Votre enfant a une jambe plus longue que l'autre ? Cette situation, appelée inégalité de longueur des membres inférieurs (ILMI), touche plus de 30% de la population pour des différences de moins de 1,5 cm et ne constitue pas forcément un motif d'alarme.
Témoignage d'une maman dont l'enfant a une jambe plus courte que l'autre
"Mon fils vient d'avoir 6 ans, je l'ai emmené à son contrôle médical et on a identifié que sa jambe droite est plus longue que la gauche. On nous a dit qu'il fallait qu'il aille voir un kiné pour qu'il le regarde et aussi que je pouvais lui acheter une semelle pour que son dos ne souffre pas de ce déséquilibre.
Je me demande si avec la croissance, les jambes de mon enfant vont rester comme ça ou s'il va continuer à se développer normalement. Pour être sincère, je suis un peu inquiète, car on ne remarque rien lorsqu'il marche, même si moi j'avais remarqué quelque chose avec la longueur des pantalons, il marchait sur un des côtés et pas sur l'autre. Je sais que je vous donne peu d'informations, mais pour le moment je n'en ai pas plus. Merci beaucoup d'avance."
Comprendre l'inégalité de longueur des jambes chez l'enfant : la réponse du Pédiatre
L'inégalité de longueur des membres inférieurs chez l'enfant peut avoir différentes origines. La première distinction importante concerne les causes congénitales (présentes dès la naissance) et les causes acquises (qui apparaissent au cours de la croissance).
Dans les cas congénitaux, le développement de l'enfant se fait avec une programmation génétique légèrement différente entre les deux jambes. Cette différence, souvent imperceptible à la naissance, devient plus visible au fur et à mesure que l'enfant grandit, car elle évolue de manière proportionnelle.
Les causes acquises peuvent résulter d'un traumatisme, d'une infection ou d'une destruction du cartilage de croissance. Plus cette atteinte survient tôt dans la vie de l'enfant, plus l'inégalité de longueur finale risque d'être importante.

L'évolution de l'inégalité pendant la croissance
Les inégalités d'origine congénitale sont généralement stables dans leur proportion relative. Par exemple, si le fémur gauche mesure 90% de la longueur du droit à la naissance, cette proportion restera la même en fin de croissance. Cependant, en valeur absolue, la différence augmentera : une différence de 9 mm à la naissance peut devenir 4,5 cm en fin de croissance.
Il est important de savoir que 65% de la croissance du membre inférieur provient de l'épiphyse du genou. La croissance des membres inférieurs s'arrête lors de la ménarche chez la fille (13,5 ans d'âge osseux) et à 15,5 ans chez le garçon.
Les conséquences sur le développement de l'enfant
La dissymétrie entraîne presque toujours une inclinaison latérale du bassin, plus ou moins grande, en fonction de l'importance de la différence de longueur, ce qui entraîne une déviation compensatoire de la colonne vertébrale (différente de la scoliose).
Une inégalité de longueur non traitée peut avoir des répercussions à long terme. On considère que le risque de dégradation au niveau de la colonne vertébrale commence à exister à partir de 2 cm d'inégalité de longueur. Au-delà de cette limite, des douleurs au dos, aux hanches et aux genoux peuvent apparaître, particulièrement à l'âge adulte.
Cependant, il n'y a pas de risque de dégradation du fonctionnement des articulations des jambes elles-mêmes. La santé de l'enfant n'est donc pas compromise de manière générale, mais une surveillance et une prise en charge adaptée restent importantes.
Les options de traitement disponibles
En général, les chirurgiens orthopédiques considèrent qu'une dissymétrie allant jusqu'à 1 cm compense le corps et qu'il ne faut pas intervenir, juste laisser le corps se développer naturellement.
Pour les différences inférieures à 1 cm, on peut utiliser une semelle dans la chaussure de l'enfant pour qu'elle compense une partie de la différence de longueur (par exemple 1/2 cm). Cette compensation orthopédique permet d'empêcher la boiterie et de protéger le rachis.
Si la différence est supérieure à 1 cm mais inférieure à 2 cm, plusieurs options s'offrent :
- Talonnettes ou semelles orthopédiques sur mesure
- Chaussures orthopédiques adaptées
- Surveillance régulière de l'évolution
Pour les inégalités plus importantes (supérieures à 2 cm), nous parlons alors d'un rehaussement interne et externe important, y compris d'une intervention chirurgicale visant à raccourcir la jambe la plus longue ou à allonger la plus courte. Ces interventions ne sont envisagées qu'après évaluation complète par un chirurgien orthopédique pédiatrique.
Le diagnostic et le suivi médical
Le diagnostic d'une inégalité de longueur des jambes est avant tout clinique. L'examen va d'abord évaluer l'importance globale de l'inégalité en utilisant des cales de hauteur variable que l'on place sous le pied de la jambe la plus courte.
La prise de mesure de la dissymétrie doit s'effectuer sur une radiographie en plusieurs segments des membres inférieurs à échelle 1/1, pour être capable de mesurer avec précision la différence et évaluer sa localisation. Ces radiographies spécialisées, appelées EOS ou gonométrie, permettent une mesure exacte des os.
Un suivi régulier est essentiel pendant la croissance pour estimer au mieux l'inégalité de longueur finale. Cette estimation sera répétée régulièrement au cours de la croissance, permettant d'adapter la prise en charge si nécessaire.
Vos questions fréquentes concernant l'inégalité de longueur des jambes chez l'enfant
1. À partir de quelle différence de longueur faut-il s'inquiéter ?
Les inégalités de longueur des jambes de moins de 1,5 cm sont considérées comme physiologiques et touchent plus d'un tiers de la population. Une surveillance médicale est recommandée dès 1 cm d'écart pendant la croissance.
2. Mon enfant va-t-il développer une scoliose à cause de cette inégalité ?
L'inégalité de longueur entraîne une déviation compensatoire de la colonne vertébrale, mais celle-ci est différente de la scoliose vraie. Avec une prise en charge adaptée (semelles, suivi), ces déviations peuvent être prévenues ou corrigées.
3. Les semelles orthopédiques sont-elles remboursées ?
Oui, les semelles et chaussures orthopédiques font partie de la Liste des produits et prestations remboursables (LPPR) lorsque la différence de longueur est égale ou supérieure à 13 mm ou que la compensation nécessaire est égale ou supérieure à 20 mm.
4. L'inégalité va-t-elle s'aggraver avec la croissance ?
Pour les inégalités congénitales, la proportion reste stable mais la différence en valeur absolue augmente proportionnellement à la croissance. Pour les inégalités acquises, l'évolution dépend de la cause et nécessite un suivi spécialisé.
5. Mon enfant pourra-t-il faire du sport normalement ?
Dans la plupart des cas, avec une prise en charge adaptée, les enfants peuvent pratiquer des activités sportives normalement. Seules les inégalités importantes non traitées peuvent limiter certaines activités physiques.


