Je crie beaucoup sur mon bébé

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Je crie beaucoup sur mon bébé

Devenir parent constitue l'une des expériences les plus bouleversantes de notre existence. Entre l'émerveillement et l'épuisement, entre la joie immense et le stress intense, cette transition vers la parentalité nous confronte parfois à des aspects de nous-mêmes que nous ne soupçonnions pas.

Parmi ces défis, la gestion de nos propres émotions face aux pleurs de notre bébé représente un enjeu majeur qui touche de nombreux parents.

Les pleurs d'un nourrisson activent instinctivement notre système d'alarme parental. Pour le bébé, les pleurs sont le seul moyen de libérer les hormones de stress (adrénaline et cortisol) et de réactiver le système nerveux parasympathique. Cependant, quand ces pleurs se prolongent et que nous nous sentons démunis, ils peuvent déclencher en nous des réactions émotionnelles intenses qui nous ramènent parfois à nos propres souvenirs d'enfance.

L'héritage émotionnel familial joue un rôle déterminant dans notre façon de réagir aux défis parentaux. L'anxiété peut donc subsister sur plusieurs générations : un grand-parent anxieux influence sa descendance, et le modèle éducatif qu'il donnera à son enfant, fera qu'il reproduira (souvent inconsciemment) les mêmes schémas. Cette transmission transgénérationnelle explique pourquoi certains parents se retrouvent à crier sur leur bébé alors qu'ils avaient juré de ne jamais reproduire les comportements qu'ils ont subis.

La fatigue et le stress amplifient considérablement ces réactions. Le cerveau du bébé est sensible au stress s'il est prolongé ou intense : en cas de violences conjugales par exemple, ou lorsque les parents sont régulièrement indisponibles aux besoins du nouveau-né. Heureusement, les experts précisent qu'un stress ponctuel ou d'intensité réduite n'aura pas d'impact majeur sur le développement de l'enfant.

 

Le témoignage de Sarah

Je suis maman pour la première fois, d'un bébé de 5 mois et j'ai 22 ans. Petite, mes parents avaient l’habitude de me crier dessus lorsque je faisais quelque chose de mal et maintenant, je me rends compte que parfois, quand mon bébé commence à pleurer, cela me dérange tellement que je finis par lui crier aussi dessus. Certaines nuits, lorsqu’il se réveille, je lui crie également dessus car il ne veut pas se rendormir.

La vérité est que ça m’arrive généralement si je suis stressée ou fatiguée pour des choses en rapport avec la maison, ou si je me suis disputée avec mon conjoint. J’essaie de ne pas crier mais, parfois, je finis par le faire et ça me fait mal pour mon bébé qui le vit mal car ce n’est pas de sa faute. S’il-vous-plaît, aidez-moi, dites-moi ce que je peux faire pour éviter ces moments et que mon fils qui est un enfant très heureux en général ne soit pas affecté.

 

Réponse du Spécialiste

Bonjour et merci de nous raconter votre expérience. Quand nous sommes parents, il est tout à fait normal de répéter le modèle de nos parents parce que c'est celui que nous avons appris. Vous avez beaucoup avancé, puisque vous en avez pris conscience et que vous savez que vous répétez ce que vos parents ont fait avec vous et, comme cela vous est arrivé, vous n’aimeriez pas que votre bébé vive la même chose que vous.

Vous savez que le problème s’accentue lorsque vous vous sentez dépassée (fatiguée ou stressée) ou que des évènements négatifs vous ont affectés. Ce qui vous arrive, comme vous le dites, est un « séquestre émotionnel », l’émotion vous emprisonne et vous agissez de manière impulsive (vous agissez, vous arrêtez et ensuite vous pensez.... Moment où vous vous sentez coupable de ne pas avoir agir différemment).

Nous vous suggérons de renforcer votre capacité d’autocontrôle et de chercher des façons de répondre d’une manière impulsive quand vous sentez une colère en vous.

Tout d’abord, nous vous encourageons à réfléchir:

- Quelle est, selon vous, la raison de ses pleurs?

- Qu'est-ce qui vous énerve tant dans la situation ?

- Est-ce vraiment contre votre bébé que vous êtes en colère?

- Qu’est-ce qui peut vous aider à décharger cette colère d’une autre façon plus positive?

Il serait bon que vous découvriez (sans vous juger) ce que vous pensez quand il pleure pour changer ces pensées qui vous font vous sentir submergée par votre émotion par d’autres plus appropriées («il est normal de pleurer, c'est la seule façon qu’il a de communiquer»). Je vous recommande également d’utiliser votre respiration pour vous relaxer, en fermant les yeux et en respirant profondément jusqu’à ce que l’air arrive dans votre estomac, puis de relâcher peu à peu et de faire que, à un rythme lent, votre niveau d’activation puisse baisser, cela vous aidera.

Il existe une technique qui évite les séquestres émotionnels. Comme s’il s’agissait d’un feu de circulation, vous visualisez d’abord le ROUGE: arrêtez-vous, puis le JAUNE: pensez, et enfin le VERT: agissez.

C'est une technique qui inverse l'ordre dont nous parlions auparavant et elle est étroitement liée à l'impulsivité. Elle a de grands avantages car elle a aidé des personnes et des familles entières à réduire leur impulsivité lorsque c’est nécessaire, en évitant les colères et les culpabilités inutiles et une atmosphère désagréable et hostile que le bébé perçoit. Le célèbre «compter jusqu'à dix » dans son format visuel.

Détecter l'intensité de votre colère vous aidera, observez quand vous vous énervez pour pouvoir sortir de la situation, changez les pensées qui ne vous aident pas et respirez profondément ; lorsque l'intensité de votre colère diminue, ce sera le moment d’aller voir votre enfant. Cela vous aidera à agir plus efficacement et à éviter les sentiments de culpabilité qui en résultent. Nous vous souhaitons que des bonnes choses et du courage pour ce défi d’apprendre à s’autocontrôler, ça en vaut la peine!

 

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Comprendre les mécanismes de la régulation émotionnelle parentale

La régulation émotionnelle parentale constitue un processus complexe qui implique notre capacité à reconnaître, comprendre et gérer nos propres réactions émotionnelles dans notre rôle de parent. Cette compétence se révèle particulièrement cruciale lors des interactions avec notre bébé.

Il est essentiel d'identifier ce qui se passe quand on dérape. Quand je hurle, combien de temps dure l'émotion ? Quels sont les signes corporels annonciateurs (estomac noué, coup de chaud, etc.) ? Cette prise de conscience corporelle représente la première étape vers un meilleur contrôle de nos réactions.

Les recherches montrent que la fatigue et le stress constituent les principaux facteurs déclencheurs des débordements émotionnels parentaux. Entre les nuits hachées, les pleurs inexpliqués de votre bébé et les nouvelles responsabilités qui pèsent sur vos épaules, il est normal de se sentir dépassé. Cette surcharge peut créer un cercle vicieux où notre capacité de régulation émotionnelle diminue progressivement.

Il est important de comprendre que plus un enfant s'est senti autorisé à exprimer ses émotions, qu'elles ont été prises en compte sans jugement ni rejet, plus l'enfant sera en mesure de les maîtriser et de développer de l'empathie pour les autres. Cette règle s'applique également à nous, en tant que parents : accepter nos émotions sans jugement constitue le premier pas vers une meilleure régulation.

 

Vos questions fréquentes concernant la gestion de la colère parentale face aux pleurs de bébé

 

1. Est-il normal de ressentir de la colère quand mon bébé pleure constamment ?
Absolument, il s'agit d'une réaction humaine parfaitement normale. Une crise de colère est une réaction à une situation que votre enfant ne peut pas gérer, et paradoxalement, cette règle s'applique aussi aux parents. La colère face aux pleurs persistants d'un bébé témoigne souvent de notre sentiment d'impuissance et de fatigue. L'important est de reconnaître cette émotion sans la laisser dicter nos actions.

 

2. Mon bébé peut-il être traumatisé si je lui crie dessus occasionnellement ?
Si votre bébé est exposé à un stress ponctuel ou d'une intensité réduite, il faut arriver à relativiser car, les experts l'attestent, cela n'aura pas de réel impact sur le développement du nourrisson. Cependant, des épisodes répétés peuvent affecter la relation parent-enfant et le développement émotionnel de l'enfant. La clé réside dans la reconnaissance du problème et la mise en place de stratégies préventives.

 

3. Comment puis-je briser le cycle de reproduction des schémas familiaux négatifs ?
La prise de conscience constitue déjà un énorme pas en avant. L'accompagnement à la régulation émotionnelle est une composante essentielle de la formation d'un attachement sécure. Travaillez sur vos propres déclencheurs émotionnels, développez des techniques de gestion du stress, et n'hésitez pas à demander de l'aide professionnelle si nécessaire. La thérapie familiale peut s'avérer particulièrement bénéfique.

 

4. Que faire concrètement quand je sens la colère monter face aux pleurs de mon bébé ?
Appliquez la technique du feu tricolore mentionnée par la spécialiste : ROUGE - arrêtez-vous, sortez de la situation si possible. JAUNE - réfléchissez à ce qui déclenche votre colère et respirez profondément. VERT - agissez de manière réfléchie une fois que l'intensité émotionnelle a diminué. L'objectif de la technique du feu tricolore est simple : les enfants doivent apprendre à identifier au fil du temps leur niveau d'impulsivité, et cette méthode fonctionne également pour les adultes.

 

5. Comment gérer ma culpabilité après avoir crié sur mon bébé ?
La culpabilité fait partie du processus normal de prise de conscience. Suite à la crise, la réconciliation sera très importante, évitez d'être rancunier et de le faire sentir inutilement coupable. Concentrez-vous sur l'apprentissage et la prévention plutôt que sur l'auto-flagellation. Votre bébé a besoin d'un parent qui apprend de ses erreurs, pas d'un parent parfait.

 

6. Quand dois-je chercher de l'aide professionnelle ?
Si les épisodes de colère deviennent fréquents, intenses, ou si vous avez des pensées inquiétantes concernant votre bébé, il est temps de consulter. Le burn-out ne discrimine pas: aucun parent n'est à l'abri. Un psychologue spécialisé en périnatalité ou un thérapeute familial peuvent vous accompagner efficacement.

 

7. Mon conjoint ne comprend pas mes difficultés, que faire ?
La communication au sein du couple est essentielle. Prendre soin de votre relation est essentiel pour traverser cette période avec plus de sérénité. Expliquez à votre partenaire vos déclencheurs, vos besoins de soutien, et travaillez ensemble sur des stratégies d'entraide. Une thérapie de couple peut également aider à traverser cette période délicate.

 

8. Comment puis-je prévenir ces moments de débordement ?
La prévention passe par la gestion proactive du stress et de la fatigue. Autorisez-vous à baisser temporairement vos exigences. Si le linge s'accumule un peu plus que d'habitude ou si la vaisselle n'est pas immédiatement faite, ce n'est pas grave. Mettez en place des routines de récupération, demandez de l'aide à votre entourage, et développez un réseau de soutien solide. 

 

Conclusion : Vers une parentalité consciente et apaisée

La gestion de nos émotions parentales constitue un apprentissage permanent qui demande patience, compassion envers soi-même et persévérance. Reconnaître ses difficultés n'est pas un signe de faiblesse mais de maturité et d'amour pour son enfant.

Cette proximité parent-enfant contribue également à la régulation des émotions chez l'enfant, réduisant ainsi les pleurs et l'anxiété. Les parents constatent souvent une meilleure ambiance à la maison, car le bébé se sent apaisé et sécurisé, ce qui diminue le stress parental. Cette observation souligne l'importance du cercle vertueux : quand nous parvenons à mieux gérer nos émotions, notre bébé ressent cette stabilité et devient à son tour plus serein.

L'héritage émotionnel que nous transmettons à nos enfants commence dès leurs premiers mois de vie. En prenant soin de notre propre régulation émotionnelle, nous leur offrons les bases d'une sécurité affective durable. Les techniques de gestion de la colère, la reconnaissance de nos limites et la recherche d'aide quand nécessaire constituent autant d'investissements dans le bien-être familial à long terme.

Il n'existe pas de parent parfait, mais il existe des parents conscients qui s'efforcent de grandir avec leur enfant. Votre capacité à questionner vos réactions, à chercher des solutions et à vouloir offrir le meilleur à votre bébé témoigne déjà de votre engagement parental profond. Avec les bons outils, le soutien approprié et beaucoup de bienveillance envers vous-même, vous pouvez transformer ces moments difficiles en opportunités de croissance personnelle et familiale.

La route vers une parentalité épanouie n'est pas linéaire, elle est faite d'apprentissages, de remises en question et de petites victoires quotidiennes. Votre enfant n'a pas besoin d'un parent parfait, il a besoin d'un parent authentique qui fait de son mieux et qui grandit à ses côtés.

 

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