Votre tout-petit refuse d'embrasser sa grand-mère, détourne la tête à son approche ou pleure quand elle veut le prendre dans ses bras ? Cette situation, bien plus fréquente qu'on ne le pense, peut créer des tensions familiales et beaucoup de questionnements. Comprendre ce comportement et savoir comment y réagir est essentiel pour préserver l'harmonie familiale et le bien-être de chacun.
La question d'une maman
"Mon fils de 18 mois rejette sa grand-mère maternelle. Il refuse de l'embrasser ou de lui donner la main. Ils ont été en contact depuis sa naissance et se voient presque tous les jours. La relation avec son grand-père est tout l'inverse, lorsqu'il le voit, il ne s'en sépare plus.
Cette question me préoccupe ; ma mère le vit très mal. Que puis-je faire pour changer le comportement de mon fils ?"
La réponse du pédiatre : comprendre sans chercher à tout expliquer
Les enfants sont pleins de manies et l'une d'entre elles peut être cette aversion apparente de votre fils envers sa grand-mère. J'aimerais vous donner une réponse claire, mais nous ne connaitrons probablement jamais la raison de ce comportement.
La seule chose que je puisse vous suggérer est, d'abord, de ne jamais parler de ce problème en présence de l'enfant. Ensuite, que la grand-mère, même si cela lui coûte beaucoup, ne montre pas sa tristesse, qu'elle ne lui fasse pas de « cadeaux », à savoir qu'elle ne montre aucunement comment l'affecte le comportement de votre enfant.
Autrement dit, qu'elle montre une certaine fausse indifférence, qui servira probablement à l'enfant en éveillant en lui une certaine curiosité et en le rendant plus attentif à sa grand-mère.
Les préférences affectives chez les tout-petits : un phénomène naturel
Entre 12 et 24 mois, les enfants traversent une phase de développement émotionnel intense. Ils affirment leur personnalité et expriment des préférences parfois surprenantes pour leur entourage. Ces préférences peuvent sembler injustes ou blessantes, mais elles font partie intégrante de la construction de leur identité.
À cet âge, votre enfant développe également l'angoisse de séparation et peut manifester des réactions différentes selon les personnes. Il n'est pas rare qu'un tout-petit se montre plus à l'aise avec certains membres de la famille qu'avec d'autres, même s'il les voit régulièrement. Cette période correspond aussi à l'affirmation de soi et aux premières manifestations d'opposition.
Les raisons de ces préférences restent souvent mystérieuses : un ton de voix, une odeur, une gestuelle, ou simplement une période de développement particulière. L'essentiel est de ne pas interpréter ce comportement comme un rejet définitif ou une critique de la personne concernée.

Stratégies pour apaiser la situation en famille
Face à cette situation délicate, plusieurs approches peuvent faciliter une évolution positive :
- Évitez toute pression sur l'enfant : forcer les câlins ou les bisous ne fera qu'accentuer son refus et renforcer son opposition. Respecter son espace personnel lui permettra de venir naturellement vers sa grand-mère quand il se sentira prêt.
- Proposez des activités neutres : plutôt que de chercher le contact physique direct, la grand-mère peut initier des jeux, la lecture d'un livre ou une activité créative. Ces moments partagés créent du lien sans exiger de proximité immédiate.
- Laissez l'enfant observer : parfois, adopter une attitude détendue et laisser l'enfant venir de lui-même fonctionne mieux que toute autre stratégie. La curiosité naturelle des tout-petits finit souvent par l'emporter.
- Valorisez les petits progrès : un regard, un sourire, une proximité acceptée méritent d'être remarqués (discrètement) comme des avancées positives.
Il est également important de soutenir émotionnellement la grand-mère dans cette épreuve. Même si elle ne doit pas montrer sa tristesse devant l'enfant, elle a besoin de se sentir comprise et épaulée par les parents. Cette situation temporaire ne reflète en rien la qualité de la relation qui se construira avec son petit-fils sur le long terme.
Vos questions fréquentes concernant le rejet d'un membre de la famille par un enfant
1. Combien de temps peut durer cette phase de rejet ?
Cette période peut durer quelques semaines à plusieurs mois. Chaque enfant évolue à son propre rythme. L'important est de rester patient et de ne pas dramatiser la situation, car le comportement peut changer du jour au lendemain.
2. Est-ce que mon enfant gardera un mauvais souvenir de cette période ?
Non, les enfants de cet âge ne conservent généralement pas de souvenirs précis de leurs comportements à 18 mois. Cette phase ne marquera pas durablement leur relation avec leur grand-mère si elle est gérée avec calme.
3. Dois-je espacer les visites pour que mon enfant "oublie" son rejet ?
Au contraire, maintenir une présence régulière mais sans pression est préférable. L'enfant doit pouvoir s'habituer à sa grand-mère à son propre rythme, dans un contexte familier et sécurisant.
4. Mon enfant pourrait-il rejeter d'autres personnes par la suite ?
Il est possible que votre enfant manifeste des préférences variables au fil de son développement. Ces comportements sont normaux et font partie de l'apprentissage des relations sociales. Ils ne doivent pas être source d'inquiétude excessive.
Conclusion : la patience comme meilleure alliée
Le rejet temporaire d'un membre de la famille par un tout-petit est une situation déconcertante mais courante. En adoptant une attitude détendue, en respectant le rythme de l'enfant et en évitant toute dramatisation, vous créez les conditions idéales pour que cette phase se résolve naturellement.
La relation entre votre fils et sa grand-mère a toute la vie pour s'épanouir. Ces petits caprices du jeune âge s'effacent généralement aussi mystérieusement qu'ils sont apparus. Gardez confiance : les liens familiaux se tissent au fil du temps, avec douceur et sans forcer.


