Taux d'IgE élevé chez l'enfant : faut-il s'inquiéter d'une allergie au lait ou aux œufs ?

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Allergie au lait de vache

Votre enfant présente une peau réactive depuis sa naissance, avec de l'urticaire, des démangeaisons ou de l'eczéma ? Les analyses sanguines ont révélé un taux d'IgE supérieur à la normale ainsi qu'une sensibilisation au lait de vache et aux œufs ? Comprendre ce que signifient réellement ces résultats est essentiel pour accompagner votre enfant sereinement. Découvrez la question d'une maman inquiète et les explications détaillées de notre pédiatre pour vous aider à y voir plus clair.

La question d'une maman

« J'ai une petite fille de quatre ans qui a toujours eu une peau très réactive, avec de l'urticaire, des démangeaisons, etc. On lui a diagnostiqué de l'eczéma, de l'érythème polymorphe, de la dermatite, de la dermatose, etc. (à chaque consultation un nouveau diagnostic).

Il y a un mois, on lui a fait des analyses de sang complètes et elle avait un IgE de 172 UI/ml. Et l'allergie au lait de vache 0,80 kU/L et à l'œuf entier 0,55.

Le pédiatre me dit que ce n'est pas important, mais je ne sais pas si cela sera un problème pour elle dans le futur. Qu'en pensez-vous ? »

 

La réponse du pédiatre

Les immunoglobulines E (IgE) sont responsables de la réaction allergique immédiate. Quand le corps entre en contact avec une substance à laquelle il est allergique (allergène), celle-ci se lie à deux molécules d'IgE, ce qui déclenche la libération d'un certain nombre de substances responsables de la réaction allergique. Cette réaction peut être cutanée, digestive, respiratoire, voire générale dans le cas d'un choc anaphylactique.

Quand un enfant a un taux élevé d'IgE, cela signifie qu'il est très probablement allergique, bien que cela ne nous dise pas à quoi. Ce sera l'évaluation du taux d'IgE spécifiques (RAST), ainsi que les tests cutanés (Prick Test), y compris les tests de provocation, qui nous indiqueront les substances qui provoquent l'allergie chez chaque individu.

Un taux de 172 UI/mL d'IgE totales (spécifiques et non spécifiques) est élevé, mais pas trop, étant donné que les valeurs de référence pour chaque laboratoire peuvent présenter des variations qui doivent être considérées dans la normale.

Les taux d'« allergie au lait de vache » et à « l'œuf entier » ne veulent rien dire, dans le sens où il n'est pas précisé s'il s'agit d'IgE spécifiques au lait de vache et d'IgE spécifiques au blanc plutôt qu'au jaune d'œuf. Ce qu'on attend d'une réaction allergique mesurée par IgE est qu'elle soit immédiate, au bout de quelques minutes après avoir mangé l'aliment suspecté.

Il existe aussi des allergies alimentaires qui ne dépendent pas des IgE, mais on ne les attend pas avant l'âge d'un an. Je ne peux pas être plus précis car les données que vous me donnez ne me le permettent pas, bien qu'il y ait toujours la possibilité de faire un régime alimentaire d'exclusion, en éliminant les aliments de l'alimentation de l'enfant pendant quelques semaines et en les réintroduisant progressivement en contrôlant leur effet.

 

Comprendre le rôle des IgE et le terrain atopique

Les enfants ayant une peau particulièrement réactive présentent souvent ce que les médecins appellent un terrain atopique. Cette prédisposition génétique se caractérise par une barrière cutanée fragilisée qui ne remplit pas correctement son rôle protecteur. La peau laisse alors passer plus facilement les allergènes environnementaux, ce qui peut déclencher des réactions inflammatoires comme l'eczéma ou la dermatite atopique. Pour mieux comprendre ces manifestations cutanées, n'hésitez pas à consulter notre article dédié à la dermatite atopique chez les bébés.

Il est essentiel de comprendre que la dermatite atopique et l'allergie alimentaire sont deux entités distinctes, même si elles peuvent coexister chez un même enfant. L'eczéma atopique n'est pas causé par une allergie alimentaire dans la majorité des cas, contrairement à une idée reçue très répandue. Cependant, chez certains enfants, une allergie alimentaire peut aggraver les symptômes de l'eczéma.

Les différents diagnostics posés successivement (eczéma, érythème polymorphe, dermatite, dermatose) témoignent de la complexité du diagnostic des affections cutanées chez l'enfant. Ces manifestations peuvent avoir des origines diverses et ne sont pas toujours liées à une allergie alimentaire.

 

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Allergies IgE-médiées et non IgE-médiées : les différences essentielles

Les allergies alimentaires se divisent en deux grandes catégories qu'il est important de distinguer. Les allergies IgE-médiées provoquent des réactions immédiates, survenant généralement dans les minutes à deux heures suivant l'ingestion de l'aliment responsable. Ces réactions sont celles que l'on détecte grâce aux tests cutanés et aux dosages d'IgE spécifiques.

À l'inverse, les allergies non IgE-médiées, aussi appelées allergies retardées, se manifestent plusieurs heures voire plusieurs jours après la consommation de l'allergène. Elles touchent principalement le système digestif et sont plus difficiles à diagnostiquer car les tests classiques sont souvent négatifs.

Pour qu'un diagnostic d'allergie alimentaire soit posé, plusieurs éléments doivent converger :

  • Une histoire clinique évocatrice avec des symptômes apparaissant rapidement après l'ingestion
  • Des tests cutanés (prick-tests) positifs réalisés par un allergologue
  • Un dosage d'IgE spécifiques correspondant
  • Éventuellement un test de provocation orale en milieu hospitalier

Pour accompagner au mieux votre enfant lors de la diversification alimentaire ou dans le cadre d'un régime d'éviction, les conseils d'un professionnel sont précieux. La sensibilisation mise en évidence par les tests ne signifie pas nécessairement allergie, et de nombreux enfants sensibilisés tolèrent parfaitement l'aliment concerné.

 

Évolution et pronostic des allergies alimentaires chez l'enfant

Une bonne nouvelle pour les parents inquiets : la majorité des allergies alimentaires de la petite enfance disparaissent spontanément. L'allergie aux protéines du lait de vache guérit dans environ 80% des cas avant l'âge de 3 ans. Pour l'œuf, environ deux tiers des enfants allergiques acquièrent une tolérance avant l'âge de 6 ans. Ces données sont rassurantes et montrent que même en cas d'allergie avérée, l'évolution est souvent favorable.

Le suivi allergologique régulier permet de surveiller l'évolution des taux d'IgE spécifiques dans le temps. Une diminution progressive de ces taux est généralement un bon signe annonciateur de la guérison. L'allergologue pourra alors proposer une réintroduction progressive de l'aliment, souvent en commençant par des formes cuites qui sont mieux tolérées.

Si votre enfant présente effectivement une allergie, certaines précautions seront à prendre au quotidien. La lecture attentive des étiquettes alimentaires devient indispensable, et vous pouvez vous renseigner sur les différents aspects de la santé de l'enfant pour mieux accompagner votre petite au quotidien.

 

Vos questions fréquentes concernant les allergies alimentaires et le taux d'IgE chez l'enfant

1. Un taux d'IgE élevé signifie-t-il forcément que mon enfant est allergique ?
Non, un taux d'IgE totales élevé indique simplement un terrain atopique, c'est-à-dire une prédisposition aux allergies. Pour qu'une allergie soit diagnostiquée, il faut que des symptômes cliniques apparaissent après l'exposition à l'allergène et que les tests spécifiques confirment le lien. De nombreux enfants ayant un taux d'IgE élevé ne développent jamais d'allergie alimentaire cliniquement significative.

 

2. Faut-il supprimer le lait et les œufs de l'alimentation de mon enfant à titre préventif ?Non, il est fortement déconseillé de supprimer des aliments de l'alimentation d'un enfant sans diagnostic médical confirmé. Un régime d'éviction non justifié peut entraîner des carences nutritionnelles et paradoxalement augmenter le risque de développer une allergie. Seul un allergologue peut poser l'indication d'un régime d'éviction après un bilan complet.

 

3. Quand faut-il consulter un allergologue pédiatrique ?
Une consultation chez l'allergologue est recommandée si votre enfant présente des symptômes évocateurs d'allergie alimentaire (urticaire, vomissements, difficultés respiratoires) après la consommation d'un aliment, si les tests sanguins montrent des taux d'IgE spécifiques élevés, ou si votre enfant présente un eczéma sévère résistant aux traitements habituels.

 

4. Les allergies alimentaires peuvent-elles devenir plus graves avec le temps ?
Chez l'enfant, la tendance naturelle est plutôt à l'amélioration, notamment pour les allergies au lait et aux œufs. Cependant, chaque exposition à un allergène auquel l'enfant est réellement allergique peut potentiellement provoquer une réaction plus sévère. C'est pourquoi le suivi médical régulier et le respect des consignes d'éviction en cas d'allergie confirmée sont essentiels.

 

Conclusion

Face à des résultats d'analyses montrant un taux d'IgE élevé et une sensibilisation au lait ou aux œufs, il est naturel de s'interroger sur la santé de son enfant. L'essentiel est de faire confiance à votre pédiatre et de ne pas tirer de conclusions hâtives à partir des seuls résultats biologiques. La sensibilisation n'est pas synonyme d'allergie, et de nombreux enfants tolèrent parfaitement les aliments auxquels ils sont sensibilisés.

Si des symptômes allergiques apparaissent ou si vous avez des doutes persistants, n'hésitez pas à demander une consultation spécialisée auprès d'un allergologue pédiatrique. Un bilan complet permettra d'établir un diagnostic précis et de vous donner des recommandations adaptées à la situation particulière de votre enfant.

 

 

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