Les semaines qui suivent l'accouchement peuvent révéler des douleurs inattendues et préoccupantes pour les nouvelles mamans. Parmi ces désagréments du post-partum, les douleurs ovariennes figurent parmi les plus inquiétantes, car elles soulèvent souvent des questions sur leur origine et leur gravité.
Ces sensations douloureuses, particulièrement localisées au niveau des ovaires, touchent de nombreuses femmes et méritent une attention particulière pour distinguer ce qui est normal de ce qui nécessite une consultation médicale.
Petit rappel pour commencer : on appelle « post-partum », la période qui s'étend de la fin de l'accouchement jusqu'au retour de couches, c'est-à-dire les premières règles après la grossesse. Cette phase de récupération, d'une durée généralement comprise entre 6 et 8 semaines, peut s'étendre sur plusieurs mois selon les femmes et leurs conditions d'allaitement.
En introduction, nous vous avons donné le cas d'une femme qui a accouché il y a un mois et 5 jours. Maman d'une petite fille née par voie basse, elle a mal au niveau de l'ovaire gauche. Pendant son accouchement, aucun incident notoire ne s'est produit à part une épisiotomie avec 18 points internes et 6 points externes. Au bout de 13 jours, les fils de suture se sont résorbés.
Bien que la gêne se soit dissipée, elle rapporte une douleur intenable autour de l'ovaire gauche, mais aussi une rigidité au niveau de son périnée, ce qui a rendu impossible une relation sexuelle avec son mari. Elle ressent une douleur vive dans les os et les muscles. Les pertes ont cessé depuis une semaine et la douleur n'a rien d'une douleur menstruelle. Il y a de quoi se demander si la cicatrice de l'épisiotomie est en cause ou si c'est quelque chose de plus grave.
La réponse du Gynécologue à propos de ces douleurs aux alentours des ovaires
« Généralement, la cicatrice d'une épisiotomie ne devrait pas faire mal. Les rares cas où il y a une douleur, c'est lorsqu'une terminaison nerveuse y a été fortuitement prise au piège. Par contre, une dilatation de la vulve causée par une tentative de pénétration peut réveiller des douleurs. Il est peut-être plus prudent d'attendre pour avoir une activité sexuelle. Si vraiment les douleurs persistent alors que vous n'avez pas fait de pression, un examen gynécologique pour vérifier l'état de la cicatrice est sûrement nécessaire. »
L'expertise médicale souligne l'importance de différencier les types de douleurs post-partum. En effet, les douleurs pelviennes peuvent avoir des origines multiples et leur localisation précise aide à orienter le diagnostic. Il est essentiel de comprendre que le processus de cicatrisation après un accouchement sollicite de nombreuses structures anatomiques, et que la guérison complète peut prendre plusieurs mois.

Comprendre les mécanismes des douleurs post-partum
Le post-partum représente une période de récupération complexe où le corps féminin subit de profondes transformations hormonales et physiques. L'utérus, qui a considérablement augmenté de volume pendant la grossesse, doit retrouver sa taille normale grâce aux contractions utérines appelées "tranchées". Ces contractions peuvent irradier vers les zones avoisinantes, notamment vers les ovaires, créant une confusion dans la localisation exacte de la douleur.
Les changements hormonaux jouent également un rôle majeur dans l'apparition des douleurs. La chute brutale des hormones de grossesse (œstrogènes et progestérone) peut provoquer une hypersensibilité des tissus et des terminaisons nerveuses. Cette sensibilité accrue explique pourquoi certaines femmes ressentent des douleurs plus intenses dans les zones pelviennes pendant plusieurs semaines après l'accouchement.
Par ailleurs, les modifications posturales liées au portage du bébé et aux nouvelles positions d'allaitement peuvent créer des tensions musculaires qui se répercutent au niveau du bassin et de la région ovarienne. Ces tensions, bien que bénignes, peuvent être particulièrement gênantes dans la vie quotidienne.
Les causes possibles de douleurs ovariennes après un accouchement
Avoir mal aux ovaires après qu'on a accouché est un phénomène relativement courant. Cette expression traduit surtout une douleur pelvienne, dont l'intensité est variable selon les femmes et les maladies qui la causent. Dans le post-partum, une douleur pelvienne qui vient avec de la fièvre et des écoulements vaginaux signe une endométrite.
Lors de la première ovulation qui suit le retour des couches, les femmes peuvent avoir mal au niveau de l'ovaire qui libère l'œuf. Appelée « ovulation douloureuse », elle est caractérisée par une douleur unilatérale qui vient souvent avec des pertes tachées de sang. La douleur se dissipera spontanément dans les 2 ou 3 jours. Cette ovulation peut survenir plus tôt que prévu, parfois dès 3 semaines après l'accouchement chez les femmes qui n'allaitent pas.
Si la douleur s'accompagne de problèmes de fertilité, on pourrait penser à des ovaires polykystiques. Cette maladie touche environ 10 % des femmes. En réalité, l'ovaire contient un grand nombre de follicules. Un véritable kyste ovarien peut aussi entraîner une douleur d'un côté ou d'un autre, surtout si celui-ci se tord ou se rompt. Là encore, seul un examen gynécologique permettra de trouver la solution appropriée.
Par contre, s'il y a déjà eu un retour de couches après l'accouchement, une douleur des ovaires tardive peut faire penser à une grossesse extra-utérine. Il s'agit d'une urgence gynécologique qu'il faut traiter sans tarder par une opération chirurgicale. Un examen échographique permettra de confirmer ce problème.
D'autres causes peuvent également expliquer ces douleurs : les adhérences post-chirurgicales (notamment après une césarienne), les complications infectieuses comme la salpingite, ou encore les troubles de la cicatrisation des tissus pelviens. L'inflammation des ligaments utéro-ovariens, étirés pendant la grossesse, peut également générer des douleurs persistantes.
Signes d'alerte et quand consulter
Bien que la plupart des douleurs post-partum soient bénignes, certains signaux doivent impérativement vous alerter et justifier une consultation médicale en urgence. Une douleur ovarienne accompagnée de fièvre supérieure à 38°C peut signaler une infection sérieuse comme une endométrite ou une infection des annexes.
Les saignements anormaux constituent également un motif de consultation : des pertes vaginales malodorantes, des saignements très abondants ou qui reprennent après avoir cessé doivent être évalués par un professionnel de santé. De même, une douleur pelvienne intense et soudaine, accompagnée de nausées et de vomissements, peut évoquer une torsion ovarienne, urgence chirurgicale absolue.
Les troubles urinaires associés à la douleur ovarienne (brûlures, envies fréquentes, sang dans les urines) peuvent indiquer une infection urinaire compliquée ou une atteinte rénale nécessitant un traitement antibiotique adapté.
N'hésitez pas à consulter votre médecin ou gynécologue si les douleurs persistent au-delà de quelques semaines, si elles s'intensifient progressivement, ou si elles interfèrent significativement avec vos activités quotidiennes et votre qualité de vie. Une prise en charge précoce permet souvent d'éviter l'aggravation et de soulager efficacement les symptômes.
Solutions et traitements pour soulager les douleurs
La prise en charge des douleurs ovariennes post-partum dépend étroitement de leur origine. Dans les cas les plus simples, des mesures non médicamenteuses peuvent apporter un soulagement significatif. L'application de chaleur sur la zone douloureuse (bouillotte, coussin chauffant) aide à détendre les muscles et à diminuer la sensation douloureuse.
Les antalgiques simples comme le paracétamol ou l'ibuprofène, compatibles avec l'allaitement, peuvent être utilisés ponctuellement pour soulager les douleurs modérées. Cependant, leur usage doit rester limité dans le temps et toujours sous supervision médicale.
La kinésithérapie et l'ostéopathie représentent des approches thérapeutiques particulièrement efficaces dans le post-partum. Un ostéopathe spécialisé peut aider à réajuster les structures pelviennes, à libérer les tensions et à favoriser une récupération harmonieuse. La rééducation périnéale, souvent prescrite après l'accouchement, contribue également à restaurer l'équilibre de la région pelvienne.
Dans certains cas, notamment en présence d'infections, un traitement antibiotique spécifique sera nécessaire. Les complications plus sévères comme les kystes volumineux ou les torsions ovariennes peuvent nécessiter une intervention chirurgicale, généralement réalisée par laparoscopie pour minimiser l'invasivité de l'intervention.
Il est important de maintenir une activité physique adaptée dès que possible. La marche quotidienne, les exercices de respiration et les étirements doux favorisent la circulation sanguine et accélèrent le processus de guérison. Cependant, évitez les activités trop intenses jusqu'à la cicatrisation complète et l'autorisation médicale.
Vos questions fréquentes concernant les douleurs ovariennes post-partum
1. Combien de temps peuvent durer les douleurs ovariennes après l'accouchement ?
La durée des douleurs ovariennes post-partum varie considérablement d'une femme à l'autre. Dans la plupart des cas, elles disparaissent spontanément dans les 6 à 8 semaines suivant l'accouchement. Cependant, certaines femmes peuvent ressentir des gênes occasionnelles pendant plusieurs mois, particulièrement lors des premières ovulations. Si les douleurs persistent au-delà de 3 mois ou s'intensifient, une consultation médicale s'impose pour écarter toute complication.
2. Est-il normal d'avoir des douleurs ovariennes uniquement d'un côté ?
Oui, il est tout à fait normal de ressentir des douleurs ovariennes localisées d'un seul côté après l'accouchement. Cette asymétrie peut s'expliquer par le fait que l'ovulation alterne généralement entre les deux ovaires, ou par des différences dans la cicatrisation des tissus. Cependant, une douleur très intense et soudaine d'un seul côté doit faire suspecter une torsion ovarienne et justifie une consultation d'urgence.
3. Les douleurs ovariennes peuvent-elles être liées à l'allaitement ?
L'allaitement influence indirectement les douleurs ovariennes par son action hormonale. La prolactine sécrétée pendant l'allaitement maintient les ovaires au repos, retardant le retour de l'ovulation. Paradoxalement, certaines femmes peuvent ressentir des tiraillements ou des sensations douloureuses au niveau ovarien pendant les tétées, liées aux contractions utérines reflexes. Ces sensations sont généralement bénignes et disparaissent progressivement.
4. Puis-je prendre des anti-inflammatoires pour soulager la douleur si j'allaite ?
Certains anti-inflammatoires comme l'ibuprofène sont compatibles avec l'allaitement et peuvent être utilisés ponctuellement pour soulager les douleurs post-partum. Cependant, il est essentiel de respecter les dosages recommandés et de ne pas en abuser. Le paracétamol reste l'antalgique de première intention pendant l'allaitement. Consultez toujours votre médecin ou pharmacien avant de prendre tout médicament pendant cette période.
5. Les douleurs ovariennes post-partum peuvent-elles affecter ma fertilité future ?
Dans la grande majorité des cas, les douleurs ovariennes post-partum n'ont aucun impact sur la fertilité future. Il s'agit généralement de phénomènes transitoires liés à la récupération normale de l'organisme. Cependant, certaines complications comme les infections pelviennes non traitées ou les adhérences importantes peuvent exceptionnellement altérer la fertilité. C'est pourquoi il est important de consulter en cas de douleurs persistantes ou de symptômes associés.
Conclusion
Les douleurs ovariennes après l'accouchement, bien qu'inquiétantes, s'inscrivent le plus souvent dans le processus normal de récupération post-partum. La majorité de ces douleurs sont transitoires et disparaissent spontanément avec le temps et la remise en route progressive du cycle ovarien. Néanmoins, rester attentive aux signaux de son corps demeure essentiel pour identifier précocement toute complication.
La récupération post-partum est un processus complexe qui demande du temps et de la patience. N'hésitez jamais à solliciter l'avis de votre professionnel de santé en cas de doute ou d'inquiétude. Une prise en charge appropriée et des conseils adaptés vous permettront de vivre cette période de transition avec plus de sérénité et de profiter pleinement de votre nouveau rôle de maman.


