Le diabète est une maladie qui peut survenir pendant la grossesse, même chez les personnes qui n'en ont jamais souffert auparavant. Nous vous expliquons quels sont les symptômes, les traitements et quel est le régime alimentaire le plus adapté en cas de diabète gestationnel.
Le diabète est un trouble de l’assimilation, de l’utilisation et du stockage des sucres (principale source d'énergie de l'organisme) apportés par l’alimentation ; le diabète se traduit par un excès chronique de glucose (sucre) dans le sang, ce que l’on appelle l’hyperglycémie.
En temps normal, c’est le pancréas qui, en sécrétant de l’insuline, permet de réguler le taux de glucose : cette hormone permet en effet au glucose de pénétrer dans les cellules de l’organisme où il va être stocké et transformé en énergie. Chez les personnes atteintes de diabète, ce système ne fonctionne pas.
Avoir du diabète pendant la grossesse est un trouble très fréquent chez les femmes enceintes, on parle alors de diabète gestationnel. Dans les cas les moins graves, un simple régime alimentaire adapté peut être suffisant pour le maintenir sous contrôle.
Les causes du diabète gestationnel
Le diabète gestationnel est dû aux changements hormonaux qui se produisent pendant la grossesse. Le fœtus étant encore incapable de produire lui-même du sucre, à partir de la 12ème semaine de grossesse, c’est l’organisme de la femme enceinte qui va y pourvoir. La femme enceinte va parallèlement sécréter une hormone, l’hormone lactogène placentaire (hPL), qui va permettre la mise en réserve des glucides maternels et leur transformation en glucose facilement assimilable par le bébé. C’est cette même hormone qui peut être responsable d’une insulino-résistance chez la mère et donc de l’apparition d’un diabète gestationnel.

Diabète gestationnel : les risques
Un excès de sucre peut nuire aussi bien à la santé de la mère qu'à celle de son enfant, c’est pourquoi il est si important de contrôler régulièrement les niveaux de sucre dans le sang de la femme enceinte.
1/ Les risques du diabète gestationnel pour le bébé
Le sucre produit en excès par l’organisme de la femme enceinte s’accumule sous forme de graisse dans les tissus sous-cutanés et les organes du fœtus, entraînant un risque de macrosomie (surpoids), ce qui peut impliquer un accouchement difficile et la nécessité de recourir à une césarienne. Le bébé peut également souffrir, dès la naissance, de détresse respiratoire et de crises d’hypoglycémie. D’où l’intérêt de se soumettre régulièrement à des analyses de sang et des échographies pendant la grossesse.
2/ Les risques du diabète gestationnel pour la femme enceinte
Le diabète gestationnel peut également avoir des conséquences pour la femme enceinte : augmentation de la pression artérielle et donc risque de pré-éclampsie, décollement du placenta, retard dans la croissance du fœtus, hydramnios (augmentation de la quantité de liquide amniotique) et accouchement prématuré. Dès lors, cependant, que le diabète est détecté, s’il est bien traité, les risques tant pour la mère que pour l’enfant diminuent.
Diabète gestationnel : le diagnostic
Le diagnostic du diabète gestationnel fait suite au dépistage d’une hyperglycémie dans le sang de la future maman. Les premières analyses sont réalisées entre la 24ème et la 28ème semaine de grossesse, date à partir de laquelle il devient possible de détecter les premières altérations dans le métabolisme du glucose.
Autrefois, on utilisait le test O’Sullivan (ou test de tolérance glucidique) suivi, le cas échéant, du test HGPO pour détecter un éventuel diabète gestationnel ; aujourd’hui, on procède directement au test HGPO (Hyper Glycémie Per Os).
Ce test est réalisé en trois temps : un premier prélèvement est réalisé à jeun (valeur H0), puis un second au bout de 60 minutes après avoir bu 75g de glucose (valeur H1) et enfin une troisième prise de sang est faite 2 heures après ingestion du glucose (valeur H2).
Le diabète gestationnel est diagnostiqué dès que la glycémie dépasse l’une des trois valeurs de référence du test. La femme enceinte devra alors faire une activité physique régulière et suivre un régime alimentaire spécifique prescrit par le médecin ou le gynécologue. Ces mesures sont en général suffisantes pour contrôler le diabète. Dans le cas contraire, il faudra recourir à des injections d’insuline et à un suivi quotidien de la glycémie.
On recommande aux femmes enceintes présentant un risque de diabète gestationnel (soit parce qu’elles en ont déjà souffert los d’une précédente grossesse, soit parce qu’il y a des antécédents familiaux) de réaliser un examen glycémique HGPO dès les premières semaines de grossesse, sans attendre la 24ème semaine de grossesse.
Diabète gestationnel : les traitements
Régime alimentaire
Dans les cas les moins graves, la femme enceinte peut assez facilement contrôler son diabète en suivant un régime alimentaire adapté pendant toute sa grossesse et ce si l’échographie indique que bébé grandit normalement.
- Les régimes alimentaires qui permettent de traiter le diabète pendant la grossesse contiennent moins de calories que ce qui est habituellement prescrit au cours de cette période : entre 1.600 et 2.000 calories par jour. Ils s’équilibrent de la façon suivante : 40-60% de sucres complexes, 25% de protéines et 15-25% de lipides.
- On conseille d’abord d’éviter les aliments sucrés au petit-déjeuner qui pourra, par exemple, se composer d’un thé ou d’un café, de lait ou d’un yaourt demi-écrémé et de pain complet avec une cuillère de confiture.
- Pour le déjeuner et le dîner : une petite entrée (60g de matière crue), suivie d’un plat principal à base de poisson, de viande ou de fromage allégé, accompagnés de crudités ou de légumes cuits ne contenant pas trop de sucres simples comme le fenouil, les tomates, les courgettes, le brocoli ou les épinards. Si l‘on souhaite un en-cas, on pourra choisir un fruit, comme une orange par exemple.
Activité physique
Il est conseillé de faire quotidiennement 30 minutes d’exercice physique modéré. À la fin de la grossesse, en cas de restrictions physiques, on peut faire des exercices en position assise.
Traitement médicamenteux
On y a recours si le régime alimentaire et l’exercice physique ne sont pas suffisants.
Diabète gestationnel : les objectifs des traitements
- Diminuer les niveaux de glucose dans le sang, en les amenant à la limite maximale supérieure.
- Assurer une prise de poids adéquate, tant pour la maman que pour le bébé.
- Contrôler les niveaux de lipides plasmatiques (cholestérol et triglycérides).
- Prévenir et traiter les complications aiguës telles que l'hypoglycémie induite par l'insuline et l’exercice physique, et adapter l'alimentation en cas de cétose.
- Prévenir et traiter l'apparition de complications chroniques comme les maladies rénales (diminution des protéines), l'hypertension artérielle (diminution du sel et des matières grasses) ou les maladies cardiovasculaires (diminution des graisses).
Diabète gestationnel : les contrôles
Test de O'Sullivan
- Mesure de la glycémie à jeun => Inférieure ou égale à 95 mg/dl
- Mesure de la glycémie une heure après avoir bu une solution de glucose par voie orale => Inférieure ou égale à 140 mg/dl
Test de surcharge en glucose
- Mesure de la glycémie à jeun => Inférieure ou égale à 95 mg/dl
- Mesure de la glycémie une heure après avoir bu une solution de glucose par voie orale => Inférieure ou égale à 180 mg/dl
- Mesure de la glycémie 2 heures après avoir bu une solution de glucose par voie orale => Inférieure ou égale à 165 mg/dl
- Mesure de la glycémie 3 heures après avoir bu une solution de glucose par voie orale => Inférieure ou égale à 145 mg/dl
Les femmes diabétiques avant d'être enceintes
Les femmes diabétiques doivent faire très attention à leur diabète au cours de la grossesse. Elles doivent contrôler leur taux de sucre dans le sang de manière plus fréquente.
- Dans le cas d’une femme enceinte diabétique, l’excès de sucre dans le sang est déjà présent en début de grossesse et peut donc causer des problèmes dès les premiers mois de grossesse. Par exemple, il peut augmenter le risque de fausse-couche chez la mère et des malformations chez l'enfant.
- Cela ne signifie pas qu’il faille abandonner la grossesse. Il est inutile de s’inquiéter en excès : pour éviter les risques, il suffira de consulter votre médecin avant de commencer la grossesse et de suivre ses instructions à la lettre.
Ces cas de diabète sont traités avec de l'insuline, aussi bien chez les femmes qui sont atteintes de diabète juvénile (diabète de type 1), qui l’utilisent déjà couramment, que chez celles qui souffrent de diabète lié à l'obésité (diabète de type 2), et qui sont généralement traitées avec des médicaments oraux. Ces médicaments doivent être évités pendant la grossesse car ils peuvent être nocifs pour l'enfant.
En outre, chaque semaine, on réalise un contrôle spécialisé, pour s'assurer que tout se déroule comme prévu. Si les valeurs de la glycémie dépassent les limites établies, il sera peut être nécessaire d'avoir recours à des injections d'insuline, qui s'administrent généralement le matin et le soir.
Diabète : Que prendre à la place du sucre?
En plus du contrôle de la glycémie, la femme enceinte qui a du diabète doit sucrer ses aliments avec des substituts. Les plus utilisés aujourd'hui, et qui sont utilisés par l'industrie alimentaire dans la plupart des produits que nous consommons, sont:
Le sucralose
Les études lui donnent un résultat de haute sécurité. En outre, il n'est pas absorbable par le corps humain, il sucre tout en fournissant très peu de calories et les diabétiques le recommandent.
Le sorbitol
C'est un cousin du sucre qui apparaît au naturel dans de nombreux fruits et baies, il sucre moins que le sucre et est sans danger pour la grossesse. Par contre, si on en abuse, il peut provoquer des diarrhées.
Le mannitol
Moins sucré que le sucre, il n'est pratiquement pas absorbé et est sans danger, mais peut provoquer des diarrhées.
Le lactose
C'est le sucre du lait. Les personnes intolérantes au lactose ne peuvent pas le consommer.
La saccharine
Les études sur les animaux n'ont pas permis de savoir si cette substance est sans danger pour le fœtus. Ce produit traverse la barrière placentaire et s'élimine très lentement des tissus fœtaux. Si vous en preniez avant la grossesse, soyez tranquille, les risques sont minimes, mais pendant la grossesse, mieux vaut arrêter.
Questions fréquemment posées sur le diabète gestationnel
1. Le diabète gestationnel présente-t-il des symptômes visibles ?
Dans la grande majorité des cas, le diabète gestationnel est silencieux et ne provoque aucun symptôme perceptible. Seules quelques femmes peuvent ressentir une soif intense, une fatigue importante ou avoir besoin d'uriner plus fréquemment lorsque les taux de sucre dans le sang sont très élevés. C'est pourquoi le dépistage médical reste indispensable et ne peut être remplacé par une simple observation de votre état général.
2. À quelle fréquence le diabète gestationnel apparaît-il ?
Cette complication touche aujourd'hui une part significative des grossesses. Selon les données récentes, environ 16% des femmes enceintes développent un diabète gestationnel, soit plus d'une grossesse sur six. Cette augmentation s'explique en partie par une meilleure détection, mais aussi par la présence plus fréquente de facteurs de risque comme l'âge maternel plus avancé ou le surpoids.
3. Quels sont les principaux facteurs qui augmentent le risque ?
Plusieurs éléments peuvent prédisposer au diabète gestationnel. L'âge maternel supérieur à 35 ans constitue un facteur important, de même qu'un indice de masse corporelle élevé avant la grossesse. Les antécédents familiaux de diabète jouent également un rôle déterminant. Si vous avez déjà accouché d'un bébé pesant plus de 4 kilos ou si vous avez déjà vécu un diabète gestationnel lors d'une précédente grossesse, votre risque est considérablement accru.
4. Le diabète gestationnel peut-il réapparaître lors d'une future grossesse ?
La récidive du diabète gestationnel représente une préoccupation légitime pour de nombreuses femmes. Les études montrent que le risque de récidive varie considérablement, oscillant entre 30 et 84% selon les cas. Cette large fourchette s'explique par la diversité des profils de risque individuels. Il est donc essentiel d'en discuter avec votre médecin dès le projet d'une nouvelle grossesse pour mettre en place un suivi adapté.
5. Que se passe-t-il après l'accouchement ?
Dans la plupart des situations, le diabète gestationnel disparaît spontanément après la naissance. Votre glycémie redevient normale et, si vous receviez des injections d'insuline, ce traitement sera arrêté. Cependant, une surveillance post-partum reste nécessaire pour s'assurer de la normalisation complète des taux de sucre. Cette vérification s'effectue généralement dans les semaines suivant l'accouchement.
6. Le diabète gestationnel augmente-t-il le risque de développer un diabète de type 2 plus tard ?
Avoir vécu un diabète gestationnel constitue effectivement un signal d'alarme pour l'avenir. Les femmes ayant présenté cette complication pendant leur grossesse ont un risque accru de développer un diabète de type 2 dans les années suivantes. C'est pourquoi un suivi médical régulier et l'adoption d'habitudes de vie saines (alimentation équilibrée, activité physique régulière, maintien d'un poids de forme) restent importants bien après la naissance.
7. L'insuline pendant la grossesse présente-t-elle des risques pour le bébé ?
L'insuline utilisée pendant la grossesse ne traverse pas la barrière placentaire et ne présente donc aucun danger pour votre enfant. Au contraire, bien contrôler votre diabète gestationnel grâce à l'insuline, lorsqu'elle s'avère nécessaire, protège à la fois votre santé et celle de votre bébé. L'insuline reste le traitement de référence lorsque l'alimentation et l'activité physique ne suffisent pas à maintenir des glycémies correctes.
8. Peut-on prévenir le diabète gestationnel ?
Bien qu'il ne soit pas toujours possible de prévenir complètement le diabète gestationnel, certaines mesures peuvent réduire le risque. Maintenir un poids santé avant la grossesse, adopter une alimentation équilibrée et pratiquer une activité physique régulière constituent des stratégies préventives efficaces. Si vous présentez des facteurs de risque, une consultation préconceptionnelle permet d'optimiser votre état de santé avant la grossesse.
Conclusion
Le diabète gestationnel, bien qu'il puisse susciter des inquiétudes légitimes, ne doit pas être vécu comme une fatalité. Cette complication, qui touche de plus en plus de femmes enceintes, peut être efficacement prise en charge grâce aux connaissances médicales actuelles et à votre participation active dans le traitement.
L'essentiel réside dans le dépistage précoce et le suivi rigoureux de cette condition. Les tests de glycémie réalisés entre la 24ème et la 28ème semaine de grossesse permettent une détection rapide, ouvrant la voie à une prise en charge adaptée. Dans la majorité des cas, des ajustements alimentaires associés à une activité physique modérée suffisent à maintenir des taux de sucre acceptables, préservant ainsi votre santé et celle de votre enfant. Lorsque ces mesures ne suffisent pas, l'insuline offre une solution sûre et efficace. N'hésitez pas à accepter ce traitement si votre médecin vous le propose : il ne présente aucun risque pour votre bébé et constitue la meilleure garantie d'une grossesse sereine.
Au-delà de la grossesse, cette expérience peut devenir une opportunité d'adopter durablement des habitudes de vie plus saines. L'attention portée à votre alimentation et à votre activité physique pendant cette période peut vous accompagner bien après la naissance, contribuant à réduire votre risque de développer un diabète de type 2 dans l'avenir.
Le diabète gestationnel bien contrôlé n'empêche pas de vivre une grossesse épanouie et de donner naissance à un enfant en parfaite santé. Votre vigilance et votre implication dans le traitement constituent les clés de cette réussite.


