Les parents attendent beaucoup de leurs enfants et leur donnent une liste sans fin d'objectifs à atteindre et d'activités hebdomadaires pour rester dans la course. À l’opposé, certains parents rendent la vie trop facile à leurs enfants, à des niveaux extrêmes. Les experts appellent ça l’hyper-parentalité. Mais que signifie ce concept ?
L'hyper-parentalité est un terme que les spécialistes comme l’espagnole Eva Millet, auteur d'un livre intitulé « Hiperpaternidad : del modelo mueble al modelo altar » (Hyper-parentalité : du modèle « meuble », au modèle « autel »), définissent comme un phénomène d'éducation caractérisée par une attention excessive envers les enfants. Les parents considèrent que, pour bien jouer leur rôle, ils doivent anticiper et devancer les problèmes de leurs enfants. Ce qui finit par être contre-productif, car cela les empêchent d’être confrontés à leur propre craintes.
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Dans son livre, Eva Millet déclare que « l'hyper-parentalité rend les enfants comme des êtres intouchables, les parents doivent les défendre à tout prix et résoudre tous leurs problèmes. Ce nouveau modèle de parentalité prend le contre-pied de l'autonomie des enfants et leur capacité à gérer la frustration, en plus de leur provoquer plus de peurs que jamais ».
Les hyper-parents ont généralement peur pour l'avenir de leurs enfants et cherchent à les préparer de la meilleure façon possible en leur offrant les meilleures écoles, en leur achetant les meilleurs jouets et en les inscrivant à toutes les activités extrascolaires possibles pour leur assurer un bel avenir. Ils veulent un enfant parfait et ce le plus tôt possible. Ils considèrent l'enfance de l'enfant comme leur « terrain de jeux ».
Bien que la peur soit une conséquence de cette surprotection, ces parents ne permettent pas à leurs enfants de ressentir la frustration et n’assument pas qu’ils puissent avoir peur ou soient inquiets. D'autre part, les hyper-parents surprotègent et coupent leurs enfants de toute autonomie, au point de nouer leurs lacets de chaussures alors qu’ils pourraient le faire tout seul.
Caractéristiques des parents hélicoptères et des parents bulldozers
Ce phénomène de l'hyper-parentalité, qui a émergé aux Etats-Unis et qui s’est rapidement répandu à travers l'Europe, distingue deux types de parents : d’une part, les parents « hélicoptères », dont le profil correspond à ceux qui tournent sans arrêt autour de leurs enfants, en anticipant leurs désirs et, d'autre part, les parents « bulldozer »,une autre facette de l'hyper-parentalité, qui ouvrent en permanence la voie pour que leurs enfants ne rencontrent pas des difficultés.
Quelles sont les conséquences de l'hyper-parentalité ?
Malheureusement, l'hyper-parentalité empêche l’avènement d’aspects fondamentaux nécessaires au bon développement des enfants, comme la capacité à fournir des efforts ou encore le temps de jouer, qui est l'une des activités d'apprentissage les plus importantes. Mais surtout, l’hyper-parentalité peut empêcher l’enfant d’être heureux.
Par ailleurs, un enfant éduqué par des parents hélicoptères et/ou bulldozers est tellement surprotégé qu’il finit par ne plus savoir comment faire face à la vie, ou comment apprendre à y faire face. De cette manière, l'attention excessive des parents donne naissance à une génération d'enfants pleins de peurs et de préoccupations.
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De plus, comme le dit Eva Millet, l'hyper-parentalité rend les enfants arrogants et les transforme en personnes qui se surestiment. Tout au long de leur vie, leurs parents leur disent qu'ils sont différents des autres et qu'ils peuvent obtenir tout ce qu’ils veulent. Mais paradoxalement, ils sont incapables de résoudre les problèmes par eux-mêmes.
Cristina Gutierrez, une éducatrice et co-directrice réputée de « La ferme », une fondation dont le but est d'améliorer l'éducation en Espagne, affirme être fortement d’accord avec Eva Millet. Elle ajoute qu’en 32 ans de carrière dans le secteur de l'éducation, elle n'avait jamais vu autant d'enfants avec les peurs générées par l'hyper-parentalité. Lorsque les parents surprotègent leurs enfants, ils les éduquent en leur transmettant leurs propres peurs. Peur de ne pas être heureux ou de ne pas avoir d'amis… Des peurs qui finissent par être contre-productives et frustrantes pour les parents comme pour les enfants, car la vie est pleine de difficultés (au travail, à l'école ou dans des relations amicales et amoureuses). Pour Cristina Guiterrez, aimer un enfant, ce n’est pas lui éviter constamment les obstacles de la route, mais lui permettre de comprendre que, quoi que ses parents fassent, ils l’aimeront inconditionnellement.
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