Frein lingual chez bébé : faut-il vraiment attendre pour l'opérer ?

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À quel âge enlever un frein lingual ?

Le frein lingual est une préoccupation fréquente chez les jeunes parents, d'autant plus que les avis médicaux peuvent parfois sembler contradictoires. Entre les recommandations des pédiatres, les conseils des médecins hospitaliers et l'opinion du médecin de famille, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Quand faut-il vraiment intervenir ? À quel âge l'opération est-elle la plus appropriée ? Décryptage de cette question qui touche de nombreuses familles.

Question de maman :

Mon bébé de 6 mois (une petite fille) a un frein lingual. Entre les pédiatres, les médecins de l'hôpital et mon médecin de famille, ce n'est pas évident de savoir à quel moment il faut le lui enlever.

Certains me disent qu'il faut le faire à 12 mois, d'autres à 15, un autre me dit d'attendre qu'elle commence à parler, un autre me dit que ça partira tout seul...

Tout cela me préoccupe et m'inquiète beaucoup, car moi j'aimerais qu'on le lui enlève le plus tôt possible. J'ai l'impression qu'elle ne mange pas bien : les bouchées avec la cuillère sont interminables et le biberon prend beaucoup de temps et elle le lâche assez souvent, je ne sais pas si c'est dû au frein lingual.

Qu'en pensez-vous? Quel est le meilleur moment pour l'enlever? Et, est-ce vraiment gênant pour elle? Ce sujet m'inquiète vraiment et, depuis sa naissance, je fais pression pour qu'on le lui enlève, merci.

 

Qu'est-ce que le frein lingual et comment le reconnaître ?

Le frein lingual, également appelé frein de la langue, est une fine membrane qui relie la face inférieure de la langue au plancher de la bouche. Cette structure anatomique est présente chez tous les individus et joue un rôle important dans la mobilité de la langue.

Lorsque le frein est trop court ou trop épais, on parle d'ankyloglossie. Cette condition, qui touche environ 5% des nouveau-nés (plus fréquemment les garçons), peut limiter les mouvements de la langue. Les signes caractéristiques incluent :

  • Une langue qui ne peut pas dépasser les lèvres
  • Une difficulté à élever la langue vers le palais
  • Une langue qui prend une forme en cœur ou en V lorsque l'enfant tente de la tirer
  • Des difficultés potentielles lors de l'alimentation

Il est important de noter que la présence d'un frein court n'entraîne pas systématiquement des problèmes fonctionnels. Certains enfants s'adaptent parfaitement à cette particularité anatomique sans aucune gêne.

 

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Les controverses autour de l'âge optimal d'intervention

Réponse du pédiatre :

Ne soyez pas surprise de cette absence d'unanimité dans les critères des différents spécialistes, vu que la controverse existe. Pour de nombreux chirurgiens infantiles, le frein de la langue devrait être retiré dans les premiers jours de vie du bébé et il ne faudrait plus y repenser.

D'autres pensent que cela aura inévitablement une influence sur la prononciation de certains phonèmes, en ne faisant pas vibrer suffisamment la pointe de la langue, ce qui supposerait faire une intervention à tout moment.

Beaucoup préfèrent attendre que les enfants parlent, en évaluant, s'il existe un trouble de la prononciation, si c'est à cause du frein lingual.

En fait, il y a des enfants qui ont un frein lingual et n'ont aucun problème de prononciation, et il y en a d'autres qui ont ce problème alors que leur frein lingual est normal.

Il faut également garder à l'esprit que, bien que l'anesthésie générale profonde ne soit pas nécessaire, les enfants doivent être soumis à une sédation profonde à travers un masque. D'autre part, il y a des dentistes pédiatriques qui éliminent le frein lingual grâce au laser (en le calmant), de sorte que la récupération est plus rapide.

S'il n'est pas exagérément court, le frein lingual ne devrait pas interférer au moment des repas. La dernière phrase de votre requête, pour moi, est essentielle: «... depuis sa naissance, je fais pression pour qu'on le lui enlève ». Cette décision qui est la vôtre devrait être décisive pour qu'on lui retire ce frein lingual court.

Cette divergence d'opinions reflète l'absence de consensus médical sur l'âge optimal d'intervention. Selon les dernières recommandations de l'Académie nationale de médecine, la frénotomie (section du frein) ne devrait être envisagée qu'en présence de difficultés fonctionnelles avérées, et non pas de manière systématique.

Les différentes approches se résument ainsi :

  • Intervention précoce (0-6 mois) : Plus simple techniquement, cicatrisation rapide
  • Attente jusqu'à 12-15 mois : Permet d'évaluer l'impact réel sur l'alimentation
  • Report jusqu'au développement du langage : Évaluation précise de l'impact sur la parole

 

Impact sur l'alimentation : mythe ou réalité ?

Les difficultés alimentaires sont souvent la première préoccupation des parents. Cependant, il est essentiel de distinguer les vraies difficultés liées au frein lingual des autres causes possibles.

Un frein lingual restrictif peut effectivement causer :

  • Des tétées prolongées et fatigantes
  • Une prise au sein difficile
  • Des douleurs chez la mère allaitante
  • Une prise de poids insuffisante chez le bébé

Néanmoins, de nombreuses autres causes peuvent expliquer des difficultés alimentaires : mauvaise position lors de l'allaitement, mamelons plats, production insuffisante de lait, ou encore reflux gastro-œsophagien.

L'évaluation doit toujours être globale et fonctionnelle plutôt que purement anatomique. La simple présence d'un frein court ne justifie pas automatiquement une intervention si l'enfant se nourrit correctement et prend du poids normalement.

 

Les techniques d'intervention modernes

Lorsque l'intervention est décidée, plusieurs techniques sont disponibles :

La frénotomie aux ciseaux reste la méthode de référence, particulièrement chez les très jeunes enfants. Cette intervention simple consiste en une section du frein sans suture, avec une cicatrisation spontanée en quelques jours.

La frénotomie au laser gagne en popularité car elle offre plusieurs avantages : précision accrue, saignement minimal, et récupération plus rapide. Cette technique permet également une intervention sous anesthésie locale simple chez les plus jeunes.

Pour les enfants de moins de 6 mois, l'intervention peut souvent être réalisée avec une simple analgésie à l'eau sucrée, rendant la procédure moins traumatisante. Au-delà de cet âge, une sédation plus importante peut être nécessaire.

Les risques restent minimes lorsque l'intervention est réalisée par un professionnel expérimenté : saignement léger, risque infectieux faible, et cicatrisation généralement excellente. Le taux de récidive est également très faible, particulièrement lorsque l'intervention est précoce.

 

Vos questions fréquentes concernant le frein lingual chez bébé

 

1. À partir de quel âge peut-on opérer un frein lingual ?
Il n'y a pas d'âge minimum pour une frénotomie. Chez les nouveau-nés, l'intervention est même plus simple car le frein n'est encore qu'une fine membrane. Cependant, l'indication doit toujours être fonctionnelle et non purement esthétique.

 

2. Mon bébé de 6 mois refuse le biberon, est-ce lié au frein lingual ?
Pas nécessairement. De nombreux facteurs peuvent expliquer un refus du biberon : troubles de l'oralité, préférence pour l'allaitement maternel, reflux, ou encore période de diversification alimentaire. Une évaluation médicale complète est nécessaire.

 

3. L'intervention est-elle douloureuse pour mon bébé ?
Chez les très jeunes enfants, la frénotomie est généralement peu douloureuse. Le frein contient peu de terminaisons nerveuses et de vaisseaux sanguins. Un antalgique adapté et la reprise immédiate de l'alimentation suffisent habituellement à calmer l'inconfort.

 

4. Faut-il attendre de voir si cela impacte le langage ?
Cette approche divise les spécialistes. Certains préfèrent intervenir tôt pour éviter d'éventuelles complications, tandis que d'autres privilégient l'attente pour évaluer l'impact réel sur le développement du langage. La décision dépend largement du degré de restriction et des symptômes présents.

 

5. Quels sont les signes qui imposent une intervention rapide ?
Une intervention urgente peut être nécessaire en cas de : difficultés majeures d'alimentation avec perte de poids, douleurs importantes chez la mère allaitante persistant malgré les corrections de position, ou troubles de la déglutition marqués. Dans ces situations, l'avis d'un spécialiste s'impose rapidement.

 

Conclusion

La question du frein lingual chez le bébé illustre parfaitement la complexité des décisions médicales en pédiatrie. Il n'existe pas de réponse unique, mais plutôt une approche personnalisée qui doit tenir compte de la situation spécifique de chaque enfant.

L'essentiel est de privilégier une évaluation fonctionnelle plutôt que purement anatomique. Si votre enfant se nourrit correctement, prend du poids normalement et ne présente pas de difficultés particulières, l'urgence d'intervenir n'est pas démontrée. En revanche, si des troubles alimentaires significatifs sont présents, une consultation spécialisée peut permettre de trancher.

 

 

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