Vous venez d'apprendre que vous souffrez d'hyperthyroïdie alors que vous allaitez votre bébé ? Cette nouvelle peut susciter de nombreuses interrogations et inquiétudes. Rassurez-vous : dans la grande majorité des cas, l'hyperthyroïdie ne constitue pas une contre-indication à la poursuite de l'allaitement maternel. Découvrons ensemble ce que vous devez savoir pour continuer à nourrir votre bébé en toute sécurité.
💛 La question d'une maman
J'ai un bébé de sept mois et demi. Pendant sept mois, je ne lui ai donné que le sein et je commence maintenant à lui donner des fruits. On m'a détecté une altération de la thyroïde, de l'hyperthyroïdie clinique.
Les médecins ne savent pas si c'est à cause de l'allaitement. Est-ce que cela affectera mon bébé ? Est-ce que je peux continuer à lui donner le sein tranquillement ? J'aimerais pouvoir continuer au moins jusqu'à ce que mon bébé ait un an.
💙 Réponse du Pédiatre
Aucune forme d'hyperthyroïdie n'est contre-indiquée quand on allaite. Il convient de savoir que le lait maternel, dans des conditions normales, contient déjà de l'hormone thyroïdienne. Ce qui peut influencer, contre-indiquant l'allaitement maternel de façon transitoire, c'est l'utilisation de médicaments anti-thyroïdiens, comme l'iode radioactif, très peu utilisé en général et qui serait pris en compte par l'endocrinologue qui vous traite pour cette maladie.
Comprendre l'hyperthyroïdie pendant l'allaitement
L'hyperthyroïdie correspond à une production excessive d'hormones thyroïdiennes par la glande thyroïde. Cette petite glande située à la base du cou joue un rôle essentiel dans la régulation de nombreuses fonctions de l'organisme, notamment le métabolisme, le rythme cardiaque et la température corporelle.
Pendant la période du post-partum, certaines femmes développent ce qu'on appelle une thyroïdite du post-partum, une inflammation temporaire de la glande thyroïde. Cette affection touche environ 5 à 10% des jeunes mamans et peut se manifester par une phase d'hyperthyroïdie suivie parfois d'une phase d'hypothyroïdie. La bonne nouvelle ? Dans 90 à 95% des cas, cette condition se résout spontanément dans l'année suivant l'accouchement.
Les symptômes de l'hyperthyroïdie peuvent inclure une fatigue importante, une perte de poids malgré un appétit normal, des palpitations cardiaques, de la nervosité, des tremblements ou une intolérance à la chaleur. Si vous présentez ces signes, consultez rapidement votre médecin pour un bilan thyroïdien.

L'allaitement est-il compatible avec l'hyperthyroïdie ?
La réponse est claire et rassurante : oui, vous pouvez continuer à allaiter même avec une hyperthyroïdie. Les hormones thyroïdiennes sont naturellement présentes dans le lait maternel en petites quantités et ne présentent aucun danger pour votre bébé.
Les études scientifiques montrent que l'hyperthyroïdie maternelle n'affecte pas la santé du nourrisson allaité. Votre lait reste le meilleur aliment pour votre bébé et conserve toutes ses propriétés nutritionnelles et immunologiques, même si vous souffrez de ce trouble thyroïdien.
Il est important de poursuivre votre allaitement aussi longtemps que vous le souhaitez. L'Organisation mondiale de la Santé recommande un allaitement exclusif jusqu'à 6 mois, puis une poursuite de l'allaitement accompagnée d'une diversification alimentaire jusqu'à 2 ans ou plus.
Les traitements de l'hyperthyroïdie et l'allaitement
La question principale concerne les médicaments anti-thyroïdiens utilisés pour traiter l'hyperthyroïdie. Deux molécules sont principalement prescrites : le propylthiouracile (PTU) et le méthimazole (aussi appelé Néo-Mercazole).
Le propylthiouracile est considéré comme le médicament de premier choix pendant l'allaitement. Des études ont démontré que les mères peuvent prendre jusqu'à 750 mg par jour de PTU sans impact négatif sur le statut thyroïdien de leur enfant. Ce médicament passe en très faible quantité dans le lait maternel : l'enfant reçoit moins de 1% de la dose maternelle.
Le méthimazole peut également être utilisé pendant l'allaitement sous surveillance médicale. Des cas documentés montrent que des femmes ont pu allaiter pendant plus d'un an tout en prenant ce traitement, avec un suivi régulier du statut thyroïdien de leur bébé.
Seul l'iode radioactif contre-indique temporairement l'allaitement. Cette forme de traitement, utilisée dans des cas spécifiques, nécessite une interruption de l'allaitement. Votre endocrinologue évaluera avec vous les alternatives thérapeutiques si ce traitement devait être envisagé.
Surveiller votre bébé : les précautions à prendre
Même si les risques sont minimes, votre médecin pourra recommander une surveillance du statut thyroïdien de votre bébé, particulièrement si vous prenez des doses élevées de médicaments anti-thyroïdiens.
Cette surveillance se fait par une simple prise de sang qui mesure les taux de TSH (hormone stimulant la thyroïde) et de T4 libre chez votre enfant. Dans la grande majorité des cas, ces bilans sont rassurants et montrent des valeurs normales, même lorsque la maman suit un traitement.
Restez attentive aux signes suivants chez votre bébé :
- Une somnolence excessive ou au contraire une agitation inhabituelle
- Des troubles de l'alimentation ou un refus du sein
- Une prise de poids insuffisante ou trop importante
- Des modifications du rythme cardiaque
Si vous observez l'un de ces symptômes, contactez rapidement votre pédiatre. Toutefois, sachez que ces situations restent exceptionnelles et que la plupart des bébés allaités par des mamans sous traitement pour hyperthyroïdie se développent parfaitement bien.
Continuer la diversification alimentaire en parallèle
À sept mois et demi, votre bébé est en pleine phase de découverte alimentaire. L'hyperthyroïdie ne modifie en rien le calendrier de diversification que vous avez commencé à mettre en place.
Vous pouvez continuer à introduire progressivement de nouveaux aliments : légumes, fruits, céréales, protéines animales et matières grasses. Le lait maternel reste l'aliment principal de votre enfant jusqu'à un an et couvre encore environ 80% de ses besoins nutritionnels au cours de la première année.
La diversification se fait à son rythme. Certains bébés mangent rapidement des quantités significatives de solides, tandis que d'autres préfèrent continuer à privilégier le sein. Les deux approches sont normales et tant que votre bébé continue à bien grandir et à téter à la demande, il n'y a aucune inquiétude à avoir.
Vos questions fréquentes concernant l'hyperthyroïdie et l'allaitement
1. L'hyperthyroïdie peut-elle diminuer ma production de lait ?
L'hyperthyroïdie légère à modérée n'affecte généralement pas la production lactée. Cependant, une hyperthyroïdie sévère non traitée pourrait potentiellement réduire la lactation en raison de l'impact général sur le métabolisme. C'est pourquoi il est important de suivre un traitement adapté. Une fois l'hyperthyroïdie contrôlée par les médicaments, la production de lait se maintient normalement.
2. Combien de temps après avoir pris mon traitement puis-je allaiter ?
Pour minimiser le passage des médicaments dans le lait, il est recommandé de prendre vos comprimés juste après une tétée. Ainsi, la concentration du médicament dans votre sang aura diminué au moment de la prochaine mise au sein. Discutez avec votre médecin de l'horaire optimal pour votre traitement en fonction du rythme de tétées de votre bébé.
3. Mon bébé risque-t-il de développer des problèmes thyroïdiens ?
Le risque que votre bébé développe des troubles thyroïdiens à cause de votre hyperthyroïdie ou de votre traitement est extrêmement faible. Les anticorps anti-thyroïdiens peuvent parfois traverser le placenta pendant la grossesse, mais leur effet est transitoire et disparaît dans les premières semaines après la naissance. Le passage de ces anticorps dans le lait maternel est négligeable et ne pose pas de problème pour votre enfant.
4. Dois-je faire contrôler la thyroïde de mon bébé régulièrement ?
La nécessité d'un suivi thyroïdien pour votre bébé dépend de plusieurs facteurs : le type d'hyperthyroïdie dont vous souffrez, la dose de médicaments que vous prenez et l'avis de votre endocrinologue. Dans certains cas, un ou deux contrôles suffisent pour s'assurer que tout va bien. Dans d'autres situations, aucun contrôle n'est nécessaire. Votre médecin établira un plan de surveillance adapté à votre situation.
5. Puis-je allaiter si je dois passer des examens d'imagerie pour ma thyroïde ?
La plupart des examens d'imagerie sont compatibles avec l'allaitement. L'échographie thyroïdienne ne pose aucun problème. Pour une scintigraphie thyroïdienne, qui utilise des produits radioactifs, une interruption temporaire de l'allaitement peut être nécessaire selon le traceur utilisé. Votre médecin vous indiquera la durée d'interruption requise et vous pourrez reprendre l'allaitement dès que le produit sera éliminé de votre organisme, généralement en quelques heures à quelques jours.
Conclusion
L'hyperthyroïdie ne doit pas être un obstacle à la poursuite de votre projet d'allaitement. Avec un diagnostic précoce, un traitement adapté et un suivi médical approprié, vous pouvez continuer à allaiter votre bébé en toute sécurité, aussi longtemps que vous le souhaitez.
Les bénéfices de l'allaitement maternel pour votre enfant et pour vous restent considérables, même dans le contexte d'une hyperthyroïdie. Ne vous laissez pas décourager par des informations contradictoires ou des professionnels de santé mal informés : les données scientifiques sont formelles et encouragent la poursuite de l'allaitement chez les mamans traitées pour hyperthyroïdie.


