serez probablement surprise d'apprendre qu'ils cessent souvent en quelques minutes.
2. Dois-je céder quand mon enfant fait une crise ou le laisser pleurer ?
Ni l'un ni l'autre de façon absolue. Il s'agit de trouver un équilibre : ne cédez pas à une demande déraisonnable motivée uniquement par la crise (acheter un jouet, manger uniquement des biscuits), mais accueillez l'émotion. Vous pouvez dire "Je vois que tu es très en colère, mais je ne peux pas te donner ça maintenant" tout en le laissant exprimer sa frustration dans un cadre sécurisé. L'ignorer complètement serait contre-productif, mais céder systématiquement aussi.
3. Comment savoir si mon enfant est simplement en période d'adaptation ou s'il y a un vrai problème à la crèche ?
Faites confiance à votre instinct, mais aussi aux observations factuelles. Un enfant qui se calme rapidement après votre départ, qui participe aux activités, qui mange et dort correctement à la crèche, même s'il pleure au moment des retrouvailles, est probablement en train de s'adapter. En revanche, si le personnel vous signale que votre enfant reste prostré, refuse toute interaction ou pleure pendant des heures, il est important d'investiguer davantage en discutant avec l'équipe et éventuellement en consultant un professionnel.
4. Les réveils nocturnes vont-ils s'arrêter spontanément ?
Dans la plupart des cas, oui, une fois que votre enfant sera sécurisé par rapport à la crèche. Le sommeil est un excellent indicateur du niveau de stress d'un enfant. À mesure qu'il intégrera que vous revenez toujours le chercher et que la crèche n'est pas un abandon, ses nuits redeviendront progressivement plus paisibles. Maintenez une routine de coucher stable et soyez patiente : le sommeil est souvent le dernier domaine à se régulariser.
5. Que faire si mon conjoint et moi ne sommes pas d'accord sur la manière de gérer les crises ?
La cohérence éducative entre les parents est fondamentale pour que l'enfant comprenne les limites. Discutez ensemble, en dehors des moments de crise, de votre approche commune. Si les désaccords persistent, n'hésitez pas à consulter un professionnel qui pourra vous aider à trouver une ligne directrice partagée. Un enfant de cet âge a besoin de règles claires et identiques, quel que soit le parent présent.
Conclusion : patience et persévérance sont vos alliées
Traverser cette période d'adaptation difficile demande une énergie considérable et une patience à toute épreuve. Vous vous sentez peut-être épuisée, coupable, voire désemparée face aux réactions de votre enfant. Ces sentiments sont légitimes et partagés par de nombreux parents.
Gardez à l'esprit que votre enfant ne fait pas exprès de vous rendre la vie difficile : il exprime simplement, avec les moyens dont il dispose, son besoin d'être rassuré et de comprendre ce nouveau monde qui s'ouvre à lui. Votre constance, votre amour et le cadre ferme mais sécurisant que vous lui offrez sont exactement ce dont il a besoin pour traverser cette tempête émotionnelle.
Les crises diminueront, les nuits redeviendront paisibles, et un jour prochain, vous vous réveillerez en réalisant que votre petit va à la crèche le sourire aux lèvres. D'ici là, prenez soin de vous aussi : un parent reposé et serein est le meilleur atout pour accompagner son enfant vers l'autonomie.


