Votre enfant de 2 ans excelle dans certains domaines mais semble en retrait sur le plan moteur ? Vous n'êtes pas seule à vous poser cette question. Le développement psychomoteur des tout-petits suit un rythme propre à chacun, et les écarts entre enfants du même âge sont parfaitement normaux. Découvrez l'avis éclairé de notre pédiatre sur cette situation fréquente qui préoccupe de nombreux parents.
La question d'une maman
« J'ai une petite fille de 28 mois qui a toujours été très calme. Elle est plutôt observatrice qu'intrépide, aime les jeux statiques comme peindre, lire des histoires ou jouer avec des poupées.
Dans certains domaines, je pense qu'elle est très en avance, car elle parle presque parfaitement, sait compter jusqu'à douze sans erreur, connaît plus de sept couleurs, etc.
En revanche, je suis inquiète concernant son niveau moteur. Elle ne sait pas sauter, j'ai essayé de la mettre sur un lit et de lui montrer, pour que ce soit plus facile pour elle, mais elle en est incapable. Ça commence aussi à être un problème pour elle, parce que quand les autres enfants le font, elle me dit presque en pleurant qu'elle ne sait pas le faire. Est-ce normal ou devrais-je consulter mon pédiatre ? »
La réponse du pédiatre
Les étapes de développement identifiées dans les schémas de pédiatrie indiquent qu'à l'âge de deux ans, un enfant marche et saute, mais ce n'est pas avant deux ans et demi que l'on dit qu'« il marche et saute bien ».
Considérez ces commentaires comme l'indication que la normalité dans la réalisation des différentes étapes du développement psychomoteur se situe dans une large frange. Les spécialistes de la petite enfance s'accordent à dire que chaque enfant progresse à son propre rythme, et des écarts de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, d'un enfant à l'autre sont tout à fait courants.
D'autre part, sortir de cette frange de « normalité » n'a une signification que pour certains des objectifs, car un enfant peut être plus lent pour parvenir à certains acquis et plus rapide pour d'autres, ce qui est exactement ce qui arrive à votre fille. Son excellent niveau de langage et ses capacités cognitives avancées témoignent d'un développement global tout à fait harmonieux.
Par contre, ne parlez pas de cette lenteur apparente devant votre fille ou des membres de la famille, et essayez encore moins de lui « apprendre ». Quand viendra le moment, il n'y aura plus moyen de l'arrêter. Mais si vous insistez sur le fait qu'elle ne sait pas, ou si vous faites des commentaires devant elle du style « comment pourrais-je faire pour qu'elle apprenne ? », cela retardera probablement l'ensemble du processus, sans laisser à l'enfant la possibilité de le faire spontanément quand « ce sera le moment ».
Les étapes du développement moteur entre 2 et 3 ans
Entre 2 et 3 ans, l'enfant vit une période de développement psychomoteur intense. Il découvre son corps, affine ses gestes et sa coordination, et s'affirme de plus en plus dans son autonomie. La capacité à sauter sur place, pieds joints, s'acquiert généralement entre 24 et 30 mois, avec une grande variabilité selon les enfants.
Selon les références pédiatriques, voici ce qu'un enfant acquiert généralement durant cette période :
- À 2 ans : l'enfant marche, court, monte et descend les escaliers marche par marche, donne un coup de pied dans un ballon et commence à grimper sur les meubles.
- À 2 ans et demi : il marche et saute « bien », peut se tenir debout un court instant sur un seul pied et commence à chevaucher un tricycle.
- À 3 ans : il saute à pieds joints vers l'avant, fait du tricycle avec aisance et gagne en équilibre général.
Ces repères sont des moyennes statistiques et non des obligations. Un enfant qui préfère les activités calmes et observatrices, comme votre fille, développera naturellement ses compétences motrices à son rythme, souvent en privilégiant d'abord d'autres domaines comme le langage ou les capacités cognitives.

Pourquoi certains enfants sont-ils plus avancés dans certains domaines ?
Le développement psychomoteur désigne l'évolution des compétences d'un individu depuis sa naissance jusqu'à l'âge adulte, sur les plans moteur, psychologique, cognitif et social. Il résulte de l'interaction entre des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux, qui débute dès la vie intra-utérine.
Certains enfants sont naturellement plus « cérébraux » et développent en priorité leurs capacités langagières et intellectuelles, tandis que d'autres sont plus « moteurs » et explorent le monde par le mouvement. Votre fille, qui parle presque parfaitement à 28 mois, compte jusqu'à douze et connaît ses couleurs, présente clairement un profil orienté vers les apprentissages cognitifs.
Cette répartition des priorités développementales est tout à fait normale. Le cerveau de l'enfant ne peut pas tout développer simultanément avec la même intensité. Les acquisitions motrices viendront naturellement, d'autant plus facilement que votre fille aura confiance en elle et ne se sentira pas jugée ou comparée aux autres enfants. Pour accompagner au mieux son développement global, n'hésitez pas à consulter les conseils de notre pédiatre qui répond aux questions des parents.
Comment accompagner son enfant sans le presser
L'attitude des parents joue un rôle crucial dans l'acquisition des compétences motrices. Voici quelques conseils pour accompagner votre enfant sereinement :
- Évitez toute comparaison avec les autres enfants, que ce soit à voix haute ou par votre attitude.
- Proposez des activités ludiques qui sollicitent naturellement la motricité globale : danser sur de la musique, jouer au ballon, se promener dans un parc avec des structures de jeux adaptées.
- Valorisez ses réussites dans tous les domaines, pas uniquement sur le plan moteur.
- Laissez-la observer les autres enfants sans la forcer à les imiter : l'observation est une forme d'apprentissage précieuse.
- Créez un environnement sécurisant où elle peut explorer librement ses capacités motrices sans pression.
Les jeux et activités adaptés à son âge lui permettront de développer sa motricité tout en s'amusant, sans qu'elle ressente une quelconque pression. Le plus important est de lui offrir des occasions de bouger dans un cadre joyeux et détendu.
Vos questions fréquentes concernant le développement moteur de l'enfant
1. À quel âge un enfant doit-il savoir sauter ?
La capacité à sauter sur place s'acquiert généralement entre 2 et 2 ans et demi. Environ 50 % des enfants y parviennent vers leur deuxième anniversaire, et 90 % le font avec assurance vers 2 ans et demi. Un léger décalage n'est pas préoccupant.
2. Mon enfant est en avance sur le langage mais en retard sur la motricité, est-ce normal ?
Oui, c'est tout à fait normal. Les enfants ne développent pas toutes leurs compétences au même rythme. Un enfant peut exceller dans le domaine langagier ou cognitif tout en prenant plus de temps pour les acquisitions motrices, et inversement.
3. Dois-je consulter un pédiatre si mon enfant de 28 mois ne sait pas sauter ?
Si votre enfant présente un développement global harmonieux dans les autres domaines (langage, sociabilité, motricité fine), il n'y a généralement pas lieu de s'inquiéter. Cependant, si vous avez des doutes persistants, une consultation avec votre pédiatre vous rassurera.
4. Est-ce que lui apprendre à sauter peut accélérer le processus ?
Non, au contraire. Forcer l'apprentissage peut créer une pression contre-productive et retarder l'acquisition naturelle. Laissez votre enfant progresser à son rythme en lui offrant simplement des occasions de bouger librement.
Conclusion
Le développement moteur de votre enfant de 28 mois qui ne sait pas encore sauter n'est pas une source d'inquiétude majeure, surtout si elle progresse normalement dans d'autres domaines. Les enfants calmes et observateurs développent souvent leurs compétences motrices un peu plus tard, mais les rattrapent parfaitement par la suite. L'essentiel est de lui offrir un environnement aimant et stimulant, sans pression ni comparaison, pour qu'elle puisse explorer ses capacités à son propre rythme. En cas de doute persistant, n'hésitez pas à en parler lors de votre prochaine visite chez le pédiatre, qui pourra évaluer le développement global de votre enfant et vous rassurer.


