Les problèmes d'endormissement ne sont pas seulement le lot des adultes. Ils se manifestent aussi chez les bébés. Comme le seul moyen d'expression d'un tout petit enfant est de pleurer, il peut y passer des heures, pour vous signifier qu'il est fatigué mais qu'il ne veut pas dormir.
Nous avons ici le récit d'une maman dont la petite fille est irritable et souffre de troubles du sommeil. Peut-être que vous vous retrouvez dans son histoire ?
Mon bébé est irritable et ne veut pas s'endormir
« Ma petite fille a 8 mois. Depuis l'âge de 6 mois, ses plaintes sont de moins en moins supportables lorsqu'elle est fatiguée. Elle devient nerveuse et ne veut pas dormir. Son exaspération se montre par des coups de pieds, des tapes. Qu'elle soit ou non dans mes bras, elle se tortille.
À l'approche de l'heure habituelle du coucher, ma fille devient violente et se met à pleurer. Elle en arrive même à se triturer ses cheveux. Depuis 3 semaines, elle ne se laisse plus poser sur la chaise haute ou dans sa poussette. Elle résiste en se raidissant et en pleurant, ou agite même ses pieds. Même scénario pour les changes de couches. Elle ne prend de biberons que la nuit et ne veut aller d'un endroit à l'autre qu'à quatre pattes. J'essaie de discuter avec elle mais rien n'y fait. Même si je lui chante une chanson, elle fait la sourde. J'aimerais savoir ce que je dois faire. Merci beaucoup. »
La réponse du Spécialiste
Votre bébé est manifestement emporté et agité. Elle est peut-être de ces bébés qui ressentent profondément le changement de milieu, qui sont facilement dérangés par les bruits et les stimulations extérieures. Ce sont des enfants qui adorent leur confort et qui deviennent agressifs quand ils se sentent bousculés.
D'après ce que vous racontez, votre petit bébé ne semble pas avoir de troubles de sommeil. Il semblerait seulement qu'elle ait passé l'heure de s'endormir. En effet, tout comme vous, votre enfant a une sorte d'horloge qui lui indique qu'il est temps de dormir et si, passé ce cap, elle n'est toujours pas au lit, il va falloir attendre le prochain cycle. Si vous la forcez alors que ce moment est passé, vous aurez en réponse des expressions de rejet.
Je recommanderais que vous mettiez en place une sorte de programme pour une journée. Ainsi, votre bébé saura exactement à quel moment manger ou faire la sieste, ou même jouer. Notez qu'à son âge, elle a encore besoin de 2 siestes d'une durée de 90 minutes chacune. Idéalement, ces deux moments de repos seront départagés pour le matin et l'après-midi. Soyez également vigilante pour repérer les signes que vous envoie votre enfant lorsqu'elle a envie de dormir. Cela peut être un bâillement, un frottement des yeux avec les mains. C'est le moment à ne pas rater pour l'envoyer au lit.
Les enfants à fleur de peau comme votre fille ne doivent pas être sur-stimulés. Évitez donc les jouets lumineux qui l'excitent, les écrans, la télévision, les rencontres avec des personnes qui font trop de bruit. Pensez toujours à sa routine et évitez de la casser. Créez également un lieu de repos dans la maison pour qu'elle puisse se ressourcer.
Concernant les biberons que votre bébé réclame pendant la nuit, si elle les termine, cela signifie qu'elle prend les apports caloriques à la fois pendant le jour et pendant la nuit. Normalement, elle devrait pouvoir dormir sans réclamer de biberon à cet âge. Cela vous allégera de les supprimer. Commencez par enlever 30 ml d'un biberon toutes les deux nuits et ajoutez cette quantité à un biberon du jour. Procédez ainsi jusqu'à ce que vous n'ayez plus à donner de biberon pendant la nuit.
Si la quantité qu'elle boit pendant la nuit n'est que minime, c'est qu'elle a besoin de ce biberon pour la détente. Vous pourrez l'aider à ne plus avoir besoin de ce biberon pour se rendormir, mais il vous faudra de la persévérance.
Lorsque votre bébé réclame le biberon, posez-la dans son lit, dans l'obscurité de sa chambre. Si votre bébé se met à pleurer, tenez-la dans vos bras pendant 2 minutes au maximum, puis reposez-la dans son lit. Si les 2 minutes ne suffisent pas pour la calmer, reposez-la quand même dans son lit mais reprenez-la immédiatement.
Vous pourrez avoir à faire ce geste plusieurs fois, mais rassurez-vous, vous serez récompensée. Patience et persévérance sont les qualités dont vous aurez besoin pour gérer cette situation avec brio.
Comprendre la régression du sommeil à 8 mois
À 8 mois, de nombreux bébés traversent ce qu'on appelle une régression du sommeil. Cette phase temporaire, bien que déstabilisante pour les parents, est en réalité le signe d'un développement normal de votre enfant. Cette période coïncide souvent avec l'angoisse de séparation, une étape cruciale du développement émotionnel qui apparaît généralement entre 8 et 10 mois.
Votre bébé prend désormais conscience de votre absence et peut manifester une anxiété importante lorsque vous vous éloignez, notamment au moment du coucher. Cette prise de conscience explique pourquoi votre enfant peut soudainement résister au sommeil alors qu'il dormait bien auparavant. Les acquisitions motrices majeures comme le quatre-pattes, la station debout ou les premiers pas créent également un état d'hyperexcitabilité chez votre bébé. Son cerveau travaille intensément pour intégrer ces nouvelles compétences, ce qui peut perturber son sommeil.
Cette phase de régression peut durer de quelques jours à plusieurs semaines selon les enfants. L'important est de maintenir une attitude cohérente et rassurante sans créer de nouvelles habitudes difficiles à modifier par la suite. Pour mieux gérer l'angoisse de séparation chez votre bébé, il est essentiel de comprendre que cette étape est temporaire et fait partie de son développement normal.
Créer un environnement propice au sommeil
L'environnement de sommeil joue un rôle déterminant dans la qualité du repos de votre bébé. La chambre doit être un sanctuaire de calme et de sécurité. Maintenez une température idéale entre 18 et 20°C et assurez-vous que la pièce soit suffisamment obscure. L'obscurité favorise la production de mélatonine, l'hormone du sommeil, indispensable pour un endormissement naturel.
Utilisez des rideaux opaques ou des stores occultants pour bloquer toute source de lumière extérieure. Le bruit ambiant doit également être contrôlé : si votre logement est bruyant, n'hésitez pas à utiliser un appareil de bruit blanc ou une veilleuse sonore qui diffuse des sons apaisants comme des battements de cœur ou des bruits de la nature.
Le choix du doudou peut s'avérer précieux à cet âge. Cet objet transitionnel aide votre bébé à se sentir en sécurité et l'accompagne dans ses transitions entre les cycles de sommeil. Choisissez un doudou adapté aux normes de sécurité pour les tout-petits, sans petites pièces détachables. Vous pouvez également découvrir comment instaurer un rituel de coucher efficace pour préparer votre enfant à des nuits paisibles.
La gigoteuse adaptée à la saison remplace avantageusement couvertures et couettes, interdites avant 18 mois pour des raisons de sécurité. Elle permet à votre bébé de bouger librement tout en restant au chaud, réduisant ainsi les risques de réveils nocturnes dus au froid.
Instaurer une routine de sommeil stable et prévisible
Les bébés de 8 mois ont un besoin fondamental de rituels et de prévisibilité. Une routine bien établie leur permet d'anticiper les moments de repos et de se préparer mentalement à la séparation nocturne. Cette régularité crée un sentiment de sécurité essentiel pour un sommeil réparateur.
Le rituel du coucher doit rester simple et cohérent, d'une durée de 10 à 15 minutes maximum. Il peut inclure un bain tiède, le changement de couche, l'enfilage du pyjama, une berceuse douce ou la lecture d'une petite histoire. L'important est de répéter ces mêmes gestes dans le même ordre chaque soir. Ce rituel signale à votre bébé que l'heure du sommeil approche et l'aide à se détendre progressivement.
À 8 mois, votre bébé a généralement besoin de deux siestes : une le matin d'environ 1h à 1h30, et une l'après-midi de 1h30 à 2h. Les fenêtres d'éveil, c'est-à-dire le temps que votre bébé peut rester éveillé sans devenir trop fatigué, s'allongent et passent à environ 3h-3h30 à cet âge. Respecter ces temps d'éveil est crucial : un bébé couché trop tôt ne sera pas assez fatigué, tandis qu'un bébé trop fatigué aura du mal à s'endormir et dormira moins bien.
Observez attentivement les signaux de fatigue : bâillements, frottement des yeux ou des oreilles, regard dans le vide, diminution de l'activité, agitation ou irritabilité. Ces signes indiquent que le moment optimal pour le coucher est arrivé. Si vous manquez cette fenêtre, votre bébé risque de devenir hyperactif et il faudra attendre le prochain cycle de sommeil, souvent 45 minutes à 1 heure plus tard. Pour accompagner au mieux le développement et l'éveil de votre bébé de 8 mois, il est important de trouver le bon équilibre entre stimulation et repos.
Gérer les réveils nocturnes avec patience
Les réveils nocturnes à 8 mois sont fréquents et ne signifient pas nécessairement que votre bébé a un problème de sommeil. Le sommeil est composé de cycles d'environ 50 à 60 minutes à cet âge, et des micro-réveils surviennent naturellement entre chaque cycle. Un bébé qui a appris à s'endormir de manière autonome sera capable de se rendormir seul lors de ces micro-réveils.
Lorsque votre bébé pleure la nuit, attendez une ou deux minutes avant d'intervenir. Il peut simplement traverser une phase de sommeil agité ou être en train de changer de cycle. Si vous intervenez trop rapidement, vous risquez de le réveiller complètement alors qu'il aurait pu se rendormir seul. Écoutez attentivement la nature de ses pleurs : un gémissement ou un pleurnichement léger diffère d'un cri franc qui nécessite votre intervention.
Si vous devez intervenir, faites-le avec calme et cohérence. Entrez dans la chambre sans allumer de lumière vive, parlez à voix basse, rassurez votre bébé par des caresses douces ou en lui repositionnant son doudou. Évitez de le prendre systématiquement dans les bras, sauf si cela est vraiment nécessaire. Si vous devez le prendre, limitez ce moment à 2 minutes maximum, puis reposez-le dans son lit, même s'il n'est pas encore complètement endormi. Cette approche l'aide progressivement à développer sa capacité à s'endormir de façon autonome.
La constance est votre meilleure alliée. Les premières nuits peuvent être difficiles, avec des pleurs intenses, mais si vous restez cohérente dans votre approche, votre bébé apprendra rapidement ce nouveau mode de fonctionnement. N'hésitez pas à vous relayer avec votre conjoint pour éviter l'épuisement parental.
Vos questions fréquentes concernant les troubles du sommeil chez le bébé de 8 mois
1. Pourquoi mon bébé de 8 mois pleure-t-il autant avant de dormir alors qu'il dormait bien avant ?
À 8 mois, votre bébé traverse probablement une phase de régression du sommeil liée à l'angoisse de séparation et aux nombreuses acquisitions motrices de cet âge. Cette période est temporaire et fait partie de son développement normal. Maintenez une routine stable et rassurez votre enfant sans créer de nouvelles associations de sommeil difficiles à modifier.
2. Dois-je laisser pleurer mon bébé pour qu'il apprenne à s'endormir seul ?
Il n'est pas recommandé de laisser pleurer votre bébé pendant de longues périodes. Privilégiez une approche d'accompagnement patient mais ferme : rassurez votre enfant par votre présence et des gestes apaisants, mais évitez de le prendre systématiquement dans les bras ou de créer des conditions d'endormissement qu'il ne pourra pas reproduire seul lors des réveils nocturnes.
3. Mon bébé ne s'endort que dans mes bras, comment l'aider à s'endormir seul dans son lit ?
Commencez par le poser dans son lit lorsqu'il est somnolent mais pas encore endormi. Restez près de lui, rassurez-le par des caresses ou votre voix, mais résistez à l'envie de le reprendre immédiatement. Progressivement, il apprendra à franchir seul la transition entre l'éveil et le sommeil, ce qui lui permettra également de se rendormir seul lors des réveils nocturnes.
4. Comment supprimer progressivement les biberons nocturnes à 8 mois ?
Réduisez graduellement la quantité de lait : diminuez de 30 ml tous les deux jours le biberon nocturne et compensez en augmentant les apports caloriques pendant la journée. Cette transition douce permet à votre bébé de s'adapter sans frustration excessive. Si le biberon sert principalement de réconfort plutôt que de nutrition, remplacez-le progressivement par d'autres moyens d'apaisement comme le doudou ou la tétine.
Conclusion
Les difficultés de sommeil à 8 mois, bien que éprouvantes pour toute la famille, sont généralement temporaires et s'inscrivent dans le développement normal de votre enfant. En instaurant une routine stable, en créant un environnement apaisant et en apprenant à décoder les signaux de fatigue de votre bébé, vous l'aidez à construire de bonnes bases pour un sommeil réparateur.
La clé du succès réside dans la cohérence de votre approche et votre capacité à rester calme et patient, même lors des nuits difficiles. N'oubliez pas de prendre soin de vous également : un parent reposé et serein transmet son apaisement à son enfant. N'hésitez pas à solliciter l'aide de votre entourage ou à consulter un professionnel de santé si les troubles du sommeil persistent au-delà de plusieurs semaines ou si vous vous sentez dépassée par la situation.
