Votre petit utilise tantôt sa main droite, tantôt sa main gauche pour attraper ses jouets ? Pas de panique, c'est tout à fait normal ! La latéralité ne se fixe pas du jour au lendemain. Ce processus fascinant, qui détermine si votre enfant sera gaucher ou droitier, suit son propre rythme et mérite toute votre attention sans pression. Découvrez comment accompagner naturellement cette étape fondamentale du développement de votre enfant.
Qu'est-ce que la latéralité et quand se manifeste-t-elle ?
La latéralité se manifeste progressivement dans les premières années de vie. Il est tout à fait normal qu'au cours des deux ou trois premières années, votre enfant soit ambidextre, c'est-à-dire qu'il ait la même capacité à faire des choses avec chacune de ses deux mains. Cette période d'exploration est essentielle pour son développement neurologique.
Habituellement, c'est vers 4 ans que s'établit la préférence pour une main ou pour une autre, c'est-à-dire quand on peut détecter si un enfant est gaucher ou droitier. Si à cet âge l'enfant est toujours ambidextre, il se peut qu'il ait un problème de maturité motrice. Mais c'est à 7 ou 8 ans que l'on sait exactement si un enfant est droitier ou gaucher. En effet, c'est à ce moment qu'il choisit la main avec laquelle il va écrire et qui marquera sa latéralité définitive.
Cette étape du développement est intimement liée à la maturation du cerveau. Chaque hémisphère cérébral contrôle le côté opposé du corps : l'hémisphère gauche commande la partie droite du corps et vice versa. La dominance d'un hémisphère sur l'autre détermine la latéralité de votre enfant, un processus complexe influencé par des facteurs génétiques, neurologiques et environnementaux.
Latéralité pure ou latéralité croisée : comprendre les différences
Si votre enfant utilise préférentiellement la main, le pied et l'œil du même côté, on dit que la latéralisation est pure. Si, en revanche, il est droitier de pied et de main mais gaucher pour les yeux (ou le contraire), on parle de latéralité croisée.
La latéralité croisée n'est pas forcément problématique, mais elle peut nécessiter une attention particulière, notamment lors des apprentissages scolaires. Environ 10% de la population est gauchère, un pourcentage qui varie selon les pays et les cultures, reflétant également l'acceptation sociale de la gaucherie.
L'ensemble des dominances (manuelle, oculaire et podale) confère au corps un ensemble d'asymétries fonctionnelles que le développement psychomoteur, associé à la maturation neurologique, permet d'apprivoiser et de maîtriser progressivement. Ces asymétries sont essentielles pour la coordination motrice et l'orientation dans l'espace.
Les risques de forcer la latéralité d'un enfant
La chose la plus importante est d'aider votre enfant à définir sa latéralité correctement. Il ne faut jamais obliger un enfant qui a clairement montré qu'il était gaucher à exécuter des tâches quotidiennes avec la main droite. Au contraire, il faut l'aider à se débrouiller correctement en tant que gaucher dans n'importe quelle situation.
Forcer la latéralité d'un enfant, c'est-à-dire l'obliger à être droitier ou gaucher, peut causer de nombreux problèmes :
- Des difficultés à écrire et une mauvaise tenue du stylo
- Des troubles d'équilibre et de la lecture
- Des problèmes d'orientation dans l'espace
- Une maladresse avec ses mains
- Un bégaiement ou une dyslexie
- Des troubles de la coordination motrice
Un enfant gaucher que l'on force à être droitier sera obligé de faire des choses avec son côté le plus faible, ce qui entraînera insécurité et sentiment d'avoir un problème que les plus grands essaient de guérir. Ces conséquences peuvent perdurer toute la vie et affecter gravement la confiance en soi et les apprentissages scolaires.
Bien qu'il ne faille jamais forcer un enfant, il faut quand même l'orienter vers un côté ou un autre s'il n'a pas encore défini sa latéralité vers 5 ans (pour les enfants ambidextres). Si votre enfant est aussi habile avec la main gauche qu'avec la droite, vous l'aiderez certainement à se définir comme droitier car notre culture est essentiellement préparée pour être droitière.
Comment savoir si votre enfant est gaucher ?
Pour savoir si votre enfant est gaucher ou droitier, vous devez l'observer lorsqu'il exécute des activités quotidiennes. Vous ne devez pas seulement vous concentrer sur la main avec laquelle il mange ou il écrit, car votre enfant peut être gaucher et avoir été contraint d'utiliser sa main droite pour effectuer ces activités.
Le plus fiable est d'observer votre enfant quand il fait des activités spontanées, comme lancer un ballon, regarder par le trou d'une serrure ou prendre une photo. Ces gestes naturels révèlent sa véritable préférence sans l'influence de l'apprentissage ou de la pression sociale.
Vous pouvez également regarder la main, le pied et l'œil qu'il utilise lorsque :
- Il regarde à travers un télescope ou un dispositif similaire
- Il ouvre ou ferme une bouteille
- Il remplit un verre
- Il prend un objet avec soin (par exemple, un verre plein d'eau)
- Il saute à cloche-pied
- Il ouvre un bonbon
- Il feuillette un livre
- Il lance ou attrape une balle
- Il dessine ou peint spontanément
Il faut beaucoup observer votre enfant et, si nécessaire, consulter un spécialiste avant d'essayer d'orienter ou de modifier sa latéralité. Si vous soupçonnez que votre enfant est gaucher, vous devez respecter cette capacité naturelle et veiller à ce qu'il développe une habilité suffisante avec cette partie de son corps, pour qu'il ne souffre pas d'un retard dans son apprentissage.
Si un enfant a besoin d'aide pour choisir sa latéralité, les deux parents, mais aussi les enseignants, devront l'aider à s'orienter de façon très subtile, en s'assurant qu'ils ne forcent pas son instinct naturel. L'accompagnement doit être patient et respectueux du rythme propre à chaque enfant.
Vos questions fréquentes concernant la latéralité de l'enfant
1. Mon enfant de 3 ans change constamment de main, est-ce normal ?
Oui, c'est tout à fait normal ! Jusqu'à 4 ans environ, les enfants explorent et peuvent utiliser indifféremment leurs deux mains. Cette phase d'ambidextrie fait partie intégrante du processus de maturation neurologique. La préférence se précise généralement entre 4 et 5 ans.
2. Peut-on devenir ambidextre en s'entraînant ?
Bien que l'on puisse améliorer l'habileté de sa main non dominante par l'entraînement, la véritable ambidextrie (capacité égale des deux mains) est extrêmement rare. Le cerveau a naturellement une organisation asymétrique qui favorise un côté. Forcer l'ambidextrie peut même créer des difficultés d'apprentissage.
3. La latéralité est-elle héréditaire ?
La génétique joue un rôle, mais ce n'est pas le seul facteur. Si les deux parents sont gauchers, l'enfant a environ 25% de chances de l'être aussi. Cependant, des facteurs neurologiques, environnementaux et même la position fœtale peuvent influencer la latéralité. C'est un processus multifactoriel complexe.
4. À quel âge faut-il consulter si mon enfant n'a pas défini sa latéralité ?
Si votre enfant n'a toujours pas de préférence marquée après 5-6 ans, ou s'il présente des difficultés importantes dans les activités de motricité fine, il peut être judicieux de consulter un psychomotricien ou un pédiatre. Un accompagnement précoce peut prévenir d'éventuelles difficultés scolaires.
5. Les enfants gauchers ont-ils plus de difficultés à l'école ?
Non, les enfants gauchers n'ont pas plus de difficultés intellectuelles. Cependant, notre environnement étant conçu pour les droitiers (ciseaux, disposition des cahiers, sens de l'écriture), ils peuvent nécessiter des adaptations matérielles. Avec le bon matériel et un enseignement adapté, ils réussissent tout aussi bien que les droitiers.
Conclusion : respecter le rythme naturel de votre enfant
Le développement de la latéralité est un processus naturel et progressif qui s'inscrit dans la maturation globale de votre enfant. Entre exploration spontanée et observation attentive, votre rôle de parent consiste à accompagner ce cheminement sans intervenir de manière forcée. Qu'il soit gaucher, droitier ou qu'il présente une latéralité croisée, l'essentiel est de respecter sa préférence naturelle.
