Votre petit bout de 2 ans continue de baver abondamment alors que ses dents ont fini de pousser ? Cette situation, bien plus courante qu'on ne le pense, préoccupe de nombreux parents. La salivation excessive, ou sialisme, peut persister après la poussée dentaire pour diverses raisons que nous allons explorer ensemble. Découvrons quand s'inquiéter et comment accompagner votre enfant dans cette phase de développement.
Le témoignage d'une maman inquiète
💬 Question d'une maman :
J'ai un fils de 26 mois qui a fini de sortir ses dents à 23 mois. Depuis tout petit, il bave beaucoup, mais comme il a commencé à avoir des dents à 3 mois, je ne m'en suis jamais inquiétée.
Mais il y a trois mois qu'il a fini de sortir des dents, le pédiatre me l'a confirmé lors de la visite des 2 ans, et mon fils continue à baver beaucoup. Il a toujours les vêtements mouillés par la bave et je ne sais pas quoi faire. Est-ce que c'est normal à son âge ? Je vous remercie.

La réponse rassurante du pédiatre
👨⚕️ Réponse du Pédiatre :
S'il est beaucoup plus « normal » de baver au moment de la sortie des dents, cela ne veut pas dire que votre enfant n'ait pas cette caractéristique en dehors de cette période.
La plupart du temps, le sialisme (ce qu'on appelle la salivation excessive) est une variation de la normale. Parfois, l'anomalie est associée au fait de respirer par la bouche, à des lésions buccales (stomatites), en dehors de l'action de certains médicaments ou de substances toxiques. Lorsque le niveau de développement psychomoteur n'est pas correct, il peut également y avoir du sialisme, ainsi que des troubles neurologiques et d'autres troubles, tous rares, sauf ceux mentionnés en premier. Le plus simple est que vous consultiez votre pédiatre.
Comprendre le sialisme chez l'enfant de 2 ans
Le sialisme, ou hypersalivation, touche environ 10 à 15% des enfants de 2 ans et peut persister au-delà de la période des poussées dentaires. Contrairement aux idées reçues, cette condition n'est pas toujours liée à une production excessive de salive, mais plutôt à une difficulté à la contrôler et à la déglutir correctement.
Les glandes salivaires produisent naturellement entre 0,5 et 1,5 litre de salive par jour chez un enfant de cet âge. Cette salive joue un rôle essentiel dans la digestion, la protection contre les bactéries et l'hydratation de la bouche. Cependant, la maturation du contrôle neuromusculaire de la déglutition peut prendre plus de temps chez certains enfants.
Il est important de distinguer le sialisme temporaire, souvent lié au développement dentaire, du sialisme persistant qui peut nécessiter une attention particulière. Dans la majorité des cas, cette situation se résout naturellement avec la maturation du système nerveux et musculaire de l'enfant.
Les causes principales de la salivation excessive
Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi votre enfant continue de baver après l'apparition de ses dents :
Les causes anatomiques et physiologiques :
- Immaturité du système de déglutition automatique
- Hypotonie des muscles oro-faciaux
- Position de la langue au repos inadéquate
- Respiration buccale chronique
Les facteurs comportementaux : L'utilisation prolongée de la sucette ou le pouce dans la bouche empêche la déglutition normale. Les enfants qui respirent par la bouche ont également tendance à laisser leur salive s'écouler plus facilement, notamment la nuit ou lors de phases de concentration intense.
Les causes médicales à écarter : Bien que rares, certaines conditions médicales peuvent être associées au sialisme persistant. Les infections ORL récurrentes, les troubles de la déglutition, ou dans de très rares cas, les troubles neurologiques, peuvent en être la cause. C'est pourquoi une consultation pédiatrique reste recommandée pour écarter ces hypothèses.
Il est rassurant de savoir que dans plus de 85% des cas, la salivation excessive chez l'enfant de 2 ans est bénigne et temporaire. Elle reflète simplement une maturation plus lente des mécanismes de contrôle salivaire, sans aucun impact sur le développement global de l'enfant.
Quand consulter un professionnel de santé ?
Bien que le sialisme soit souvent bénin, certains signaux doivent vous amener à consulter votre pédiatre :
Consultez rapidement si :
- La salivation s'accompagne de fièvre, de difficultés à avaler ou de refus alimentaire
- Votre enfant présente des troubles du sommeil ou ronfle excessivement
- Des signes de déshydratation apparaissent (bouche sèche paradoxalement, fatigue)
- Le développement du langage semble retardé
Prévoyez une consultation de suivi si : La salivation persiste au-delà de 3-4 ans de manière importante, ou si elle s'accompagne de difficultés d'élocution. Un bilan orthophonique peut alors être bénéfique pour évaluer les fonctions oro-myofaciales et proposer des exercices adaptés.
N'hésitez jamais à faire confiance à votre instinct parental. Si quelque chose vous préoccupe concernant le développement de votre enfant, une consultation permettra de vous rassurer et d'obtenir des conseils personnalisés.
Conseils pratiques pour accompagner votre enfant
En attendant que la situation se régule naturellement, plusieurs stratégies peuvent vous aider au quotidien :
Gestion de l'hygiène et du confort : Changez régulièrement les vêtements humides et utilisez des bavoirs avec doublure imperméable. Appliquez une crème protectrice sur le menton pour éviter les irritations cutanées. Essuyez délicatement la bouche avec des tissus doux plutôt que de frotter, ce qui pourrait aggraver les rougeurs.
Stimulation oro-motrice ludique : Proposez des activités qui sollicitent les muscles de la bouche : souffler dans des sifflets, faire des bulles de savon, boire à la paille, ou encore jouer à faire des grimaces. Ces exercices, présentés comme des jeux, renforcent naturellement le contrôle musculaire.
Attention à la respiration : Vérifiez que votre enfant respire bien par le nez. Si ce n'est pas le cas, une consultation ORL peut être nécessaire pour écarter une obstruction nasale (végétations, allergies). Une bonne respiration nasale favorise la fermeture de la bouche et limite l'écoulement salivaire.
Encouragement sans pression : Rappelez doucement à votre enfant de "fermer sa bouche" ou d'"avaler sa salive", mais sans en faire une obsession. L'apprentissage du contrôle salivaire, comme la propreté, se fait progressivement et à son rythme.
Vos questions fréquentes concernant la salivation excessive
1. À quel âge un enfant doit-il normalement arrêter de baver ?
La plupart des enfants maîtrisent leur salivation vers 2-3 ans, mais cela peut varier jusqu'à 4 ans. Chaque enfant évolue à son propre rythme, et un léger retard n'est pas forcément préoccupant.
2. La salivation excessive peut-elle affecter le développement du langage ?
Dans certains cas, oui. Une mauvaise gestion de la salive peut gêner l'articulation et la prononciation. C'est pourquoi un suivi orthophonique peut être recommandé si le problème persiste au-delà de 3-4 ans.
3. Dois-je supprimer la sucette si mon enfant bave beaucoup ?
La sucette peut effectivement empêcher la déglutition normale. Un sevrage progressif vers 2-3 ans est généralement recommandé, mais discutez-en avec votre pédiatre pour adapter le timing à votre situation.
4. Les médicaments contre la salivation excessive sont-ils sûrs pour les enfants ?
Les traitements médicamenteux ne sont envisagés qu'en cas de sialisme sévère et persistant, généralement après 4-5 ans. Ils présentent des effets secondaires et ne sont prescrits qu'après évaluation multidisciplinaire.
5. Mon enfant peut-il développer des problèmes dentaires à cause de la salive ?
Au contraire, la salive protège naturellement les dents contre les caries. Cependant, une stagnation prolongée peut parfois favoriser l'accumulation de bactéries, d'où l'importance d'une bonne hygiène bucco-dentaire.
6. La salivation excessive est-elle héréditaire ?
Il peut y avoir une prédisposition familiale, notamment liée à la morphologie oro-faciale ou aux habitudes respiratoires. Cependant, l'environnement et les habitudes jouent un rôle tout aussi important.
Conclusion : patience et accompagnement
La salivation excessive chez un enfant de 2 ans, bien qu'inquiétante pour les parents, est dans la très grande majorité des cas un phénomène temporaire et bénin. Cette phase fait partie du développement normal et témoigne souvent simplement d'une maturation plus lente des mécanismes de contrôle oro-moteur.
L'important est de rester attentif aux signaux de votre enfant tout en gardant une approche positive et patiente. Les conseils pratiques du quotidien, combinés à un suivi pédiatrique régulier, permettront d'accompagner sereinement cette étape. Dans les rares cas où une prise en charge spécialisée serait nécessaire, elle sera d'autant plus efficace qu'elle sera mise en place précocement.


