Maladie tabou, la dépression post-partum touche pourtant 15 à 30% de mères après l’accouchement. Fort de ce constat, Adrien Taquet, Secrétaire d’Etat à l’Enfance a annoncé la mise en place d’entretiens systématiques dès 2022, en vue de prévenir ce phénomène chez toutes les jeunes mamans.

La dépression post-partum : qu'est-ce que c'est 

Une dépression post-partum est une dépression qui survient généralement de la 2èmeà la 8ème semaine suivant l’accouchement. Elle présente tous les signes d’une dépression classique avec en toile de fond des idées négatives vis-à-vis du nouveau-né.

La dépression post-partum se distingue du baby blues auquel la moitié des jeunes mamans est confrontée. Le baby blues se manifeste environ 3 jours après l’accouchement et disparait en moins de 2 semaines. Ce n’est pas une maladie en tant que telle, c’est même une réaction normale qui marque la fin d’un stress physique et mental et dont les symptômes sont un état anxieux passager. La dépression post-partum dure plus longtemps et présente des symptômes plus sévères qui nécessitent un accompagnement. On peut dire qu’elle s’inscrit dans le prolongement du baby blues.

Des chiffres alarmants

Le nombre de femmes qui souffrent de la dépression post-partum s’élève à plus de 100 000 par an, soit un taux de 15%. Les jeunes pères ne sont pas en reste, certaines enquêtes  chiffrent à 18% le taux des papas qui avouent avoir été sujets à cette dépression.

Toutefois, il existe un paradoxe entre le nombre de victimes et le taux de parents diagnostiqués à ce sujet (dans les 5% seulement). Bien plus, près de 80% de jeunes parents ne sont pas informés de l’existence d’une telle maladie. Aucun spécialiste ne leur a jamais parlé de cette affection durant les consultations.

Un entretien systématique à partir de 2022

En vue de détecter et de prévenir une dépression post-partum, des consultations seront organisées vers la 5ème semaine après l’accouchement à partir de 2022. En outre, les femmes présentant un risque élevé seront soumises à un 2èmeentretien vers la 12ème semaine suivant l’accouchement. Ces entretiens seront réalisés par des sages-femmes ou des médecins traitants de la famille qui auront été formés à la détection des cas de ce trouble. Dès lors, si un patient présente les symptômes de ladite maladie, il sera redirigé vers un psychologue ou un psychiatre.

Par ailleurs, le secrétaire d’Etat à l’Enfance a lancé un appel à projet afin de « conforter l’offre en psychiatrie périnatale ». Le but visé est l’ouverture de 5 à 10 nouvelles unités de prise en charge parents-enfants et la création de 15 à 20 nouvelles équipes ambulantes.

Des consultations remboursables

Le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé dans le cadre des entretiens systématiques post-partum, que les consultations de psychologue sur prescription médicale seront remboursées pour tous les citoyens français. Ce dispositif sera disponible sous forme de forfait et pourra être renouvelé sur avis médical. Quant au montant du 1er entretien systématique, il sera de 30€, tandis que les entretiens qui suivront s’élèveront à 40€.

Les causes de la maladie

Les causes de la dépression post-partum sont plurielles.  Elles peuvent être d’ordre psychologique, biologique (changements hormonales), sociales ou encore physiologiques. Ainsi, le fait de se retrouver seule et isolée lors du retour à la maison, des relations conjugales conflictuelles, l’ampleur des tâches ménagères, le poids des nouvelles responsabilités, le traumatisme d’une grossesse compliquée, un accouchement difficile, un allaitement compliqué, des antécédents de troubles mentaux, des antécédents familiaux de dépression post-partum… sont autant de raisons qui peuvent plonger la jeune-maman et même le jeune papa dans la dépression post-partum. 

Les symptômes de la dépression post-partum en eux-mêmes

Les signes de la maladie sont nombreux. Il s’agit notamment des problèmes de trouble du sommeil (insomnie, cauchemar, somnambulisme…), une profonde mélancolie, des envies de suicide, la fatigue chronique, la perte d’estime de soi, des remords permanents, le rejet de son enfant, des sentiments sadiques, le fait de se voir comme une mauvaise mère, de se sentir indigne et/ou incapable de prendre soin de son bébé, etc.

Conclusion

La dépression post-partum a longtemps été négligée. Face à l’ampleur de la maladie, le gouvernement français s’est auto-saisi de l’affaire en décidant d’organiser des consultations systématiques à partir de 2022. Ces entretiens seront remboursables et épargneront les jeunes mères des conséquences fâcheuses de la maladie. Cette avancée semble louable lorsque l'on sait combien de jeunes parents souffrent de ce problème. Elle permettra en outre au personnel médical de se recycler en bénéficiant de formations adéquates pour résorber ce type de cas.