Voir son enfant se cogner volontairement la tête est une situation angoissante pour tout parent. Pourtant, ce comportement, bien que spectaculaire, est plus fréquent qu'on ne le pense chez les jeunes enfants. Découvrez comment comprendre et accompagner votre bébé à travers cette phase délicate.
Comprendre le comportement de votre enfant
À 16 mois, votre bébé traverse une période intense de son développement. Son cerveau est en pleine maturation, mais il ne possède pas encore les capacités nécessaires pour réguler ses émotions ou exprimer ses besoins par des mots. Face à la frustration, il réagit de manière instinctive et impulsive.
Les comportements d'automutilation chez les tout-petits, comme se cogner la tête, se griffer ou se tirer les cheveux, sont souvent une réponse directe à une frustration immédiate. Contrairement aux automutilations observées chez les adolescents, ces gestes chez les bébés n'ont pas de signification psychologique profonde. Ils constituent simplement un moyen d'expression face à une émotion trop intense à gérer.
Les situations déclenchantes sont nombreuses dans le quotidien d'un jeune enfant : être changé alors qu'il voulait continuer à jouer, devoir s'habiller quand il préfère rester en pyjama, ne pas obtenir immédiatement ce qu'il désire. Chaque refus est vécu comme une contrariété majeure, car à cet âge, la notion de patience et de compromis n'existe pas encore. Pour en savoir plus sur les étapes du développement de votre enfant, consultez notre article sur l'éveil de bébé mois après mois.
La question d'une maman
« J'ai un bébé de 16 mois qui, chaque fois qu'il n'obtient pas ce qu'il veut, ou lorsqu'on le change, lorsqu'on l'habille, etc., c'est-à-dire un grand nombre de fois par jour, il se met de si mauvaise humeur qu'il se tape la tête contre tout ce qu'il peut trouver.
Si on ne le laisse pas se cogner la tête, il se griffe le visage ou se tire les cheveux ou s'applique n'importe quel type d'automutilation. Cela fait environ 4 mois que nous vivons cette situation et nous avons essayé de l'ignorer et de le laisser s'automutiler (dans une certaine mesure, bien sûr), de le gronder, de lui donner des fessées, de le mettre dans son lit pour le punir, puis d'essayer de lui faire comprendre qu'il ne faut pas qu'il fasse ça, c'est-à-dire que nous avons tout essayé et que nous sommes toujours dans la même situation. À dire vrai, je suis un peu perdue. Si vous pouviez me donner des conseils ou m'orienter pour trouver une solution, je vous en serais très reconnaissante. »
La réponse du pédiatre
La maturité d'un bébé de seize mois fait qu'il n'a pas encore atteint un niveau d'automutilation qui aurait d'autres significations que celle d'obtenir quelque chose, une récompense, imposer son critère, etc. Il se peut que, parfois, votre bébé se fasse mal en s'automutilant, mais il est très probable que, la fois suivante, il n'agisse pas de la même façon, ou du moins pas de cette façon-là en particulier.
Comparez ce que fait votre enfant avec un accès de colère : si votre bébé en tire parti, ce qu'il fait lorsque vous le grondez, le punissez, ne le laissez pas continuer au cas où il se ferait mal, etc., il continuera à s'automutiler. S'il se fait réellement mal, vous pouvez être tranquille car il ne recommencera pas de la même manière.
Le seul moyen pour traiter ce problème est d'agir comme s'il s'agissait d'une colère. Il faut prendre votre bébé par la main, l'emmener dans sa chambre (sans qu'il n'y ait de risques) et lui dire calmement : « Quand tu auras fini, tu pourras sortir » puis fermer la porte avec une certaine fermeté. Au moment où vous noterez que la colère est terminée (vous resterez à proximité au cas où, mais avec la porte fermée), vous pourrez ouvrir la porte comme si vous passiez par là par hasard et lui dire : « Tu as fini ? Tu peux sortir alors ».
Un accès de colère, n'importe lequel, s'il n'a pas de public, n'a pas de raison d'être. Soyez plus têtue que votre bébé, mais sans perdre la patience.

Stratégies pratiques pour gérer les crises au quotidien
Au-delà de la technique de l'isolement, plusieurs approches peuvent vous aider à mieux gérer ces moments difficiles :
- Anticipez les situations à risque : Si vous savez que l'habillage provoque systématiquement une crise, préparez-vous mentalement et organisez ce moment pour qu'il soit le plus rapide possible. Distrayez votre enfant avec un jouet ou une chanson.
- Restez calme et cohérente : Votre réaction influence directement le comportement de votre enfant. Si vous montrez de l'anxiété ou cédez par peur qu'il se fasse mal, vous renforcez involontairement son comportement.
- Créez un environnement sécurisé : Pendant une crise, assurez-vous que votre enfant ne peut pas se blesser gravement. Retirez les objets durs à proximité et surveillez-le discrètement.
- Ne punissez pas : Les fessées, gronderies ou punitions n'ont aucun effet positif sur un enfant de cet âge qui ne comprend pas encore les conséquences de ses actes. Pire, elles peuvent augmenter sa frustration.
Il est également essentiel d'offrir à votre enfant des moments de qualité en dehors des crises. Plus il se sent écouté et compris dans les moments calmes, moins il aura besoin d'utiliser ces comportements extrêmes pour communiquer. Pour découvrir d'autres astuces sur la gestion des émotions, lisez notre guide sur comment gérer les colères de votre enfant.
Quand faut-il consulter un professionnel ?
Dans la grande majorité des cas, ces comportements disparaissent naturellement avec le temps, à mesure que l'enfant développe son langage et sa capacité à gérer ses émotions. Cependant, certaines situations justifient une consultation :
Si votre enfant se blesse sérieusement malgré vos précautions, s'il présente des ecchymoses importantes ou des plaies, il est important de consulter votre pédiatre. Celui-ci pourra vérifier qu'il n'y a pas de problème sous-jacent et vous orienter vers un spécialiste si nécessaire.
Si le comportement s'intensifie après plusieurs mois ou si de nouveaux comportements préoccupants apparaissent, n'hésitez pas à en parler avec votre médecin. Parfois, des difficultés de communication ou des troubles sensoriels peuvent expliquer une frustration excessive.
Si vous vous sentez dépassée et que la situation affecte votre propre bien-être ou celui de votre famille, demander de l'aide est une décision sage et responsable. Un psychologue spécialisé en petite enfance peut vous apporter des outils personnalisés pour votre situation. Vous pouvez également consulter nos ressources sur prendre soin de soi quand on est maman.
Vos questions fréquentes concernant les comportements d'automutilation chez les bébés
1. Est-ce normal qu'un bébé de 16 mois se tape la tête quand il est contrarié ?
Oui, c'est un comportement relativement fréquent chez les jeunes enfants entre 12 et 24 mois. Il s'agit d'une réaction à la frustration liée à l'immaturité de leur cerveau et à leur incapacité à exprimer leurs émotions avec des mots. Ce comportement disparaît généralement progressivement avec l'acquisition du langage.
2. Dois-je empêcher mon enfant de se cogner la tête pendant une crise ?
Il est important de sécuriser l'environnement pour éviter les blessures graves, mais intervenir systématiquement peut renforcer le comportement. L'enfant comprend alors que ce geste attire votre attention. L'approche recommandée est de l'isoler dans un espace sûr jusqu'à ce que la crise passe.
3. Combien de temps durent généralement ces comportements ?
Pour la plupart des enfants, ces comportements diminuent progressivement entre 18 mois et 3 ans, au fur et à mesure que le langage se développe et que l'enfant apprend d'autres moyens d'exprimer sa frustration. La durée varie selon les enfants et dépend aussi de la façon dont les parents réagissent aux crises.
4. Mon enfant va-t-il garder ce comportement s'il se fait vraiment mal ?
Non, si votre enfant se fait réellement mal en se cognant la tête, il est peu probable qu'il reproduise exactement le même geste de la même façon. Les jeunes enfants apprennent rapidement à éviter ce qui leur cause une vraie douleur. Si le comportement persiste malgré les blessures, cela peut indiquer un problème sensoriel qui nécessite une évaluation professionnelle.
Conclusion : Patience et constance sont vos meilleures alliées
Face aux comportements d'automutilation de votre bébé, il est normal de se sentir démunie et inquiète. Ces réactions spectaculaires font partie du développement normal de nombreux enfants et témoignent simplement de leur difficulté à gérer les frustrations du quotidien.
La clé réside dans votre capacité à rester calme, cohérente et à ne pas renforcer involontairement ces comportements par votre attention ou votre anxiété. En appliquant la technique de l'isolement sécurisé recommandée par les pédiatres et en maintenant cette approche sur la durée, vous verrez progressivement ces crises diminuer en intensité et en fréquence.


