Vous vivez une situation difficile avec votre enfant de 21 mois qui repousse systématiquement son papa ? Vous vous sentez prise entre votre conjoint et votre tout-petit, sans comprendre vraiment ce qui se passe ? Cette phase de préférence parentale marquée est plus fréquente qu'on ne le pense et touche de nombreuses familles. Comprendre les mécanismes de développement de votre enfant vous aidera à traverser cette période avec plus de sérénité et à déculpabiliser. Découvrons ensemble les raisons de ce comportement et les solutions concrètes pour renforcer le lien père-enfant.
La question d'une maman
"J'ai un fils de 21 mois qui n'a jamais été très attaché à son père, mais ces derniers temps, à chaque fois que je tente de l'approcher de son papa, mon fils s'exclame: Non, papa, non! Et si son papa le prend quand même, il pleure et veut revenir avec moi."
"La situation devient un peu compliquée, parce que son père me rend coupable de l'attitude de notre enfant, alors que je n'ai jamais rien dit de mal de lui à notre enfant et que je lui ai toujours dit que nous allons appeler papa, aller vers papa, que papa va jouer avec lui, etc."
"Le père de mon fils travaille tard, il arrive vers 21h le soir et ils se voient à peine. Je pense que c'est à cause de cela et du fait que le papa joue à peine avec lui. Bien sûr, à ces heures là, il ne peut pas non plus jouer beaucoup avec notre enfant. Est-ce que je peux faire quelque chose ? Qu'est-ce que peut faire le papa de mon enfant ? Il se sent très triste à cause de cela, et il pense que notre enfant ne l'aime pas. Je vous remercie."
Réponse du Pédiatre
"Vous ne devez pas vous sentir coupable du tout, chère maman. Dans le cas de votre fils il y a trois causes possibles, voire les trois en même temps."
"La première est que votre fils passe par une étape de «maman et uniquement maman», qui est tout à fait normale. La deuxième est que votre enfant passe aussi par le stade du «non», qui en arrive à être insupportable. La troisième est que, malheureusement, votre fils voit peut-être son papa presque comme un étranger en raison de son horaire de travail."
"Tout cela en vient à créer à votre mari un sentiment de double jalousie, il est jaloux de votre enfant, car si votre fils préfère sa maman «c'est de votre faute» et il jaloux de vous, parce que, bon gré mal gré, la présence de votre enfant modifie d'une certaine façon votre relation de couple."
"Il n'existe pas d'autre solution que celle que vous êtes déjà en train d'appliquer, à moins d'essayer de trouver un peu de temps personnel pour vous et votre conjoint, avec l'aide d'une baby-sitter ou de la famille, ce qui, j'en suis sûr, aiderait le papa à atténuer ce sentiment de rejet."
Comprendre les phases de développement d'un enfant de 21 mois
À 21 mois, votre enfant traverse plusieurs étapes développementales simultanées qui expliquent en grande partie son comportement. Cette période est marquée par des changements importants dans sa façon de percevoir le monde et les relations.
La première phase est celle de l'attachement exclusif à maman. Entre 12 et 24 mois, il est très courant que les enfants développent une préférence marquée pour leur figure d'attachement principale, généralement la mère. Votre fils associe votre présence à la sécurité, au réconfort et à la satisfaction de ses besoins. Cette phase est non seulement normale mais également essentielle pour son développement émotionnel.
Parallèlement, votre enfant expérimente la fameuse phase du "non". À cet âge, les tout-petits découvrent qu'ils peuvent s'opposer et affirmer leur volonté. Dire "non" devient presque un réflexe, une façon de tester les limites et d'affirmer leur personnalité naissante. Cette opposition n'est pas dirigée personnellement contre le papa, mais fait partie intégrante du développement de l'autonomie. Les petites colères et les moments de frustration accompagnent naturellement cette période d'affirmation de soi.
Enfin, la question du temps passé ensemble joue un rôle déterminant. Un enfant de 21 mois construit ses repères à travers la répétition et la familiarité. Si le papa arrive tard le soir, au moment où votre fils est fatigué et se prépare au coucher, les interactions sont limitées et peu propices à la construction d'un lien solide. L'enfant peut alors percevoir ce parent moins présent comme moins familier, ce qui renforce son besoin de se tourner vers la figure de l'attachement principal qu'est sa maman.
Solutions concrètes pour renforcer le lien père-enfant
Face à cette situation, plusieurs stratégies peuvent être mises en place pour améliorer progressivement la relation entre votre fils et son papa. La patience et la régularité seront vos meilleurs alliés.
Privilégier les moments de qualité plutôt que la quantité. Même si le temps est limité, le papa peut créer des rituels courts mais significatifs : un câlin du matin avant de partir au travail, un jeu de 10 minutes au retour, ou participer au rituel du coucher. Ces moments répétés créent des repères rassurants pour l'enfant.
Trouver une activité exclusive papa-enfant. Le papa pourrait choisir une activité particulière qu'il ferait systématiquement avec son fils : le bain du week-end, la lecture d'une histoire spécifique, une sortie au parc le samedi matin. Cette exclusivité permet à l'enfant d'associer des moments agréables à la présence de son père.
Adapter les interactions au bon moment. Si le papa rentre tard le soir, il peut être préférable qu'il observe d'abord son fils jouer tranquillement sans chercher à le prendre immédiatement dans ses bras. Une approche progressive et non intrusive respecte mieux le rythme de l'enfant.
Valoriser le papa en son absence. Continuez à parler positivement du papa pendant la journée, montrez des photos, dites "on racontera ça à papa ce soir". Cette présence symbolique maintient le lien même en l'absence physique.
L'impact des horaires de travail sur la relation parent-enfant
Les contraintes professionnelles représentent un défi majeur pour de nombreuses familles. Un papa qui rentre à 21h se trouve dans une situation particulièrement délicate : c'est l'heure où l'enfant est fatigué, moins réceptif aux interactions et proche du moment du coucher.
Dans ce contexte, il est important de réorganiser le temps disponible. Les week-ends et les jours de repos deviennent cruciaux pour compenser le manque de présence en semaine. Le papa peut alors prendre davantage en charge les soins et les activités, permettant à l'enfant de s'habituer à sa présence et de créer des souvenirs positifs ensemble.
Certaines familles trouvent des solutions créatives : décaler légèrement l'heure du coucher les soirs où le papa peut rentrer un peu plus tôt, planifier des petits-déjeuners en famille avant le départ au travail, ou utiliser les visioconférences pour maintenir le contact pendant la journée. Bien que ces solutions ne remplacent pas la présence physique, elles contribuent à maintenir un lien.
Il est également essentiel que le couple communique ouvertement sur cette situation. Le papa doit comprendre que le comportement de l'enfant n'est pas un rejet personnel ni la faute de la maman, mais la conséquence d'un ensemble de facteurs développementaux et circonstanciels. Cette compréhension permet d'éviter les tensions inutiles et de travailler ensemble vers une solution.
Vos questions fréquentes concernant le rejet du papa par un tout-petit
1. Est-ce que cette phase de rejet du papa va durer longtemps ?
Non, cette phase est généralement temporaire. Avec de la patience et des efforts constants pour renforcer le lien père-enfant, la situation s'améliore progressivement. La plupart des enfants dépassent cette préférence exclusive vers l'âge de 2-3 ans, à mesure que leur développement affectif et social progresse et qu'ils deviennent plus sûrs d'eux.
2. Le papa doit-il insister même si l'enfant pleure ?
Il est important de trouver un équilibre. Forcer systématiquement le contact malgré les pleurs risque de renforcer l'anxiété de l'enfant. Il vaut mieux privilégier une approche progressive : rester à proximité sans imposer le contact physique, proposer des activités attrayantes, et respecter le rythme de l'enfant tout en maintenant une présence régulière et rassurante.
3. Comment éviter que cette situation ne crée des tensions dans le couple ?
La communication est primordiale. Le couple doit se rappeler que personne n'est responsable de cette phase développementale normale. Préserver des moments à deux, même courts, permet de maintenir la complicité du couple. Le soutien mutuel et la compréhension des émotions de chacun sont essentiels pour traverser cette période sans que la relation de couple n'en souffre.
4. Faut-il consulter un professionnel si la situation persiste ?
Si après plusieurs mois d'efforts soutenus, le rejet reste très marqué et s'accompagne d'autres signes préoccupants (anxiété excessive, régression dans le développement, troubles du sommeil importants), il peut être utile de consulter un pédopsychiatre ou un psychologue spécialisé en petite enfance. Cependant, dans la grande majorité des cas, cette phase se résout naturellement avec le temps et la mise en place de stratégies adaptées.
Conclusion : patience et persévérance sont les clés
La situation que vous vivez, bien qu'éprouvante émotionnellement pour toute la famille, est loin d'être rare et ne reflète en aucun cas un manque d'amour de votre enfant envers son papa. Votre fils traverse simplement plusieurs phases de développement simultanées qui, combinées aux contraintes d'horaires, créent cette dynamique temporaire.
L'essentiel est de ne pas se décourager et de maintenir les efforts pour créer des occasions d'interaction positive entre le papa et l'enfant. Avec le temps, la patience et des ajustements dans l'organisation familiale, ce lien se renforcera naturellement. Votre rôle de maman est de continuer à valoriser le papa tout en évitant de vous sentir coupable d'une situation qui échappe à votre contrôle. Cette phase passera, et votre fils développera une relation riche et équilibrée avec ses deux parents.
