Votre bébé vient de recevoir un diagnostic de maladie de Hirschsprung et vous vous interrogez sur les traitements possibles ? Cette affection congénitale du système digestif, également appelée mégacôlon congénital, touche environ 1 nouveau-né sur 5 000 naissances, avec une prédominance chez les garçons. Bien que ce diagnostic puisse être source d'inquiétude, les avancées médicales permettent aujourd'hui une prise en charge efficace. Dans cet article, nous répondons aux questions d'une maman concernée et partageons l'avis éclairé d'un pédiatre sur cette pathologie, le traitement chirurgical et les perspectives d'avenir pour votre enfant.
💬 La question d'une maman
« J'ai une petite fille de neuf mois à qui les médecins ont diagnostiqué la maladie de Hirschsprung. On nous dit que le seul traitement est chirurgical, et je me demande :
- Que se passerait-il si l'on n'opérait pas ?
- Peut-il y avoir des séquelles ?
- Notre fille pourra-t-elle avoir une vie normale après l'opération ? »
Cette interrogation est parfaitement légitime et reflète les préoccupations de nombreux parents confrontés à cette situation. L'annonce d'une intervention chirurgicale chez un nourrisson suscite naturellement de l'anxiété. Il est essentiel de bien comprendre la maladie, ses implications et les bénéfices attendus du traitement pour aborder cette étape avec sérénité.
👨⚕️ La réponse du pédiatre
La maladie de Hirschsprung est aussi appelée mégacôlon congénital. Elle consiste en l'absence de ganglions parasympathiques dans la zone située à l'extrémité du système digestif, à un niveau plus ou moins haut, et affectant un tronçon plus ou moins long. La conséquence en est une contraction continue de cette zone et l'absence de péristaltisme, c'est-à-dire des ondes musculaires qui permettent de faire avancer les selles dans l'intestin.
Cliniquement, cette maladie se caractérise par une constipation chronique, une distension abdominale, souvent une certaine malnutrition et d'autres symptômes gastro-intestinaux. L'évolution de la maladie dépendra de la longueur de la zone sans ganglions.
Sans intervention chirurgicale :
- Dans certains cas, l'occlusion persiste et il faut procéder à une colostomie d'urgence.
- Dans d'autres cas, l'occlusion est incomplète et peut être soulagée temporairement par des lavements répétés.
Si la situation perdure sans traitement : la maladie de Hirschsprung peut conduire à des aggravations avec entérocolite secondaire, diarrhée persistante, déshydratation, toxémie (fièvre élevée, mauvais état général) et un risque de mortalité élevé.
Il est aussi possible que la maladie soit apparemment mieux « supportée », avec constipation et distension abdominale, mais avec souvent un retard de croissance et de la maturité physique qui, à la longue, conduit à des complications : malnutrition, perte de protéines, saignements rectaux dus à des lésions provoquées par la paralysie du rectum, et infections récurrentes.
⚠️ Conclusion médicale : Il n'existe aucun autre traitement que la chirurgie. L'importance de l'intervention et le degré d'amélioration dépendront de la zone affectée. Le pronostic après opération est excellent dans la grande majorité des cas.
Comprendre la maladie de Hirschsprung en détail
Pour mieux appréhender le diagnostic de votre enfant, il est important de comprendre le mécanisme de cette pathologie. La maladie de Hirschsprung se forme durant la vie fœtale, entre la cinquième et la douzième semaine de gestation. Normalement, les cellules nerveuses migrent progressivement le long du tube digestif, de la bouche jusqu'à l'anus. Chez les bébés atteints, cette migration s'arrête prématurément, laissant une portion de l'intestin dépourvue de ganglions nerveux.
Ces cellules nerveuses jouent un rôle fondamental : elles contrôlent les contractions musculaires de l'intestin qui permettent aux aliments puis aux selles de progresser. Sans elles, la portion atteinte reste en contraction permanente, créant un obstacle fonctionnel au passage des matières. En amont de cette zone, l'intestin sain se dilate progressivement, d'où le terme de « mégacôlon ».
Dans 80% des cas, seule la zone rectosigmoïdienne est concernée (forme courte). Dans 15% des cas, l'atteinte s'étend plus haut sur le côlon, et dans 5% des cas, elle touche la totalité du gros intestin. Plus la zone atteinte est étendue, plus les symptômes sont sévères et la prise en charge complexe. Si vous observez des troubles digestifs persistants chez votre nourrisson, comme une constipation sévère dès les premiers jours de vie, consultez rapidement votre pédiatre.

Le traitement chirurgical : déroulement et perspectives de guérison
La chirurgie constitue le seul traitement curatif de la maladie de Hirschsprung. L'intervention consiste à retirer la portion d'intestin dépourvue de cellules nerveuses, puis à reconnecter l'intestin sain directement à l'anus. Cette opération, appelée « abaissement », permet de restaurer un transit intestinal normal.
Les techniques chirurgicales pédiatriques ont considérablement évolué ces dernières années. Aujourd'hui, plusieurs approches sont possibles :
- La chirurgie par voie transanale : de plus en plus pratiquée, elle permet souvent d'éviter toute incision sur le ventre.
- La laparoscopie : technique mini-invasive avec de petites incisions, réduisant la douleur post-opératoire et accélérant la récupération.
L'intervention est généralement réalisée avant l'âge d'un an, et de plus en plus souvent en période néonatale. Dans la majorité des cas, la chirurgie se fait en un seul temps, sans nécessité de colostomie préalable. Avant l'opération, des soins de nursing (lavements doux) permettent d'évacuer les selles accumulées et de préparer l'intestin. Une surveillance attentive de la croissance de votre bébé sera assurée tout au long du parcours de soins.
Le pronostic après l'opération est très favorable. La survie globale est excellente et la grande majorité des enfants retrouvent un transit intestinal satisfaisant. Ils peuvent mener une vie parfaitement normale, avec une scolarité classique et des activités comme tous les enfants de leur âge. Une alimentation équilibrée et adaptée contribuera à optimiser la récupération et le développement de votre enfant.
La vie après l'opération : accompagner votre enfant
Après l'intervention chirurgicale, la réalimentation se fait progressivement dans les jours suivants. L'enfant peut généralement rentrer à domicile après une courte période de surveillance hospitalière. Les symptômes s'améliorent pour la plupart des enfants après l'opération, leur permettant d'envisager un quotidien normal.
Néanmoins, certains ajustements peuvent être nécessaires au quotidien. Une partie des enfants peut conserver une tendance à la constipation due à une hypertonie résiduelle du sphincter anal. Cette situation se gère efficacement par :
- Un régime alimentaire riche en fibres (fruits, légumes verts, céréales complètes)
- Une bonne hydratation quotidienne
- Des laxatifs si nécessaire, prescrits par le médecin
L'acquisition de la propreté peut nécessiter un peu plus de temps chez certains enfants, mais elle s'obtient dans l'immense majorité des cas. Un suivi médical régulier permet d'ajuster les recommandations et de détecter précocement toute complication éventuelle comme l'entérocolite, qui reste possible après l'opération mais répond généralement bien au traitement antibiotique.
Point essentiel à retenir : la maladie de Hirschsprung isolée n'entraîne aucun trouble cognitif. Les enfants opérés suivent une scolarité parfaitement normale et s'épanouissent pleinement.
Vos questions fréquentes concernant la maladie de Hirschsprung
1. À quel âge l'opération de la maladie de Hirschsprung est-elle généralement réalisée ?
L'intervention est de plus en plus souvent pratiquée en période néonatale ou durant les premiers mois de vie. Dans tous les cas, elle est généralement effectuée avant l'âge d'un an. Le moment optimal est déterminé par l'équipe chirurgicale en fonction de l'état de santé du bébé et de l'étendue de la zone atteinte.
2. La maladie de Hirschsprung est-elle héréditaire ?
Cette maladie possède une composante génétique. La plupart des cas sont sporadiques, mais des formes familiales existent. Si un premier enfant est atteint, le risque de récurrence pour les grossesses suivantes peut être évalué par un conseil génétique. Certains syndromes génétiques, comme la trisomie 21, sont également associés à un risque accru.
3. Mon enfant pourra-t-il manger normalement après l'opération ?
Oui, après une période de réalimentation progressive, votre enfant pourra avoir une alimentation normale et variée. Un régime riche en fibres et une bonne hydratation sont recommandés pour favoriser un transit optimal. Votre pédiatre ou un diététicien pourra vous accompagner dans la mise en place de ces habitudes alimentaires.
4. Quels sont les signes d'alerte à surveiller après l'opération ?
Les parents doivent rester vigilants face à certains symptômes pouvant indiquer une entérocolite : fièvre, diarrhée importante, ballonnement abdominal, vomissements ou altération de l'état général. En cas d'apparition de ces signes, une consultation médicale urgente est nécessaire pour mettre en place rapidement un traitement adapté.
Conclusion
La maladie de Hirschsprung, bien que source d'inquiétude légitime pour les parents, bénéficie aujourd'hui d'une prise en charge chirurgicale très efficace. Comme l'explique le pédiatre, l'intervention permet dans la grande majorité des cas de restaurer un fonctionnement intestinal satisfaisant et d'offrir à l'enfant une qualité de vie normale. Les progrès des techniques opératoires, notamment la chirurgie mini-invasive par voie transanale, ont considérablement amélioré le confort des petits patients et réduit les complications post-opératoires. N'hésitez pas à poser toutes vos questions à l'équipe médicale qui accompagne votre enfant : leur expertise et leur soutien sont précieux pour traverser cette épreuve avec confiance.


