Découvrir la présence de fibromes utérins pendant sa grossesse peut susciter de nombreuses interrogations. Ces tumeurs bénignes, qui touchent environ 30% des femmes enceintes, nécessitent une surveillance particulière mais ne compromettent pas systématiquement le bon déroulement de votre grossesse. Comprendre leur évolution et leurs implications vous permettra de vivre cette période en toute sérénité.
Témoignage d'une future maman :
"Je suis dans le 7ème mois de ma grossesse. Avant d'être enceinte, on m'avait diagnostiqué des fibromes. Dans l'échographie du cinquième mois, le médecin en a vu trois. Il m'a dit que l'un d'eux mesure 8mm, qu'il est situé devant la tête de mon bébé et qu'il a la même taille.
Lors de ma dernière visite chez le gynécologue, on m'a dit qu'il est presque sûr que l'on devra me faire une césarienne. J'ai dit à mon gynécologue que je suis d'accord avec la césarienne parce que je ne veux prendre aucun risque. Pouvez-vous me parler des gênes provoquées par les fibromes pendant la grossesse? Est-ce qu'ils peuvent affecter mon bébé dans ces deux derniers mois, en l'oppressant? Est-ce que les fibromes reprendront leur taille d'avant la grossesse? Avant, ils étaient beaucoup plus petits. Merci beaucoup d'avance."
Réponse du Gynécologue :
"Les fibromes se développent au cours de la grossesse, dans les même proportions que se développe l'utérus. De la même façon qu'ils grandissent, ils reprennent leur taille d'avant, lorsque l'utérus revient à sa taille normale.
Le problème que les fibromes peuvent causer est mécanique, c'est-à-dire que s'ils sont situés dans la zone où le bébé doit passer, ils ne le laissent pas passer. Les fibromes du fond de l'utérus (du fond de la matrice) n'interviennent pas ou n'empêchent pas l'accouchement, mais ce n'est pas le cas avec ceux qui sont dans le bas de la matrice. La décision prise par votre gynécologue de pratiquer une césarienne est tout à fait pertinente. Après la naissance, comme je vous l'ai dit, les fibromes reviendront à leur taille d'origine."
Comprendre l'évolution des fibromes durant la grossesse
Les fibromes utérins subissent des modifications significatives pendant la grossesse en raison des changements hormonaux. L'augmentation du taux d'œstrogènes et de progestérone stimule leur croissance, tout comme elle favorise le développement de l'utérus.
Cette croissance suit généralement le même rythme que l'expansion utérine, ce qui explique pourquoi un fibrome peut sembler plus volumineux lors des échographies de contrôle. Cependant, cette augmentation de taille est temporaire : après l'accouchement, les fibromes retrouvent progressivement leurs dimensions d'origine, parallèlement à l'involution utérine.
Environ 70% des fibromes restent stables en taille pendant la grossesse, tandis que 30% peuvent augmenter de volume, principalement durant les deux premiers trimestres. Cette évolution varie selon la localisation du fibrome et sa taille initiale.

Les défis mécaniques : quand la position compte
La problématique principale des fibromes pendant la grossesse réside dans leur impact mécanique sur le passage du bébé. Leur localisation détermine largement les complications potentielles et les décisions obstétricales.
Les fibromes situés au niveau du segment inférieur de l'utérus ou près du col peuvent créer un obstacle physique lors de l'accouchement. Dans ce cas, ils agissent comme une barrière empêchant la descente normale du bébé dans le bassin maternel. À l'inverse, les fibromes localisés au fond de l'utérus (fundus) n'interfèrent généralement pas avec le processus d'accouchement par voie basse.
La taille du fibrome par rapport à la tête fœtale constitue également un facteur déterminant. Lorsqu'un fibrome mesure une taille comparable à celle de la présentation fœtale et se trouve sur son trajet, la césarienne devient souvent l'option la plus sûre pour éviter les complications lors de l'expulsion.
Surveillance et complications possibles pendant la grossesse
Bien que la majorité des grossesses avec fibromes se déroulent sans complications majeures, certains symptômes nécessitent une attention particulière. Les douleurs pelviennes aiguës constituent le symptôme le plus fréquent, survenant généralement lorsque le fibrome subit une dégénérescence ou une nécrose due à un apport sanguin insuffisant.
Cette complication, appelée nécrobiose aseptique, provoque des douleurs intenses mais n'affecte pas directement le développement du bébé. Le traitement repose principalement sur le repos, l'hydratation et la gestion de la douleur avec des antalgiques compatibles avec la grossesse.
D'autres complications peuvent survenir selon la localisation des fibromes :
- Compression des organes adjacents : vessie, rectum, uretères
- Risque accru d'hémorragie post-partum en raison d'une contraction utérine moins efficace
- Présentation fœtale anormale : siège, transverse
- Retard de croissance intra-utérin dans de rares cas
Un suivi échographique régulier permet de surveiller l'évolution des fibromes et le bien-être fœtal tout au long de la grossesse.
Césarienne programmée : une décision médicale éclairée
La décision de programmer une césarienne en présence de fibromes résulte d'une évaluation médicale rigoureuse prenant en compte plusieurs facteurs. Cette intervention chirurgicale devient nécessaire lorsque les fibromes compromettent la sécurité de l'accouchement par voie basse.
Les indications principales incluent :
- Fibrome prævia : situé devant la présentation fœtale
- Déformation importante du segment inférieur empêchant l'engagement
- Fibromes multiples volumineux obstruant le passage
- Antécédents de complications lors d'accouchements précédents
Cette décision, bien qu'elle puisse sembler décevante pour les futures mamans souhaitant un accouchement par voie naturelle, privilégie la sécurité maternelle et fœtale. La césarienne programmée permet une naissance sereine et évite les complications liées à un travail prolongé ou à un accouchement instrumental.
Récupération post-accouchement et évolution des fibromes
Après l'accouchement, les fibromes entament leur processus de régression naturelle. Cette diminution de taille s'effectue progressivement sur plusieurs mois, suivant le retour de l'utérus à ses dimensions normales.
La chute hormonale post-partum, particulièrement marquée en cas d'allaitement maternel, favorise cette régression. Les fibromes retrouvent généralement leur taille pré-gestionnelle dans les 3 à 6 mois suivant l'accouchement.
Certaines femmes constatent même une réduction plus importante que prévue, les fibromes devenant parfois indétectables à l'échographie de contrôle. Cette évolution favorable s'explique par les modifications vasculaires survenues pendant la grossesse.
Il est important de maintenir un suivi gynécologique régulier après l'accouchement pour s'assurer de cette évolution favorable et détecter d'éventuelles complications tardives. Les consultations post-natales permettent d'évaluer la récupération complète et de planifier, si nécessaire, une prise en charge ultérieure des fibromes.
Vos questions fréquentes concernant les fibromes pendant la grossesse
1. Les fibromes peuvent-ils nuire au développement de mon bébé ?
Dans la grande majorité des cas, les fibromes n'affectent pas directement le développement fœtal. Ils peuvent occasionnellement limiter l'espace utérin disponible ou comprimer le cordon ombilical, mais ces situations restent exceptionnelles et sont détectées lors du suivi échographique.
2. Puis-je ressentir les fibromes bouger pendant ma grossesse ?
Les fibromes sont des masses solides qui ne bougent pas. Les sensations de mouvement perçues correspondent aux mouvements de votre bébé. Cependant, vous pourriez ressentir des douleurs localisées si un fibrome subit une dégénérescence.
3. L'allaitement influence-t-il la régression des fibromes ?
Oui, l'allaitement maternel favorise la régression des fibromes grâce aux faibles taux d'œstrogènes qu'il maintient. Cette situation hormonale particulière accélère le retour des fibromes à leur taille initiale.
4. Faut-il traiter les fibromes avant une future grossesse ?
Cette décision dépend de la taille, du nombre et de la localisation des fibromes. Les fibromes sous-muqueux nécessitent généralement un traitement avant la conception, tandis que les autres types peuvent être surveillés. Votre gynécologue évaluera la situation individuellement.
5. Les fibromes augmentent-ils le risque de fausse couche ?
Les fibromes sous-muqueux et certains fibromes intramuraux volumineux peuvent légèrement augmenter le risque de fausse couche précoce en perturbant l'implantation. Cependant, la plupart des grossesses avec fibromes se déroulent normalement jusqu'à terme.
Conclusion
La présence de fibromes pendant la grossesse, bien qu'elle nécessite une surveillance attentive, ne constitue pas un obstacle insurmontable à une grossesse épanouie. La clé réside dans un suivi médical adapté et une communication transparente avec votre équipe obstétricale.


