De nombreuses femmes en désir d'enfant s'interrogent sur l'impact de leurs hormones sur leur fertilité. Parmi elles, la prolactine occupe une place particulière. Cette hormone, connue pour son rôle dans l'allaitement, peut parfois devenir un obstacle à la conception lorsqu'elle est présente en excès dans l'organisme. Comprendre son influence sur la fertilité permet d'agir efficacement et d'envisager sereinement son projet de grossesse.
💭 Question d'une lectrice :
"Bonjour Docteur, j'ai une question : est-il plus difficile de tomber enceinte avec un taux de prolactine élevé? Je vous remercie de votre réponse."
👨⚕️ Réponse du Gynécologue :
Un taux élevé de prolactine peut parfois, chez certaines femmes, et une fois éliminées les autres causes, expliquer les échecs des grossesses. Dans ces cas, on prescrit des traitements hormonaux visant à abaisser le taux de prolactine ce qui induit l'ovulation et permet le développement d'une grossesse. Votre médecin, si vous l'avez consulté, vous aura très probablement expliqué le processus et le traitement pour abaisser le taux de prolactine qui est parfois dû à une altération du fonctionnement de l'hypophyse dans la production et la régulation de cette hormone.
Comprendre le rôle de la prolactine dans votre organisme
La prolactine est une hormone produite par l'hypophyse, une petite glande située à la base du cerveau. Son rôle principal consiste à stimuler la production de lait maternel après l'accouchement. En dehors des périodes de grossesse et d'allaitement, cette hormone est naturellement présente en faible quantité dans le sang.
Chez la femme non enceinte, les valeurs normales de prolactine se situent généralement entre 4,8 et 23,3 ng/mL. Durant la grossesse, ces taux augmentent naturellement et peuvent atteindre jusqu'à 300 ng/mL. On parle d'hyperprolactinémie lorsque le taux dépasse 25 à 30 ng/mL en dehors de toute grossesse ou allaitement. Cette situation touche environ une femme sur 1000 et peut avoir des répercussions importantes sur la capacité à concevoir.
L'impact d'un taux élevé de prolactine sur votre fertilité
Un taux de prolactine élevé perturbe directement le mécanisme de l'ovulation, ce qui explique les difficultés à tomber enceinte. Voici comment cette hormone agit sur votre fertilité :
Lorsque la prolactine est présente en excès, elle inhibe la sécrétion de GnRH (hormone de libération des gonadotrophines) par l'hypothalamus. Cette hormone joue un rôle crucial car elle déclenche toute la cascade hormonale nécessaire à l'ovulation. Sans GnRH en quantité suffisante, l'hypophyse ne produit pas assez de FSH (hormone folliculo-stimulante) et de LH (hormone lutéinisante), indispensables à la maturation des follicules ovariens.
Les conséquences concrètes de cette perturbation hormonale se manifestent par :
- Des cycles menstruels irréguliers ou absents (aménorrhée), signalant un dysfonctionnement de l'ovulation
- Une production insuffisante de progestérone, l'hormone responsable de la préparation de l'endomètre pour accueillir un embryon
- Des difficultés de nidation, même si la fécondation a eu lieu, car l'endomètre n'atteint pas l'épaisseur nécessaire
Dans certains cas, la prolactine peut également provoquer un écoulement de lait au niveau des seins en dehors de toute grossesse, un phénomène appelé galactorrhée.
Les traitements efficaces pour retrouver votre fertilité
La bonne nouvelle, c'est que l'hyperprolactinémie se traite très bien dans la majorité des cas. Une fois le diagnostic posé par une prise de sang, votre gynécologue pourra vous proposer plusieurs solutions adaptées à votre situation.
Le traitement médicamenteux de première intention repose sur les agonistes dopaminergiques, des médicaments qui permettent de réguler la production de prolactine. La cabergoline est le traitement le plus fréquemment prescrit car elle présente une excellente efficacité avec moins d'effets secondaires que les traitements plus anciens comme la bromocriptine. Ces médicaments permettent de restaurer une ovulation normale chez plus de 90% des femmes traitées.
Dans certains cas, si l'hyperprolactinémie est causée par un médicament, votre médecin pourra envisager d'ajuster votre traitement. Si un adénome à prolactine (tumeur bénigne de l'hypophyse) est diagnostiqué, une surveillance par IRM sera mise en place, et le traitement médical permettra généralement de réduire la taille de cette tumeur tout en normalisant les taux hormonaux.
Une fois le taux de prolactine normalisé, la plupart des femmes retrouvent des cycles réguliers et peuvent concevoir naturellement. Le traitement est généralement arrêté en début de grossesse pour les microadénomes, tandis qu'une surveillance plus étroite est nécessaire pour les tumeurs de plus grande taille.
Vos questions fréquentes concernant la prolactine et la fertilité
1. Quels sont les signes qui doivent m'alerter sur un possible excès de prolactine ?
Les symptômes les plus courants incluent des cycles menstruels irréguliers ou absents, des difficultés à concevoir malgré des rapports réguliers, un écoulement de lait au niveau des seins en dehors de toute grossesse, une baisse de la libido, et parfois des maux de tête. Si vous présentez l'un de ces signes, consultez votre médecin qui pourra prescrire un dosage sanguin de la prolactine.
2. Combien de temps faut-il pour que le traitement rétablisse ma fertilité ?
Les traitements par agonistes dopaminergiques agissent généralement rapidement. Dans la plupart des cas, les cycles menstruels se régularisent en quelques semaines à quelques mois. La restauration de l'ovulation peut permettre une conception dans les trois à six mois suivant le début du traitement, mais cela varie selon chaque femme.
3. Puis-je allaiter si j'ai eu un problème de prolactine élevée ?
Oui, dans la plupart des cas, l'allaitement est tout à fait possible après une grossesse menée à terme malgré une hyperprolactinémie antérieure. Pour les femmes ayant un microadénome à prolactine qui n'a pas évolué pendant la grossesse, l'allaitement ne pose généralement aucun problème. Votre médecin vous donnera des recommandations personnalisées selon votre situation.
4. Le stress peut-il augmenter mon taux de prolactine ?
Effectivement, le stress, le manque de sommeil et l'exercice physique intense peuvent temporairement élever les niveaux de prolactine sans qu'il y ait nécessairement de problème médical sous-jacent. C'est pourquoi votre médecin vérifiera vos taux à plusieurs reprises et dans des conditions appropriées avant de poser un diagnostic d'hyperprolactinémie.
Conclusion : Un obstacle surmontable sur le chemin de la maternité
Un taux élevé de prolactine représente effectivement un frein à la conception, mais il ne s'agit en aucun cas d'une fatalité. Grâce aux traitements hormonaux disponibles aujourd'hui, la grande majorité des femmes concernées parviennent à retrouver une ovulation normale et à mener à bien leur projet de grossesse.
L'essentiel est de ne pas rester seule face à vos interrogations. Si vous rencontrez des difficultés à concevoir ou si vous présentez des symptômes évocateurs, n'hésitez pas à consulter votre gynécologue qui saura vous orienter vers les examens nécessaires. Un simple dosage sanguin peut permettre d'identifier le problème et de mettre en place rapidement une solution adaptée. Avec un suivi médical approprié, votre désir de maternité pourra se concrétiser dans les meilleures conditions.
