Trichotillomanie et trichophagie chez l'enfant : comprendre et agir

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Ma fille de 2 ans mange ses cheveux

J'en ai parlé au pédiatre et il dit cela peut être dû à un manque de fer, mais nous avons vérifié par analyse et ce n'est pas ça. Ma petite fille est très sensible à certaines choses, par exemple, si quelqu'un la gronde même sur un ton très doux, elle est très affectée et pleure beaucoup, parfois même jusqu'à se faire vomir. Je ne sais pas si ce trait de caractère a quelque chose à voir avec le fait que ma petite fille mange ses cheveux.

Vous n'êtes pas seule dans cette situation préoccupante. La trichotillomanie associée à la trichophagie (le fait de manger ses cheveux) touche environ 1 à 2% des enfants et peut débuter très tôt, parfois dès l'âge de 18 mois. Ce comportement, bien que troublant pour les parents, s'explique souvent par des mécanismes psychologiques que nous allons explorer ensemble.

 
Question d'une maman :
J'ai une petite fille de 2 ans. Déjà, quand elle était toute petite, elle arrachait les poils de ses peluches et elle les mangeait. Maintenant, ma petite fille arrache ses propres cheveux et elle les mange, à tel point que je retrouve des poils dans ses selles.
 
Réponse du Pédiatre :
La trichotillomanie est le fait de se tirer les cheveux jusqu'à, dans de nombreux cas, se les arracher. En cas d'ingestion, on appelle cela la trichophagie. On doit toujours considérer ce phénomène comme une compulsion qui échappe à la normale. Les raisons de cette compulsion ne sont pas claires, mais beaucoup de pédopsychiatres considèrent que l'anxiété est présente dans un grand nombre de cas. Le fait que votre petite fille ait commencé en arrachant et en mangeant les poils de ses peluches et de ses poupées ainsi que sa «sensibilité» spéciale font que, à mon avis, il faudrait approfondir l'étude clinique, en allant consulter peut-être un pédopsychiatre, vu que, très probablement, la famille est incapable de trouver les causes de l'anxiété de votre petite fille pour la traiter correctement. Outre le trouble compulsif, il faut évaluer le fait que l'ingestion des cheveux peut engendrer des problèmes digestifs (trichobézoard).
 
 

Comprendre la trichotillomanie et la trichophagie chez l'enfant

La trichotillomanie se définit comme un trouble du contrôle des impulsions caractérisé par un besoin compulsif d'arracher ses cheveux, cils, sourcils ou autres poils du corps. Quand cette compulsion s'accompagne de l'ingestion des cheveux arrachés, on parle alors de trichophagie, aussi appelée "syndrome de Raiponce". Chez les tout-petits comme votre fille, ce comportement peut commencer très tôt, entre 18 et 24 mois, et représente souvent un mécanisme d'adaptation face au stress ou à l'anxiété. Les enfants entre 5 et 8 ans sont particulièrement concernés, mais le phénomène peut débuter bien avant. Il est important de comprendre que ce n'est pas un caprice mais bien un trouble compulsif que l'enfant ne peut contrôler. Le geste d'arracher et de manger les cheveux procure temporairement un soulagement à l'angoisse ressentie, créant ainsi un cercle vicieux difficile à briser.

 

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Les causes profondes : stress et hypersensibilité émotionnelle

Comme vous l'avez observé chez votre fille, l'hypersensibilité émotionnelle joue un rôle crucial dans l'apparition de la trichotillomanie. Les enfants qui réagissent intensément aux réprimandes, même douces, ou qui pleurent jusqu'à vomir présentent souvent une régulation émotionnelle immature. Plusieurs facteurs peuvent déclencher ce comportement chez l'enfant : - Les changements dans l'environnement : déménagement, nouvelle nourrice, naissance d'un frère ou d'une sœur - Les tensions familiales perçues par l'enfant - La séparation ou l'absence temporaire des parents - L'entrée en crèche ou chez l'assistante maternelle - Tout événement sortant de la routine habituelle Dans le cas de votre fille, le fait qu'elle ait commencé par arracher et manger les poils des peluches suggère que ce mécanisme d'apaisement s'est progressivement transféré sur ses propres cheveux. Cette évolution est courante et indique que le comportement répond à un besoin psychologique profond de régulation émotionnelle.

 

Les risques pour la santé : au-delà du simple comportement

La trichophagie n'est pas sans conséquences sur la santé physique de votre enfant. L'ingestion répétée de cheveux peut provoquer des complications digestives sérieuses qu'il convient de surveiller attentivement. Le principal risque est la formation d'un trichobézoard, une masse compacte de cheveux qui s'accumule dans l'estomac. Cette "boule de cheveux" peut causer des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, et dans les cas les plus graves, une obstruction intestinale nécessitant une intervention chirurgicale. D'autres symptômes peuvent apparaître : - Troubles digestifs chroniques et douleurs d'estomac - Perte d'appétit et sensation de satiété précoce - Carences nutritionnelles dues à une mauvaise absorption - Anémie et déficits en vitamines et minéraux - Halitose (mauvaise haleine) persistante Il est donc essentiel de surveiller régulièrement l'état de santé de votre fille avec votre pédiatre et de signaler tout symptôme digestif inhabituel. Des examens complémentaires peuvent être nécessaires pour s'assurer qu'aucune complication ne se développe.

 

Solutions et accompagnement : comment aider votre enfant

Face à la trichotillomanie, une approche globale et patiente est nécessaire. Dans la majorité des cas chez les jeunes enfants, ce comportement tend à disparaître spontanément avec l'âge, mais un accompagnement approprié peut accélérer ce processus. La première étape consiste à identifier et éliminer les sources de stress dans l'environnement de votre fille. Observez attentivement les moments où le comportement s'intensifie : fatigue, contrariété, moments d'inactivité, ou situations particulières. Des stratégies pratiques peuvent être mises en place : - Maintenir une routine stable et rassurante - Proposer des activités manuelles alternatives (pâte à modeler, peluches avec de longs poils) - Instaurer des rituels apaisants, notamment au coucher - Éviter les réprimandes directes qui augmentent l'anxiété - Privilégier la distraction douce lorsque vous observez le comportement Si votre fille est encore petite, vous pouvez temporairement utiliser un bonnet en tissu doux pour limiter l'accès aux cheveux, particulièrement la nuit. Cependant, cette solution ne traite pas la cause profonde et doit s'accompagner d'un travail sur l'anxiété sous-jacente. Il est crucial de consulter un pédopsychiatre comme recommandé par votre pédiatre. Ce spécialiste pourra évaluer précisément l'état psychologique de votre fille et proposer un accompagnement adapté, notamment à travers la thérapie cognitivo-comportementale qui s'avère très efficace dans ce type de trouble. Pour en savoir plus sur la gestion du stress chez les jeunes enfants, vous pouvez consulter notre article sur comment apaiser l'angoisse de séparation chez l'enfant.

 

Traitement et suivi médical spécialisé

Le traitement de la trichotillomanie infantile repose principalement sur la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) adaptée à l'âge de l'enfant. Cette approche thérapeutique aide votre fille à identifier les déclencheurs de son comportement et à développer des stratégies alternatives de gestion du stress. La technique de "renversement des habitudes" est particulièrement efficace : elle consiste à remplacer le geste d'arrachage par une action incompatible comme serrer les poings, manipuler un objet anti-stress ou adopter une posture particulière. Chez les très jeunes enfants, la thérapie familiale peut être préconisée. Elle implique les parents dans le processus thérapeutique et permet de comprendre les dynamiques familiales qui peuvent contribuer au stress de l'enfant. Dans certains cas résistants, des traitements médicamenteux peuvent être envisagés, bien que leur efficacité soit variable chez l'enfant. La N-acétylcystéine (NAC) montre des résultats prometteurs dans certaines études, mais son utilisation doit être strictement encadrée par un spécialiste. Le pronostic reste généralement favorable, surtout avec une prise en charge précoce. La plupart des enfants voient leur comportement s'améliorer significativement avec un accompagnement adapté, même si des rechutes peuvent survenir en période de stress. Pour approfondir vos connaissances sur les troubles anxieux chez l'enfant, nous vous invitons à lire notre guide sur comment reconnaître et traiter l'anxiété chez l'enfant.

 

Vos questions fréquentes concernant la trichotillomanie infantile

 
1. À partir de quel âge faut-il s'inquiéter si mon enfant s'arrache les cheveux ?
Si le comportement persiste au-delà de quelques semaines chez un enfant de plus de 2 ans, ou s'il s'accompagne d'ingestion des cheveux à tout âge, il est recommandé de consulter. Chez les très jeunes enfants (moins de 18 mois), ce comportement peut être exploratoire et temporaire.
 
 
2. Mon enfant peut-il guérir complètement de la trichotillomanie ?
Oui, la grande majorité des enfants surmontent ce trouble, surtout avec une prise en charge appropriée. Chez les tout-petits, la disparition spontanée est fréquente avant l'entrée à l'école. Un suivi psychologique augmente significativement les chances de guérison.
 
 
3. Dois-je punir mon enfant quand je le vois arracher ses cheveux ?
Absolument pas. Les punitions augmentent l'anxiété et peuvent aggraver le comportement. Privilégiez plutôt la distraction douce, la compréhension et l'identification des causes sous-jacentes de stress.
 
 
4. Existe-t-il des signes d'urgence qui nécessitent une consultation immédiate ?
Consultez en urgence si votre enfant présente des douleurs abdominales intenses, des vomissements répétés, un refus de s'alimenter, ou tout signe d'obstruction intestinale. Ces symptômes peuvent indiquer la formation d'un trichobézoard.
 
 
5. Comment expliquer ce comportement aux autres membres de la famille ?
Expliquez que c'est un trouble médical lié à l'anxiété, pas un caprice. Sensibilisez l'entourage à éviter les remarques ou moqueries qui pourraient augmenter le stress de l'enfant. L'unité familiale dans l'approche thérapeutique est essentielle.
 

Conclusion

La trichotillomanie avec trichophagie chez votre fille de 2 ans, bien qu'inquiétante, n'est pas exceptionnelle et peut être surmontée avec un accompagnement adapté. L'hypersensibilité émotionnelle que vous décrivez constitue effectivement un facteur de risque important, mais aussi un élément sur lequel il est possible d'agir. La consultation avec un pédopsychiatre recommandée par votre pédiatre représente une étape cruciale pour comprendre les causes profondes de ce comportement et mettre en place un plan de traitement personnalisé. En attendant, maintenez un environnement calme et sécurisant, tout en surveillant attentivement les aspects médicaux.

 

 

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