Vous vivez le paradoxe bien connu de nombreux parents : votre enfant mange de tout à la crèche mais devient capricieux à la maison ? Cette situation frustrante touche de nombreuses familles et soulève des questions importantes sur l'alimentation des tout-petits.
La question de la maman
Question d'une maman :
Mon fils a 27 mois. Comme beaucoup d'enfants, il mange de tout à la crèche, tout seul et très bien. À la maison, il fait beaucoup de caprices. Sur ce point, mon mari et moi, nous sommes souvent en désaccord.
Mon enfant ne veut que des yaourts... et son père lui en donne, il dit qu'ils sont bons et, en plus, que si c'est ce que notre fils veut, il n'y a aucune raison de le priver de cela. Moi, cela ne me dérangerait pas qu'il mange seulement un ou deux yaourts par jour, mais il mange un yaourt à la grecque, deux petits suisses... et bien plus si vous l'écoutez. C'est à ce moment-là que je décide qu'il en a assez mangé. Je ne sais pas si je me trompe, mais je pense que ces yaourts ne sont pas la meilleure chose pour mon fils.
Pour aggraver les choses, j'ajouterai qu'à la maison il ne veut que des petits pots, quand je lui prépare à manger, il ne mange pas. Il est vrai qu'à la maison, il n'y a que moi qui aime manger à mes heures, mais il est difficile d'ajuster mes horaires à ceux de l'enfant. À la crèche, ils lui donnent à manger à 11h30 et il dort de 12h00 à 14h00... Moi, je fais à manger entre ces deux horaires et c'est compliqué car, en plus, j'ai une fille de deux mois et demi que j'allaite, donc ça complique tout. Pouvez-vous me conseiller ce que je dois faire ? Et, surtout, pouvez-vous me donner une explication pour savoir s'il est bon ou non de donner tant de yaourts par jour à un enfant? Je vous remercie.

Comprendre les caprices alimentaires à 27 mois
Les caprices alimentaires sont normaux chez les enfants de cet âge. Entre 18 mois et 3 ans, la plupart des enfants traversent une phase appelée néophobie alimentaire, qui se caractérise par une méfiance naturelle envers les nouveaux aliments. Cette période coïncide avec la phase du "non" et le besoin d'affirmation de soi de l'enfant.
À 27 mois, votre enfant développe son autonomie et teste les limites. L'alimentation devient souvent un terrain de négociation où il peut exercer un certain contrôle. C'est pourquoi il mange bien à la crèche (environnement structuré avec ses pairs) mais devient difficile à la maison (environnement familial où il peut s'affirmer).
Il est important de noter que cette sélectivité alimentaire touche particulièrement les légumes et les nouveaux aliments, tandis que les enfants montrent souvent une préférence pour les textures douces et les goûts sucrés, comme les yaourts.
Les produits laitiers dans l'alimentation de l'enfant : quelle quantité ?
La consommation excessive de yaourts soulève des questions légitimes. La quantité de lait recommandée par jour pour un enfant est d'un demi-litre, que ce soit sous forme liquide ou en dérivés laitiers. Un yaourt équivaut approximativement à 120 mL de lait.
Les produits laitiers sont essentiels pour la croissance car ils apportent du calcium, des protéines et de la vitamine D. Cependant, ils ne doivent pas remplacer mais compléter une alimentation variée. Si les yaourts deviennent l'aliment principal, cela peut créer des déséquilibres nutritionnels importants.
Une consommation excessive de produits laitiers peut également provoquer une sensation de satiété qui empêche l'enfant d'avoir faim pour d'autres aliments essentiels comme les légumes, les fruits ou les protéines variées. Il convient donc de limiter à 2-3 portions de produits laitiers par jour (lait, yaourt, fromage) pour maintenir un équilibre alimentaire optimal.
Pour découvrir d'autres conseils sur l'alimentation des tout-petits, consultez notre guide sur l'alimentation des bébés de 6 à 9 mois.
Petits pots versus cuisine maison : trouver l'équilibre
La préférence de l'enfant pour les petits pots industriels plutôt que pour les préparations maison est courante. Les petits pots ont des textures très lisses et des goûts standardisés qui rassurent les enfants en phase de néophobie alimentaire.
Les petits pots ne doivent pas devenir une solution permanente mais peuvent servir de transition. Ils sont pratiques lors de sorties ou de voyages, mais il est important de continuer à proposer des aliments préparés à la maison pour plusieurs raisons :
- Les préparations maison offrent plus de variété gustative
- Elles permettent à l'enfant de découvrir les vraies saveurs des aliments
- Elles sont généralement plus économiques
- Elles participent à l'éducation alimentaire de l'enfant
Pour faciliter la transition, vous pouvez mélanger progressivement de la cuisine maison avec les petits pots, en diminuant peu à peu la proportion de produits industriels.
La réponse du pédiatre
👨⚕️ Réponse du Pédiatre
La première étape est de vous mettre d'accord avec votre mari sur les actions à suivre avec votre enfant, pour la nourriture et le reste. Sinon, et si vous vous contredisez, votre enfant saura à qui s'adresser pour obtenir ce qu'il veut.
La quantité de lait recommandée par jour pour un enfant est d'un demi-litre, que ce soit sous forme liquide ou en un dérivé laitier, en tenant compte que le yaourt équivaut à du lait liquide en volume, c'est-à-dire à 120 mL de lait.
Il me semble que le problème ne vient pas de là. Je crois que, si le yaourt ou d'autres dérivés laitiers remplacent et ne complètent pas une alimentation variée, la nutrition n'est pas correcte.
En ce qui concerne les horaires, les enfants sont routiniers, même s'ils s'adaptent, les pauvres, aux changements lors du week-end. L'éducation des repas n'est pas une question de « remplir le ventre » mais d'avoir une alimentation variée, équilibrée, en considérant les produits laitiers comme un aliment extraordinaire, mais pas le seul, et les petits pots sont une bonne solution pour une sortie à la campagne, ou pour un voyage, mais ne doivent pas être considérés, à mon avis, comme des substituts à la nourriture préparée à la maison.
J'insiste. La première étape est que la maman et le papa agissent de la même façon et règlent leurs différends en privé, sans impliquer l'enfant.
L'importance de la cohérence parentale
Comme le souligne le pédiatre, la première étape cruciale est de vous mettre d'accord avec votre mari sur les règles alimentaires à suivre. Si vous vous contredisez, votre enfant comprendra rapidement à qui s'adresser pour obtenir ce qu'il veut.
Il est essentiel d'établir ensemble des règles claires :
- Nombre maximum de yaourts par jour (2 maximum)
- Horaires des repas fixes
- Pas de négociation pendant les repas
- Présentation régulière de nouveaux aliments sans forcer
Cette cohérence éducative permettra à votre enfant de comprendre les limites et de développer de meilleures habitudes alimentaires. Les discussions sur les désaccords parentaux doivent se faire en privé, sans impliquer l'enfant.
Stratégies pratiques pour améliorer l'alimentation à la maison
Plusieurs stratégies peuvent vous aider à diversifier l'alimentation de votre enfant :
Respecter les horaires : Essayez de maintenir des horaires de repas similaires à ceux de la crèche. Les enfants sont des êtres d'habitude et cette régularité les sécurise. Même avec votre nouveau-né, tentez d'ajuster progressivement vos horaires.
Présenter sans forcer : Continuez à proposer une variété d'aliments sans contrainte. Il faut parfois jusqu'à 8 présentations d'un aliment pour qu'il soit accepté par l'enfant. Ne remplacez pas systématiquement un aliment refusé par un yaourt.
Créer un environnement propice : Mangez ensemble autant que possible. Les enfants apprennent par imitation et seront plus enclins à goûter si ils vous voient manger avec plaisir.
Éviter les distractions : Pas d'écrans pendant les repas. Le repas doit rester un moment de découverte et de partage, pas de divertissement.
Pour plus de conseils sur la gestion des difficultés alimentaires, découvrez notre article sur la diversification alimentaire.
Vos questions fréquentes concernant l'alimentation capricieuse des enfants
1. Mon enfant peut-il manger uniquement des yaourts sans risque pour sa santé ?
Non, une alimentation basée uniquement sur les yaourts ne peut pas couvrir tous les besoins nutritionnels de votre enfant. Il risque des carences en fer, vitamines et fibres. Les yaourts doivent faire partie d'une alimentation équilibrée, pas la remplacer.
2. Combien de temps peut durer cette phase de caprices alimentaires ?
La néophobie alimentaire peut durer de quelques mois à 2 ans. Dans 90% des cas, cette phase passe naturellement. Il est important de maintenir une présentation variée d'aliments sans céder aux caprices pour éviter que le comportement se cristallise.
3. Dois-je forcer mon enfant à manger s'il refuse tout sauf les yaourts ?
Jamais. Forcer un enfant peut créer des aversions durables et transformer les repas en moments de stress. Proposez, mais ne forcez pas. Un enfant en bonne santé ne se laisse pas mourir de faim.
4. Comment faire si mon partenaire et moi ne sommes pas d'accord sur l'alimentation ?
Il est crucial de trouver un terrain d'entente avant de mettre en place des stratégies. Consultez ensemble un pédiatre ou un nutritionniste pédiatrique pour avoir des conseils objectifs et établir des règles communes.
5. Les petits pots du commerce sont-ils vraiment mauvais pour mon enfant ?
Les petits pots ne sont pas mauvais en soi mais ne doivent pas remplacer systématiquement la cuisine maison. Ils peuvent servir de dépannage tout en maintenant une alimentation principalement composée d'aliments frais et variés.
6. Mon enfant mange bien à la crèche mais pas à la maison, est-ce normal ?
C'est très courant ! À la crèche, l'effet de groupe encourage l'enfant à manger comme ses pairs. À la maison, il peut s'affirmer davantage et tester les limites. Maintenez une attitude calme et cohérente pour que cette phase passe.
Conclusion
Les caprices alimentaires font partie du développement normal de l'enfant vers l'autonomie. La patience, la cohérence parentale et la persévérance sont vos meilleurs alliés pour traverser cette période.


