Votre enfant est bavard, joyeux et plein de vie à la maison, mais devient totalement silencieux dès qu'il franchit les portes de l'école ? Ce comportement déroutant porte un nom : le mutisme sélectif. Ce trouble anxieux, souvent méconnu, touche environ 1 enfant sur 140 et peut être source d'incompréhension pour les parents comme pour les enseignants. Découvrez le témoignage d'une maman confrontée à cette situation et les conseils d'un spécialiste pour accompagner au mieux votre enfant.
💬 LA QUESTION DE LA MAMAN
« Ma fille de 4 ans souffre de mutisme. À la maison, c'est une petite fille très ordinaire, joyeuse, espiègle, extrêmement bavarde, mais lorsqu'arrive le moment de monter dans le bus scolaire, son comportement change radicalement.
Elle ne veut pas monter, elle reste au milieu de l'allée et ne s'assoit que lorsque l'accompagnatrice lui dit où s'asseoir, et toujours par la force.
À l'école, elle ne parle pas et change complètement d'attitude. Elle souffre d'anxiété lorsqu'elle est à l'école, elle ne parle pas, ne communique pas avec ses camarades, ne participe pas aux activités scolaires et veut toujours qu'on la tienne par la main et être accompagnée jusqu'à l'endroit où elle doit dessiner, ou faire une autre activité telle que l'anglais, le sport, etc.
Elle est consciente de tout cela et dit ne pas parler à l'école parce qu'elle ne veut pas, elle est très tenace et très têtue. Nous sommes allés voir la pédiatre, mais elle nous renvoie chez le phoniatre (même si elle a l'ouïe très développée, parle bien et n'a aucun problème physique, elle a parfois des problèmes à prononcer le « r »).
À l'école, ils ne savent plus quoi faire, nous espérons que la psychologue de l'école pourra nous aider (la psychologue n'est présente qu'une fois par mois). Pour le moment, nous attendons le rendez-vous avec le phoniatre.
À l'école, je l'accompagne toujours là où se trouvent ses camarades qu'elle voit aussi après l'école. Elle joue avec un ou deux copains, ses préférés. Mais elle méprise les autres et ne fait rien pour nouer des liens d'amitié. Je suis désespérée, même si, intellectuellement, elle est plus avancée que ses camarades. Elle a 2 ou 3 amis et ne veut pas avoir de copines. J'apprécierais si vous pouviez m'orienter car je me sens frustrée en tant que mère.
Je voudrais qu'elle soit comme les autres enfants, contente d'aller à l'école, heureuse de jouer avec des amis. Mais au lieu de cela, elle veut dessiner, peindre ou écrire. Et quand je parviens à la faire jouer, il est difficile de la faire s'arrêter et de rentrer à la maison. »
👨⚕️ LA RÉPONSE DU SPÉCIALISTE
Je pense que vous devriez prendre rendez-vous avec un psychologue plutôt qu'avec le phoniatre. D'après ce que vous décrivez, votre fille présente les signes caractéristiques d'un trouble anxieux appelé mutisme sélectif. Ce trouble se caractérise par l'incapacité de l'enfant à parler dans certains environnements sociaux, comme l'école, alors qu'il s'exprime parfaitement à la maison.
Les enfants atteints de mutisme sélectif sont généralement sensibles, curieux et très intelligents. Ils présentent un degré élevé d'anxiété et ont des difficultés à interagir avec leur entourage en dehors du cercle familial. Ils se sentent observés et ont peur d'entrer en contact avec les personnes qui ne font pas partie de leur environnement sécurisant.
Votre fille comprend parfaitement le langage et est capable de parler dans des espaces où elle se sent en sécurité et en confiance. Tout cela est très lié au sentiment de sécurité. Le mutisme sélectif est également associé aux phobies sociales et aux craintes de l'enfant. Cette peur qu'elle ressent au moment de parler à l'école est réelle et intense. C'est pourquoi elle reste paralysée dans le bus, en classe, et qu'une personne doit l'accompagner jusqu'à sa place.
Vous devez donc chercher à supprimer ces tensions et ces pressions visant à la faire parler, car elles ne font qu'augmenter ce sentiment d'anxiété et d'insécurité. Dites-lui qu'elle peut compter sur vous et que vous êtes à ses côtés pour l'aider à surmonter cette difficulté. Documentez-vous également à ce sujet et voyez où vous pouvez obtenir une aide spécialisée. Il existe des associations qui se consacrent au mutisme sélectif et qui peuvent vous accompagner dans ce parcours.
Pour mieux comprendre les étapes du développement psychologique de l'enfant, il est important de considérer ces manifestations comme des signaux d'alerte nécessitant une attention particulière.
Comment reconnaître le mutisme sélectif chez l'enfant ?
Le mutisme sélectif est un trouble de la communication qui se manifeste généralement entre 3 et 6 ans, souvent lors de l'entrée à l'école maternelle. Il ne s'agit pas d'un simple caprice ou d'un refus volontaire de parler. L'enfant est véritablement incapable de s'exprimer verbalement dans certaines situations sociales, même s'il le souhaite.
Plusieurs signes peuvent alerter les parents :
- L'enfant parle normalement à la maison mais reste totalement silencieux à l'école ou dans d'autres lieux publics
- Il évite le contact visuel avec les adultes ou les enfants qu'il ne connaît pas bien
- Il présente une rigidité corporelle ou une expression figée dans les situations anxiogènes
- Il a besoin d'être accompagné physiquement pour effectuer des tâches simples en dehors de la maison
- Il communique par gestes, hochements de tête ou chuchotements plutôt que par la parole
Il est essentiel de ne pas confondre le mutisme sélectif avec une simple timidité. Un enfant timide finira par s'adapter progressivement à son environnement et commencera à parler au bout de quelques semaines. L'enfant atteint de mutisme sélectif, lui, ne parvient pas à franchir cette barrière sans accompagnement adapté. Pour favoriser la socialisation et l'éducation de votre enfant, une prise en charge précoce est recommandée.

Quelles solutions pour accompagner un enfant mutique ?
La prise en charge du mutisme sélectif nécessite une approche globale impliquant plusieurs acteurs : les parents, l'école et les professionnels de santé. Voici les principales recommandations des spécialistes :
- Consulter un psychologue ou pédopsychiatre spécialisé dans les troubles anxieux de l'enfant pour établir un diagnostic précis
- Mettre en place une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) adaptée à l'âge de l'enfant
- Travailler en collaboration avec l'équipe éducative pour créer un environnement sécurisant à l'école
- Éviter toute pression pour faire parler l'enfant, ce qui ne ferait qu'aggraver son anxiété
- Valoriser les progrès, même minimes, et encourager toute forme de communication non verbale
L'orthophoniste peut également jouer un rôle complémentaire, notamment à travers des activités ludiques qui encouragent progressivement l'expression verbale. L'objectif n'est pas de forcer l'enfant à parler, mais de créer les conditions favorables pour qu'il se sente suffisamment en confiance pour s'exprimer.
À la maison, les parents peuvent aider leur enfant en organisant des rencontres avec un ou deux camarades dans un cadre familier et rassurant. Il est également bénéfique de préparer l'enfant aux nouvelles situations en lui expliquant à l'avance ce qui va se passer. Les conseils de santé pour les enfants incluent aussi l'importance de maintenir des routines stables qui renforcent le sentiment de sécurité.
Le pronostic est généralement favorable lorsque le trouble est identifié et pris en charge précocement. Plus l'intervention est rapide, meilleurs sont les résultats. Sans accompagnement, le mutisme sélectif peut persister et entraîner des difficultés d'apprentissage, un isolement social croissant et des troubles anxieux à l'adolescence.
Vos questions fréquentes concernant le mutisme sélectif chez l'enfant
1. Le mutisme sélectif est-il un signe d'autisme ?
Non, le mutisme sélectif et l'autisme sont deux troubles distincts. L'enfant mutique possède des compétences de communication normales et interagit de manière adaptée dans son environnement familial. Cependant, certains comportements peuvent sembler similaires, d'où l'importance d'un diagnostic professionnel.
2. Mon enfant refuse-t-il volontairement de parler à l'école ?
Non, il ne s'agit pas d'un refus volontaire ni d'une forme de manipulation. L'enfant atteint de mutisme sélectif est véritablement paralysé par l'anxiété. Cette peur est réelle et intense, même si elle peut paraître incompréhensible pour l'entourage.
3. À quel âge le mutisme sélectif se manifeste-t-il généralement ?
Le mutisme sélectif apparaît le plus souvent entre 3 et 6 ans, période qui coïncide avec l'entrée à l'école maternelle. C'est à ce moment que l'écart entre le comportement à la maison et à l'extérieur devient flagrant.
4. Le mutisme sélectif peut-il disparaître sans traitement ?
Dans certains cas rares, le trouble peut s'atténuer spontanément. Cependant, sans prise en charge adaptée, il risque de persister et d'entraîner des conséquences sur le développement social et scolaire de l'enfant. Une intervention précoce améliore considérablement le pronostic.
5. Comment réagir face à un enfant qui ne parle pas à l'école ?
L'attitude la plus aidante consiste à ne pas mettre de pression sur l'enfant pour qu'il parle. Valorisez ses autres formes de communication, rassurez-le sur votre soutien inconditionnel et consultez rapidement un spécialiste pour bénéficier d'un accompagnement adapté.
Conclusion
Le mutisme sélectif est un trouble anxieux qui mérite d'être pris au sérieux. Derrière ce silence se cache une profonde détresse que l'enfant ne parvient pas à exprimer autrement. En tant que parent, votre rôle est essentiel : en créant un environnement sécurisant, en évitant toute pression et en sollicitant l'aide de professionnels compétents, vous donnez à votre enfant les meilleures chances de surmonter cette difficulté.


