Vous êtes maman, vous allaitez avec bonheur votre petit bout, et voilà qu'une question vient troubler cette belle parenthèse : devez-vous vraiment arrêter l'allaitement pour effectuer une mammographie de contrôle ? Cette interrogation légitime touche de nombreuses femmes qui, comme vous, ont des antécédents familiaux de cancer du sein et souhaitent concilier surveillance médicale et bien-être de leur enfant.
La bonne nouvelle, c'est que vous n'êtes pas face à un choix impossible. Contrairement à certaines idées reçues encore trop répandues dans le milieu médical, allaitement et dépistage du cancer du sein peuvent coexister. Votre désir de prolonger l'allaitement jusqu'au premier anniversaire de votre fils tout en assurant votre suivi médical est non seulement légitime, mais parfaitement réalisable.
Pourquoi certains médecins déconseillent-ils la mammographie pendant l'allaitement ?
La réticence de nombreux professionnels de santé à réaliser une mammographie chez une femme allaitante s'explique principalement par des raisons techniques. Les seins en lactation présentent une densité mammaire accrue due à la présence de lait, ce qui peut compliquer la lecture des clichés radiologiques.
Cette augmentation de densité peut effectivement masquer certaines anomalies ou rendre l'interprétation des images plus délicate pour le radiologue. Cependant, cette difficulté technique ne signifie pas qu'il est impossible de réaliser l'examen. Il existe des solutions simples pour améliorer la qualité des images : vider complètement les seins juste avant la mammographie, soit en allaitant votre bébé, soit en tirant votre lait, permet de réduire considérablement cette densité et facilite grandement l'interprétation.
De plus, la mammographie n'est pas la seule option d'imagerie médicale disponible. L'échographie mammaire constitue souvent l'examen de première intention chez les femmes allaitantes, car elle offre d'excellentes performances diagnostiques dans ce contexte particulier.

Les alternatives à la mammographie pendant l'allaitement
Si la mammographie s'avère vraiment problématique dans votre situation, plusieurs autres techniques d'imagerie médicale peuvent être envisagées sans interrompre l'allaitement :
- L'échographie mammaire : C'est l'examen de référence chez les femmes enceintes et allaitantes. Non invasive et sans rayonnement, elle permet de visualiser efficacement les tissus mammaires même en période de lactation. Vous pouvez reprendre l'allaitement immédiatement après, sans aucune restriction.
- L'IRM mammaire : Pour les femmes à haut risque génétique (mutation BRCA1 ou BRCA2) ou avec des antécédents familiaux importants, l'IRM peut être recommandée. Le produit de contraste au gadolinium utilisé est compatible avec l'allaitement. Même si le goût du lait peut être légèrement modifié temporairement, cela ne présente aucun danger pour votre enfant.
Ces examens complémentaires offrent une excellente alternative et permettent dans la majorité des cas d'obtenir les informations nécessaires à votre suivi médical, sans compromettre votre projet d'allaitement.
L'allaitement protège-t-il réellement contre le cancer du sein ?
Votre intuition est juste : allaiter constitue effectivement un facteur de protection contre le cancer du sein. Les données scientifiques sur ce sujet sont aujourd'hui particulièrement solides et convergentes.
Les recherches internationales démontrent que le risque de développer un cancer du sein diminue d'environ 4,3% pour chaque période cumulée de 12 mois d'allaitement. Plus concrètement, une femme qui allaite pendant six mois voit son risque diminuer d'environ 7 à 9%, tandis qu'un allaitement dépassant 12 mois réduit ce risque de 23%.
Cet effet protecteur s'explique par plusieurs mécanismes biologiques. Durant l'allaitement, les taux d'hormones sexuelles comme les œstrogènes diminuent, réduisant ainsi l'exposition du tissu mammaire à ces hormones qui peuvent favoriser le développement de cellules cancéreuses. De plus, l'allaitement provoque un remodelage important de la glande mammaire, permettant d'éliminer naturellement certaines cellules potentiellement endommagées.
Pour les femmes ayant des antécédents familiaux au premier degré (mère ou sœur atteinte), l'effet protecteur de l'allaitement serait particulièrement marqué, avec une réduction du risque pouvant atteindre 59% chez les femmes ayant allaité, comparativement à celles n'ayant jamais allaité. Cette information est particulièrement pertinente dans votre situation. Si vous souhaitez en savoir plus sur les bienfaits de l'allaitement maternel, n'hésitez pas à consulter nos ressources dédiées.
Faut-il attendre la fin de l'allaitement pour faire sa mammographie ?
La réponse du gynécologue qui vous a été donnée est tout à fait sensée et rassurante. Puisque votre dernière mammographie remonte à seulement un an et qu'elle était normale, vous disposez d'une marge de sécurité confortable. Le dépistage du cancer du sein chez les femmes à risque s'effectue généralement tous les deux ans, ce qui vous permet de terminer sereinement votre allaitement.
Cette recommandation prend en compte plusieurs éléments importants. Tout d'abord, votre mammographie récente et normale constitue un point de référence fiable. Ensuite, l'allaitement lui-même joue un rôle protecteur contre le cancer du sein. Enfin, l'interruption prématurée de l'allaitement uniquement pour des raisons de dépistage n'est pas justifiée sur le plan médical, surtout si aucun symptôme inquiétant n'est présent.
Cependant, cette attente ne signifie pas l'absence totale de surveillance. L'autopalpation régulière reste votre meilleure alliée. Familiarisez-vous avec la texture normale de vos seins pendant l'allaitement et soyez attentive à tout changement : apparition d'une masse inhabituelle, modification de la peau, écoulement sanglant, rétraction du mamelon ou changement de forme du sein.
Si vous observez l'un de ces signes, n'attendez pas la fin de l'allaitement pour consulter. Une échographie ou une IRM pourront être réalisées rapidement sans compromettre votre allaitement.
Que faire en cas de découverte d'une anomalie pendant l'allaitement ?
La découverte d'une masse ou d'une anomalie mammaire pendant l'allaitement nécessite une évaluation médicale, mais ne doit pas automatiquement vous alarmer. La grande majorité des grosseurs découvertes chez les femmes allaitantes ont des causes bénignes : canal lactifère bouché, mastite, galactocèle (kyste rempli de lait), ou encore adénome lactant.
Si une investigation complémentaire s'avère nécessaire, plusieurs examens peuvent être réalisés en toute sécurité pendant l'allaitement. L'échographie reste l'examen de première intention, parfaitement adaptée aux seins en lactation. Si une biopsie s'avère indispensable, elle peut également être effectuée sans arrêter l'allaitement, même si elle comporte un léger risque de fistule lactée (moins de 2% des cas).
Les professionnels de santé spécialisés dans l'allaitement et la sénologie connaissent ces protocoles adaptés. N'hésitez pas à exprimer clairement votre souhait de poursuivre l'allaitement et à demander un radiologue expérimenté dans la lecture d'examens chez les femmes allaitantes.
Pour vous accompagner dans cette période délicate et mieux comprendre les aspects émotionnels liés à la maternité, notre site propose de nombreuses ressources.
Vos questions fréquentes concernant la mammographie et l'allaitement
1. La mammographie affecte-t-elle la qualité du lait maternel ?
Non, absolument pas. Les rayons X utilisés lors d'une mammographie ne modifient pas la composition du lait maternel et ne présentent aucun danger pour votre bébé. Vous pouvez allaiter immédiatement après l'examen sans aucune précaution particulière. Le rayonnement ne reste pas dans le sein et n'est pas excrété dans le lait.
2. Combien de temps dois-je attendre après l'arrêt de l'allaitement pour faire une mammographie ?
Idéalement, il est recommandé d'attendre environ trois mois après le sevrage complet pour effectuer une mammographie de routine. Ce délai permet à vos seins de retrouver leur densité normale et facilite l'interprétation des images. Cependant, en cas de symptôme inquiétant, l'examen ne doit pas être retardé.
3. Puis-je demander une échographie plutôt qu'une mammographie si j'allaite ?
Tout à fait. L'échographie mammaire est même l'examen de référence pendant l'allaitement. Elle offre d'excellentes performances diagnostiques dans ce contexte et peut être réalisée sans aucune contrainte. N'hésitez pas à en discuter avec votre médecin qui pourra prescrire cet examen en première intention.
4. Mon risque familial de cancer du sein justifie-t-il d'arrêter l'allaitement plus tôt ?
Au contraire, les études montrent que l'allaitement offre une protection particulièrement importante chez les femmes ayant des antécédents familiaux de cancer du sein. Avec une surveillance clinique régulière et une autopalpation attentive, vous pouvez poursuivre votre allaitement en toute sécurité, tout en respectant le calendrier de dépistage établi avec votre médecin.
Conclusion
Votre désir de prolonger l'allaitement jusqu'au premier anniversaire de votre fils tout en assurant votre surveillance médicale n'est pas incompatible avec votre suivi gynécologique. Avec une dernière mammographie normale réalisée il y a seulement un an, vous pouvez sereinement continuer à allaiter et reprogrammer vos examens de dépistage dans les délais recommandés, soit environ deux ans après le précédent.
L'allaitement, loin d'être un obstacle à votre santé, constitue au contraire un facteur de protection significatif contre le cancer du sein, particulièrement chez les femmes présentant des antécédents familiaux. Si une situation préoccupante devait survenir, des alternatives diagnostiques existent et peuvent être mises en œuvre sans interrompre cette relation si précieuse avec votre enfant.
Faites confiance à votre corps, restez à l'écoute de vos sensations, maintenez une communication ouverte avec vos professionnels de santé, et profitez pleinement de ces moments d'allaitement qui passent si vite.


