Vous êtes enceinte et les douleurs s'accumulent ? Entre tiraillements ligamentaires, maux de dos et crampes abdominales, il n'est pas toujours facile de comprendre ce qui se passe dans votre corps. Certaines douleurs sont typiques de la grossesse, d'autres nécessitent une attention médicale particulière. Découvrez comment différencier ces symptômes et quand il est important de consulter.
📩 Question d'une future maman
Je suis enceinte de 20 semaines et ma grossesse ne se passe pas très bien. Je suis au repos depuis six semaines parce que les ligaments de l'utérus me font très mal, mais, la semaine dernière, j'ai commencé à sentir une douleur dans les lombaires et des crampes abdominales.
Le médecin des urgences m'a diagnostiqué une colique néphrétique et m'a dit de prendre du Buscopan pendant 4 jours. Maintenant, je me sens mieux, mais la douleur au bas du dos persiste et elle est accompagnée d'une douleur dans la région pubienne qui irradie vers l'aine et les cuisses. J'ai du mal à marcher pendant longtemps, à me lever du lit, mais c'est surtout la nuit que c'est le plus terrible.
À quoi sont dues ces douleurs ? Quand est-ce que ces douleurs ligamentaires s'en iront ? Est-ce qu'elles peuvent durer jusqu'à l'accouchement ?
👨⚕️ Réponse du Gynécologue
Il y a des grossesses qui provoquent des douleurs abdominales à cause de la tension des ligaments ou de contractions atypiques de la matrice. D'autres grossesses entrainent des douleurs de la colonne vertébrale liées aux changements de position pour maintenir la même statique et d'autres encore font que la marche est difficile et parfois douloureuse parce que les ligaments de la symphyse pubienne sont plus lâches (c'est généralement douloureux quand vous marchez vers l'avant et non en marche arrière).
Mais les douleurs dont vous parlez dans l'ensemble sont peut-être dues, à mon avis, plus à une altération du rein avec les irradiations que cela produit dans ces cas. Je pense que vous devez retourner chez le médecin pour faire une nouvelle exploration. Les coliques du rein et de l'uretère dues à des pierres dans le rein (ou calculs rénaux), donnent ces symptômes qui doivent être traités.
Comprendre les douleurs ligamentaires au deuxième trimestre
Les douleurs ligamentaires touchent environ 80% des femmes enceintes et sont particulièrement fréquentes au cours du deuxième trimestre de grossesse. À 20 semaines de grossesse, l'utérus prend considérablement du volume et exerce une pression croissante sur les ligaments qui le maintiennent. Ces ligaments s'étirent pour s'adapter à la croissance du bébé, ce qui provoque des sensations de tiraillement, parfois très intenses.
Ces douleurs se manifestent généralement dans le bas-ventre, au niveau du pubis, dans l'aine, et peuvent irradier vers les cuisses et le bas du dos. Elles peuvent être ressenties comme des décharges électriques, des pincements ou des tensions continues. L'intensité varie d'une femme à l'autre : certaines futures mamans vivent ces douleurs de manière ponctuelle et supportable, tandis que d'autres les trouvent particulièrement handicapantes dans leur quotidien.
Les mouvements brusques, les changements de position rapides, ou le fait de se lever après une longue période assise peuvent déclencher ou intensifier ces douleurs. La nuit, l'inconfort peut être particulièrement marqué, rendant le sommeil difficile. Pour soulager ces tensions, il est recommandé d'adopter des postures adaptées, d'utiliser un coussin de grossesse pour dormir sur le côté, et d'éviter les efforts physiques trop importants.
La colique néphrétique pendant la grossesse : un diagnostic à ne pas négliger
La colique néphrétique représente la cause la plus fréquente de douleurs non obstétricales chez la femme enceinte, touchant environ une femme sur 200 pendant la grossesse. Elle survient le plus souvent à partir du troisième mois et se manifeste dans 75% des cas du côté droit.
Cette affection se caractérise par une douleur intense et brutale au niveau lombaire qui peut irradier vers l'abdomen, l'aine et les organes génitaux. La douleur est souvent décrite comme insupportable, ne trouvant aucun soulagement selon la position adoptée. Elle peut s'accompagner de nausées, de vomissements et parfois de fièvre.
Le diagnostic pendant la grossesse est délicat car les examens radiologiques classiques sont contre-indiqués en raison du risque d'irradiation pour le fœtus. L'échographie des voies urinaires devient donc l'examen de référence pour rechercher une dilatation des cavités rénales et confirmer la présence d'un obstacle sur l'uretère.
Le traitement repose principalement sur les antispasmodiques (comme le Buscopan mentionné dans le cas de cette future maman) et le paracétamol pour soulager la douleur. Dans la majorité des cas, cette prise en charge permet de calmer la crise. Cependant, le risque d'accouchement prématuré étant présent dans environ 30% des cas de colique néphrétique pendant la grossesse, une surveillance médicale étroite est indispensable.
Quand les douleurs persistent : que faire ?
Comme le souligne le gynécologue dans sa réponse, si les douleurs persistent malgré le traitement initial, il est essentiel de consulter à nouveau pour une exploration plus approfondie. Les symptômes décrits – douleurs lombaires persistantes accompagnées de douleurs pubiennes irradiant vers l'aine et les cuisses – peuvent effectivement avoir plusieurs origines.
Il pourrait s'agir d'une combinaison de douleurs ligamentaires et de séquelles de la colique néphrétique. Le syndrome de Lacomme, qui survient généralement au troisième trimestre mais peut apparaître plus tôt, se caractérise par des douleurs ligamentaires particulièrement intenses affectant la mobilité quotidienne. Ces douleurs peuvent persister jusqu'à l'accouchement et nécessitent une prise en charge adaptée.
Pour différencier ces différentes douleurs, voici quelques éléments à observer :
- Les douleurs ligamentaires sont généralement des tiraillements constants, plus marqués lors des mouvements ou en fin de journée
- Les douleurs rénales sont plus aiguës, avec des irradiations caractéristiques le long de l'uretère
- Les contractions utérines provoquent un durcissement du ventre et sont brèves et répétées
Si vous présentez de la fièvre, des frissons, une impossibilité d'uriner ou des douleurs qui résistent aux traitements antalgiques prescrits, consultez en urgence. Ces signes peuvent indiquer une complication nécessitant une prise en charge immédiate.
Vos questions fréquentes concernant les douleurs pendant la grossesse
1. Les douleurs ligamentaires peuvent-elles vraiment durer jusqu'à l'accouchement ?
Oui, malheureusement pour certaines femmes, les douleurs ligamentaires peuvent persister tout au long de la grossesse et même quelques jours voire quelques semaines après l'accouchement. L'intensité varie selon les femmes et peut s'accentuer au fil des mois avec la prise de poids et la croissance du bébé. Des solutions existent pour les soulager : port d'une ceinture de grossesse, repos régulier, séances de kinésithérapie ou d'ostéopathie.
2. Comment différencier une simple douleur ligamentaire d'un problème plus grave ?
Les douleurs ligamentaires sont généralement des tiraillements supportables qui ne s'accompagnent pas d'autres symptômes. En revanche, consultez rapidement si vous observez : des saignements, de la fièvre, des frissons, une douleur intense et soudaine qui ne passe pas, des difficultés à uriner, ou si votre ventre devient dur de façon répétée et régulière.
3. Puis-je continuer à travailler avec des douleurs ligamentaires intenses ?
Si les douleurs ligamentaires deviennent handicapantes dans votre quotidien et vous empêchent d'exercer normalement votre activité professionnelle, parlez-en à votre médecin ou à votre sage-femme. Un arrêt de travail peut être prescrit pour vous permettre de vous reposer. Le repos est d'ailleurs souvent le meilleur remède pour soulager ces tensions.
4. Quels sont les traitements autorisés pendant la grossesse pour soulager les douleurs ?
Le paracétamol reste le traitement antalgique de référence pendant la grossesse et peut être utilisé à tous les trimestres. Les antispasmodiques comme le Buscopan peuvent être prescrits en cas de colique néphrétique. En revanche, les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont contre-indiqués, particulièrement après le sixième mois de grossesse. Ne prenez jamais de médicament sans avis médical.
5. La colique néphrétique peut-elle revenir pendant la grossesse ?
Oui, il existe un risque de récidive, surtout si vous avez des antécédents de calculs rénaux. Environ 20% des patientes qui font une colique néphrétique pendant la grossesse ont déjà eu des épisodes similaires auparavant. Une bonne hydratation et un suivi médical régulier permettent de limiter ce risque. Si une nouvelle crise survient, consultez rapidement pour une prise en charge adaptée.
Conclusion : rester à l'écoute de son corps
Les douleurs pendant la grossesse, qu'elles soient ligamentaires ou liées à d'autres causes comme une colique néphrétique, ne doivent jamais être minimisées. Si certaines sont normales et liées aux transformations de votre corps pour accueillir bébé, d'autres nécessitent une surveillance médicale attentive.
Dans cette situation, il est vivement conseillé de reprendre contact avec votre médecin ou votre gynécologue pour faire le point sur les douleurs persistantes. Une nouvelle exploration permettra de déterminer si les symptômes actuels sont des séquelles de la colique néphrétique, des douleurs ligamentaires particulièrement intenses, ou une combinaison des deux. Un traitement adapté pourra alors vous être proposé pour améliorer votre confort au quotidien.
