Bernabé Tierno, psychologue et pédagogue, explique comment amener les enfants à devenir des personnes fortes et indépendantes.

 

Au cours des dernières conférences que j’ai données sur le thème « Enseigner avec des valeurs », l'une des questions les plus récurrentes consistait à savoir si un enfant peut (et doit) être éduqué, dès son plus jeune âge, pour « être fort », c’est-à-dire pour le rendre capable de surmonter les difficultés qui se présentent à lui, ou s’il faut au contraire opter pour une éducation au travers de laquelle il se sentira protégé en permanence.

Je trouve la question très intéressante, surtout dans les temps qui courent où l'on parle en permanence de performance et d'échec scolaire, de chômage et de crise économique... Face à cette situation, il me semble inapproprié de réfléchir, car cela semble évident, à la nécessité d'éduquer les enfants dès leur plus jeune âge à être fort, à relever des défis, à avoir une plus grande résistance à la frustration, à avoir moins de caprices, à être plus autonomes et soucieux, à savoir faire beaucoup de choses seuls et à être en mesure de partager ce qu'ils ont.

 

Les clés pour rendre votre enfant plus fort

Avant de commencer cette brève réflexion, je dois dire qu’au cours des 40 dernières années (période que j’ai consacrée à l'éducation des enfants) je n’ai jamais vu autant de scènes d'enfants âgés entre 6 et 7 ans crier sur leurs parents et les frapper. Les parents ne savent pas comment réagir face à la violence, les crises, les coups de pied et les caprices ridicules de leur enfant.

Aujourd'hui, plus que jamais, la plupart des enfants appartenant à cette tranche d’âge ignorent ce qu’est la fermeté et méconnaissent les règles de conduite les plus élémentaires qui devraient être à la base de l’éducation au cours des premières années de la vie.

Je me souviens du cas d'un petit garçon de cinq ans, extrêmement gâté par son grand-père paternel, qui imposait ses propres conditions. Son grand-père le laissait décider de si ses parents, frères, oncles et cousins allaient pouvoir passer le week-end dans la grande maison que les grands-parents avaient à la campagne.

Si le petit garçon disait qu'il voulait rester à Paris, c’étaient 18 personnes, enfants et adultes mélangés, qui ne pouvaient pas partir à la campagne ce week-end-là. On faisait tout ce qu'il voulait. J'ai réussi à parler avec les grands-parents et à les convaincre que leur attitude permissive allait convertir cet enfant en un adolescent capricieux et stupide, et qu’aimer un enfant était synonyme de vouloir le rendre fort, indépendant, courageux et capable de faire des choses qu’il n’appréciait pas forcément, mais qui étaient bonnes pour lui.